• inventaire préliminaire, arrière-pays maritime picard
Le territoire communal de Boismont
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  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
  • (c) SMACOPI

Dossier non géolocalisé

  • Aires d'études
    Communauté d'agglomération de la Baie de Somme
  • Adresse
    • Commune : Boismont

Limites administratives et revenus communaux

Citée dans la coutume du Vimeu en 1507, la ville de "Baimont-sur-la-Mer" appartenait à un noble et puissant seigneur, Alof Rohault, à cause de sa seigneurie et chastellenie de Gamaches en Vimeu. Les hameaux de Bretel et Pinchefalise étaient déjà unis à la paroisse.

En 1384, des prairies et prés salés sont donnés par l'abbaye de Saint-Valery aux communes de Pinchefalise et Boismont, à condition qu´ils soient gérés directement par un groupement de hartiers (éleveurs). En 1515, le seigneur de Gamaches légue lui aussi et dans des conditions identiques, des prés salés aux habitants de Boismont afin de pallier leur manque de revenu.

Le territoire est envahi par les eaux de la mer, à de nombreuses reprises, en raison de sa proximité avec la baie de Somme, de la vétusté et du manque d´entretien des ouvrages la protégeant de ses incursions. A la fin du 18e siècle, de nombreuses digues sont construites ou reconstruites.

Vers 1750, le territoire est scindé en deux par le percement du canal de la Somme. Il fallut un siècle et demi pour voir construire un pont en bas du village (1905) permettant ainsi aux habitants d'atteindre les molières dans lesquelles ils faisaient paître leur bétail.

La période entre 1866 et 1911 (construction de l´estacade entre Noyelles-sur-Mer et Saint-Valery) permit l´expansion du chemin de fer d´intérêt économique. L´intérêt pour le développement de la région était évident mais se fit au détriment de Boismont, qui n´était pas immédiatement desservi. La transformation des prés salés en prés doux engendra une forte mortalité dans le troupeau ovin et la reconversion nécessaire du cheptel en bovins.

L´ouverture d´un chemin départemental entre Noyelles et Saint-Valery, le long des mollières de Pinchefalise, constitua la troisième amputation du village et isola différentes enclaves qui devinrent inexploitables, entre la route et la ligne de chemin de fer.

En 1911, l´estacade fut transformée en digue.

D´après la matrice cadastrale (1880), il existait une forge et un seul "moulin à eau et à vent" pour tout le territoire. Le moulin à vent situé sur les hauteurs de Bretel avait été construit en 1835 et détruit en 1839 par la foudre. Le moulin à eau était en activité à Molenelle entre 1847 et 1869. En 1890, un moulin à vent était présent sur la route communale reliant Pinchefalise à Boismont (n´apparaissant pas sur le cadastre napoléonien, il fut donc construit entre 1832 et 1880). Celui situé près de la ferme des Bruyères figure sur la carte de Cassini (et avait disparu en 1891).

Gaudefroy indique dans son article qu´il existait des salines sur le territoire de Boismont (nous ignorons à quelle époque, probablement au Moyen Age). Le sel était expédié par bateau, l´évêque d´Amiens en percevant un droit. Le transport se faisait également par voie de terre.

Evolution de l´économie et des activités

D´après le recensement de population, en 1836, les professions les plus courantes étaient les suivantes : cultivateur, journalier, manouvrier, meunière, fileuse, berger, cordonnier, charron, tisserand, chiffonnier, cantonnier, vachère, tailleur. Cette population était donc essentiellement agricole, mais une partie possédait une activité artisanale, notamment textile.

En 1851, les journaliers occupaient encore une grande part de la population (110) et l´industrie de l´habillement était encore relativement présente.

La serrurerie occupait également un pan important de l´économie (71 ouvriers entre 1872 et 1874).

