• patrimoine gothique, la cathédrale de Beauvais
L'ancienne cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, actuellement église paroissiale Notre-Dame de la Basse-Œuvre
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Beauvais
  • Commune Beauvais
  • Adresse
  • Cadastre 1975 AV 148
  • Dénominations
    cathédrale, église paroissiale
  • Vocables
    Saint-Pierre, Notre-Dame de la Basse-Œuvre

Une tradition légendaire a attribué à saint Lucien la fondation de l'évêché de Beauvais au 3e siècle, mais le premier évêque connu par un document de 632 est Maurinus. A cette date, la cathédrale devait déjà être élevée dans le castrum de la ville antique, sur le site même de l'actuelle cathédrale Saint-Pierre.

Beauvais a le privilège de conserver, à l’ouest de Saint-Pierre, des vestiges de la cathédrale construite dans la seconde moitié du 10e siècle et achevée au début du 11e. Par référence au "haut-œuvre" élevé au 13e siècle, cette ancienne cathédrale est désormais connue sous le vocable de Notre-Dame de la Basse-Œuvre. Au fur et à mesure que les travaux du "haut- œuvre" avançait, l'emprise de la Basse-Œuvre diminuait : au début du 16e siècle, trois travées furent abattues pour laisser place au transept de la cathédrale ; environ un siècle plus tard, la destruction se répéta, cette fois pour construire les grands contreforts destinés à équilibrer le transept. Enfin l'église du 10e siècle fut sur le point de disparaître complètement dans les premières décennies du 19e siècle : vendue comme bien national en 1794, elle servit de chantier à bois puis le conseil municipal de Beauvais songea à abattre ce qui restait, pour agrandir le parvis de la cathédrale. L'État finit par racheter la Basse-Œuvre en 1840 et la rendit au culte, préservant ainsi la trace de l'église antérieure à la cathédrale gothique.

L'église Notre-Dame de la Basse-Œuvre est l'édifice primitif qui a précédé la cathédrale gothique construite plus à l'est, entraînant sa démolition partielle.

Il existait probablement un groupe cathédral à cet emplacement dès l'époque carolingienne mais la ville ayant subi de nombreux incendies, on décida de reconstruire un nouvel édifice, avec des matériaux provenant des monuments antiques de Beauvais. Les textes, ainsi que les fouilles archéologiques, permettent de placer cette première phase de reconstruction sous l'épiscopat de l'évêque Hervé (987-997), qui participa financièrement l'entreprise.

Dans son état primitif, l'église comprenait un transept non débordant (avec deux piliers cruciformes et deux absidioles semi-circulaires), un porche à l'ouest (repéré lors des fouilles) avec une façade pourvue de petites ouvertures et trois vaisseaux de six travées, dont l'élévation est celle de l'édifice actuel ; le sol était couvert de dalles de craie (à l'ouest) et d'opus sectile (à l'est). Dans un deuxième temps, un portique latéral fut construit sur le flanc sud de l'église, ainsi qu'un petit édifice à abside.

Au 12e siècle, l'église fut profondément transformée : la nef fut allongée et un grand transept (environ 44 m), construit à l'est. L'ancienne croisée du transept disparut vers 1180 et la plupart des pilastres intérieurs furent alors détruits. On substitua des piliers octogonaux aux piliers carrés de la nef et le sol, surélevé de 30 cm, fut recouvert d'un nouveau dallage. Le chevet devait être alors à absides échelonnées. De part et d'autre des collatéraux et à l'angle des bras du transept se trouvaient des escaliers menant aux combles, ainsi que de grandes salles annexes de plan rectangulaire. Un décor roman fut aussi sculpté sur la façade occidentale.

En 1225, un incendie entraîna l'édification du Haut-Œuvre comme nouvelle cathédrale, mais l'église du 10e siècle continua à servir au culte et ce jusqu'au 14e siècle. Au 13e siècle, on refit aussi le chevet de l'édifice et on perça la porte sud. Ce chevet disparut à son tour au début du 16e siècle quand on édifia le transept flamboyant de la nouvelle cathédrale Saint-Pierre. A la fin du 16e siècle et au début du 17e siècle, trois travées de la nef et du bas-côté nord furent démolies pour élever les deux contreforts qui équilibrent les poussées de la croisée du transept de la cathédrale.

Un petit clocher, édifié en 1661 vers le milieu de la nef, logeait une cloche de taille moyenne et comportait une base en bois. Le conseil départemental décida de sa démolition pendant la Révolution.

A la fin du 17e siècle, la façade, qui menaçait de s'écrouler, fut restaurée mais de manière très maladroite et en 1688, on lui adjoignit un avant-corps pour la consolider.

En 1732, des travaux furent entrepris à l'intérieur, quatre piliers étant repris en sous-œuvre.

Vendue comme bien national en 1794 à Henry Cartier, elle servit de chantier à bois avant d'être rachetée par l’État en 1840 et sauvée de la destruction. A la demande de l'évêque, l'édifice redevint lieu de culte et salle de catéchisme. De 1864 à 1867, elle fut restaurée par les architectes Verdier et Aux-Cousteaux, en particulier du côté sud, assez altéré.

