Dossier d’œuvre architecture IA80000143 | Réalisé par
Barbedor Isabelle
Barbedor Isabelle

Chercheur du service de l'Inventaire général du patrimoine culturel de Picardie, puis des Hauts-de-France, depuis 2002.

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  • enquête thématique régionale, édifices religieux d'Amiens des 19e et 20e siècles
  • inventaire topographique, Amiens métropole
Église Sainte-Anne d'Amiens
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Grand Amiénois
  • Commune Amiens
  • Lieu-dit quartier Sainte-Anne
  • Adresse 63 rue Vulfran-Warmé
  • Cadastre 1974 EH 326
  • Dénominations
    église
  • Vocables
    Sainte-Anne
  • Parties constituantes non étudiées
    presbytère, école, monument aux morts, grotte de Lourdes, cour, jardin

La chronologie des étapes de construction de l´église Sainte-Anne et de ses dépendances, réalisées pour les Lazaristes, sur les plans dessinés par l´architecte amiénois Victor Delefortrie en 1865, peut s´établir ainsi. Les travaux sont réalisés par la veuve de l´entrepreneur Sallé-Cordier, puis par l´entrepreneur Lenel, à partir de 1870.

L´église, commencée en 1866, et le presbytère, commencé l´année suivante, sont achevés en 1868. L´église est bénite le 20 octobre 1869. La sacristie, raccordée à l´église, est construite en 1870, comme le logement annexe des religieux situé rue Vascosan, au sud des maisons à loyer appartenant à la congrégation. Enfin, l´école-patronage est construite de 1875 à 1878 ; elle est ouverte en 1879, date à laquelle un bâtiment secondaire est construit dans la cour par l´entrepreneur A. Harlez.

Le décor sculpté est réalisé par le sculpteur amiénois Hesse en 1870. Les statues ornant la façade sont réalisées par le sculpteur anversois Modeste Verlender et posées en 1882. C´est à cet artiste que sont commandées les statues qui devaient orner la façade.

La comparaison avec la représentation de l´église projetée apparaissant sur le tombeau du père Aubert conservé dans l´église indique que l´édifice est inachevé ; outre le décor sculpté, manquent également les flèches en charpente qui devaient couronner les tours.

Les maisons de rapport et le logement secondaire, situés rue Vascosan, n´appartiennent plus à la congrégation ; elles ont été revendues entre 1965 et 1985.

Reconstruites sur les plans de l´architecte Victor Louis Delefortrie, l´église paroissiale Sainte-Anne et ses dépendances (presbytère et école) forment un édifice remarquable sur le plan historique, urbanistique et architectural, tant à l´échelle de la ville d´Amiens qu´à celle plus vaste des provinces de la congrégation de la Mission pour laquelle elle fut construite.

Nouvelle paroisse, nouvelle église

Cet édifice, dont les premiers plans sont dessinés en 1865, est conçu pour les Lazaristes ; il s´inscrit dans un ensemble de réalisations commandées par la congrégation, implantée à Amiens au milieu du 17e siècle. En 1736, les Lazaristes s´installeront dans le faubourg de Noyon où ils feront construire un nouveau séminaire, dans lequel résident également les missionnaires. Ce quartier populaire correspond à leur vocation : évangéliser les pauvres et former le clergé.

Légataire de l´ancienne chapelle Sainte-Anne et de son orphelinat, qui s´élevaient à proximité du grand séminaire, la congrégation se voit confier la paroisse, créée en 1828, qui s´étend dans un faubourg ouvrier de la ville alors en plein développement. Elle fait construire une première église paroissiale, en 1834, sur les plans de l´architecte communal et départemental François Auguste Cheussey (1781-1857). Cette première église (cf. dossier) est construite dans le style néoclassique qui caractérise alors les églises d´Amiens, mais également celle de la Mission élevée, rue de Sèvres, à Paris (1827-1828). En 1848, le père de la congrégation Pierre Charles Marie Aubert arrive à Amiens, où il s´illustre par son zèle et son dévouement mais également, à partir de 1851, par les travaux d´embellissement de cette église (adjonction d´un bas-côté, surélévation de la voûte de la nef, peintures murales et verrières), achevés en 1859.

