La première chapelle
La première chapelle est construite entre 1610 et 1611. Dédiée à Saint-Grégoire, elle s’élève le long de l’actuelle rue Saint-Benoit, selon une orientation ouest-sud. Sa façade est bâtie dans le même style que l'église des Jésuites d'Arras. Le projet de restauration daté de 1820 (AD Nord, 2O176/255) et un dessin de Robaut réalisé peu avant la destruction (BM Douai, Albums Robaut, boite 18, n° 311) montrent une façade de style gothique comprenant une travée centrale large ornée d'une rosace flanquée de deux bas-côtés. La façade est surmontée d'un fronton à volutes typique des églises jésuites. Au-dessus du portail se trouvent les armes de la famille de Caverel et celles de l'abbaye Saint-Vaast (LEROY, 1953). Deux autres dessins de Robaut montrent la chapelle. Le premier, établi vers 1820, montre l'extérieur de la chapelle (BM Douai, Albums Robaut, boite 18, pièce n° 310) : le bâtiment rectangulaire semble être construit en brique. Il s'achève par un chevet circulaire à cinq pans. Le bâtiment n'est étayé de contreforts que pour le chevet. Il est uniquement percé de fenêtres hautes en arc brisé. La nef est couverte par une toiture à longs pans, les coyaux correspondant à la couverture des bas-côtés. Le chevet est couvert par une croupe pentagonale. Le second dessin montre l'intérieur de l'église (BM Douai, Albums Robaut, boite 47, pièce n° 316). Deux bas-côtés étroits voûtés en croisée d'ogives encadrent une nef voûtée en ogives où les arcs doubleaux forment des éventails venant s'appuyer sur les colonnes ioniques qui séparent la nef et les bas-côtés. La nef s'achève par une abside en demi-cercle percée de cinq baies. Le remplage des baies est visible sur un dessin de Robaut réalisé au moment de la destruction de la chapelle vers 1831 (BM Douai, Albums Robaut, boite 47, pièce n° 315) : celui des baies des bas-côtés est constitué d'un triplet de lancettes et de trois jours de réseaux quadrilobés qui occupent le haut de la baie tandis que celui des baies du chevet, plus étroites, n'est composé que deux lancettes géminées.
La chapelle est utilisée jusqu'en 1793, date du départ de la première communauté bénédictine. Elle ne subit pas de destructions pendant la période révolutionnaire mais elle n’est pas entretenue et son état se dégrade rapidement. Dès 1811, date à laquelle la chapelle devient officiellement la propriété de la commune (décret impérial du 22 juillet 1811, AD Nord, 2O176/255). Des discussions s’engagent donc entre la ville, le conseil de paroisse et l’évêché d’Arras pour savoir s’il faut la restaurer pour l'affecter à la paroisse Saint-Jacques ou la détruire. En 1831, le conseil municipal vote finalement la destruction de l’ancienne chapelle. Il y est autorisé par décret royal en janvier 1832 (AD Nord, 2O176/168).
La chapelle actuelle
La communauté bénédictine de Saint-Edmund, venue de Paris en 1816, décide alors de faire édifier une nouvelle chapelle. En 1840, elle confie le projet à l’architecte anglais Augustus Pugin (1812-1852). Le premier projet imaginé par Pugin, un bâtiment de dix-huit mètres de hauteur sans divisions intérieures, est rejeté par la communauté qui souhaite que l'espace soit séparé en deux, le rez-de-chaussée devant accueillir un réfectoire. Pugin propose donc un nouveau projet. Il semble cependant que ce dernier n'en ait fourni que des plans et des élévations sommaires, aujourd'hui conservés à Douay Abbey, pour lesquels il reçoit en octobre 1840 la somme de quinze livres.
La première planche montre trois niveaux de la chapelle. Le premier dessin est réalisé au niveau du sol, avec les piliers de la tribune de l'orgue, la disposition des stalles le long des murs de la nef et celle de l'autel principal sur une estrade à pan coupé, elle-même installée sur un plancher haut. Le motif pour la pose des planchers est également esquissé. Le deuxième dessin montre la disposition des baies dans les murs. Le troisième indique où seront placés les tirants assurant la stabilité de l'ensemble.
La seconde planche propose une coupe de la chapelle, sur laquelle sont placées les baies, la tribune de l'orgue et les retombées des voûtes. Un deuxième dessin montre le chevet de la chapelle couvert par une croupe pentagonale. Au bas de cette planche, trois types de baies sont proposés pour le rez-de-chaussée. Il est possible que ces dessins soient un ajout de l’architecte en charge de la construction de la chapelle et non de la main de Pugin. Aucune de ces propositions n'a été mise en œuvre, pas plus que les baies libres entourées de voussures proposées pour la chapelle proprement dite. Sur cette planche, les arcades rouges sous la chapelle figurent sans doute un état du projet où Pugin avait prévu de laisser le premier niveau ouvert (O'DONNEL, 1983).
Il ne semble pas en effet que Pugin se soit chargé du suivi des travaux, ni qu'il les ait confiés à ses architectes d'exécution habituels (O'DONNEL, 1983). Son journal ne mentionne en effet qu'un séjour de deux jours dans les Flandres en juin 1840. L'architecte d’exécution reste à ce jour inconnu.
La première pierre est posée fin 1840 ou début 1841 lorsque les premiers financements arrivent d'Angleterre. Les travaux sont achevés en novembre 1843, grâce à un financement anglais. Bien que certains matériaux (briques et pierres) de la chapelle détruite aient été réutilisés (AD Nord, 2O176/255), le chantier aura tout de même coûté 3 810 livres (O'DONNEL, 1983).
Il est possible que les dessins des vitraux conservés dans les archives de la société Hardman & Co qui les a réalisés soient de Pugin. En l’absence de signature aucun élément ne permet cependant de l'affirmer. Ces dessins montrent une superposition dans des lancettes géminées de deux petites scènes historiées et d'un personnage en pied sous un gâble gothique. Il semble que ces vitraux, visibles sur les photographies anciennes de la chapelle, aient été réalisés conformément aux dessins de Pugin. Ils sont fabriqués par l'entreprise Hardman & Co avec laquelle Pugin travaille depuis 1838.
C'est aussi elle qui réalise la majeure partie des peintures du lambris de couvrement de la chapelle. D'après les livres de commande de Pugin conservés à Woolhampton, les travaux de décoration (vitraux et peintures) sont achevés en 1851. Ils ont été réalisés en trois mois. Le décor peint du réfectoire, composé de motifs au pochoir et de dorure, a été fait par deux moines bénédictins venus spécialement d’Angleterre : les frères Binnell, qui ont également participé à la décoration du lambris de la chapelle. La statuaire est quant à elle de la main du sculpteur belge Jan van Arendonck.
Photographe de l'Inventaire général du patrimoine culturel.