Éléments de contexte
La partie de la rue de la République où s'élève la maison n'était pas construite avant-guerre. La maison s'élève donc sur un terrain vierge de toute destruction.
Elle a coûté 86 000 francs. Elle est dès l'origine destinée à la location car la propriétaire habite à l'Hôtel moderne, établissement construit en même temps par le même architecte dans la rue de Péronne.
La chronologie du projet de reconstruction
Le dossier de remploi conservé aux AD du Pas-de-Calais apporte des informations sur la construction de cette maison de rapport. Due à l'architecte amiénois Devilliers, elle est édifiée entre 1923 (date de signature des plans par la propriétaire) et 1927 (date de la clôture administrative du dossier).
Les matériaux préconisés dans le devis descriptif
Le devis descriptif apporte de nombreuses informations sur les matériaux employés : "maçonnerie de briques ordinaires de pays pour les pignons et les façades", mais "briques de choix" pour les parties apparentes de la façade sur rue (le plan colorisé joint au dossier de remploi permet de dire qu'il s'agit du premier niveau de la façade et de l'entourage de la baie du second niveau) et pour les "cintres, bandeaux et corniche de la façade sur cour", et briques blanches pour "les bandeaux sous consoles de la façade principale ainsi que les têtes de pignon de l'avant-corps" ; "le ravalement sera exécuté au ciment teinté au silexor" ; enfin, les parties de la façade "indiquées au plan seront recouvertes par un enduit tyrolien moucheté jeté au balai 3 couches au mortier de ciment du Boulonnais teinté". Le plan montre qu'il s'agit essentiellement des trumeaux du second niveau et du pignon de l'avant-corps. "La décoration prévue de chaque côté du window sera effectuée en ciment sculpté". Le sol de la cuisine et du couloir est "dallé en mosaïque suisse", tandis que le reste de la maison est parqueté en sapin. La charpente, comme les menuiseries extérieures et intérieures, sont en sapin. Seule la porte d'entrée est en chêne. La toiture est en ardoises d'Angers. Les cloisons intérieures sont en carreaux de plâtre, de même que la hotte de la cheminée de la cuisine. Le devis précise que le salon, la salle à manger et le bureau "comporteront des corniches en plâtre moulé selon le profil donné par l'architecte" et des lambris de sapin en "stylobates de o,80". Les cheminées sont en marbre. Il est enfin stipulé que la peinture intérieure est à la charge de la propriétaire !
Le projet de l’architecte : les plans
La distribution de la maison est organisée autour d'un couloir central : à gauche, un salon sur rue ouvert sur la salle-à-manger qui donne sur le jardin, et à droite un bureau, le palier de l'escalier puis la cuisine. Les étages accueillent chacun quatre chambres. Enfin, la maison comprend des annexes : véranda, WC et buanderie, situés dans le prolongement de la cuisine, ainsi qu'une cave.
La réalisation et les modifications ultérieures
Il semble que le projet de pignon à redents imaginé par Devillers n'ait pas été réalisé.
Le mur bahut avec petite ouverture centrale dessiné par l'architecte a été supprimé très récemment pour permettre le stationnement d'une voiture juste devant la maison et les murets faisant la séparation avec les parcelles mitoyennes ont été remplacés par des grilles. La toiture est en tuiles de fibrociment, et non plus en ardoises. La petite lucarne a été remplacée par une tabatière. Les huisseries en bois des baies ont été remplacées par des profilés en aluminium.
Photographe au service régional de l'Inventaire général du patrimoine culturel.