Expropriée par la compagnie des Chemins de fer du Nord, pour permettre l´extension de la gare, la congrégation est autorisée à acquérir de nouveau terrains, en 1866, en bordure de la rue du Petit-Faubourg de Noyon (actuelle rue Vulfran-Warmé). Ce nouvel emplacement, toujours proche du séminaire, est également proche du couvent de la Visitation, communauté avec laquelle la Mission est liée depuis le 17e siècle.

A la tête de la congrégation amiénoise depuis 1851, le père Aubert s´adresse à l´architecte Victor Louis Delefortrie pour élaborer un projet ambitieux, qui comprend une vaste église et un presbytère pour loger les curés desservant et les missionnaires, achevés en 1868, une sacristie, construite en 1870, enfin une école-patronage ouverte en 1879, dont l´enseignement sera confié à un instituteur laïc puis aux petits frères de Marie, de 1890 à 1903. Comme le montrent l´ensemble du dispositif et l´aménagement intérieur, l´église paroissiale est avant tout une église dédiée à la congrégation ; c´est même un des sites majeurs de la province de Picardie, dans laquelle avait été fondée la congrégation en 1625, après le célèbre sermon de Folleville (25 janvier 1617), commémoré par une des verrières de l´église (cf. dossier).

Mais la construction de cette deuxième église prend un sens très différent de celle de la première église pour laquelle on avait fait appel à l´architecte communal, auteur des autres églises contemporaines de la ville (Saint-Jacques, Saint-Maurice et Saint-Firmin-le-Martyr).

Le choix d´un architecte "libéral" et celui d´un parti architectural qui se distingue du style néogothique "officiel", doivent être replacés dans le contexte de la compétition avec le diocèse, qui fait construire au même moment la nouvelle église paroissiale Saint-Martin (1869), qui dessert le quartier voisin d´Henriville, sur les plans de l´architecte diocésain Henry Antoine. Cette nouvelle paroisse, créée en 1866, est prélevée sur celle de Sainte-Anne. La compétition oppose également le diocèse et la congrégation dans la course à la canonisation des martyrs, celle de Rue Antoine Marie Nicolas Daveluy (1818-1866), né à Amiens, martyr de la congrégation des Missions étrangères mort en Corée en 1866 et celle de Jean Gabriel Perboyre, martyre de la congrégation des Lazaristes, mort en Chine en 1840.

Pour bien comprendre la complexité de cet édifice et particulièrement la question du style et le choix du programme iconographique de l´église, il faut tout d´abord évoquer la personnalité du commanditaire, qui joue cette fois un rôle aussi important que celui de l´architecte.

Comme le montre le portrait photographique dans lequel il apparaît avec le plan de l´église (doc. 6), Pierre Charles Marie Aubert (1812-1887) est sans doute le personnage clef du projet. Il est décrit par son hagiographe comme un artiste : "Charles Aubert avait vraiment, à un haut point, l´âme d´un artiste. Il maniait le pinceau et le crayon avec une habileté extraordinaire". C´est une esprit brillant qui suit le parcours de Jean Gabriel Perboyre, dont il est un ami intime. Il poursuit ses études à Paris où il côtoie des "hommes éminents", notamment Daveluy, devient professeur de philosophie au grand séminaire de Châlons, on le retrouve ensuite à Saint-Flour (comme Jean Gabriel Perboyre), puis à Paris. Arrivé à Amiens, en 1848, il devient curé de la paroisse en 1851. Comme son modèle, saint Vincent de Paul, il y fonde un bureau de bienfaisance, et la maison de charité des soeurs de Saint-Vincent.