Ainsi, jusqu´au début du 20e siècle, les hommes travaillaient aux usines de serrurerie, au chemin de fer économique à Noyelles ou à la cosseterie de Saint-Valery, alors que les femmes avaient la charge de l´exploitation.

L´évolution des terres cultivées sur le territoire entre 1853 et 1929 présente parfaitement l´emprise qu´atteignent peu à peu les prairies naturelles, passant de 20 à 522 ha. Au cours de cette période, le lin, le chanvre et les plantes oléagineuses disparurent, progressivement remplacées par la betterave (embarquée à Boismont vers les sucreries de Rue, d´Abbeville et râperie de Lanchères) et la chicorée.

Au 19e siècle, l´élevage des moutons occupait une place importante dans l'économie du village. Le colmatage de la baie et l'occupation prussienne en 1870 engendrèrent une forte mortalité dans le troupeau. Pourtant, le nombre de moutons avait quasiment doublé entre 1918 et 1929 (pour passer à 1110 têtes), phénomène contraire à celui que l´on observe dans les autres villages du territoire étudié, où l´élevage des moutons a, pour la plupart, été abandonné dès le milieu du 19e siècle aux profits des vaches laitières.

Boismont est connu dans les sources depuis le 12e siècle.

D'après Agache, des outils paléolithiques ont été découverts (lames levalloisiennes, bifaces acheuléens), entre Boismont et Pinchefalise. Il existait un port, au lieu-dit les « Montoirs », entre Bretel et Mons Boubert. Tout porte à croire que la cité aurait été détruite au 6e siècle de notre ère.

Le village possède également une motte castrale médiévale, à l´amorce du gué de Blanquetaque.

D´après Hubert Quilliot, en 1346, Edouard III, roi d´Angleterre, était maître de la région. Les Anglais fortifièrent donc les alentours du gué, par l´édification de défenses. Le "Donjon de Boismont" et la Bastille de Saigneville semblent avoir été édifiés à cette occasion. En 1523, les Flamands du parti de Charles Quint voulurent se porter sur Noyelles et parvinrent à piller Pinchefalise, Boismont, Neuville et Saigneville. En 1644, le fort de Boismont n´existait plus, le passage n´était donc plus défendu.

Sur la carte de Cassini (vers 1756), il est indiqué que le village de Boimont possédait un corps de garde, dont nous ignorons l´emplacement.

La commune fut également éprouvée lors de la première guerre mondiale. Le front était à moins de 100 kilomètres, ce qui obligea les Anglais à établir un vaste camp de munition qui s´étendait de Pinchefalise à Gouy, le long du canal de la Somme. Etant donnée l´importance du trafic, il avait fallu créer des voies de chemin de fer supplémentaires vers Port-le-Grand, Gouy et Noyelles afin que le camp puisse alimenter le front sans défaillance. Le canal de la Somme était également utile pour acheminer les munitions et ravitailler les soldats.

L´état major était hébergé au château de Boismont : les aviateurs allemands le visèrent à plusieurs reprises mais ce sont les maisons voisines qui furent en partie touchées. Avec 60 000 tonnes de munition, le camp, installé sur 6 kilomètres, était le plus important du nord de la France. C´est pourquoi il fut de nombreuses fois bombardé. L´attaque la plus dévastatrice est celle de la nuit du 21 mai 1918 ; 6 hangars sur 52 furent détruits. Une seconde attaque eut lieu le 6 janvier 1920 entre Pinchefalise et Boismont.

Situé à 15 kilomètres au sud-ouest de la rive gauche de la Somme, à cinq de Saint-Valery, dix du Vimeu industriel et treize d´Abbeville, Boismont est inscrit depuis le 20 janvier 1975 en tant que site de la baie de Somme.

