Dossier d’aire d’étude IA00066968 | Réalisé par
Riboulleau Christiane (Rédacteur)
Riboulleau Christiane

Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France jusqu'en 2022.

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  • inventaire topographique, canton de Villers-Cotterêts
Le territoire communal d'Ancienville
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

  • Aires d'études
    Sud de l'Aisne
  • Adresse
    • Commune : Ancienville

Aucun document connu ne mentionne l'époque de fondation du village d'Ancienville, dont le nom souligne toutefois l'antiquité du site (Antiqua Villa). La consécration de la paroisse à saint Médard, saint mérovingien du 6e siècle, suggère d'en placer la formation dans les derniers siècles du premier millénaire. En 1110, l'église d'Ancienville est accordée aux chanoines de Saint-Jean-des-Vignes de Soissons, qui vont desservir la paroisse jusqu'à la Révolution. Sous l'Ancien Régime, cette paroisse du diocèse de Soissons appartient d'abord au doyenné d'Oulchy-le-Château, jusqu’à son démembrement en 1661, puis à celui de Neuilly-Saint-Front, tous deux membres de l'archidiaconé de Tardenois. Les remaniements consécutifs à la Révolution font de la paroisse au 19e siècle une composante du doyenné de Villers-Cotterêts, mais une annexe de Noroy-sur-Ourcq, puis de Chouy. Depuis les regroupements paroissiaux de la fin du 20e siècle, le village d'Ancienville appartient désormais à la grande paroisse Saint-Nicolas-du-Pays-de-Retz, devenue membre d’un doyenné de Villers-Cotterêts étendu.

Avant la Révolution, le village relevait de l'Intendance et de l’Élection de Soissons, et du bailliage de Villers-Cotterêts. Il fait aujourd'hui partie du canton de Villers-Cotterêts et de l'arrondissement de Soissons. Dans son ouvrage consacré au département de l'Aisne, Maximilien Melleville dresse une liste de seigneurs d'Ancienville depuis la fin du 12e siècle. L'exactitude de cette liste n'est toutefois garantie qu'à partir du 16e siècle, avec la famille du Prat, qui adopte le patronyme "du Prat de Barbançon" vers la fin du 17e siècle. Les membres de cette famille, qui descendent du chancelier Antoine du Prat, seigneur de Nantouillet, vont posséder la seigneurie d'Ancienville jusqu'à la Révolution. L'église d'Ancienville semble d'ailleurs avoir été l'église paroissiale de la famille seigneuriale, au moins au 16e siècle, ce dont témoignent la représentation d'un membre de cette famille en donateur sur l'une des verrières de la précédente église (détruite), ainsi que deux dalles funéraires abritées dans l'actuel lieu de culte.

Cette terre est vendue par son dernier seigneur émigré, Augustin Jean Louis Antoine du Prat, le 27 octobre 1791, au sieur Lecrocq de Villers-Cotterêts. Le document qui mentionne cette transaction ne précise malheureusement pas les suites de cette cession. Aucun château ou manoir n'est signalé sous l'Ancien Régime à Ancienville et les lieux-dits du territoire communal n'en évoquent pas le souvenir. La famille du Prat, qui tenait également des seigneuries à Faverolles - village limitrophe -, habitait alors le château de Maucreux, dont le parc empiète encore sur Ancienville. Plusieurs auteurs du 19e siècle évoquent pourtant la présence d'un "château" à l'entrée du village, alors associé à la famille d'Estrémont de Maucroix. Mais cette propriété que l'abbé Chollet qualifie de "jolie maison de campagne" est probablement une construction du début du 19e siècle, et non l'ancienne "maison" d'un fief.