Après avoir réalisé des travaux d´embellissement de l´ancienne église, il peut ici mettre en oeuvre son grand dessein ; "tour à tour architecte, entrepreneur, surveillant des travaux, [...] il aura élevé à la gloire de Dieu à et l´honneur de sainte Anne, un temple superbe que voudraient, pour Cathédrale, beaucoup de diocèses en France, et qui redira aux générations futures la foi énergique d´un prêtre, qu´aucune difficulté ne put arrêter, le courage d´un curé qui restera comme le type achevé et vraiment noble du bâtisseur d´églises."

S´identifiant aux membres prestigieux de la congrégation, il se fait représenter sur la peinture de la chapelle de la Vierge (fig. 44) et est représenté sur une des verrières de la chapelle du bienheureux Jean Gabriel Perboyre (fig. 67). Il sera enterré dans l´église, à l´emplacement qu´il avait prévu pour recevoir des restes du bienheureux.

Une lettre que lui adresse l´architecte en 1873 indique qu´il s´attribue la paternité du projet qu´il a quelque peu modifié. L´argent de l´expropriation étant insuffisant, il contracte un emprunt, sans l´autorisation de sa congrégation, pour financer les travaux. Certains courriers adressés par ses confrères indiquent même qu´il les prive de nourriture. A sa mort, la congrégation honorera ses nombreuses dettes auprès de l´architecte, du peintre et du sculpteur.

Un programme ambitieux

Implanté en parcelle traversante, et non en parcelle îlot comme la plupart des églises paroissiales, l´édifice présente des dispositions significatives de sa vocation, qui s´apparentent à celles de l´architecture conventuelle. L´église orientée est implantée en retrait d´une cour-parvis, initialement fermée par une grille surmontant un mur bahut et un portail. Le vaste presbytère et l´école qui encadrent la cour répondent aux vocations de la congrégation.

Bien que la façade de l´église soit inachevée, comme le montre le projet représenté sur le tombeau du père Aubert (fig. 15), l´église Sainte-Anne se présente comme une interprétation du modèle de l´église idéale, celui de la cathédrale. Elle se distingue en effet des nombreuses églises néogothiques contemporaines, urbaines ou rurales, et notamment de celle contemporaine de Saint-Martin, par le traitement harmonique du massif occidental à deux tours, par un transept peu saillant à pans coupés, accueillant deux chapelles, par son déambulatoire à chapelles rayonnantes, qui lui donnent l´apparence d´une petite cathédrale, à laquelle elle est systématiquement comparée.

Ce parti original, dont il existe de rares exemples : Sainte-Clotilde de Paris (F. C. Gau et T. Ballu, 1846-1857), Sacré-Coeur de Moulins (J.-B. Lassus, 1850-1855), Saint-Jean-Baptiste de Belleville (J.-B. Lassus, 1854-1859) ou encore Notre-Dame de Bonne-Nouvelle de Rennes (J.-B. Martenot, 1873-1880), semble être une solution adaptée au contexte urbain dense et permet une composition symétrique de l´articulation du sanctuaire avec ses parties constituantes. Le modèle de la cathédrale peut aussi être interprété comme une geste historiciste qui permet de donner une dimension historique à cet édifice du 19e siècle, comme le suggère la comparaison avec les dessins des cathédrales et des églises gothiques de la région réalisés par James Duffield Harding, pour illustrer l'Ancienne France du baron Taylor (doc. 10 et 11). Ces références aux cathédrales de Picardie apparaissent dans le plan inspiré de Noyon (transept, triforium) mais surtout d´Amiens (culées internes des bas-côtés, chevet à chapelles rayonnantes et chapelle axiale saillante), dans l´écriture gothique de l´espace intérieur rythmé par les lignes verticales des piliers à colonnes engagées, par des arcs doubleaux surélevés, qui accentuent la hauteur de la nef, et par le système d´éclairage haut au-dessus du triforium et latéral par les bas-côtés, rappelant Soissons et Amiens. L´ambiance lumineuse produite par l´enduit d´imitation des murs et des supports contribue à la majesté du lieu.

