Dossier collectif IA80007953 | Réalisé par
  • inventaire préliminaire, arrière-pays maritime picard
Les villages et écarts de l'arrière-pays maritime
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
  • (c) SMACOPI

Dossier non géolocalisé

  • Dénominations
    village, écart
  • Aires d'études
    Somme

L´évolution du bâti, regroupé (en village ou hameau) et isolé Il est délicat d´établir les limites exactes des villages au cours des siècles car l´évolution très fluctuante des seigneuries et de la géographique des lieux (terres gagnées sur la mer) a entraîné à plusieurs reprises des modifications au sein des territoires et des conflits entre communes. La falaise morte semble avoir joué un rôle structurant pour l´implantation des agglomérations : en effet, routes et villages sont alignés au pied de celle-ci, en limite des terrains humides des bas champs. Cette zone était primitivement constituée de bancs de galets (appelés pruques ou foraines) qui émergeaient de la surface envahie par les marées et les eaux des rivières pendant les périodes de crues. Ces amas alluviaux ont donc servi à l´édification des premiers centres habités : Favières, le Hamelet, Romaine, Romiotte et Noyelles, au sud Hurt et Wathiéhurt. Avec le recul des eaux, ces langues de terres ont peu à peu formé un territoire continu. Le regroupement en habitat concentré est également lié à la lutte contre l´invasion des eaux et des sables qui menacent toujours ces agglomérations. Certaines ont dû même se déplacer à plusieurs reprises. Les territoires étudiés se sont édifiés en commune au Moyen Age, les chartes et les sources écrites en attestent. Le développement des villages se fit grâce au travail de défrichement des abbayes, alors propriétaires de grands domaines à la tête desquels elles plaçaient un seigneur. Une partie des forêts du Vimeu fut ainsi défrichée par les bénédictins de l´abbaye de Saint-Valery. D´après l´observation de la carte présentant les propriétés des abbayes, celle qui possédait le plus de terres était l´abbaye de Saint-Valery. Sur 14 communes étudiées, elle était propriétaire de neuf fiefs. L´abbaye de Valloires était uniquement présente sur une partie du territoire de Port, de Noyelles et de Quend. Certaines, comme la chartreuse Saint-Honoré de Thuison ou l´abbaye de Forest-Montiers n´étaient propriétaire que de fermes isolées ou de hameau. La mauvaise qualité du réseau viaire (impraticable neuf mois de l´année en raison de la montée des eaux) rendait les échanges commerciaux difficiles. La Révolution et le développement des transports au 19e siècle engendra la mise en place d´un système commercial. Implantation et physionomie du village liées à la topographie du lieu L´implantation du village se fait de manière stratégique, le long des voies de communication (Port), des digues (Favières) ou sur un plateau (Boismont). L´habitat s´adapte ensuite au relief que le terrain lui offre. C´est donc tout d´abord la topographie du lieu qui détermine l´implantation du village, influençant ainsi la concentration ou la dispersion des constructions. Les villages implantés sur la pente d´un plateau (par exemple, Pinchefalise), offrent un habitat concentré de part et d´autre d´une rue unique (les logis en fond de cour et les granges sur rue sont alignés les uns par rapport aux autres). Au contraire, les vallées de vallée humide (Saint-Quentin) bénéficient d´une étendue ample, créant un habitat aéré, dispersé autour d´une pâture centrale. L´implantation obéit également à une orientation climatique et géographique, aux pratiques agraires correspondant aux coutumes de partage égal de la propriété et à un usage commun du territoire (système d´assolement triennal entraînait un morcellement de l´exploitation). Derrière le logis, les champs se rangent en parcelles allongées plus ou moins larges. Toujours selon l´auteur, la richesse du sol déterminerait également le type de groupement : ‘dans les pays moins fertiles et plus aptes à la pâture qu´à la culture, de vastes friches s´ouvrent librement au parcours du bétail. A ces ressources moins denses correspond un habitat plus lâche et plus dispersé´ comme le prouve l´habitat dispersé du Marquenterre, dont l´économie est basée sur l´élevage. La colonisation du territoire à tendance individualiste (cf fermes isolées de la Grande Pâture, la Grande Retz..., puis au 18e siècle par la conquête ou l´acquisition de nouvelles terres sur la mer) engendra la création d´un nouvel habitat isolé. On observe ainsi un degré de dissémination très variable. L´étude de l´évolution du bâti se fait par comparaison de sources identiques à des dates différentes. Les quelques cartes présentant le Marquenterre au 18e siècle et le cadastre par masse de culture (vers 1804) permet une analyse succincte. Lorsque nous possédons pour une même commune les cadastres napoléonien (vers 1830) et intermédiaire de 1880, nous n´observons que de rares modifications, dont certaines ont parfois été omises (se vérifiant sur le terrain). La comparaison avec le cadastre actuel est plus parlante. Nous pouvons observer une évolution flagrante de l´habitat, essentiellement pour les territoires touchés par le progrès des transports. En effet, l´introduction du chemin de fer (entre 1850 et 1880) a engendré un développement économique des villages (exportation des denrées), une mutation des professions (les exploitants vont désormais travailler au chemin de fer ou à l´usine en prenant le train), un exode rural. Ces notions apparaissent dès la fin du 19e siècle et s´accélèrent après chaque guerre mondiale (surtout après la seconde). Ces mutations économiques se traduisent par une transformation du bâti (le logis de l´artisan devenant exploitant se complète de dépendances agricoles), un développement du village dans une zone donnée (pour Salenelle, ce développement se fait vers Lanchères, où est implantée la station ferroviaire et vers la gare pour Noyelles, se traduisant également par la mise en place d´un nouvel espace public avec l´ouverture de cafés et hôtels) et un comblement des dents creuses (Petit-Pendé est désormais relié à Grand-Pendé). La mitoyenneté dans certains villages est donc un fait récent (Estréboeuf). Les villages les plus peuplés sont situés dans les vallées (Pendé, Noyelles). Les activités industrielles s´y sont en effet principalement développées, favorisées par le passage du chemin de fer. Le développement du transport routier a également entraîné un essor du bâti le long des voies de communication (Boismont et Pinchefalise). Les secteurs protégés sont ceux qui sont donc situés à l´écart de tout système de transport (Tilloy, Bretel), conservant ainsi leur aspect primitif.

