Dossier d’œuvre objet IM02004977 | Réalisé par
Riboulleau Christiane
Riboulleau Christiane

Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France jusqu'en 2022.

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  • enquête thématique départementale, vitrail dans le département de l'Aisne (XIXe et XXe siècles)
  • patrimoine de la Reconstruction, La première Reconstruction
Ensemble des deux verrières figurées décoratives du transept (vitrail tableau) : Jésus bénit le travail, Jésus inspire le sacrifice
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté de communes du Chemin des Dames - Anizy-le-Château
  • Commune Chevregny
  • Adresse Église paroissiale Saint-Médard , rue Principale , rue du Mont-des-Vaches
  • Emplacement dans l'édifice murs nord et sud du transept (baies 5 et 6)
  • Dénominations
    verrière
  • Titres
    • Jésus bénit le travail
    • Jésus inspire le sacrifice

L'église Saint-Médard de Chevregny, dont la reconstruction s'est achevée en 1931, reçoit la même année un ensemble de verrières, sorti de l'atelier du peintre-verrier parisien Pierre Villette (d'autres verrières de l'église sont signées et datées). Les deux verrières du transept, évoquant la vie locale ou le récent conflit mondial, se détachent - autant sur le plan iconographique que stylistique - d'un programme consacré à saint Médard, patron de cette église, ou à la vie du Christ.

Comme l'indiquent les inscriptions commémoratives peintes, ces vitraux ont été offerts par plusieurs membres de la famille Cherrier, propriétaire du château de Chevregny, Robert Masson étant l'époux de Marie-Louise-Madeleine Cherrier, et Émile Jarriand, celui de Geneviève Cherrier. Les thèmes iconographiques ont sans doute été fixés par les donateurs. C'est en tout cas certain pour la verrière de la baie 6, car le sous-lieutenant Lapérouze ici commémoré n'entretient aucun rapport avec la commune de Chevregny. D'après le carnet de guerre d'Émile Jarriand - alors capitaine -, ce dernier avait fait connaissance du jeune militaire parisien en Argonne, dans le troisième trimestre de l'année 1915, et s'était pris pour lui d'une grande affection. Mais envoyé dans la Somme avec le 13e régiment d'Artillerie de Campagne, le sous-lieutenant Paul-Jean Lapérouze avait été tué à Bouchavesnes le 21 septembre 1916. Le capitaine Jarriand avait d'abord projeté, dès 1917, d'offrir à l'église de Dombasle-en-Argonne (Meuse) une verrière consacrée à saint Basle, sur laquelle le souvenir du jeune militaire défunt aurait été rappelé par une inscription. Ce vitrail commémoratif n'a finalement été réalisé qu'en 1931, et avec une tout autre iconographie, pour l'église de Chevregny (d'après les archives privées de la famille Jarriand).

Ces vitraux sont enfoncés et endommagés par le souffle des bombardements de la Seconde Guerre mondiale. L'architecte Pierre Moreaux, chargé de la restauration de l'édifice, commande en 1961 la réparation des verrières à leur créateur, Pierre Villette. Toutefois, le verrier n'ayant pu honorer cette commande pour raison de santé, les vitraux sont restaurés en 1965 par le peintre-verrier soissonnais René Berthelot (d'après les archives communales, communiquées par l'actuel propriétaire du château).

  • Période(s)
    • Principale : 2e quart 20e siècle
  • Dates
    • 1931, daté par source
  • Lieu d'exécution
    Commune : Paris
  • Auteur(s)
    • Auteur :
      Villette Pierre
      Villette Pierre

      Pierre Villette est né à Chartres (Eure-et-Loir) en 1903. En 1927 (listes électorales de Paris), il est dessinateur-verrier et demeure 4 rue Marie-Davy (Paris XIVe). Les recensements de la population parisienne le présentent en 1931 comme verrier, puis en 1936 comme maître-verrier. En 1942-1963, il est installé 3 passage Rauch à Paris (XIe). Il est décédé en 1973 à Créteil (Val-de-Marne).

      Son nom figure dans l'Aisne sur quelques ensembles de verrières dont il semble avoir également conçu les cartons. Néanmoins, en 1930, il réalise les verrières de Notre-Dame de Chauny sur les cartons de Louis Mazetier pour la Société nouvelle artistique. On ne sait s'il était alors le verrier de cette entreprise, investie à cette époque dans la décoration des édifices religieux, ou s'il ne s'est agi que d'une collaboration occasionnelle.

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      peintre-verrier attribution par source

Les deux baies ont la même structure. Il s'agit de baies libres verticales, surmontées d'un arc en plein cintre à la partie supérieure. En revanche, leurs mesures sont différentes : la baie 6, au sud, est un peu plus large et surtout plus haute que la baie 5, au nord.

Les verrières sont réalisées avec des pièces de verre antique, découpées puis assemblées par un réseau de plomb. Les détails et le modelé sont rendus par des applications de grisailles de différentes couleurs (noir, brun, bleu...), plus ou moins délayées. L'hétérogénéité de certains verres rouges provient peut-être d'une opération de gravure à l'acide. Le verre à reliefs - probablement du verre cathédrale - est employé dans les parties décoratives et dans les bordures.

  • Catégories
    vitrail
  • Structures
    • baie libre, 2, rectangulaire vertical, en plein cintre
  • Matériaux
    • verre transparent, verre antique, soufflé, découpé, peint, grisaille sur verre, verre à reliefs
    • plomb, réseau
  • Précision dimensions

    Mesures approximatives de la verrière de la baie 5 : h = 152 ; la = 104. La verrière de la baie 6 mesure approximativement : h = 210 ; la = 120.

