Le collège des Bénédictins anglais (1603-1903)
L'aile de l'Horloge est construite à l'emplacement de la première maison donnée aux Bénédictins en 1603.
Entre 1648 (plan de Douai de Joan de Blaeuw) et 1710 (date du plan-relief), un bâtiment rectangulaire s’appuyant sur le collège Saint-Vaast et se développant jusqu’à la rue Saint-Albin est construit. Une extension, perpendiculaire au corps principal, donne à l’arrière du bâtiment sur un jardin. Aucun document ne permet à ce jour de préciser davantage la fourchette chronologique encadrant la construction de ce bâtiment.
En 1770, grâce au soutien financier des familles anglaises, la communauté bénédictine fait construire à l’emplacement du premier, édifié à la fin du 17e siècle (AD Nord, 23D1), un grand bâtiment de style classique. Il est appelé "aile de l’horloge". Selon la description qui en est donnée en 1796 par l’architecte chargé d’établir un projet de caserne s’appuyant sur le bâtiment, "ses murs portent jusqu’à quatre pieds d’épaisseur en maçonnerie et le rez-de-chaussée est voûté" (AD Nord, 66J1016). Il est construit en "briques rouges et pierres blanches, spacieux et bien disposé, précédé d’une vaste cour plantée d’arbres et suivi d’un beau jardin" (Crépin, 1861).
Il est complété dix ans plus tard, en remplacement d’une petite brasserie et d’une basse-cour situées le long de la rue Saint-Albin (AD Nord, 23D1) par un préau avec colonnade. Il faut un an pour achever les vingt colonnes de style dorique en granit (Trois siècles de présence britannique à Douai, 2021). Un dessin de Robaut, réalisé d'après nature en 1835, montre la colonnade dans son état d'origine.
Entre 1798 et 1816, date du retour des moines, les bâtiments du collège accueillent successivement une filature, un dépôt de cloches et la fonderie destinée à les transformer en munitions, une fabrique de sucre de betterave et des logements. Mais ils ne deviendront jamais biens nationaux et ne seront ainsi ni vendus ni démantelés.
À leur arrivée, les moines remettent en état l’intérieur des bâtiments et consacrent le rez-de-chaussée de l’aile de l’Horloge à la bibliothèque. Le mobilier immeuble par destination, de style empire, est toujours celui mis en place par les Bénédictins en 1816.
En 1843, le bâtiment est prolongé vers la gendarmerie (construite à la fin du 18e siècle) par la chapelle construite par Pugin et dédiée au roi martyr saint Edmund. À cette occasion, les Bénédictins font élever au sommet de la travée centrale de l’aile de l’Horloge un clocheton surmonté d’une flèche décorée d’une couronne, symbole de ce roi.
Entre 1832 et 1844 (AC Douai, plans 2M13 et 4A2222), une aile supplémentaire est construite le long de la rue Saint-Albin. Elle est symétrique à l’aile de la colonnade par rapport à l’aile de l’Horloge mais ne compte que deux niveaux et un étage d'attique.
En 1853, un étage est construit au-dessus de la colonnade afin d’accueillir les élèves toujours plus nombreux.
En 1896, une galerie fermée formant cloître vient doubler l’aile de l’Horloge côté jardin. Elle est décorée d’un plafond à caissons offert par Lord Granville Word (Trois siècles de présence britannique à Douai, op. cit.).
Peu après l’achèvement du cloître et avant 1903, date du départ des Bénédictins, une nouvelle aile est bâtie en retour d’équerre à l’extrémité est de l’aile de l’Horloge. Elle apparaît encore en travaux sur une photographie ancienne où le cloître est déjà bâti. Appelée "quartier des hôtes", son élévation est similaire à celle de l’aile qui lui fait face le long de la rue Saint-Albin.
Enfin, à cette même période, une dernière partie est rajoutée à l'extrémité nord de l'aile sur la rue Saint-Albin. Elle figure sur une photographie antérieure à 1903 ainsi que sur le cadastre établi en 1907, où l'on voit qu'elle a remplacé de petites maisons.
Le collège de jeunes filles (1903-1947)
En octobre 1903, la ville de Douai rachète l’établissement pour la somme de 280 000 francs afin d’y établir un collège de jeunes filles. Il faut y mener "un rajeunissement complet de l’intérieur dont l’état de décrépitude est manifeste et [y] adjoindre des salles d’études" (délibération du conseil municipal du 29 octobre 1903, AD Nord, 2O176/397). La réfection des toitures et des façades et l’aménagement intérieur coûtent à eux seuls 203 000 francs (Rapport du ministère sur le projet de collège de jeunes filles, AD Nord, 2O176.397). Quelques espaces changent également de fonction, en particulier le cloître qui sert désormais de hall d’honneur. Le changement d’affectation est l’occasion de décorer, côté cour comme côté jardin, le fronton de la partie centrale de l’aile de l'Horloge de motifs républicains que sont les couronnes et les branches de chêne. La première rentrée a lieu le 17 octobre 1904.
En mars 1906, pour répondre au succès de l’établissement, le conseil municipal vote l’agrandissement du collège. La décision est prise de remplacer le préau couvert le long de la rue Saint Albin par un internat. La nouvelle aile, dont les élévations sont identiques à celles de l’aile de l’Horloge, est achevée en 1908. Un écusson avec cette date est toujours visible sur le bâtiment à l’angle des rues Saint-Albin et Saint-Benoît. Elle est due à l'architecte de la ville Henri Sirot.
Pendant la Première Guerre mondiale, les bâtiments ne subissent aucun dégât important. Seules des vitres brisées et des dégradations dans les espaces intérieurs sont à déplorer. Il faut cependant attendre 1921 pour que la restauration des dortoirs et du réfectoire soit achevée.
En 1938, le peintre Tellier décore le hall d’honneur de deux grandes huiles sur toile.
La Seconde Guerre mondiale épargne de nouveau les bâtiments. Seule une partie de la toiture est endommagée par une bombe en août 1944. Elle est refaite en ardoise en 1949.
Les travaux d'agrandissement du lycée dans les années 1960 ne concernent pas l'architecture de cette aile, dans laquelle seuls des aménagements intérieurs seront menés.
Photographe au service régional de l'Inventaire général du patrimoine culturel.