  • Période(s)
    • Principale : Moyen Age

Typologie des regroupements ruraux Il existe trois entités composées de plusieurs territoires étudiés : - les villages de la plaine maritime : dont le paysage est composé, à l´ouest, d´un maillage d´eau avec réseau de canaux, fossés, ruisseaux, mares (Quend, Favières, le Hamelet, Morlay) et à l´est, d´un maillage bocager, plus ou moins serré avec réseau de fossés et canaux (Routhiauville, Saint-Quentin-en-Tourmont), - les villages de la falaise morte (dans le Ponthieu, l´ancienne ligne de rive est très peu marquée, contrairement au sud de la baie) : Ponthoile, Romaine, Nolette, Noyelles, Port-le-Grand, Boismont, Pinchefalise, Neuville, Lanchères (villages-rue). - les villages du plateau : Estréboeuf, Drancourt, Pendé. Parmi ces trois ensembles, une typologie peut être déterminée : - le village noyau de forme ramassée résultant de l´implantation sur un site étroit (Boismont, Noyelles), - le village en long ou village-rue se déploiyant le long d´une voie unique (Salenelle, Pinchefalise, Romaine), - le village en Y (Bretel, Hurt). L´élément identitaire majeur des villages de l´arrière-pays est la présence de l´eau déterminant la forme du parcellaire et le tracé des voies de communication. Cette omniprésence se ressent essentiellement dans les villages de formation récente (Favières, Ponthoile, Hurt). Chaque regroupement et chaque exploitation étaient à l´origine protégés des vents d´ouest par une rangée d´arbres (souvent d´ormes) ; les pâtures étaient, elles, divisées par la présence de haies. Ces vifs ont été détruits par manque d´entretien. Ils constituaient un des éléments de l´identité des paysages de bocage de l´arrière-pays maritime et fournissaient également le bois de charpenterie et de chauffe. Lorsque l´habitat est concentré, le parcellaire est systématiquement identique ; étroit et long (dit laniéré), il se développe en deux parties : la première, sur rue, est consacrée au bâti et la seconde, en fond de parcelle, est destinée au potager, verger et pâture. Pinchefalise offre un exemple parfait de ce type d´organisation. Lorsque l´habitat est aéré, les parcelles sont plus larges, plus amples (cf Saint-Quentin). L´alignement est varié selon le type de village. Les exploitations agricoles sont à l´aplomb de la rue dans les villages-rue (Pinchefalise) ou au sein de la parcelle dans les villages au bâti aéré (Saint-Quentin). L´implantation concentrée s´organise autour d´un noyau, carrefour des anciens chemins d´accès, constitué de l´église, de la mairie-école, du château ou de la place publique (Ponthoile, Port). Ce centre est situé plus ou moins au coeur du village (Hamelet). Il peut également être dispersé (Pendé). La mare déterminait également à l´origine cette centralité (Tilloy), servant d´abreuvoir aux animaux, de réserve d´eau en cas d´incendie et d´élément régulateur d´écoulement pluvial. Elle a aujourd´hui majoritairement disparu. Parfois, le village ne possède pas de centre réel (Saint-Quentin) ; il est alors matérialisé par un élément symbolique (un carrefour, un monument au mort).

  • Toits
  • Décompte des œuvres
    • repéré 1
    • étudiés 36
Date d'enquête 2004 ; Date(s) de rédaction 2004
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
(c) SMACOPI