La fonderie Jacob Delafon peut faire figure d´usine relativement ancienne dans le paysage de Noyon. Elle est née de la réussite d´une société parisienne de robinetterie (Muller & Roger), créée à Paris, 108, avenue Philippe-Auguste, en 1888. Sous l'impulsion de l´ingénieur Ernest Noël, sénateur maire de Noyon, la société installe une nouvelle unité de production (pièces en fonte de fer et robinetterie de série) à Noyon en 1899. La nouvelle usine, dirigée par Besson-Grange, ingénieur des Arts et Métiers, dispose d´un embranchement ferroviaire relié à la gare de la Compagnie des Chemins de Fer du Nord et à la ligne d'intérêt local Noyon-Ham. Parallèlement, 30 maisons ouvrières, gérées par la société d' HBM sont construites en 1900, rue Jules-Simon et rue Emile-Loubet, à proximité de l'usine, qui emploie alors 300 salariés.
En 1900, l'usine est équipée d'une machine à vapeur Babcock et Wilcox de 300 ch. qui permet de fondre 350 t. par mois. En 1910, elle est équipée de 3 cubillots, d´une capacité de 2 à 5 t. par heure, et produit une fonte trempée, dite « fonte Oural », utilisée pour les roues de wagons et les galets de ponts-roulants. Elle fabrique les voussoirs pour le tunnel du métropolitain parisien.
A partir de 1920, restaurée et partiellement reconstruite, l´usine de Noyon, devenue Fonderie et Emaillerie de Noyon, se spécialise dans la fonte émaillée (baignoires, sanitaires). En 1927, la production quotidienne est de 50 baignoires. Elle passe à 130 unités en 1937, lors de l'équipement d'un nouveau four rotatif pour l'émaillage et de machines, dites à secousses.
Modernisée après la Seconde Guerre mondiale, sa production atteint 1000 unités par jour.
Les diverses opérations (sablerie, ébarbage, émaillage) sont regroupées dans un ensemble de bâtiments dont on connaît assez bien l´évolution grâce à d´anciennes cartes postales et un titre commercial portant vue cavalière, montrant une grande simplicité et un parti de symétrie dans la distribution générale des ateliers. Deux pavillons à usage de bureaux, à l´extrémité d´une allée baptisée « des Deux-Madeleine », prénom des filles des fondateurs, marquent encore aujourd´hui l´entrée de l´usine. Face à cette entrée se trouve un grand hall en maçonnerie, portant fronton et horloge, long bâtiment dominé à son autre extrémité par un château d´eau. De part et d´autre de ce hall se trouvaient trois longs hangars juxtaposés, en brique à structure de fer. Seul subsiste l´ensemble oriental. Au-delà de ces groupes d´ateliers, et de chaque côté, un dernier hangar de même longueur fermait l´enceinte de l´usine, qui disposait, au nord, d´un accès direct sur la voie ferrée.
Relativement épargnée par les deux guerres, l´usine s´est développée vers l´est. A proximité de l´entreprise (rues Jules-Simon et Emile-Loubet), subsistent également des logements ouvriers.
Chercheur de l'Inventaire du patrimoine - Région Hauts-de-France