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Barbedor Isabelle
Barbedor Isabelle

Chercheur du service de l'Inventaire général du patrimoine culturel de Picardie, puis des Hauts-de-France, depuis 2002.

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  • inventaire topographique, Amiens métropole
Le territoire communal de Boves
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  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

  • Aires d'études
    Communauté d'agglomération Amiens Métropole
  • Adresse
    • Commune : Boves

La commune de Boves, au sud-est d´Amiens, s´étend sur une superficie de 25,37 km2 ; elle compte actuellement 2969 habitants. Située à l´extérieur de la rocade qui dessert le village, elle est desservie par un réseau routier secondaire (D 935, D 916 et D 116) et par la voie ferrée. Le territoire de type mixte s´étend sur les plateaux qui dominent les rivières de l´Avre et de la Noye, qui forment une vallée humide. Les points culminants se situent dans le bois de Boves (châlet des Bruyères) et au nord du bois de Cambos (ferme du Cambos).

Des forêts s´étendent au sud (bois du Cambos et bois de Boves) et à l´est de la commune (bois de la ville et bois de Gentelles).

L´habitat est concentré dans le village mais il existe quelques pôles isolés, au sud-ouest, dans le bois de Boves et au Cambos, et au nord, sur le bord de la route départementale 934 (Formanoir et La Grenouillère).

Historique

La carte de Cassini (doc. 1) levée entre 1760 et 1789, donne une première représentation du territoire et des vallées sèches qui le structure. On peut y voir la route de grande communication qui se substitue à l´ancienne voie romaine, toutes deux à l´est de la rivière de l´Avre, au bord des quelles apparaissent le château de Fort-Manoir et l´église paroissiale Saint-Nicolas. Un pont, en contrebas de l´église, relie le vieux château et le village de Boves à ces routes. A l´ouest de la Noye, la carte figure un moulin et un réseau de canaux, un prieuré ruiné, un château et une église paroissiale. La chapelle Notre-Dame du Bon-Secours est visible au sud du village, à l´ouest de la rivière de l´Avre.

Le plan géométrique de la commune (doc. 2 et 3), levé en 1806, donne une représentation précise du territoire. Y apparaissent la ferme isolée du Cambos, la Buanderie et la chapelle, au sud du village, l´ancien manoir de Fortmanoir, au nord.

L´état des sections et les matrices cadastrales, conservés aux archives départementales, mentionnent la présence de fours à chaux, proches de Longueau (ils appartiennent à l´entrepreneur Paris-Digeon, en 1886) et la construction de maisons isolées, dans la 2e moitié du 19e siècle, au nord de la commune, près de Longueau et, au sud, dans la forêt de Boves.

Les archives de la série O comprennent de nombreux plans de tourbage réalisés dans les marais, au nord et au sud du village, où les blanchisseries se développent (cf. dossiers).

V. A. Malte-Brun (1880) signale que la principale industrie est la blanchisserie de toiles.

A. Janvier (1896) mentionne les différents seigneurs de Boves, une des terres féodales de l´Amiénois les plus importantes, aux 12e et 13e siècles. Le premier est Dreux, vicomte de Corbie, nommé dans une transaction de 1041. Parmi les nombreux seigneurs qui lui succèdent, on peut citer Enguerran Ier de Boves ou de Coucy, seigneur de la Fère et de Marle, qui se déclare comte d´Amiens en 1085, Thomas de Marle, Enguerran II de Boves, fondateur de l´abbaye du Paraclet-des-Champs, au début du 13e siècle. En 1245, la terre échoie à Nicolas de Rumigny, seigneur de Rumigny en Thiérache, puis à la maison de Lorraine au début du 14e siècle ; elle est confisquée en 1595 à Charles de Lorraine, duc d´Aumale.

Adjugée par décret au Parlement à Bénigne Bernard, conseiller maître d´hôtel du Roi, la terre est érigée en marquisat en 1630, en faveur de Nicolas de Moy, marquis de Riberpré. Elle sera revendue à Jean de Turmenies de Nointel, receveur général des finances de Picardie, puis garde du Trésor royal, après 1681. A la veille de la Révolution, elle appartient à la maréchale de Biron, condamnée et exécutée par le tribunal révolutionnaire, en 1794.

Importante seigneurie, Boves comptait 40 terres à clocher et 120 fiefs ; elle relevait de l´évêché d´Amiens et de l´abbaye de Corbie et de la terre de Coucy.

Son ancienneté est attestée par la présence de la voie romaine vers Montdidier et Champlieu et par le mobilier découvert à la ferme du Cambos, en 1840.

Comme dans la commune voisine de Cagny, on cultivait la vigne à Boves et on cultivait la waide, broyée dans les moulins de Boves et de Cagny.

La ramassage de roseaux pour la couverture des maisons, revendus à Amiens, est remplacé par extraction de tourbe et blanchissage du linge, à la fin du 19e siècle.

La notice géographique et historique rédigée en 1899 par les instituteurs Douziville (?) et Corblet offre une synthèse de l´état de la commune à cette date.

Le territoire, d´une superficie de 2443 hectares, comprend alors le village (1604 habitants) et 10 hameaux : Fortmanoir (85 habitants), la ferme du Prieuré (2 habitants), le Marais-de-Cagny (4 habitants), le Pont-de-Fouencamps (5 habitants), Pavry (6 habitants), la Grenouillère (2 habitants), la Ferme-Levé (5 habitants), Saint-Hubert (2 habitants), le Cambos (1 habitant) et la Ferme-Poussin (8 habitants). Les 1500 hectares en terre de labour (céréales) sont répartis entre 3 fermes et 100 exploitations de moins de 5 hectares. L´extraction de la tourbe et de ballast accompagne une activité industrielle importante.

