Oeuvre de Nicolas Wilbault, ces tableaux issus d'un cycle narratif illustrant la vie du Christ exceptionnels par leur qualité picturale, témoignent du talent de cet élève du peintre Jean Jouvenet dont il s'inspire ici manifestement des grands cycles exécutés pour les églises et couvents parisiens, en particulier pour Saint-Martin-des-Champs. Wilbault fait preuve d'une grande vigueur d'exécution et d'un sens parfait des coloris et des effets de contre-jour dans ces deux scènes nocturnes. Le tableau du Lavement des pieds offre la particularité d'être daté par un chronogramme en latin donnant la date de 1729, qui est celle de la période d'achèvement des travaux du peintre ardennais pour l'abbaye de Bucilly. Ce même tableau comporte également sa signature avec son surnom " Duchastel " et le lieu d'exécution de ces oeuvres, sa ville natale de Château-Porcien. Cette signature précise également que Wilbault est l'inventeur de la composition. Ils sont adjugés lors de la vente du mobilier de l'abbaye en 1791 pour 60 livres chacun au curé desservant de Martigny, Charles Drouet. Ces deux tableaux sont mentionnés dans les délibérations du conseil municipal de Martigny du 12 mai 1819. Il y est en effet fait mention de " deux grands tableaux, l'un représentant la Saine et l'autre le lavement des pieds ". Signalés comme ayant " été déposé par Mr Charles Drouet desservant de Neumanie (sic) (ardennes) qui les réclame " considérant leur qualité et qu'ils " sont absolument utile et nécessaire ", leur départ risquant de rendre l'église " nue et indécente ", ils sont rachetés par la commune à cette date à Charles Drouet pour la somme de 120 francs. Les oeuvres ont subi de nombreux accidents, en particulier dans la partie gauche de la Cène et du personnage du serviteur portant une aiguière. Elles ont été restaurées (rentoilage et revernissage) en 1993-96 par le rémois Christian Vibert qui a procédé à un allègement des vernis et une réintégration illusionniste et réversible des manques de la surface picturale.