Cette démarche historiciste semble résulter d´une volonté commune de l´architecte et du commanditaire. Le dessin conservé dans le manuscrit Pinsard (doc. 7) montre bien le parallèle qu´on peut établir entre les deux édifices, dans leur dimension architecturale et urbaine.

La question du style

L´édifice se distingue également par la combinaison subtile d´un espace gothique structuré par des voûtes d´ogives à arcs doubleaux surélevés en plein cintre (comme celles réalisées à Saint-Germain des Prés au 19e siècle), des baies en plein cintre (comme celles des bas-côtés de la cathédrale de Sens) et d´un traitement roman de la façade (comme celles de Noyon et de Saint-Denis) ; ce parti apparaît comme un phénomène isolé dans la production actuellement identifiée de l´architecte.

L´église Saint-Anne est une des rares réalisations attribuables à Victor Louis Delefortrie (1810-1889), qui dessine également les plans de l´église de Coisy (1853) et de son mobilier, de la chapelle du couvent de la Sainte-Famille d´Amiens et de son mobilier (1858) ou encore de la chapelle du couvent de Clarisses d´Amiens (1874-1875), tous de style néogothique. Les nombreux dessins de l´architecte attestent d´une lecture des Annales archéologiques et sans doute aussi de la Revue de l´Art chrétien. Sa démarche fonctionnaliste suggère qu´il a été sensible à la présence de Viollet-le-Duc à Amiens au milieu du 19e siècle.

L´architecte, originaire de Tourcoing et établi à Amiens à une date indéterminée, travaille le plus souvent avec son fils Paul Louis Delefortrie (1843-1910), dès 1864 (Fréchencourt). Les réalisations de l´agence Delefortrie dans la Somme sont assez nombreuses, principalement dans le domaine de l´architecture religieuse.

Le mélange du néogothique et du néoroman n´est pas un phénomène isolé. On peut ici expliquer ce choix par le propos du commanditaire, étant donné la fonction symbolique de l´édifice pour les Lazaristes, et en particulier pour le père Aubert, et par la volonté de l´architecte ; la référence à la cathédrale est tellement explicite, qu´elle exclue le style du gothique du XIIIe siècle, qui constituerait une reproduction critiquable du modèle.

L´effet induit par le procédé, remarquablement mis en oeuvre, semble traduire ici une position historiciste plus qu´éclectique. En se référant à des monuments antérieurs à la cathédrale d´Amiens, l´édifice absolument neuf, qui dessert une paroisse elle aussi redélimitée, suggère des racines anciennes. On peut comparer ce procédé de stratification artificielle à celui de la "castellisation" fréquemment utilisé au 19e siècle dans l´architecture des châteaux. Cette invention d´un style de transition a pour but de souligner l´ancienneté de la présence de la communauté à Amiens, contrairement à la première église paroissiale, pour laquelle l´enjeu était simplement la création de la paroisse mais surtout, dont le commanditaire n´avait pas l´ambition de Pierre Charles Marie Aubert. On verra d´ailleurs, qu´en 1888, le successeur d´Aubert, le père Beau fait construire l´église du Sacré-Coeur dans un style romano-byzantin.

L´aménagement intérieur, remarquablement conservé, malgré la disparition d´une partie du mobilier (stalles du choeur, chaire à prêcher, porte-candélabres en fonte du choeur, quelques verrières), participe de l´ambitieux projet. Seul le maître-autel, exécuté par le sculpteur lillois Buisine-Rigot, est peut-être dessiné par l´architecte Victor Louis Delefortrie. Pierre Charles Marie Aubert commande ensuite l´ensemble de mobilier au sculpteur lillois Buisine-Rigot ; il élabore également le programme iconographique complexe des verrières, mis en oeuvre en l´honneur de la congrégation (cf. sommaire objets mobiliers).

