Dossier d’œuvre objet IM02005433 | Réalisé par
Riboulleau Christiane
Riboulleau Christiane

Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France jusqu'en 2022.

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Plouvier Martine
Plouvier Martine

Historienne, Martine Plouvier a été conservateur régional de l'Inventaire général de Picardie, conservateur en chef aux Archives nationales et directrice du Centre d'études et de recherches prémontrées.

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  • mobilier et objets religieux, la cathédrale de Soissons
Ensemble de l'autel secondaire Saint-Sébastien (plate-forme d'autel, autel-tombeau, gradin d'autel, retable architecturé)
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Grand Soissons Agglomération - Soissons-Sud
  • Commune Soissons
  • Adresse Cathédrale Saint-Gervais-Saint-Protais , place Cardinal-Binet
  • Emplacement dans l'édifice première chapelle du collatéral sud du chœur
  • Dénominations
    plate-forme d'autel, autel, gradin d'autel, retable
  • Titres
  • Appellations
    autel Saint-Sébastien
  • Parties constituantes étudiées

La présence d'un autel voué à saint Sébastien est attestée dans la cathédrale au milieu du 14e siècle. Mais en l'état actuel des connaissances, il n'est pas possible de savoir si la construction de cet autel est plus ancienne. L'Inventaire des archives du chapitre, rédigé à la fin du 18e siècle, mentionne en revanche la fondation de deux chapellenies à cet autel, sans doute consécutive à l'effroyable épidémie de peste qui ravage la France de 1348 à 1350. En effet, saint Sébastien est l'un des saints les plus invoqués contre la peste ; en outre, ses reliques sont arrivées de Rome à Soissons au début du 9e siècle et sont conservées depuis ce temps à l'abbaye Saint-Médard. Le chanoine Pierre de Latilly, neveu de l'évêque de Châlons, fonde la première chapellenie par son testament du 13 juin 1349, exécuté à son décès vers 1353. Par le même procédé, un second chanoine d'origine italienne, Nicolas le Lombard, ou de Sculcula (actuellement Sgurgola ?), fonde à sa mort vers 1367 la seconde chapellenie en l'honneur de la Vierge, de saint Sébastien et de saint Pierre de Mouron (le pape Célestin V, canonisé en 1313). L'emplacement précis de l'autel à cette époque n'est pas connu, et aucune information le concernant ne nous est rapportée jusqu'au début du 17e siècle. Il est néanmoins probable que ce mobilier a subi de graves dommages lors de la prise de la ville, puis de l'occupation de la cathédrale par les protestants en 1567-1568.

D'après les travaux du chanoine Cabaret, la "chapelle" Saint-Sébastien est construite en 1626, aux dépens des Soissonnais qui en avaient fait le vœu à la suite d'une nouvelle épidémie de peste. Par le terme "construction", il faut comprendre le renouvellement complet de l'autel - accompagné cette fois d'un imposant retable - qui est érigé dans le bras sud du transept. L'autel est consacré par l'évêque Charles de Bourlon en 1660, comme en témoigne un parchemin retrouvé à l'intérieur du tombeau de l'autel, lors de son déplacement en mai 1866 (découverte rapportée dans un journal local, puis dans l'hebdomadaire diocésain). Il est impossible de se représenter l'aspect original de ce mobilier au 17e siècle, le retable ayant été modifié depuis, et l'autel, remplacé.

C'est à l'occasion du renouvellement complet du décor du chœur et de son environnement immédiat (1767-1775), que la chapelle Saint-Sébastien fait l'objet de plusieurs interventions. En 1774, elle est dotée d'une plateforme, d'un autel-tombeau et d'un gradin d'autel en marbre, pour la rendre semblable aux chapelles modernisées du déambulatoire. La sculpture foisonnante du retable est alors allégée et la pierre est blanchie. Quoique le chanoine Cabaret ne le mentionne pas, il est possible que le nouvel autel ait été livré par le marbrier hennuyer Thomas, fournisseur des marbres employés au cours des travaux de rénovation du chœur.

