Dossier d’œuvre architecture IA62005245 | Réalisé par
Tachet Nicolas (Rédacteur)
Tachet Nicolas

Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France (2023).

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Manceau Christopher (Contributeur)
Manceau Christopher

Archéologue. Responsable du Service Archéologie de la Communauté d'Agglomération de Béthune-Bruay Artois Lys Romane.

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  • opération ponctuelle
Ouvrage fortifié, dit tour Saint-Ignace
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté d'agglomération de Béthune-Bruay, Artois-Lys Romane
  • Commune Béthune
  • Lieu-dit
  • Adresse 59 rue du 11 novembre
  • Cadastre 2022 BE 809, 907
  • Précisions  ;
  • Dénominations
    édifice fortifié, château d'eau, salle d'exposition
  • Précision dénomination
    Tour d'artillerie

La tour Saint-Ignace est une tour appartenant à l’enceinte fortifiée de la ville de Béthune qui remonte au 14e siècle (CORNET1892). La chronologie de sa construction a été affinée dans le cadre d'opérations archéologiques réalisées dans les années 1990 et en 2019 (DELOFFRE 2001 et TACHET, MANCEAU 2019).

Cette tour circulaire, équipée d’archères à niches, s’appuie sur les premiers flanquements contemporains d’une courtine qui date des 12e et 13e siècles (CORNET 1892). En 1416, elle fait l’objet de travaux significatifs pour l’adapter à l’artillerie à poudre (DE LA FONS DE MELICOCQ 1848). Des travaux réguliers lui permettent d’évoluer au rythme des progrès de l’artillerie et de la poliorcétique (art de la guerre) tout en conservant son rôle de guet et de flanquement aux 16e et 17e siècles. Vers 1670, elle est amputée de son couronnement qui est remplacé par une coupole de briques afin d’améliorer son intégration dans le bastion (DELOFFRE 2001). Grâce à cette évolution, elle tient le feu du siège de la ville en 1710.

Après de multiples réparations au cours de la seconde moitié du 18e siècle, plusieurs modifications importantes sont réalisées dont l'aménagement de l’accès de la galerie de contremine dans son bastion, l'aménagement d’une poudrière, le perçage d'une poterne puis l'aménagement d’un système hydraulique permettant de commander l’inondation du fossé nord de la ville. Ces évolutions lui permettent de garder son intégrité jusqu’au démantèlement des fortifications de la ville à la fin du 19e siècle (DELOFFRE 2001).

En 1870, elle est encore modifiée pour accueillir un château d’eau par le percement d’une porte au rez-de-chaussée, le dégagement d’une partie des remblais pour installer la tuyauterie et le démontage d’une partie de son couronnement en briques pour y placer la cuve. Elle conserve cette vocation jusqu'en 1932, date de l'édification d’un nouveau château d'eau construit à proximité (BEGHIN 1870).

Sans usage, la tour se dégrade à partir de cette date. Son manque d’étanchéité contraint à la protéger par un échafaudage et un toit en tôles, qui permettent de différer les nécessaires travaux de consolidation. Promise à une nouvelle destruction en 1962, elle est finalement inscrite à l’inventaire des Monuments Historiques le 24 février 1969. Au début des années 1990, l’étude et les sondages archéologiques menés (DELOFFRE 2001) offrent une première synthèse de l’édifice qui précède une fouille plus approfondie menée en 2019 (TACHET, MANCEAU 2019). La restauration de la tour Saint-Ignace est engagée dans la foulée et s’achève en 2021. Depuis, la tour est ouverte au public lors des journées du patrimoine. Elle sert aussi d'espace d'exposition thématique avec la mise en place d'une scénographie spécifique dédiée aux projets pédagogiques du lycée.

  • Période(s)
    • Principale : 14e siècle , daté par source , (incertitude)
    • Secondaire : 1er quart 15e siècle , daté par source
    • Secondaire : 3e quart 17e siècle , daté par travaux historiques
    • Secondaire : 3e quart 19e siècle , daté par travaux historiques

Actuellement située dans la cour du lycée Louis Blaringhem de Béthune, la tour Saint-Ignace est entourée des bâtiments scolaires et d'un château d'eau.

De forme semi-circulaire, cette tour de dix mètres de diamètre et d'une hauteur de douze mètres présente une élévation qui comprend deux niveaux en blocs de grés et un niveau sommital en brique. L’épaisseur uniforme des murs est d’environ deux mètres. Ses flancs sont droits afin d’assurer la connexion avec la courtine, aujourd’hui disparue. Comme souvent pour les tours reliées à un réseau de fortifications d’agglomération, elle présente une différence de niveau entre la partie intra-muros (ici au nord) et la partie extra-muros (au sud) qui donnait sur les fossés de défenses.

Ces différences ainsi que le contexte défensif de la tour reliée à sa courtine expliquent la présence de plusieurs accès.  Au sud-est, un premier accès en rez-de-chaussée donne accès au soubassement de la tour lorsque celle-ci servait de château d’eau. Cet accès a été percé dans le mur originel en grès puis a été maçonné en briques avec un linteau en arc surbaissé.

Le second accès, au nord, se situe au premier étage. Il s’agit d’une large porte en grès à coussinets dont le récent battant est en bois. Cet accès originel était en relation avec l’ancienne courtine. On y accède aujourd’hui par un escalier métallique. Un troisième accès, visible à proximité directe de la double porte de courtine, est une ancienne porte en grès également à coussinets qui donnait accès aux niveaux intérieurs des anciens remparts.