Documents figurés : A l'emplacement de la future église, le cadastre de 1852 montre un groupe de propriétés bordant la rue du Petit-Faubourg de Noyon, qui n´apparaît pas sur le cadastre de 1813. Conservé dans la série V des archives départementales, le plan d´implantation de la nouvelle église, dessiné en 1865 par Victor Delefortrie (doc. 1) pour les Lazaristes, permet de constater les agrandissements des propriétés bordant la rue Saint-Fuscien, et la construction de trois maisons, rue Vascosan. L'église projetée présente un plan allongé à transept polygonal peu saillant et un chevet à absidioles et chapelle axiale à pans coupés. Une place-parvis doit précéder l´édifice, à l´ouest. Les documents accompagnant ce plan signalent que l´acquisition des immeubles, pour la construction de l'église Sainte-Anne et d´un presbytère, est autorisée par un décret du 6 août 1866. Un plan de 1878 (doc. 2) donnant la disposition de l'ensemble de l´édifice, montre que les trois maisons à loyer de la rue Vascosan, acquises en 1866, ont été prolongées par deux autres maisons ; l´une d´elles, accessible par le jardin du presbytère, est également destinée au logement des religieux. Une photographie du début du 20e siècle montre que deux lampadaires étaient disposés sur le parvis de l´église. Enfin, une seconde photographie conservée aux archives départementales montre la présence du portail et des grilles surmontant un mur bahut, qui délimitent la cour-parvis antérieure. Le tombeau du père Aubert (fig. 15), situé dans une des chapelles du déambulatoire, donne une représentation de la façade projetée de l´église. Les tours y sont couronnées de flèches polygonales en charpente ; le tympan des portails et le pignon devaient comporter un décor sculpté : bas-relief et statue. Sources : Les matrices cadastrales conservées aux archives départementales indiquent que ces propriétés sont acquises par la congrégation des Lazaristes et démolies en 1867 et en 1869, à l´exception de trois maisons avec cour et jardin, bordant la rue Vascosan. Les matrices mentionnent trois constructions, l'une achevée en 1868 (B 85), rue du Petit-Faubourg de Noyon, et deux autres achevées en 1870 (B 84), rue Vascosan. Les matrices de 1882 indiquent que, sur la parcelle B 85, s´élèvent un bâtiment abritant les écoles gratuites, une maison et une église, non imposée jusqu´en 1908. Dans les archives conservées à la bibliothèque municipale d'Amiens (série O) se trouve une demande d´alignement pour la construction du presbytère de l'église Sainte-Anne, faite en 1867 et illustrée par un plan de V. Delefortrie, daté du mois de mars de la même année. Les archives de la congrégation conservées à Paris indiquent que l´architecte Victor Delefortrie dessine les plans de l´église et des dépendances (presbytère et école-patronage). L'entrepreneur amiénois Sallé-Cordier est adjudicataire des travaux dès 1865. Celui-ci est victime de l´épidémie de choléra survenue en 1866, le marché est alors confié à sa veuve, en 1867, puis à l'entrepreneur Lenel, vers 1870. L´église et le presbytère sont achevés en 1868 ; l'église est bénite le 20 octobre 1869. En 1873, dans le mémoire adressé au curé de Sainte-Anne, monsieur Aubert, l´architecte rappelle qu´il suit la réalisation du projet et du chantier depuis sept ans, avec son fils et évoque son amertume (cf. annexe). Le sculpteur amiénois Hesse réalise les sculptures d'ornementation extérieure et intérieure de l'église (les chapiteaux sont réalisés en 1870 par Hesse & Deux), qui lui sont payées en 1874 et 1875. Les quatre statues en pierre (évangélistes) ornant la façade sont réalisées par le sculpteur anversois Modeste Verlender et posées en 1882 ; l´artiste devait également exécuter trois autres pièces pour la façade : une Education de la Vierge, un saint Michel terrassant le démon et un saint Vincent de Paul. L'école est construite de 1875 à 1878 et ouverte en 1879 ; elle est dirigée par un instituteur puis par les Maristes de 1890 à 1903. L'entrepreneur A. Harlez construit le bâtiment élevé dans la cour de l'école, de 1879 à 1881. Les maisons de rapport appartenant à la congrégation, construites entre 1852 et 1865, ont été revendues entre 1965 et 1985. Les sources conservées aux archives départementales (série R) indiquent que l'explosion d'un obus, durant la Première Guerre mondiale, a endommagé le pignon du presbytère, la tour droite de l'église et de jardin. Travaux historiques : Selon le dossier établi par Nathalie Mette en 1996, la nouvelle église paroissiale Sainte-Anne est construite par l'entrepreneur Sallé, sur les plans de l'architecte Victor Louis Délefortrie, entre 1866, date du vote du projet, et 1868, date à laquelle l'église est livrée au culte ; elle sera consacrée en 1869. Le décor intérieur fut réalisé en 1882 (peintures de Grauk).