La falaise, au relief peu marqué, s´incline vers le nord. Le plateau crayeux sur lequel est installé le territoire atteint 125 mètres d´altitude. D´après le POS, ce relief est entaillé par deux vallées parallèles : la rivière de l´Amboise, rivière dont l´affluent, l´Avalasse, joue un rôle fondamental dans l´écoulement des eaux pluviales d´une bonne partie du Vimeu, la vallée de Bretel est, quant à elle, à l´extrémité d´une vallée sèche. La position en hauteur du territoire le met hors des inondations et en contact direct avec les terres agricoles du plateau.

Sur les pentes et le plateau, la craie est recouverte d´épais placages de limons, constituant les sols les plus riches de la commune, propices à la culture.

Le parcellaire est profond et complexe. Vergers, potagers, prairies domestiques ceinturant le territoire. Le POS donne la répartition du végétal sur le territoire (1990) : 40 % de terres, 40 % de prés, 15 % de bois, 5 % de taillis futaies. Les zones humides sont également très présentes (3.1%). Le territoire est ainsi divisé en deux grands ensembles d´économie agricole : le plateau est consacré à la grande culture céréalière ; les régions basses et humides des vallées sont le domaine de l´élevage bovin et ovin.

Documents d'archives

  • AD Somme. Série M ; 6 M 2407. Situation industrielle dans l´arrondissement d´Abbeville [1860-1869].

  • AD Somme. Série M ; 6 M 2408. Situation industrielle dans l'arrondissement d'Abbeville, [2e moitié 19e siècle].

  • AD Somme. Série M ; 6 M 2577. Questionnaire concernant les récoltes par commune, [1929].

  • AD Somme. Série M ; 6 M 2103. Tableaux synoptiques des réponses par communes concernant la superficie réservée à chaque culture, arrondissement d'Abbeville, 1853-1855.

  • AD Somme. Série M ; 6 M 2032. Enquête auprès des maires. Recensement du bétail existant au 30 juin 1918 et disponibilité pour la boucherie ou la vente. Tableau récapitulatif communal,[1918].

  • AD Somme. Série P ; 3 P 110/3. Boismont. Etat des sections, [s. d.].

  • AD Somme. Série P ; 3 P 110/4. Matrice cadastrale de la commune de Boismont [1834-1914].

  • AD Somme. Série P ; 3 P 110/9. Matrice cadastrale de la commune de Boismont, [1911].

  • AD Somme. Série O ; 99 O 755. Commune de Boismont. Travaux communaux (avant 1869)

  • AD Somme. Série O ; 99 O 753. Commune de Boismont. Travaux communaux (avant 1869).

  • AD Somme. Série M ; 2M_LN 192. Recensement de population de la commune de Boismont [1836-1936].

  • AC Boismont. Cahier de délibérations du Conseil Municipal de Boismont (1867-1882).

  • BM Amiens ; Ph 1163 C. Compilation de documents sans référence.

Bibliographie

  • AGACHE, Roger. La Somme pré-romaine et romaine d´après les prospections aériennes à basse altitude. Amiens, Société des antiquaires de Picardie, 1978.

    p. 63, 67, 256, 260, 396, 398, 400
  • AGACHE, Roger. Atlas d´archéologie aérienne de Picardie. Amiens : Société des Antiquaires de Picardie, 1975.

    p. 35
  • Agence de Paysage Bocage, Bailleul. Etude pour l´amélioration du cadre de vie et des espaces publics, commune de Boismont. 9 décembre 2004.

  • BELLEVAL, René De. Les fiefs et les seigneuries du Ponthieu et du Vimeu. Brionne, Gérard Monfort, 1975.

    p. 48
  • BOUTHORS, Alexandre. Coutumes locales du baillage d'Amiens, rédigées en 1507. Amiens, Imprimerie Duval et Herment, 1845.

    p. 385
  • Cabinet Bocage et Poignon. PLU de Boismont. S. d.

  • Cabinet François Seigneur architecte dplg. Plan d'Occupation des Sols de la commune de Boismont. 1990.