Le retable perd au moins son tableau d'autel pendant la Révolution, car, en septembre 1803, le conseil de Fabrique propose d'y installer l'Assomption, toile de Philippe de Champaigne peinte pour le deuxième jubé de la cathédrale. Vers 1827-1828, un premier réaménagement du transept est effectué et le Conseil de fabrique décide de confier l'Assomption au peintre soissonnais Jean-René Chevalier, en vue d'une restauration. Sans doute est-ce à cette période que le tableau est accroché à un pilier de la croisée du transept, dégarnissant le retable de l'autel Saint-Sébastien. Selon Delorme, une toile représentant le saint martyr est réalisée en 1831 par Louis-Victor Lavoine (Soissons, 28 décembre 1808-Villejuif, 12 juin 1861), élève d'Ingres, avec la collaboration de Chevalier, et est installée dans le retable où elle reste jusqu'à la Première Guerre mondiale.

Contrairement au dessin de François Bonhommé, reproduisant nettement vers 1840 l'autel Saint-Nicolas dans le croisillon nord, le dessin contemporain d'Alphonse Baillargé (1821-1882), représentant le croisillon sud, apporte moins d'informations sur le mobilier par le choix de son point de vue. Il montre néanmoins que l'autel Saint-Sébastien, appuyé contre les arcades orientales de ce bras du transept, faisait pendant à l'autel Saint-Nicolas, et que son retable était peut-être cantonné de petites ailes, occupant assurément une largeur plus importante qu'aujourd'hui.

Le vaste réaménagement du transept au milieu du 19e siècle entraîne en 1866 le déplacement de l'autel et de son retable dans une étroite chapelle du collatéral sud du chœur. Le retable est sans doute amputé sur les côtés pour pouvoir tenir dans cet espace restreint. L'ensemble y traverse la Première Guerre mondiale sans dégâts excessifs. Seul le tableau d'autel est renouvelé dans le courant des années 1920.

Le second conflit mondial cause des dommages mieux documentés. Dans les derniers jours de décembre 1944, un bombardement aérien de trains de munitions américains stationnés en gare de Soissons provoque une violente explosion. L'effet du souffle fait choir le niveau supérieur du retable qui se brise. Un rapport de l'architecte Maurice Berry, daté du 6 novembre 1956, énumère les éléments à refaire qui se rapportent essentiellement au décor sculpté. La totalité du fronton, une chute de feuilles de chêne et quelques autres ornements ont donc été remplacés par l'entreprise de maçonnerie "Les fils de Henri Quélin", de novembre 1957 à janvier 1958 (d'après les archives relatives à la restauration du monument, conservées à la Médiathèque du Patrimoine). L'autel et son retable ont été restaurés pour la dernière fois en 2010-2011, par l'atelier Le Sciapode.

  • Période(s)
    • Principale : 2e quart 17e siècle, 3e quart 18e siècle
    • Secondaire : 2e quart 19e siècle, 1ère moitié 20e siècle
  • Dates
    • 1626, daté par travaux historiques
    • 1774, daté par travaux historiques, daté par source
    • 1831, daté par travaux historiques
  • Auteur(s)
    • Auteur :
      Thomas
      Thomas

      Famille de marbriers, basée principalement à Beaumont-en-Hainaut, connue pour les 17e et 18e siècles. Un membre de cette famille aurait fait le pavement de chœur de Saint-Nicaise de Reims. Le même ou un autre Thomas a réalisé le pavement du chœur de la cathédrale de Soissons, le lutrin, le maître-autel et des autels secondaires en marbre. En 1776-1777, il allait exécuter le pavement du chœur de la cathédrale de Laon, et les supports de marbre destinés à recevoir les grilles.

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      marbrier (incertitude), attribution par travaux historiques, attribution par source

Tel qu'il se présente aujourd'hui, l'autel de Saint-Sébastien se compose de quatre éléments : une plate-forme d'autel, un autel-tombeau, un gradin d'autel et un grand retable architecturé.

L'autel adopte un plan rectangulaire horizontal, arrondi aux extrémités antérieures. Son élévation est droite. Il possède une structure en marbre rouge veiné (marbre de Rance), qui sert de cadre mouluré à des panneaux en brèche du Tholonet, ou brèche d'Alep. Le devant de l'autel est orné d'un décor rapporté en ciment coloré faux marbre. Cet autel repose sur une plate-forme, elle-aussi incurvée aux deux extrémités antérieures, constituée d'une bordure en marbre rouge veiné et d'un panneau central en marbre noir veiné de blanc. L'autel est surmonté d'un unique gradin, en marbre noir veiné de blanc.

