Dossier d’œuvre architecture IA02003312 | Réalisé par
Rat-Morris Viviane (Rédacteur)
Rat-Morris Viviane

Chercheuse de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, Région Hauts-de-France.

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  • enquête thématique départementale, Anciens vendangeoirs du Sud Laonnois
Ancien vendangeoir, actuellement maison
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté d'agglomération du Pays de Laon - Laon-2
  • Commune Presles-et-Thierny
  • Adresse 2 rue des Hauts-Combles , rue de l' Église
  • Cadastre 1926 C1 114 à 117  ; 2023 C 764
  • Précisions
  • Dénominations
    ensemble agricole, maison
  • Genre
    de maître
  • Précision dénomination
    vendangeoir
  • Appellations
    vendangeoir Gérard de la Calvinière, vendangeoir Caffin, vendangeoir Fromage de Longueville
  • Destinations
    ensemble agricole, demeure
  • Parties constituantes non étudiées
    conciergerie, remise, cour jardin, jardin d'agrément, allée régulière

Une origine indéfinie

Comme pour d’autres vendangeoirs, l’origine de la propriété n’est pas connue. Les cave sont datables de l’époque médiévale mais postérieures à l’essor de la viticulture au XIIe siècle dans cette partie du Laonnois épiscopal (SAINT-DENIS, 1994). Comme la plupart des autres vendangeoirs, il a très probablement reconstruit ou agrandi au XVIe ou XVIIe siècle (LUCOT, 1995).

Deux vendangeoirs appartenant à des bourgeois de Laon de la fin du XVIIe siècle à 1843

Le vendangeoir "Destrez-Fromage de Longueville-Gérard"

Ayant pu consulter des archives depuis disparues, Maxime de Sars (1986) décrit un vendangeoir situé près du cimetière et dont la cour ouvre sur la Grande Rue (actuelle rue de l’Église) : "Une maison consistant en deux demeures, cellier et cave au-dessous, grenier au-dessus, grange, cour, jardin, occupé par Adam Guillaume" vendue en 1693 à Jean Destrez, avocat à Laon, littérateur et jurisconsulte (décédé en 1721). En 1726, sa fille Geneviève, épouse de Louis Fromage, avocat, jurisconsulte et bailli de la duché-pairie, l'acquiert en 1726 de ses frères et sœurs "avec les terres, jardin, prés, bois et vignes en dépendant" moyennant 5 000 livres (SARS, 1986).

La propriété reste dans la famille jusqu’à Louis Fromage de Longueville (1732-1786), rousseauiste qui a défrayé la chronique laonnoise. À la suite de détournements découverts après sa mort, le diocèse s'empare de tous ses biens (PÉCHEUR-JACQUET, 2020).

L’ensemble est vendu en 1779 à Charles Martel (décédé en 1786), capitaine commandant de dragons au régiment du Roi (SARS, 1986) : une "grande maison de maître, composée de plusieurs bâtiments couverts en tuiles, grande cour, basse-cour, foulerie, pressoir, remise, entre cour et jardin [de près de cinquante ares]", "une autre maison à côté servant de logement à plusieurs vignerons, le tout tenant du nord à une ruelle, du midi au cimetière et à la ruelle qui y conduit", deux hectares trente-huit ares de vigne en dix-huit pièces, une terre de quatre ares, un pré de quatre-vingt-douze ares et quatre-vingt-deux ares de bois en six pièces. La répartition des bâtiments traduit la différenciation entre les fonctions d’habitat du maître, d’habitat des vignerons et de viticultre proprement dite.

La propriété passe ultérieurement à Charlotte de Récourt, veuve de Charles comte de Bologne, seigneur en partie d’Auberive-en-Royans, capitaine d’artillerie au régiment de Metz, en 1788. "Pendant qu’elle était incarcérée à Laon sous la Terreur, comme ci-devant noble, la municipalité de Presles signala au district que ses vignes étaient en friche.″ (SARS, 1986) Après cette date, l’activité viticole n’est plus mentionnée dans les sources consultées.

