Dossier collectif IA02001626 | Réalisé par
  • patrimoine mémoriel, Chemin des Dames
Les carrières du Chemin des Dames
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Dossier non géolocalisé

  • Dénominations
    carrière
  • Aires d'études
    Grand Laonnois

Fournissant les moellons et la pierre de taille, le gypse, le gravier, la pierre à chaux, le sable et la craie, les carrières du Chemin des Dames connaissent un essor intéressant dès les 12e-13e siècles avec la construction des cathédrales, églises, abbayes et châteaux de la région. La plus ancienne est celle de Colligis (16e siècle), mais la plupart ont été ouvertes au 18e siècle. Exploitées selon la méthode des piliers tournés, de superficie très variable, les creuttes ou boves sont bien souvent inactives au moment de la mobilisation. Investies par les habitants et les soldats lors des multiples invasions que connut le Chemin des Dames, elles connaissent pour la première fois entre 1914 et 1918 une occupation prolongée. Les alliés, qui souhaitent voir les Allemands quitter le terrain, les utilisent comme simples abris, ne profitant pas des avantages stratégiques qu´elles offrent. Présentes sous toute la longueur du plateau, elles constituent pour l´ennemi, qui les investit amplement, une forteresse imprenable pour l´observation, la défense et l´attaque. Protégées par l´épaisseur de la roche, la température de 12° y est constante. Pendant toute la durée des conflits, elles subissent d´importants aménagements (multiples sorties, tunnels permettant le ravitaillement, l´introduction d´hommes à des points tactiques du plateau, réseau de chemin de fer, consolidations des entrées). Elles permettent ainsi le stockage des munitions, la protection des chevaux et des hommes, qui sont relevés tous les 5 à 10 jours (les plus grandes pouvaient abriter 3000 soldats). Afin de pouvoir se diriger, une signalétique est établie, l´éclairage facilitant également les déplacements.

  • Période(s)
    • Principale : 16e siècle
    • Principale : 17e siècle
    • Principale : 18e siècle
    • Principale : 19e siècle
    • Principale : 20e siècle

Témoins de la vie quotidienne de leurs occupants durant les quatre années de guerre, certaines carrières ont reçu des graffiti et décors gravés à même la roche, rassemblés dans environ trente sites différents. Au-delà de leur intérêt historique, ces oeuvres d´art constituent également une curiosité esthétique. L´iconographie traite du patriotisme qui anime les coeurs des soldats (drapeaux, allégories...), de leur ferveur religieuse, des ressentiments qui leur permettent de se battre (haine de la guerre, médaillons, poèmes...) mais ne font jamais l'apologie de la haine de l´ennemi . Les marques sont disposées selon un schéma relativement similaire : les sculptures placées à l´entrée illustrent les aspects profanes de la guerre (armes, nourriture, besoin de femmes), celles situées au fond, le caractère religieux (les autels). Le nom du ou des exécutants (individuel ou régiment entier) est souvent connu. Malgré les rotations des troupes, alliées ou non, le visiteur peut observer un certain respect pour les oeuvres des soldats adverses. Les marques allemandes sont peu nombreuses en raison d'une discipline plus sévère. En revanche, les témoignages américains sont fleurissants. Sur 360 sites, 35 possédaient une chapelle provisoire réalisée à l´initiative des ecclésiastiques (6 allemands et 25 français, les autres sont d´origine incertaine). Quatre ont aujourd´hui disparu. Mais ces chefs d´oeuvres sont depuis plusieurs années victimes de vandalismes et de pillages. Rares sont les carrières ayant fait l´objet à temps d´un processus de protection. Aujourd´hui, la Caverne du Dragon est la seule carrière de Picardie, avec celle de Confrécourt dans l´Oise, à être ouverte au public et à avoir bénéficié d´un aménagement à cet effet. Protégées des vents dominants, de la pluie, du froid et de l´humidité, les petites creuttes situées à l´arrière des maisons de quelques villages (tel que Paissy) ont servi de logement et de grange jusque dans les années 1970. Elles ont aujourd´hui été converties en hangar ou en lieu de stockage.

  • Toits
  • Décompte des œuvres
    • repérées 10
    • étudiées 8

Bibliographie

  • BECKER, Annette. Graffiti et sculptures de soldats. L'archéologie et la Grande Guerre, 1914-1918 aujourd'hui, today, heute. Clamecy : Noésis, t. 2, 1999.

    p. 117
  • HARDIER, Thierry. Une guerre souterraine, creutes et tunnels du Chemin des Dames. In OFFENSTADT, Nicolas (sous la dir. de). Le chemin des Dames, de l´événement à la mémoire. Paris : Stock : 2004.

    p. 104-107
  • MAUVAIS, Luc. Souterrains de l´Aisne. Sain-Cyr-sur-Loire : Editions Alain Sutton, 2004.

  • SAMIN, Pierre, LEFEVRE, Robert. Les carrières du Chemin des Dames, iconographie rupestre. [s.l.] : Imprimerie CDDP Aisne, 1986.

Date(s) d'enquête : 2003; Date(s) de rédaction : 2003
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