Dossier d’œuvre objet IM02004716 | Réalisé par
Riboulleau Christiane
Riboulleau Christiane

Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France jusqu'en 2022.

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  • enquête thématique régionale, la basilique de Saint-Quentin
Portail Lamoureux
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté d'agglomération du Saint-Quentinois - Saint-Quentin
  • Commune Saint-Quentin
  • Adresse Ancienne collégiale royale, actuellement basilique Saint-Quentin
  • Emplacement dans l'édifice élévation sud entre le choeur et la chapelle Saint-Fursy

Après la reconstruction du bras sud du petit transept, de 1477 à 1487, par le maître-maçon et architecte saint-quentinois Colard Noël, le chapitre fait entreprendre l'édification du portail attenant. Ce portail est nommé portail Amoureux ou Lamoureux, du nom d'un puits situé jadis sur une placette voisine. On le trouve parfois aussi mentionné au 19e siècle, sous la dénomination de "portail des enfants de choeur". De l'avis général des historiens de l'art, il s'agirait là aussi d'une reconstruction. Le chanoine De La Fons emploie d'ailleurs le terme "réparation". Ce portail succède donc à un portail du 13e siècle qui reliait le choeur de l'église au quartier canonial. Les travaux commencent en 1493, et, selon De La Fons, durent au moins jusqu'au milieu du 16e siècle. Aucun document ne nous permet d'en connaître la progression, mais, en dépit de la longueur du chantier, le portail est très homogène et présente les caractères stylistiques de la période-charnière des alentours de 1500. L'emplacement du portail, contigu au bras sud du petit transept, incite à en attribuer la paternité au même architecte, même si aucun document ne confirme nettement cette attribution. Construit sur le modèle du portail Saint-Quentin, le portail Lamoureux est considéré dès l'Ancien Régime comme le plus beau de la collégiale, pour la richesse de son décor sculpté. Une statue de la Vierge en soulignait l'axe. Certains l'adossent à un trumeau, encore présent sur un plan de 1728. Mais peut-être se trouvait-elle plutôt au centre du tympan, où subsiste encore un socle timbré d'un écu bûché. Elle étair encadrée par les statues de saint Quentin et saint Victorice, installées dans les niches des piédroits. Ces trois statues ont disparu en 1793, tandis que le décor était mutilé. Les bombardements de la Première Guerre mondiale ont surtout endommagé la première porte dont une grande partie du décor a été restaurée par la suite.

Le portail est constitué par deux portes successives, séparées par un porche voûté d'ogives. La première porte, surmontée d'un arc brisé polylobé, relie l'extérieur et le porche. Elle est ornée d'un décor en fort relief, sculpté dans la masse. La voûte du porche est compartimentée par un réseau flamboyant, dont chaque nervure est bordée de scènes en haut-relief. La seconde porte, qui fait communiquer le porche et l'intérieur du monument, est surmontée d'un tympan ajouré en arc brisé. Elle est entourée d'un riche décor, traité en haut-relief, presque en ronde-bosse. Les groupes ou personnages qui occupaient les niches inférieures et l'axe du tympan étaient rapportés.

  • Catégories
    maçonnerie, sculpture
  • Structures
    • élévation, en arc brisé
  • Matériaux
    • calcaire, blanc, en plusieurs éléments taillé, décor en haut-relief, décor dans la masse, décor rapporté
  • Précision dimensions

    Mesures correspondant à l'ouverture de la première porte : h = 570 ; la = 224.

  • Iconographies
    • figure biblique, Noé, Arche de Noé, vigne
    • figures bibliques, ? homme, en pied, Patriarche
    • scène biblique, sacrifice d'Abraham
    • groupes de figures, porte, ange homme, en pied, de face, de trois-quarts, phylactère, berceau, âne, boeuf, lion, fortification
    • cycle narratif, vie du Christ
    • groupes de figures, sainte Cécile, orgue portatif, sainte Agnès, agneau, sainte Marguerite, dragon, sainte Barbe, sainte Catherine, Annonciation, saint André, saint Adrien, lion, enclume, ange, musicien
    • ornementation, grappe, oiseau, humain fabuleux, animal fabuleux, hybride fabuleux, sirène, loup, chouette, homme feuillage, chêne, vigne, raisin
  • Précision représentations

    La première porte à arc brisé polylobé est entourée de moulures, dont deux accueillent une guirlande de feuilles de chêne et de vigne, peuplée d´humains, d´animaux et de créatures hybrides. La voûte du porche est compartimentée par un réseau flamboyant, dont chaque nervure est bordée de scènes de la vie du Christ, de saints et d´anges. Les scènes de la vie du Christ sont très endommagées, mais on distingue encore nettement la plupart des scènes de l'enfance, telles l'Annonciation, la Nativité, l'Adoration des Mages, la Présentation au temple, la Circoncision, etc. Parmi les saints, on reconnaît saint André, lié à sa croix caractéristique, et saint Adrien à l'armure qu'il porte et au lion qui l'accompagne. Une suite de saintes monopolise, avec quelques anges, la nervure la plus proche de la seconde porte. Y figurent sainte Cécile et son orgue portatif, sainte Agnès revêtue de sa chevelure, sainte Marguerite sortant d'un dragon, sainte Barbe et sa tour, puis sans doute sainte Catherine. Sur la seconde porte, la voussure était occupée par huit groupes de personnages en pied, dont six subsistent, mutilés, sous des dais ouvragés. Ce décor est consacré aux alliances contractées par Dieu avec l´humanité. La partie droite est réservée aux anciennes alliances. On y reconnait de haut en bas, Noé entre la vigne et l´arche, puis, après deux prophètes ou patriarches indéterminés, le sacrifice d´Abraham. La partie gauche traite de la naissance du Christ annoncée par les Prophètes, inaugurant une nouvelle et éternelle alliance. Les phylactères et les attributs conservés permettent d´identifier de haut en bas Ezéchiel et Malachie, puis en-dessous, probablement Isaïe et Daniel, tous deux annonciateurs de l'avènement du Christ. Ezéchiel est précédé d'une porte fernée, allusion à la Vierge. Devant Malachie, un petit ange préfigure la venue de saint Jean-Baptiste. Isaïe domine l'âne, le boeuf et le berceau de l'Enfant Jésus. A ses côtés, l'homme aux pieds duquel est couché un lion, est probablement Daniel. En dessous d'eux, les deux derniers personnages présentent des versets empruntés à Isaïe, dont le passage relatif à la maternité virginale de Marie.