Dégradée lors de l’occupation des armées russes en 1814 (LUCOT, 1995 ; L’ELEU, 1910), la propriété change plusieurs fois de propriétaire avant d’être acquise en 1834 par Alexandre Gérard (décédé en 1835), vicomte de la Calvinière, chef de bataillon en solde de congé (SARS, 1986). La maison reste alors dans la famille pendant quatre générations (PÉCHEUR-JACQUET, 2020). En 1843, la propriété est agrandie par l’acquisition de la maison voisine, cour du cimetière (SARS, 1986).

Le vendangeoir "Danye-Le Voirier"

Cette propriété est mitoyenne d’un autre vendangeoir plus petit acquis en 1697 par Claude Danye (décédé en 1702), bourgeois de Laon (L’ELEU, 1910). Maxime de Sars (SARS, 1986) précise que cette "maison s’élevait au fond d’une cour dite du cimetière, consistant en une chambre, cuisine, grenier au-dessus, cellier, cave, pressoir et foulerie, jardin derrière fermé de mérailles [murs] et un petit bâtiment neuf donnant sur la cour contenant chambre et cabinet, grenier au-dessus, étable et bûcher, au-delà l’escalier commun de la porte pour aller à l’église" avec "soixante-dix ares de vigne en six pièces, un jardin de trois ares et demi, soixante-quatre ares de pré en trois pièces, vingt ares de bois en quatre pièces, un clos de vigne de vingt-quatre ares à Laval, un bâtiment tenant par bas à la cour et un hectare soixante-cinq ares de vigne en onze pièces". Elle est achetée en 1701 par Olivier, procureur à Laon, et son épouse Madeleine Le Voirier. En 1757, le bien n’est plus composé que d’une "maison, un hectare quarante-sept ares de vigne, trente-huit ares de bois et vingt-trois de bois" et il est vendu à Claude-Mathieu Cappe, notaire royal à Laon.

Aucune information n’a été trouvée sur l’histoire de cette propriété pendant la Révolution et le Premier Empire. En 1828, Louis Detrait est propriétaire uniquement de la maison et la vend en 1833 pour 3 200 F à la commune qui en fait sa mairie-école. La commune y reste dix ans ans puis revend le bien, suite à l’acquisition en 1843 du vendangeoir de la famille Godon, qui devient la mairie-école (IA02003313) encore en fonctionnement de nos jours (SARS, 1986, sur la base des Archives communales détruites en 1914).

Le "vendangeoir Gérard-Fuchet-Caffin", résidence familiale depuis 1843

De 1843 à 1929, les descendants d’Alexandre Gérard, déjà mentionné, sont désormais seuls propriétaires des terrains situés entre la Grande Rue (actuelle rue de l’Église), ruelle du presbytère (actuelle ruelle des Hauts-Combles), le chemin derrière l’église le cimetière et sa ruelle. En conséquence, le jardin est réaménagé en effaçant les traces de la maison Danye-le Voirier et de la cour du cimetière (annexée en 1843). En 1860, madame Fuchet, petite-fille d’Alexandre Gérard, relève la maison de maître d’un étage (SARS, 1986). Elle est probablement l’initiatrice des grands travaux réalisés dans la propriété durant la seconde moitié du XIXe siècle.

Pendant la Première Guerre mondiale, le mobilier est en partie réquisitionné par les troupes allemandes (LUCOT, 1995).

Le plan cadastral de 1926 permet d’avoir une vision d’ensemble de la propriété. Elle s'inscrit dans une vaste parcelle trapézoïdale enclose de murs. Elle comprend :

- une remise à l’angle nord-ouest,

- la cour à l’ouest, séparée par un mur d’une courette où s’élève une petite maison à l’angle sud-ouest,

- la maison de maître entre la cour et le jardin, qui occupe plus des trois quarts du foncier à l’est.

Trois accès desservent les lieux : au nord le portail principal est incurvé et ouvre sur la cour ; à l’ouest un petit portail piéton donne sur la courette, à l’est un portail permet un accès direct au jardin. Des édicules sont inclus dans le mur d’enceinte au niveau de la petite maison ainsi qu’entre le jardin et le cimetière. Ces derniers sont peut-être les vestiges de la maison de la cour du cimetière, rasée dans la seconde moitié du XIXe siècle : des ouvertures murées sont en effet lisibles dans le mur du cimetière à cet endroit. Aucun bâtiment lié à la viticulture ne figure sur ce plan.