La commune ne semble pas avoir subi d'événement particulièrement marquant jusqu'à la Première Guerre mondiale. Ancienville - tout comme les autres villages situés en bordure de la forêt de Retz - a subi des bombardements et a été vers le milieu de l'année 1918 le cadre de violents combats qui l'ont ravagé. Le courage des habitants sous les obus et pendant l'occupation allemande a valu à la localité d'être citée à l'ordre de l'armée et de recevoir la Croix de guerre par décret du 26 octobre 1920. La reconstruction du village, confiée à une coopérative de reconstruction sous la direction de l'architecte Frédéric Bertrand (1869-1956) a occupé une grande partie de l'entre-deux-guerres.

La commune d'Ancienville est située à l'est du canton de Villers-Cotterêts, à la limite du massif forestier de Retz. Elle est bordée par les communes de Chouy au nord et à l'est, de Noroy-sur-Ourcq au sud, et de Faverolles à l'ouest. La séparation avec cette dernière est constituée par la rivière Savière (ou Savières). La route départementale 973, de Villers-Cotterêts à Château-Thierry, traverse le territoire d'ouest en est, au nord de l'agglomération.

D'après la monographie communale de 1888, le territoire occupe alors une surface dépassant 374 ha, sur lesquels 54 ha seulement - une partie du bois de Cresnes au sud-ouest - appartiennent à la forêt de Retz. À cette époque, le terroir s'étend sur 320 ha, dont 7 ha et demi correspondent à des marais en voie de dessèchement. Actuellement, Ancienville occupe 385 ha. La différence avec la surface avancée par l'instituteur résulte peut-être de la régularisation de la limite orientale du bois de Cresnes, entre Ancienville et Noroy-sur-Ourcq. L'altitude du territoire communal varie de 72 m à 174 m, les parties les plus basses bordant la Savière[s] à l'ouest. Le village, implanté dans une zone de plaines, s'allonge à environ 115 m d'altitude. Enfin, le point culminant se trouve immédiatement au sud de l'agglomération, au voisinage de Noroy-sur-Ourcq.

Si l'on excepte la Savière[s], le territoire est traversé par un petit ru, qui prend sa source au nord de l'église et alimente en eau le lavoir voisin. Il s'agit probablement d'une résurgence de la "fontaine Sainte-Sabine" qui sourdait autrefois dans le jardin du presbytère et qui est mentionnée sous ce nom dans le procès-verbal d'expertise du logement du prieur-curé, dressé en septembre 1796. L'instituteur précise en 1888 que ce cours d'eau coule dans la commune du sud vers le nord, avant de suivre une direction est-ouest et de se jeter dans la Savière[s] au lieu-dit "La Ferrie". Ce ru était alors l'unique point d'eau potable des habitants.

Le village, qui adopte l'apparence d'un village-rue, est implanté à l'est, au centre du terroir agricole, le long d'une voie nord-sud qui conduit à Noroy-sur-Ourcq. Cette agglomération se complète d'un unique écart, situé au nord-ouest : "le Petit-Maucreux". L'économie d'Ancienville semble avoir principalement reposé sur l'agriculture, aucune industrie ou manufacture n'étant signalée dans les textes. À la fin du 18e siècle, l'abbé Houllier parle de terres médiocres où l'on produit du blé et d'autres grains, information reprise un siècle plus tard par l'instituteur, qui ajoute au blé, l'avoine, le seigle, l'orge et le maïs, puis la betterave fourragère. La présence d'une tuilerie est néanmoins mentionnée au début du 19e siècle, ainsi que l'exploitation d'une carrière de calcaire, creusée à proximité du chemin conduisant de Noroy à Maucreux. Toutefois, l'époque de cessation de ces activités n'est pas connue.

Documents d'archives

  • AD Aisne. Série Q (Documents de la période révolutionnaire) : Q 856 (procès-verbaux d'estimation, août 1793-fructidor an III).

    Document 94 : État de la consistance des biens situés dans les communes du canton de Villers-Cotterêts et appartenant aux émigrés.
  • AD Aisne. Série T (Enseignement, affaires culturelles, sports) ; Sous-série 13 T : 13 T 7 ([Anonyme] Arrondissement de Soissons. Commune d'Ancienville. Monographie et plan. [1888], non paginé).