  • DARSY, F.-I. Bénéfices de l'Eglise d'Amiens ou Etat général de biens, revenus et charges du clergé du diocèse d'Amiens en 1730 ; avec des notes indiquant l'origine des biens, la répartition des dîmes, etc. Amiens, E. Caillaux, 1869.

    p. 287
  • DEVISMES, R., DUPUIS, C., HAESAERTS, P., HEINZELIN, J. de. Fouilles de 1975 à la carrière est du chemin des Salines, Boismont, Somme, France. Cahiers d´archéologie de Picardie. 1977, n°4.

    p. 39
  • Documents pour servir à l´histoire de la Révolution française. Etat généraux de 1789, élections, rédaction des cahiers. Amiens, Typographie et Lithographie T. Jeunet, t. II, 1901.

    p. 49
  • GARNIER, J. Dictionnaire topographique du département de la Somme. Mémoires de la Société des Antiquaires de Picardie, 3e série. Paris, Amiens, t. I, 1867.

    p. 132
  • GAUDEFROY. Les salines du Ponthieu et du Vimeu. Bulletin de la Société d'Emulation d'Abbeville. 1925 à 1928, t. 8.

    p. 46
  • GROUE, Lucien. Aux confins de la Picardie et de la Normandie. Abbeville : F. Paillart, 1994.

    p. 13
  • HELOT, Paul. Promenades gallo-romaines à Saint-Valery et à Boismont. Société d'Emulation historique et littéraire d'Abbeville, 1958.

    p. 138-144
  • LABITTE, Porphyre. Projets d´amélioration de la Somme et de ses ports. Amiens : [s. ed.], 1874.

    p. 7-9
  • LEDIEU, Alcius. Dictionnaire d´histoire locale. L´arrondissement d´Abbeville de nos jours et le Ponthieu en 1763. Abbeville : Imprimerie E. Caudron, 1881.

    p. 16-17
  • LEFILS, Florentin. Géographie historique et populaire des communes de l´arrondissement d´Abbeville. Marseille, Laffitte Reprints, 1981. Réimpression de l'édition originale publiée à Abbeville, J. Gamain, 1868.

    p. 389
  • MACQUERON, Henri. Le Ponthieu en 1700, d'après la mémoire sur la généralité d'Amiens de l'intendant Bignon. Société d'Emulation d'Abbeville, 1884-1886, t. XXVI.

    p. 121
  • MERLIER, Olivier. Navigation et circulation maritime en Baie de Somme aux derniers siècles du Moyen-Age. Mémoire de Maîtrise d´histoire médiévale, sous la direction de G. Jehel et P. Racinet, Amiens, Université de Picardie Jules Verne, oct. 1996.

    p. 23
  • QUILLIOT, Hubert. Histoire du Gué de Blanquetaque. Société d´Archéologie et d´histoire de Saint-Valery-sur-Somme. 1977, n°8.

    p. 49-51
  • QUILLIOT, Hubert. L'ouverture du canal du duc d'Angoulême, ses incidences sur l'exploitation des biens patrimoniaux dans les territoires de Boismont et de Pinchefalise d'après les documents communaux. Bulletin de la Société d'Archéologie et d'Histoire de Saint-Valery-sur-Somme, 1974, n° 5.

    p. 6-27
  • RODIERE, Roger. DES FORTS, Philippe. La Picardie historique et monumentale, le pays du Vimeu. Collection Société des Antiquaires de Picardie, Paris, Libraire Auguste Picard, 1938.

    p. 55
  • SEIGNEUR, François. Plan d'Occupation des Sols de Boismont. 1995.

Documents figurés

  • Carte de la Somme, carte, par Cassini, vers 1756.

  • Boismont. Plan cadastral, 1832 (AD Somme : 3 P 1287).

Annexes

  • L'architecture de la commune de Boismont
  • Le canal de la Somme
Date(s) d'enquête : 2005; Date(s) de rédaction : 2005