Dossier d’œuvre architecture IA80010077 | Réalisé par
Kocourek Frédéric-Nicolas (Rédacteur)
Kocourek Frédéric-Nicolas

Enquêteur externe, chargé de l'inventaire du patrimoine du Vimeu industriel de 2014 à 2016.

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  • inventaire topographique, Vimeu industriel
Le village d'Yzengremer
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
  • (c) Baie de Somme - Trois Vallées

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté de communes du Vimeu - Ault
  • Commune Yzengremer
  • Dénominations
    village

Introduction

La commune d’Yzengremer s’étend sur une superficie de 340 hectares et compte 532 habitants (2012) soit une densité de 156 habitant au km2 (données INSEE). Elle fait partie des 29 communes du canton de Friville-Escarbotin. Le territoire communal est situé au sud-ouest du plateau du Vimeu, à 7 km de la côte. Le relief est très peu marqué. Il est traversé de deux principaux axes de communication qui se croisent dans le village ; la R.D. 19 (du nord au sud de Béthencourt-sur-Mer à Dargnies) et la R.D. 402 (de l’ouest à l’est de Méneslies à Woincourt). La route départementale 25 reliant Abbeville a Eu traverse non pas le village mais une partie du territoire nord communal.

Le village

La carte de Cassini figure un moulin à vent, situé au nord-est à la proximité de la route royale d’Abbeville a Eu. Ce moulin est encore représenté sur le cadastre napoléonien de 1825 mais a totalement disparu aujourd’hui. Le village est situé au centre du territoire communal ou aucun hameau, écart ou cours d’eau n’est recensé. Il est structuré par une trame de rues déjà présentes au début du 19e siècle qui forme une conurbation le long de la R.D. 402 de Woincourt à Méneslies. Seule une nouvelle rue sera créée offrant la possibilité de rejoindre Woincourt depuis l’église.

Le cadastre napoléonien montre une grande quantité de fermes reconnaissables par leurs différentes dispositions dont notamment celles à alignements de granges fermées sur rue, comportant des cours intérieures et une maison d’habitation généralement basse et sans étage qui est située en fond de cour. Les autres dispositions concernent les fermes à cours ouvertes et à alignements de pignons sur rue. Les matériaux de construction différent d’une ferme à l’autre ou l’on retrouve des ensembles à soubassement en silex et à élévation en torchis ou des constructions entièrement réalisées en briques notamment à partir de la seconde moitié du 19e siècle.

Cinq mares ont été localisées sur le cadastre napoléonien de 1825. Elles ont toutes disparu aujourd’hui et correspondaient à un moment ou l’eau courante n’était pas encore disponible dans les villages. Le caractère limoneux du territoire induisait à ce que les nappes phréatiques se trouvaient à très grande profondeur et qu’il était de ce fait onéreux de construite des puits qui n’étaient destinées qu’à l’alimentation en eau potable. Ces mares servaient alors de bassins d’orage, d’abreuvoir pour le bétail et de réserve d’irrigation.

Concernant les édifices présentant un intérêt patrimonial, l’église Saint-Médard d’Yzengremer (étudiée), localisée sur le cadastre napoléonien comportait un cimetière qui prenait place autour de celle-ci et qui disposait d’une croix monumentale du 16e siècle qui a été transférée, comme le nouveau cimentière, le long de la départementale 402. La sacristie actuelle n’était pas encore construite lors de la constitution du cadastre napoléonien en 1825.

Le château d’Yzengremer (étudié), du 17e siècle, comportait les mêmes dispositions qu’aujourd’hui. Cependant, de nombreuses dépendances, qui prenaient placent au sud de l’édifice, ont aujourd’hui été en grande partie détruites. De plus, une allée bordée d’arbres était localisée à l’ouest de l’ensemble.

De nombreux édifices publics ont également été construits ou réhabilités durant la seconde moitié du 19e siècle et correspondent à l’amélioration des besoins des communes. Le presbytère (étudié), localisé près de l’église sur le cadastre napoléonien de 1825 sera réhabilité en mairie. La place du village accueillera également une mairie-école (étudiée). Une école des filles, une salle des fêtes (actuellement école maternelle et primaire) ainsi qu’un lycée agricole (étudiés) seront construits le long de la rue Saint-Médard.

L’habitat

Malgré le développement de l’activité industrielle dans le Vimeu à partir du 19e siècle, la commune d’Yzengremer est l’une des rares communes du Vimeu industriel à ne pas posséder de logement ouvrier ou locatif. Ceci s’explique par plusieurs raisons. La consultation des matrices cadastrales renseigne sur l’existence d’une activité domestique artisanale très forte concernant le filage, le tissage et la serrurerie. Toutes ces activités étaient exercées au sein des fermes présentes sur le territoire communal.