L´édifice, implanté en parcelle traversante, est construit en brique et couvert d´ardoise ; il comprend une église orientée, en retrait d´une cour-parvis, et deux bâtiments à 2 étages carrés, alignés sur rue et disposés au sud (presbytère) et au nord (ancienne école) de la cour-parvis antérieure. La sacristie, à étage carré située à l´est du jardin, comporte un escalier en vis sur l´angle nord-est ; elle est reliée à l´église par une galerie et prolongée au sud par un petit bâtiment en rez-de-chaussée. Le presbytère dispose d´une petite cour (au sud) et d´un jardin (à l´est) ; l´ancienne école dispose d´une cour-jardin (à l´est). Le presbytère (de plan en U) et l´ancienne école (de plan en L), ont été agrandis par des adjonctions sur cour. Un petit bâtiment à étage de comble, couvert en zinc, s´élève dans la cour de l´école. Trois statues (saint Joseph, Vierge de Lourdes et Fille de la Charité) et les vestiges de deux lampadaires en fonte ornent le jardin du presbytère. L´église, de plan allongé à trois vaisseaux, présente un transept peu saillant à pans coupés et un déambulatoire à chapelles rayonnantes (fig. 8), avec chapelle axiale saillante à pans coupés. Trois portails en façade permettent l´accès antérieur ; une entrée secondaire donnant dans le déambulatoire est située à l´est (rue Vascosan). Deux accès mettent l´église en communication avec le presbytère (massif occidental) et la sacristie (chapelle sud du déambulatoire). Le couvrement est constitué de voûtes d´ogives à arcs doubleaux en plein cintre surélevés (fig. 7 et 12) ; les arcs-boutants de la nef retombent sur des culées internes qui délimitent les chapelles des bas-côtés. La nef, le choeur et les bras du transept présentent une élévation à trois niveaux : arcades, triforium et fenêtres hautes. Les supports (piliers à colonnes engagées) et les arcs sont en pierre ; les voûtes et les murs sont couverts d´un enduit d´imitation simulant la pierre de taille. Une vaste tribune tripartite occupe le massif occidental et surplombe la nef et les bas-côtés. Inscriptions (base des piliers autour du choeur) : 1 (nord) : A / GUENARD / C / MORANT / DEDERUNT 2 (nord) : Dus / BURGEAT Dedit 3 (nord) : Dus / MOIGNET / DAIRE / Dedit 4 (nord) : Dus BABEUR / Dedit 4 (sud) : N / DHANGEST / Dedit 3 (sud) : Dus / CHEVALIER / Dedit 2 (sud) : Dus / ARMUNA / Dedit. La façade polychrome de l´église (fig. 3) présente une composition harmonique et comporte un décor en pierre (arcatures et encadrement des baies, dais des niches adossées aux contreforts, pinacles et couronnement des tours). Le tympan des portails à voussures est muet. Les niches abritent quatre statues en pierre représentant les évangélistes. Le presbytère présente cinq travées en façade sur jardin (fig. 4) ; la façade sur la cour-parvis présente sept travées comme celle de l´ancienne école (baies cintrées à clef saillante en calcaire) ; seules les baies du presbytère et celles des façades sur la cour-parvis de l´école sont inscrites dans des embrasures (fig. 1 et 4). La sacristie comporte une façade sur le jardin à quatre travées (fig. 5).