Les fouilles menées de 1965 à 1985 par Émile Chami ont par ailleurs révélé la présence de bâtiments annexes également préromans, notamment au sud-ouest avec la présence d'un petit sanctuaire du début du 11e siècle. Ces fouilles ont aussi mis au jour de multiples tessons de céramique, peinte ou vernissée, datant de la période carolingienne, ainsi que des débris de vitraux antérieurs au 11e siècle et de fresques.

A l'intérieur, tous les éléments du décor originel (fresques, vitraux, chapiteaux, pavement) ont disparu. L'autel actuel, en céramique peinte, a été réalisé en 1883 par l'atelier beauvaisien Lévêque.

L'église présente aujourd'hui un plan allongé à trois vaisseaux et six travées en élévation à l'ouest du transept de la cathédrale. La nef centrale et les bas-côtés sont délimités par des piliers carrés au nord et octogonaux au sud. Une partie de l'intérieur de l'édifice est occupée par des contreforts de l'église gothique inachevée et par des renforts postérieurs. Les trois vaisseaux et les six travées qui subsistent atteignent vingt mètres de largeur et dix-sept mètres de hauteur, mais le sol a été surhaussé d'un mètre quatre-vingt environ.

Les murs sont construits en petit appareil régulier formés de pastoureaux, liés par du mortier à tuileau aux joints rubanés et associés à du moyen appareil et à des briques qui, disposées en rases horizontales, proviennent de remplois gallo-romains. Les trois vaisseaux de l'église sont couverts par des toits à longs pans en tuiles plates.

Bien que très restauré, on distingue très clairement les reprises et les murs d'origine de l'édifice. Ainsi, les ouvertures du bas-côté nord, larges et peu ébrasées, sont anciennes. Au-dessus des grandes arcades s'élèvent les superstructures de la nef qui apparaissent au-dessus des toitures du bas-côté. Les fenêtres hautes, au nombre de quatre au nord et au sud, sont plus grandes que celles des bas-côtés, mais elles disposent de la même morphologie en arc en plein cintre.

La façade occidentale a perdu son porche mais la partie supérieure du mur pignon a conservé sa structure originelle. De plus, la façade a été quelque peu modifiée lors de l'installation d'un décor roman le long de la grande baie axiale, laquelle présente la même morphologie que les fenêtres de la nef et des bas-côtés. Cette baie est encadrée de motifs géométriques rayonnants et surmontée d'un cordon de billettes qui rejoint les chaînages d'angle. Deux corniches se superposent dans les parties hautes, celle se trouvant à la base du pignon étant la plus ancienne.

  • Murs
    • calcaire petit appareil
  • Toits
    tuile plate
  • Plans
    plan allongé
  • Étages
    3 vaisseaux
  • Couvertures
    • toit à longs pans pignon découvert
  • État de conservation
    vestiges
  • Techniques
    • sculpture
    • peinture
  • Précision représentations

    Le décor extérieur, situé sur la façade occidentale, se compose d'un encadrement de motifs géométriques rayonnants à base de croix (autour de la baie d'axe), d'une croix pattée en relief surmontée de deux petits oculi (au-dessus de la corniche à la base du pignon) et de trois personnages sculptés (au-dessus de l'arc de la baie), sensés représenter Dieu accompagné d'Adam et Eve.

  • Statut de la propriété
    propriété de l'Etat
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Protections
    classé MH, 1840
  • Référence MH

Bibliographie

  • BONNET-LABORDERIE, Philippe. La Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais. La Mie-au-Roy : GEMOB, 1978 (Histoire et architecture).

    p. 23-36
  • CHAMI, Émile. Comptes-rendus des fouilles de la Basse-Œuvre à Beauvais. Archéologie médiévale, 1971 (n° 1), 1973-1974 (n° 3), 1976 (n° 5) et 1977 (n° 6 ).

  • CHAMI, Émile. Notre-Dame de la Basse-Œuvre. In BARRAL I ALTET, Xavier (dir). Le Paysage monumental de la France autour de l'an mil. Paris : Picard, 1987.

  • HEITZ, Carol. La France pré-romane : Archéologie et architecture religieuse du haut-Moyen Age, du IVe siècle à l'an Mil. Paris : Errance, 1987.

    p. 262-265
  • LEBLOND, Victor. L'Eglise de la Basse-Oeuvre et la cathédrale Saint-Pierre. Mémoire de la Société Académique d'archéologie, sciences et arts du département de l'Oise, 1925, tome XXV.

  • PICARDIE. Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France. La cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, architecture, mobilier et trésor. Réd. Judith Förstel, Aline Magnien, Florian Meunier et al. ; photogr. Laurent Jumel, Thierry Lefébure, Irwin Leullier. Amiens : AGIR-Pic, 2000 (Images du Patrimoine, 194).

    p. 9-13
  • VERNAT-CHAMI, Marie-Claude. La Basse-Œuvre de Beauvais. In Actes du colloque : L'Art roman dans l'Oise et ses environs (7 et 8 octobre 1995 ; Beauvais). Beauvais : GEMOB, 1997.

    p. 35-45
Date(s) d'enquête : 1997; Date(s) de rédaction : 1997, 2014