De plus, la manufacture de serrurerie Hilaire, fondée en 1811, s’est développée, agrandie avant de se séparer en deux entités au début du 20e siècle (serrurerie Couillet et fonderie Dehesdin). Cependant, elles n’accueillaient pas un grand nombre d’ouvrier au sein de leurs ateliers et favorisées de ce fait le travail à domicile. Les serruriers, nombreux, disposés d’ateliers appelés « boutique » au sein des fermes.

De plus, malgré le développement industriel du Vimeu, la population de la commune passe de 414 habitants en 1800 à 505 habitants en 1900. Cette faible croissance démographique ne va pas induire à construire un nombre important de logement supplémentaire.

La seconde moitié du 20e siècle se caractérise pas la construction de pavillon le long de la rue Saint-Médard, le long de la rue du 8 mai ainsi que le long de la rue de Normandie.

Les anciens logements patronaux Hilaire, puis Couillet et Dehesdin (étudiés) ainsi que l’ancienne demeure patronale Dehesdin (étudiée) présente un intérêt patrimonial au niveau de la commune tant par la valeur historique que par la qualité de leur construction.

Activité, artisanat et industrie.

Bonnot, dans Détails des fers, fonte, serrurerie, ferrure et clouterie, à l'usage des bâtiments mentionne la présence en 1786, de 10 personnes travaillant la serrure de sûreté, d’armoire, de portes ainsi que la fabrication de clefs et de verrous.

Selon Briez, 1857, dans Notices sur la serrurerie de Picardie, la spécialité de la commune est la fabrication de targettes, de loqueteaux, de verrous et de quelques serrures de diverses catégories.

D’après les statistiques sur la situation industrielle de l’arrondissement d’Abbeville, il existe une usine en 1860 qui emploie 88 salariés en 1860, 76 en 1865, 25 en 1869.

Avant que l’industrie liée à la fonderie et à la serrurerie prenne une place de plus en plus importante, la commune d’Yzengremer, comme l’ensemble des communes du Vimeu, tourne son activité pratiquement essentiellement autour de l’agriculture et du textile. Lors du recensement de population de 1851 disponible aux archives départementales, l’on compte 69 serruriers recensés, 125 fileuses 14 tisserands. Cependant alors que l’industrie de la petite métallurgie se développe rapidement dans la région à partir de la seconde moitié du 19e siècle, l’activité textile disparait complétement à partir des années 1860. Ainsi lors du recensement de population de 1906, les fileuses et tisserands n’exercent plus du tout leurs activités dans le village tandis que près de 65 serruriers, 20 mouleurs, 1 décolleteur, 10 tourneurs, 17 fondeurs sont localisés.

La première manufacture à être mentionnée est la maison Ducastel Hilaire et Frères, fondée en 1811 et fabriquant des articles de serrurerie. Elle était également spécialisée dans les articles sur platine. L’usine possédait une fonderie ainsi qu’un atelier de fabrication. Au cours du 20e siècle, l’usine s’est séparée en deux entités. La partie fonderie deviendra la fonderie Dehesdin (étudiée) et la partie serrurerie deviendra l’usine Couillet (étudiée). Seule l’entreprise Couillet est encore en activité aujourd’hui. Elle est spécialisée dans les petites fermetures, actionnées par des clés à profil carré ou triangulaire.

L’entreprise de décolletage SAE Evenou, anciennement Polyméto S.A, située au 30 rue de la République, est aujourd’hui encore en activité.

Aucune ancienne « boutique » de serrurier n’a été repérée sur le territoire communal.

Conclusion

La commune d’Yzengremer, malgré sa localisation proche des grands bourgs industriels, a gardé son aspect rural et une activité liée à l’agriculture. L’absence de structures industrielles importantes, notamment sur le plan des effectifs, a sans doute également contribué au maintien de cette activité agricole et à la faible croissance démographique de la commune aux 19e et 20e siècles.

  • Période(s)
    • Principale : Moyen Age, 18e siècle, 19e siècle, 20e siècle
  • Statut de la propriété
    propriété publique
    propriété privée

Bibliographie

  • BRIEZ, P. Notices sur la serrurerie de Picardie. Abbeville : Briez, 1857.

  • BONNOT. Détails des fers, fonte, serrurerie, ferrure et clouterie, à l'usage des bâtimens, Paris : [s.n.], 1782.

Date d'enquête 2014 ; Date(s) de rédaction 2014
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
(c) Syndicat mixte Baie de Somme - Trois Vallées
Kocourek Frédéric-Nicolas
Kocourek Frédéric-Nicolas

Enquêteur externe, chargé de l'inventaire du patrimoine du Vimeu industriel de 2014 à 2016.

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