  • Murs
    • brique
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    3 vaisseaux, 2 étages carrés
  • Typologies
    style néogothique ; style néo-roman
  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Protections
    inscrit MH, 2006/01/19
    classé MH, 2007/02/28
    classé MH, 2007/09/12
  • Précisions sur la protection

    Le presbytère, la sacristie, l'ancien école (façades et toitures), la cour (parvis) et le jardin (cad. EH 326) : inscription par arrêté du 19 janvier 2006 - L'église en totalité (cad. EH 326) : classement par arrêté du 28 février 2007, modifié par arrêté du 12 septembre 2007.

  • Référence MH
  • Référence Patriarche
    à republier

Ce dossier établi par Nathalie Mette en 1996 lors d'une enquête thématique sur les édifices religieux d'Amiens a été mis à jour et enrichi par Isabelle Barbedor en 2005 dans le cadre de l'inventaire topographique d'Amiens métropole.

Documents d'archives

  • AD Somme. Série P ; 3 P 21/31. Etat des sections. Section B.

  • AD Somme. Série P ; 3 P 21/32. Amiens. Matrices des propriétés foncières. Section B.

  • AD Somme. Série P ; 3 P 21/47. Amiens. Matrices des propriétés bâties (1882). Section B.

  • AD Somme. Série R ; 10 R 82. Dommages de guerre.

    (Eglise Sainte-Anne)
  • AD Somme. Série V ; 6 V 16 Eglise Sainte-Anne. Reconstruction.

  • AP (congrégation de la Mission). Cahier historique.

  • BM Amiens. MS E 1366. Fonds Pinsard. PINSARD, Charles. Rues, places et monuments d'Amiens. Recueil de notes, tome 38.

    p. 117-130

Bibliographie

  • V[asseur] H[enri]. Monsieur Aubert, curé de Sainte-Anne à Amiens. Amiens : librairie Langlois, 1887.

  • BARBEDOR, Isabelle. "L'église Sainte-Anne d'Amiens". Quadrilobe. Histoire et patrimoine de Picardie, n°2, 2008.

    p. 91-113
  • INVENTAIRE GENERAL DU PATRIMOINE CULTUREL. Région Picardie. Églises et chapelles des XIXe et XXXe siècles. Amiens métropole. Réd. Isabelle Barbedor. Lyon : Lieux-Dits, 2008.

    p. 35-37

Documents figurés

  • Plan général des terrains acquis pour la construction de l'église Sainte-Anne, dessin, par V. Delefortrie, 28 septembre 1865 (AD Somme ; 6 V 16).

  • L'église Sainte-Anne et la cathédrale, dessin anonyme extrait du manuscrit Pinsard, vers 1870 (BM Amiens).

  • Le jardin du presbytère, photographie, vers 1870 (AP Congrégation).

  • Pierre Charles Marie Aubert, photographie, vers 1870 (AP Congrégation).

  • Plan de l'église Sainte-Anne et de ses dépendances, dessin, par V. Delefortrie et fils, 31 août 1878 (AP Congrégation).

Annexes

  • Lettre de Victor Delefortrie à Pierre Charles Marie Aubert, 18 novembre 1873 (AP Congrégation)
Date(s) d'enquête : 1996; Date(s) de rédaction : 1997, 2005
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Barbedor Isabelle
Barbedor Isabelle

Chercheur du service de l'Inventaire général du patrimoine culturel de Picardie, puis des Hauts-de-France, depuis 2002.

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