La tour Saint-Ignace est une tour appartenant à l’enceinte fortifiée de la ville de Béthune qui remonte au 14e siècle (CORNET1892). La chronologie de sa construction a été affinée dans le cadre d'opérations archéologiques réalisées dans les années 1990 et en 2019 (DELOFFRE 2001 et TACHET, MANCEAU 2019).
Cette tour circulaire, équipée d’archères à niches, s’appuie sur les premiers flanquements contemporains d’une courtine qui date des 12e et 13e siècles (CORNET 1892). En 1416, elle fait l’objet de travaux significatifs pour l’adapter à l’artillerie à poudre (DE LA FONS DE MELICOCQ 1848). Des travaux réguliers lui permettent d’évoluer au rythme des progrès de l’artillerie et de la poliorcétique (art de la guerre) tout en conservant son rôle de guet et de flanquement aux 16e et 17e siècles. Vers 1670, elle est amputée de son couronnement qui est remplacé par une coupole de briques afin d’améliorer son intégration dans le bastion (DELOFFRE 2001). Grâce à cette évolution, elle tient le feu du siège de la ville en 1710.
Après de multiples réparations au cours de la seconde moitié du 18e siècle, plusieurs modifications importantes sont réalisées dont l'aménagement de l’accès de la galerie de contremine dans son bastion, l'aménagement d’une poudrière, le perçage d'une poterne puis l'aménagement d’un système hydraulique permettant de commander l’inondation du fossé nord de la ville. Ces évolutions lui permettent de garder son intégrité jusqu’au démantèlement des fortifications de la ville à la fin du 19e siècle (DELOFFRE 2001).
En 1870, elle est encore modifiée pour accueillir un château d’eau par le percement d’une porte au rez-de-chaussée, le dégagement d’une partie des remblais pour installer la tuyauterie et le démontage d’une partie de son couronnement en briques pour y placer la cuve. Elle conserve cette vocation jusqu'en 1932, date de l'édification d’un nouveau château d'eau construit à proximité (BEGHIN 1870).
Sans usage, la tour se dégrade à partir de cette date. Son manque d’étanchéité contraint à la protéger par un échafaudage et un toit en tôles, qui permettent de différer les nécessaires travaux de consolidation. Promise à une nouvelle destruction en 1962, elle est finalement inscrite à l’inventaire des Monuments Historiques le 24 février 1969. Au début des années 1990, l’étude et les sondages archéologiques menés (DELOFFRE 2001) offrent une première synthèse de l’édifice qui précède une fouille plus approfondie menée en 2019 (TACHET, MANCEAU 2019). La restauration de la tour Saint-Ignace est engagée dans la foulée et s’achève en 2021. Depuis, la tour est ouverte au public lors des journées du patrimoine. Elle sert aussi d'espace d'exposition thématique avec la mise en place d'une scénographie spécifique dédiée aux projets pédagogiques du lycée.
Archéologue. Responsable du Service Archéologie de la Communauté d'Agglomération de Béthune-Bruay Artois Lys Romane.