La plate-forme, l'autel et le gradin s'appuient contre un retable architecturé à une seule travée centrale, mais à deux niveaux superposés, dont la structure en calcaire blanc est enrichie de fûts de colonnes, tables et éléments décoratifs incrustés, en marbre noir poli. Plusieurs de ces éléments comportent un décor gravé et peint en doré. Le marbre rouge-rosé veiné n'intervient ponctuellement que dans le soubassement du tableau d'autel, la constitution de son cadre et la composition de pilastres.

Le niveau inférieur du retable, dont la partie centrale est réservée au tableau d'autel, est cantonné de chaque côté par deux colonnes en marbre juxtaposées qui se dressent au devant de pilastres, sur deux socles superposés. Les chapiteaux en calcaire des colonnes portent un entablement à ressauts, orné d'un décor en relief dans sa partie médiane et surmonté d'une corniche en forte saillie.

Le niveau supérieur, de moindre importance, comporte une table de marbre centrale encadrée, qui servait à l'origine de fond à une statue dont le socle est conservé. Le reste de la travée est occupé par des incrustations de marbre comportant un décor gravé et peint en doré. Cette travée est cantonnée de chaque côté par un pilastre, puis par un aileron ornemental. Elle est surmontée d'un fronton cintré renfermant un décor en très haut relief et dominé par un motif sommital en ronde-bosse.

  • Catégories
    taille de pierre, marbrerie
  • Structures
    • plan, rectangulaire horizontal
    • élévation, droit
    • niveau, 2, superposé
    • travée, 1
    • colonne, 4, juxtaposé
  • Matériaux
    • calcaire, blanc, en plusieurs éléments taillé, décor en relief, décor en ronde bosse, décor dans la masse, décor rapporté
    • marbre veiné, rouge, noir, rose, en plusieurs éléments taillé, poli, mouluré petit cadre
    • brèche, en plusieurs éléments taillé, poli
    • marbre uni, noir taillé, poli, gravé, doré
  • Précision dimensions

    Mesures approximatives de l'ensemble, plate-forme d'autel comprise : h = 750 ; la = 380 ; pr = 235.

  • Iconographies
  • Précision représentations

    Le devant d'autel est orné d'une croix du Saint-Esprit. Le retable est cantonné par des colonnes dominées par un chapiteau composite. Le soubassement du tableau d'autel comporte en son centre un décor gravé représentant un cœur avec trois clous, le christogramme IHS surmonté d'une croix rayonnante et mêlé au monogramme marial AM, le tout entouré de deux branches de laurier nouées d'un ruban plissé. Le tableau d'autel est surmonté d'une tête de chérubin, avec ses deux paires d'ailes.

    Le niveau supérieur du retable est rehaussé d'un décor plus abondant. Les incrustations de marbre de la travée centrale, sont gravées de fleurs de lys alternant avec des lettres S traversées par une flèche (initiale du nom Sébastien et instrument de son martyre). Les ailerons latéraux sont accompagnés de rosaces de feuillage, et de chutes de feuilles de chêne et de glands. Le fronton cintré, à base interrompue, est occupé par une nuée d'où émerge la tête d'un chérubin. Une croix lui sert d'acrotère central.

  • État de conservation
    • changement de forme
    • remaniement
    • partie remplacée
    • oeuvre restaurée
  • Précision état de conservation

    L'ensemble, tel qu'il s'offre à la vue aujourd'hui, a subi plusieurs modifications depuis sa création au 17e siècle. Dans le cadre de la réfection complète du chœur à la fin du 18e siècle, il a reçu un nouvel autel, une plate-forme et un gradin de marbre, pour s'harmoniser avec les nouveaux autels installés dans les chapelles du déambulatoire. Le chanoine Cabaret précise que l'ensemble a été, en même temps, allégé de sculptures.