  • AC Ancienville : Registre des délibérations du Conseil municipal (29 décembre 1919-24 mars 1988).

Bibliographie

  • BRUNEL, Ghislain. L'implantation des ordres religieux de Prémontré, Cîteaux et Fontevraud dans la région de Villers-Cotterêts au XIIe siècle : une réponse à de nouveaux besoins ? Mémoires de la Fédération des Sociétés d'Histoire et d'Archéologie de l'Aisne, tome XXXII, 1987, p. 197-224.

  • CHOLLET, abbé François. Un serment mal gardé ou Villers-Cotterêts et ses environs. Villers-Cotterêts : Obry, libraire ; Soissons : Mme Lalance, libraire, 1853.

    p. 135-136.
  • DU PRAT, marquis Antoine-Théodore. Généalogie historique, anecdotique et critique de la Maison du Prat. Versailles : Dagneau jeune, libraire, 1857.

  • HOULLIER, Abbé Pierre. État ecclésiastique et civil du diocèse de Soissons. Compiègne : Bertrand, Imprimeur du Roi ; Paris : Mérigot jeune, Libraire, 1783.

    p. 109.
  • Journal officiel de la République française.

    52e année, n° 295, Jeudi 28 Octobre 1920, p. 16685.
  • LEDOUBLE, abbé Joseph. État religieux ancien et moderne des pays qui forment aujourd'hui le diocèse de Soissons. Soissons : l'auteur, 1880.

    p. 27, 388.
  • MELLEVILLE, Maximilien. Dictionnaire historique du département de l'Aisne. Nouvelle édition. 2 volumes. Laon : l'auteur, 1865.

    t. 1, p. 21-22.
  • MICHAUX, Alexandre. Histoire de Villers-Cotterêts. La ville, le château, la forêt et ses environs. Deuxième édition, augmentée et mise au courant des événements jusqu'en 1885. Paris : Marchal et Billard, libraires-éditeurs, 1886.

    p. 155.
  • SEYDOUX, Philippe. Gentilhommières des pays de l'Aisne. Tome 2 : Soissonnais, Tardenois, Brie. Paris : La Morande, 2013.

    p. 122, 261.

Documents figurés

  • Ancienville, plan cadastral parcellaire [cadastre napoléonien], Tableau d'assemblage, Demoulin, géomètre, encre et aquarelle sur papier, 1835, reconstitué d'après copie par Gaston Hénin, géomètre à Villers-Cotterêts, en avril 1924, 1/10000e (AD Aisne : 3P0016_01).

  • Ancienville, plan cadastral parcellaire [cadastre napoléonien], Section A du Haut-Mont, 1ère feuille (n° 1 à 386), Demoulin, géomètre, encre et aquarelle sur papier, 1835, reconstitué d'après copie par Gaston Hénin, géomètre à Villers-Cotterêts, en avril 1924, 1/2500e (AD Aisne : 3P0016_02).

  • Ancienville, plan cadastral parcellaire [cadastre napoléonien], Section A du Haut-Mont, 2e feuille (n° 387 à 639), Demoulin, géomètre, encre et aquarelle sur papier, 1835, reconstitué d'après copie par Gaston Hénin, géomètre à Villers-Cotterêts, en avril 1924, 1/2500e (AD Aisne : 3P0016_03).

  • Ancienville, plan cadastral parcellaire [cadastre napoléonien], Section B du Buisson de Cresnes (n° 1 à 7), Demoulin, géomètre, encre et aquarelle sur papier, 1835, reconstitué d'après copie par Gaston Hénin, géomètre à Villers-Cotterêts, en avril 1924, 1/5000e (AD Aisne : 3P0016_04).

Date(s) d'enquête : 1985; Date(s) de rédaction : 1988, 2016
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
(c) Département de l'Aisne
(c) AGIR-Pic
Riboulleau Christiane
Riboulleau Christiane

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