  • Inscriptions & marques
    • inscription concernant l'iconographie, gravé, sculpté, sur l'oeuvre, latin
    • inscription, gravé, sur l'oeuvre, latin
  • Précision inscriptions

    Une inscription est gravée sur le linteau de la porte : Ecce q[uam] bonu[m] et q[uam] jocu[n]du[m] h[ab]itare fratres i[n] unu[m]. Il s'agit d'un verset du psaume 132-133. Traduction : Oui, il est bon, il est doux pour des frères de vivre ensemble et d'être unis. Cette phrase s'explique par le fait que cette porte reliait le quartier canonial, occupé par de nombreuses maisons des chanoines, à la collégiale où les chanoines menaient également au choeur et au chapitre une vie commune. Sur l'un des côtés de la porte, près de la niche d'une statue, est gravée l'inscription : Soci[us ? ] b[ea]ti qui[n]tini (compagnon du bienheureux Quentin). Les personnages qui se succèdent sur la voussure portent des phylactères avec des inscriptions gravées ou sculptées, empruntées à la Bible. Inscription portée par Noé : Plantavit vineam (Genèse IX, 20 : Il planta une vigne). Inscription tenue par l'ange du Sacrifice d'Abraham : [Non extend]as manum tuam[super puerum] (Genèse XXII, 1-12 : Ne porte pas la main sur l'enfant). Sur la partie gauche de la voussure, un des personnages présente le texte : Vidi portam in domo domini clausam (Ezéchiel XLIV, 2 : Je vis une porte fernée dans la maison du Seigneur). Son voisin tient le phylactère : [Ecce ego] mitto angelum meum (Malachie III, 1 : Voici que je vous envoie mon ange). Plus bas, l'un des hommes porte : [Ecce vir]go concip[iet] (Isaïe VII, 14 : Et voici que la jeune fille conçoit]. Le phylactère que tient son compagnon ne laisse voir qu' [...] Auxiliator meus (Isaïe L, 7 ou L, 9 : Dieu, mon aide).

  • État de conservation
    • oeuvre mutilée
    • manque
    • mauvais état
    • oeuvre menacée
    • oeuvre restaurée
  • Précision état de conservation

    Depuis la Révolution, il manque les trois statues de la Vierge, de saint Quentin et de saint Victorice et deux groupes de la voussure. Les groupes subsistants ont été mutilés. Sous le porche, le décor sculpté est en très mauvais état, surtout du côté de la rue. Les désordres sont dus au mauvais écoulement des eaux de pluie qui s'infiltrent à travers la terrasse en pierre et provoquent le délitement de la pierre. De nombreuses scènes ne sont plus reconnaissables. La première porte a été restaurée après le premier conflit mondial et de nombreuses éléments du décor ont été refaits. Un projet de restauration, ébauché dans les années 1980, n'a pas été suivi d'exécution.

  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Intérêt de l'œuvre
    À signaler
  • Protections
    classé au titre immeuble, 1840
  • Référence MH

Bibliographie

  • DREILING, Prof. Dr. Raymund. Die Basilika von St. Quentin. Ihre Geschichte und ihr Charakter. St. Quentin, 1916.

    p. 39
  • GOMART, Charles. Extraits originaux d'un manuscrit de Quentin de La Fons intitulé Histoire particulière de l'église de Saint-Quentin, publiés, pour la première fois, par Ch. Gomart. Saint-Quentin : librairie Doloy, 1854, t. 1er.

    p. 21, 35, 37, 46
  • GOMART, Charles. Notice sur l'église de Saint-Quentin. Bulletin monumental, 1870, vol. 36 (4e série, t. 6).

    p. 224
  • HACHET, Jules. La basilique de Saint-Quentin. Son Histoire - Sa Description. Troisième édition. Saint-Quentin : Imprimerie moderne, 1926.

    p. 25-27
  • HACHET, Jules. L’œuvre de Colard Noël, architecte du roy Louis XI, à la collégiale de Saint-Quentin (1477 à 1500). Saint-Quentin : Imprimerie moderne saint-quentinoise, 1924.

  • HELIOT, Pierre. La basilique de Saint-Quentin et l'Architecture du Moyen-Age. Paris : éditions A. et J. Picard et Cie, 1967.

    p. 81
Date(s) d'enquête : 2010; Date(s) de rédaction : 2010
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Riboulleau Christiane
Riboulleau Christiane

Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France jusqu'en 2022.

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