    Lors de son installation dans une chapelle du chœur au 19e siècle, ce mobilier a vraisemblablement été encore amputé sur les côtés. Il a été orné d'un nouveau tableau après la Première Guerre mondiale. Le niveau supérieur du retable a été partiellement refait, après sa chute en 1944. Enfin, l'ensemble a été restauré in situ, vers 2010-2011, par l'atelier Le Sciapode.

  • Statut de la propriété
    propriété de l'Etat
  • Intérêt de l'œuvre
    À signaler

Documents d'archives

  • AD Aisne. Série G ; G 254. Inventaire ou somme des chartres, titres, pièces importantes, registres et papiers contenus dans les archives du chapitre de l'église cathédrale de Soissons, t. 1.

    p. 531-536.
  • AD Aisne. Série G : G 255. Inventaire ou somme des chartres, titres, pièces importantes, registres et papiers contenus dans les archives du chapitre de l'église cathédrale de Soissons, t. 2.

    p. 33.
  • AD Aisne. Sous-série 4 J : 4 J 2 (copie des "Mémoires pour servir à l'histoire de Soissons et du Soissonnais" d'Antoine-Pierre Cabaret, seconde partie).

    p. 320, 329, 337.
  • AMH (Médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine). Série 81 : 81/02, carton 205. Soissons, cathédrale Saint-Gervais et Saint-Protais, dommages de guerre (1945-1950) ; travaux (1953-1979).

    Dossier 18, sous-dossier : restauration d'un retable.
  • A Évêché Soissons. Série P (paroisses) : P Soissons-Cathédrale. 1 E 3. Délibérations de la Fabrique (1802-1804).

    Séance du 15 septembre 1803.
  • A Évêché Soissons. Série P (paroisses) : P Soissons-Cathédrale, 1 E 4. Délibérations de la Fabrique (1811-1830).

    Séance du 17 mai 1828.
  • BnF (Cabinet des Manuscrits) : naf 6109 (collection Guilhermy, 16). Description des localités de la France (Soissons).

    Folio 259 v°.

Bibliographie

  • DELORME. Notes sur le mobilier artistique de la cathédrale de Soissons. Bulletin de la Société archéologique, historique et scientifique de Soissons, 3e série, t. 12, 1903-1904, 8e séance, lundi 1er août 1904, p. 265-292.

    p. 282.
  • La Foi Picarde. Semaine religieuse des trois diocèses de Beauvais, Soissons & Amiens.

    Deuxième volume, mai-décembre 1866, n° 1, 26 mai 1866, p. 9.
  • GÉRARD, Alexandra. La restauration de l'autel Saint-Sébastien à la cathédrale de Soissons. Quadrilobe, 2012, n° 4, p. 67-74.

    p. 67-69.
  • MAYER, Jannie. Archives de la Commission des Monuments Historiques. Plans et dessins. Tome III. Picardie. Paris : Ministère de la Culture, Direction du Patrimoine, 1985.

    p. 116-117, n° 972.

Documents figurés

  • Vue du Transept méridional de la Cathédrale de Soissons. Picardie, dessin par Alphonse Baillargé, lithographie par Jules Monthelier et Eugène Cicéri, impression par Thierry frères, [vers 1840]. In : TAYLOR, Justin, NODIER, Charles, CAILLEUX, Alphonse de. Voyages pittoresques et romantiques dans l'ancienne France. Picardie. Paris : Firmin Didot frères, 3 volumes, 1835-1845.

    T. 2, 1840.
  • Restauration de l'édifice après la seconde guerre. Restauration du retable de la seconde chapelle côté sud du chœur, tirage (attachement figuré), par Maurice Berry, architecte, Les Fils de Henri Quélin, entrepreneur, [vers 1956]. In : MAYER, Jannie. Archives de la Commission des Monuments Historiques. Plans et dessins. Tome III. Picardie. Paris : Ministère de la Culture, Direction du Patrimoine, 1985, p. 117, n° 972.

Date(s) d'enquête : 2004; Date(s) de rédaction : 2013
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Riboulleau Christiane
Riboulleau Christiane

Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France jusqu'en 2022.

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Plouvier Martine
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Historienne, Martine Plouvier a été conservateur régional de l'Inventaire général de Picardie, conservateur en chef aux Archives nationales et directrice du Centre d'études et de recherches prémontrées.

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