Les fondations de la tour reposent sur la dalle de grès géologique de Béthune. L’élévation de la tour se distingue par ses matériaux : les deux tiers de sa hauteur sont en blocs de grès équarris, le dernier tiers supérieur est en briques.

Le premier niveau se constitue d’un sol pavé. Le plafond, récemment installé, présente deux poutres métalliques sur lesquelles repose un plancher en bois. Un escalier hélicoïdal en métal permet l’accès au second niveau.

Le second niveau est un ancien espace de défense et de vie. On retrouve le parquet en bois et le garde-corps de l’escalier hélicoïdal en métal du niveau inférieur. Cette salle est subdivisée en deux parties distinctes. Au sud, le plafond circulaire de la tour permet d’observer une voûte sexpartite en brique sur croisée d’ogives en grès. Les nervures diagonales sont en plein cintre tandis que les nervures transversales des formerets sont en ogives. L’assise des nervures repose sur un sommier périphérique et continu en grès. La croisée d’ogives est marquée par une clef de voûte circulaire ouverte vers la terrasse extérieure, permettant ainsi d’évacuer les fumées de la cheminée et les gaz de tir. La partie nord, de forme quadrangulaire, est couverte d’une voûte quadripartite sur croisée d’ogives en grès, avec clef centrale en grés. La jonction des voûtes de ces deux parties repose sur deux corbeaux moulurés en grès.

Une cheminée est intégrée au mur nord-est. Elle présente des piédroits, des corbeaux et un large linteau en grès. Une partie du foyer laisse apparaitre un assemblage de tuiles plates de forme pyramidale.

Le nord-est de la salle comprend un passage étroit menant à un double conduit de latrines dont l’évacuation (dans les anciens fossés) est visible depuis l’extérieur.

À ce niveau, on ne recense pas moins de huit embrasures de tir qui démontrent des modifications typologiques dans le temps. Ces distinctions démontrent une constante adaptation à l’évolution de la poliorcétique et de l’armement.

Au nord-ouest, une porte à coussinets à moulures horizontales donne accès à une vis d’escalier en grès menant vers la terrasse supérieure. À la base de l'escalier, sur le mur nord, un bloc de grès monolithe a été sculpté et représente un visage humain.

Le niveau supérieur donne sur une terrasse extérieure entourée d’un parapet en briques lui-même couvert de plaques en zinc. La toiture terrasse, en béton, est recouverte d’un plancher de circulation métallique.

  • Murs
    • grès
    • brique
  • Toits
    béton en couverture
  • Étages
    3 étages carrés
  • Couvrements
    • voûte d'ogives
  • Couvertures
    • terrasse
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier en vis sans jour en maçonnerie
  • Typologies
  • Techniques
    • sculpture
  • Représentations
    • portrait
  • Précision représentations

    A la base de l'escalier qui dessert les différents niveaux de la tour, un bloc de grès monolithe a été sculpté d'une tête d'homme dont la signification n’est pas connue.

  • Mesures
    • h : 12 mètres
    • d : 10 mètres
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune, Béthune.
  • Éléments remarquables
    ouvrage fortifié
  • Sites de protection
    zone de protection du patrimoine architectural et urbain
  • Protections
    inscrit MH, 1969/02/24
  • Précisions sur la protection

    La tour est protégée par arrêté du 24 février 1969 : Inscrit en totalité : Zone de protection du patrimoine architectural urbain et paysager.

  • Référence MH
  • Référence Patriarche
    arrêté n°2016-158758

Le service de l'Inventaire du patrimoine culturel de la Région Hauts-de-France a engagé l'étude de l'ancienne tour Saint-Ignace de Béthune dans le cadre d'une étude ponctuelle relative à sa récente restauration. Elle s'inscrit dans les monuments régionaux emblématiques des vestiges de fortifications de la période médiévale et moderne.

Cette tour, par le biais de diverses modifications de sa vocation originelle, a pu survivre au démantélement des fortifications de la ville en 1880. Sa récente restauration, et l'étude archéologique réalisée au préalable, ont permis de remettre en lumière cet édifice fortifié oublié, rare vestige des anciennes fortifications de Béthune.

Documents d'archives

  • P. V. Cal fecit. Plan de Béthune, ville forte dans l'Artois assiégée par les alliés. 1710.

  • s.n. Plan de Béthune. 1650. https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8439328s

Bibliographie

  • ROUMEGOUX Yves, DELOFFRE Véronique : Béthune : chronique d'une ville fortifiée [catalogue]. Exposition, Béthune, hôtel de Beaulaincourt, 18 septembre-27 novembre 1993.

  • DELOFFRE Véronique : Béthune - Tour Saint-Ignace. Sondage archéologique. SRA. 1991.

  • TACHET, Nicolas, MANCEAU Christopher. Rapport de diagnostic archéologique. Tour Saint-Ignace de Béthune. SRA. 2019.

  • DE LA FONS DE MELICOCQ, Alexandre. Les artistes et les ouvriers du Nord de la France, 250 pages, Béthune. 1848.

  • CORNET, Edouard. Histoire de Béthune. Tome 1. 1892.

  • BEGHIN, Eugène. Histoire de la ville de Béthune, Douai, Robaut, Dutilleux, successeur, 1873, 250 p.

  • BEGHIN, Eugène. Notes pour servir à l’histoire de Béthune.1870.

  • BEGHIN, Eugène. Les fortifications de Béthune à travers les âges. 1902.

Date(s) d'enquête : 2021; Date(s) de rédaction : 2022
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Tachet Nicolas
Tachet Nicolas

Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France (2023).

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Manceau Christopher
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Archéologue. Responsable du Service Archéologie de la Communauté d'Agglomération de Béthune-Bruay Artois Lys Romane.

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