Le 29 juillet 1704, le chapitre passe un marché avec le menuisier soissonnais Simon Despernay pour la réalisation d'une "grande armoire pour les chapes" destinée à la grande sacristie, moyennant 340 lt. Le jour suivant, un nouveau marché est passé avec le maître serrurier Antoine Bequeret, pour les ferrures du même chapier. Le résumé synthétique de ces contrats, qui figure dans l'inventaire des papiers du chapitre dressé à la fin du 18e siècle, est suivi d'un commentaire précisant que ce chapier est conforme à celui de Reims, "et même avec quelque chose de mieux".
Le menuisier a également signé et daté son ouvrage, à l'intérieur du tiroir inférieur, demandant en outre aux religieux qui utiliseraient ce chapier de prier pour son fabricant après sa mort. La différence d'orthographe du patronyme, entre la pièce d'archive (Despernay) et la signature (Deparnay), est un phénomène habituel en cette époque où l'orthographe des noms propres n'est pas stabilisée.
L'actuelle grande sacristie n'étant pas encore construite en 1704, ce chapier-commode était sans doute destiné à la sacristie ménagée depuis la fin du 15e siècle dans la chapelle oblique du bras sud du transept. Les archives consultées n'ont pas permis de savoir à quelle date le chapier a été transféré dans l'actuelle sacristie. Pourtant, ce déplacement pourrait avoir été prévu dès la construction de cette annexe (1768-1772). C'est ce que semblent indiquer le dégagement concave situé au centre de la paroi orientale de la sacristie, inexplicable à une époque où la salle capitulaire adjacente n'existait pas encore, et la présence au sol de dalles en pierre dure, utilisées dans la sacristie uniquement à l'emplacement réservé au mobilier.