  • Précision représentations

    La scène représentée sur la verrière de la baie 5 (au nord) se déroule dans un paysage champêtre. Deux hommes, vêtus à la mode de l'entre-deux-guerres et les manches retroussées, y sont représentés : l'un de face et l'autre de trois-quarts dos. Ce dernier s'appuie sur une pelle plantée dans le sol. La partie droite de la scène est occupée par le Christ, qui impose les mains à ces deux hommes. Il faut sans doute y voir un encouragement à la reprise de l'activité rurale en cette époque où la France se reconstruit.

    La verrière de la baie 6 (au sud) est une verrière commémorative de la Première Guerre mondiale. La scène se déroule à l'intérieur d'une église transformée en hôpital militaire, et est vue depuis le chœur vers l'entrée de l'édifice. Au premier plan, un prêtre représenté de trois-quarts dos, revêtu d'un ornement violet, s'apprête à distribuer la communion. Un enfant de chœur est agenouillé près de lui. Un soldat français, à genoux devant la clôture de chœur, se prépare à communier. Son visage a été peint d'après un portrait photographique. Il s'agit du sous-lieutenant Lapérouze, du 13e régiment d'Artillerie, en souvenir de qui le vitrail a été réalisé, identification confirmée par le nombre 13 lisible sur les pattes de collet de l'uniforme. Un homme plus âgé, barbu et moustachu, se penche vers lui, les mains jointes. Il s'agit également d'un portrait : celui du capitaine Émile Jarriand, donateur de la verrière. À l'arrière, l'unique vaisseau de la nef est meublé de lits, occupés par des soldats blessés. Un médecin ou infirmier militaire se tient debout au pied d'un lit, dans une attitude recueillie. Le fond de l'église est occupé par un orgue de tribune et par six stations du chemin de croix. Cette insistance sur le chemin de croix est destinée à suggérer un parallèle entre le sacrifice du Christ et celui des soldats. Cette église reproduit peut-être fidèlement l'église de Dombasle-en-Argonne (Meuse), convertie en hôpital militaire.

  • Inscriptions & marques
    • inscription concernant le titre, peint, sur l'oeuvre
    • inscription concernant le donateur, peint, sur l'oeuvre
    • inscription, peint, sur l'oeuvre
  • Précision inscriptions

    À la verrière de la baie 5, le sujet de la représentation est peint en réserve dans un cartouche placé sous la scène : JÉSUS BÉNIT LE TRAVAIL. Dans la bordure décorative inférieure, on lit : OFFERT PAR M ET M.M. CHERRIER, peint à la grisaille. Une autre inscription a été portée dans l'angle inférieur droit : OFFERT PAR/MR ROBERT/MASSON/EN MEMOIRE/DE/MME ROBERT/MASSON.

    Sur la verrière de la baie 6, le titre est peint à la grisaille dans un cartouche sous la scène : JÉSUS INSPIRE LE SACRIFICE, accompagné d'une inscription commémorative en réserve : A LA MÉMOIRE/DU LIEUTENANT LAPÉROUZE. Le nom des donateurs est peint à la grisaille dans l'angle inférieur droit de la verrière : OFFERT PAR M ET M. JARRIAND.

  • État de conservation
    • oeuvre restaurée
    • grillage de protection
  • Précision état de conservation

    Les deux verrières, endommagées par les bombardements de la Seconde Guerre mondiale, sont restaurées en 1965. Elles sont actuellement protégées par un grillage. Il manque néanmoins un morceau de verre à la verrière de la baie 6, au niveau de la représentation de la tribune de l'orgue. Quelques fentes sont visibles sur la verrière de la baie 5.

  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Intérêt de l'œuvre
    À signaler
  • Précisions sur la protection

    De nombreux renseignements sur les donateurs des verrières, sur le contexte de la création et sur la réparation effectuée après la Seconde Guerre mondiale nous ont été communiqués par la famille Jarriand et par l'actuel propriétaire du château de Chevregny, que nous remercions chaleureusement.

    La verrière de la baie 6, qui représente une messe célébrée dans une église transformée en hôpital militaire, est particulièrement intéressante par son iconographie rare.

De nombreux renseignements sur les donateurs des verrières, sur le contexte de la création et sur la réparation effectuée après la Seconde Guerre mondiale nous ont été communiqués par la famille Jarriand et par l'actuel propriétaire du château de Chevregny, que nous remercions chaleureusement.

La verrière de la baie 6, qui représente une messe célébrée dans une église transformée en hôpital militaire, est particulièrement intéressante par son iconographie rare.

Documents d'archives

  • AP famille Jarriand : Carnet de guerre d’Émile Jarriand (1914-1918).

    5 octobre 1914, 24 septembre 1915, 25 septembre 1915, 29 septembre 1916, 19 avril 1917, 22/23 avril 1917.

Bibliographie

  • OTT, Bernadette, OTT, Jean. Chevregny. In À la découverte de nos églises, canton d´Anizy-le-Château. Syndicat d´initiative du canton d´Anizy-le-Château : [s.n.], octobre 1988, n° 10, non paginé.

Date(s) d'enquête : 2005; Date(s) de rédaction : 2005, 2023
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Riboulleau Christiane
Riboulleau Christiane

Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France jusqu'en 2022.

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