En avril 1896, Ernest Tailliez, brasseur à Saint-Quentin, fonde la société anonyme de la Grande Brasserie Coopérative de Saint-Quentin. En 1898 il fait construire un nouvel établissement industriel, entraînant la fermeture du site initial implanté à l'angle des rues Charlevoix et de Lignières. Suivent la construction de caves, chais et magasins en 1900, d'une malterie en 1904, l'agrandissement de la salle des générateurs en 1910, puis celui de la salle de brassage et le renouvellement de ses équipements en 1913. Durant la Première Guerre mondiale, les outils de production sont soit enlevés, soit détruits. L'usine est remise en marche dès février 1921.
Au début des années 1950, la brasserie prend l'appellation Brasserie du Nain d'Alsace, dont la devise est "Ma force est dans la qualité". Parallèlement à la bière, elle produit aussi des boissons non alcoolisées telles que des sirops et des sodas. Dirigée par Joseph et Louis Armbrust dans les années 1960, la brasserie est l'une des deux dernières de Saint-Quentin, aux côtés de la Brasserie Alsacienne des Deux Cigognes. Spécialisée dans la fabrication de bières fines conditionnées en petites bouteilles, la production atteint 60 000 hl par an en 1960, et 100 000 hl dans les années 1970. L'établissement, dernière brasserie saint-quentinoise, ferme ses portes définitivement en novembre 1979. L'usine, en friche, est détruite en 1992 pour laisser place à un ensemble de logements HLM. Seuls subsistent les anciens bureaux, reconvertis en logements étudiants et la cheminée d'usine se dressant au centre de la cour formée par les immeubles.
L'usine est dotée en 1910 d'une machine à vapeur de 60 ch. ; cette dernière est remplacée en 1911 par une machine à vapeur Moret (constructeur à Saint-Quentin) de 70 à 80 ch., secondée par une machine de secours Van Hoegarden (Blanc Misseron) de 20 ch. La capacité des cuves de la brasserie est de 152 hl en 1901. Le matériel de la brasserie est renouvelé à 80 % en 1957. Elle est imposée pour environ 100 000 degrés hl en 1907, 180 000 degrés hl en 1961, 198 000 degrés hl en 1967.
La brasserie emploie 33 personnes en 1914, environ 45 salariés dans les années 1960, et 47 salariés en 1977.
Chercheur au service régional de l'Inventaire de 1985 à 1992, en charge du recensement du patrimoine industriel.