Selon le Dictionnaire historique et archéologique de Picardie (1919), Boves, citée en 1044, comprend deux paroisses. Celle de la Nativité-de-Notre-Dame possède un prieuré-cure dit de Notre-Dame-des-Champs ou de Sainte-Marie, fondé en 1196 par Enguerrand II de Boves et dépendant de l'abbaye Saint-Fuscien. Celle de Saint-Nicolas, où se situe le prieuré Saint-Ausbert, s´étend à l´est de l´Avre.

Le territoire est divisé en deux domaines suivant la limite dessinée par la rivière de l'Avre, la rive gauche avec le château, relevant de la châtellenie de Coucy et dépendant de la prévôté de Beauvaisis ; la rive droite, relevant de l'abbaye et du comté de Corbie et dépendant de la prévôté de Fouilloy. La châtellenie baronnie de Boves, attestée au 11e siècle, est érigée en marquisat en 1630. Boves compte 684 habitants en 1698 et 599 en 1724.

Selon M. Crampon (1980), Bova est mentionné pour la première fois en 1044. De nombreuses découvertes archéologiques attestent de l´occupation ancienne du site, notamment sur le plateau dominant l´Avre, au sud du village.

La voie romaine d´Amiens à Noyon passait légèrement au nord de l´actuelle RN 334.

Dreux de Boves, descendant du comte d´Amiens, est le plus ancien seigneur connu (1041), auquel succèdent Enguerrand Ier, comte d´Amiens (mort vers 1116) et fondateur de l´abbaye de Saint-Fuscien où il est enterré, Robert Ier de Boves, comte d´Amiens en 1146 (mort en 1191), Enguerrand II de Boves (mort en 1223), fondateur de l´abbaye du Paraclet (1218), Robert II de Boves (mort en 1248), enfin Robert III de Boves, dernier seigneur de la famille Boves-Coucy. La seigneurie passe à la famille de Rumigny, puis de Lorraine vers 1265. La terre de Boves est confisquée à Charles de Lorraine en 1595. L´auteur signale le passage des troupes d´Henri V d´Angleterre, en 1415. Boves est ravagé par Etienne de Vignoles, en 1434, puis par les Espagnols en 1636 et 1653.

La culture des pommes de terre est attestée à Beaumanoir en 1766. On signale également la création d´un parc d´élevage ovin en 1787, destiné à améliorer la race, il sera supprimé à la Révolution.

Le blanchiment sur pré est l´une des activités importantes dès la fin du 18e siècle, (aménagement des canaux de dérivation entre l´Avre et la Noye), ainsi que l´exploitation des roseaux et de la tourbe.

Boves devient chef-lieu de canton 1790 à 1801 (date du transfert au profit de Sains-en Amiénois). Après l´inauguration de la ligne Paris-Amiens, en 1846, et la construction d´une gare, la commune voit sa population augmenter et demande le transfert de chef-lieu de canton (présence d´une gare, industrie, population plus importante) en 1858, ne l´obtient qu´en 1880

La commune est le théâtre de plusieurs combats, en 1870 (monument commémoratif), puis durant la Première Guerre mondiale (vestiges casemate dans le bois Faux-Timon) et en 1940, dans le bois du Cambos.

Documents d'archives

  • AD Somme. Série P ; 3 P 131/2. Boves. Etat des sections.

  • AD Somme. Série P ; 3 P 131/3. Boves. Matrices des propriétés foncières 1827-1882.

  • AD Somme ; 3 P 131/4. Boves. Matrices des propriétés foncières 1827-1882.

  • AD Somme. Série P ; 3 P 131/5. Boves. Matrices des propriétés foncières 1827-1882.

  • AD Somme. Série P ; 3 P 131/9. Boves. Matrices des propriétés bâties 1882.

  • AD Somme. Série P ; 3 P 131/10. Boves. Matrices des propriétés bâties 1911.

Bibliographie

  • JANVIER, A. Boves. La Picardie historique et monumentale. Amiens : Yvert et Tellier, 1896.

  • SOCIETE DES ANTIQUAIRES DE PICARDIE. Dictionnaire historique et archéologique de la Picardie. Tome I : Arrondissement d'Amiens, cantons d'Amiens, Boves et Conty. Amiens : Société des antiquaires de Picardie, 1919. Réed. Bruxelles : Editions culture et civilisation, 1979.

    p. 173-181
  • MALTE-BRUN, V. A. Somme. Géographie, histoire, statistique, administration. s. l. : les éditions du bastion, [1880 ca].

    p. 22
  • CRAMPON, Maurice. Le canton de Boves. CNDP, 1980.

    p. 17-31

Documents figurés

  • Carte de Cassini, planche 5 H, imprimé, d'après Cassini, 1760-1789.

  • Boves. Plan par masses de culture, 1806 (AD Somme ; 3 P 383).

Date(s) d'enquête : 2002; Date(s) de rédaction : 2002
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Barbedor Isabelle
Barbedor Isabelle

Chercheur du service de l'Inventaire général du patrimoine culturel de Picardie, puis des Hauts-de-France, depuis 2002.

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