En 1935 M. Bernard Caffin achète la demeure et son jardin (SARS, 1986). Sa famille en est toujours propriétaire (PÉCHEUR-JACQUET, 2020).

  • Période(s)
    • Principale : 18e siècle , daté par travaux historiques
    • Secondaire : 19e siècle , daté par source
    • Secondaire : 3e quart 20e siècle , daté par source
  • Dates
    • 1843, daté par travaux historiques
  • Auteur(s)

La propriété est implantée au pied du coteau du bois du Moulin, entre la rue de l’Église à l’ouest, la ruelle des Hauts Combles au nord, le chemin derrière l’église à l’est, la ruelle du cimetière et le cimetière au sud.

Enclose de murs, la propriété comprend (comme en 1926) : une remise à l’angle nord-ouest, la cour à l’ouest, séparée d’un mur d’une courette ou s’élève une petite maison à l’angle sud-ouest ; la maison de maître entre la cour et le jardin, qui occupe plus des trois-quarts du foncier à l’est. Les bâtiments sont construits en moellons de calcaire enduits avec des chainage en pierres de taille.

Trois accès desservent les lieux : au nord le portail principal est incurvé et ouvre sur la cour ; à l’ouest un petit portail piéton donne sur la courette, à l’est un portail permet un accès direct au jardin. Des édicules sont inclus dans le mur d’enceinte au niveau de la petite maison ainsi qu’entre le jardin et le cimetière. Côté cimetière, des ouvertures murées sont lisibles dans le mur à ce niveau.

L’ensemble des maçonneries est réalisé en moellons de calcaire, pierre de taille en calcaire local et enduits de chaux ou de ciment. Les encadrements des ouvertures sont en pierre taillée dans un calcaire local.

La remise et la cour

La remise est située à l’angle nord-ouest de la cour, en alignement avec le mur de clôture nord et le mur de clôture ouest qui est surmonté d’une grille. La remise s’élève sur deux niveaux, sur un plan rectangulaire, sous une toiture à double demi-croupe couverte d’ardoise. Le rez-de-chaussée est aveugle sur la rue, l’étage est éclairé en façade ouest de deux fenêtres encadrant un oculus. Côté cour, l’étage du pignon sud est éclairé d’une fenêtre, et le comble, d’un jour carré aménagé juste sous la demi-croupe. La façade est s’ouvre en rez-de-chaussée par deux portes de remise encadrant un oculus ovale, l’étage est aveugle.

La cour est enherbée et traversée de deux chemins pavés reliant le portail à la remise et la maison. Un alignement de tilleuls est planté le long du mur de clôture ouest, côté rue. Des massifs d’arbustes délimitent la cour et la courette voisine au sud, des massifs de fleurs précédent la terrasse formant perron de la maison à l’est.

La courette au sud-ouest de la propriété est accessible par un chemin traversant le massif d’arbustes et par une porte piétonne ouverte dans le mur ouest, à côté du puits condamné et initialement partagé entre la rue et la propriété.

La maison de maître du vendangeoir

Isolée entre la cour et le jardin la maison de maître est composée de deux bâtiments accolés, sous une toiture à croupes, couverte d’ardoise. Le bâtiment principal adopte un long plan rectangulaire. Le second bâtiment est de plan carré et il s’appuie sur le pignon sud du premier.

Le bâtiment principal s’élève sur trois niveaux (rez-de-chaussée surélevé, étage carré et comble). Ses façades sont composées de huit travées, non régulières mais symétriques.

La façade ouest du bâtiment principal, sur la cour, est précédée d’une terrasse formant perron et bordée d’une balustrade. On y accède par deux escaliers droits. En toiture, la troisième et la sixième travées sont surmontées de lucarnes à croupe (dites ″à la capucine″), légèrement cintrées et aux jouées couvertes d’ardoises.

La façade est du bâtiment principal, sur le jardin est précédée d’une terrasse formant perron en pierres reconstituées. On y accède par deux escaliers droits. Quelques soupiraux éclairent la cave.

En rez-de-chaussée, en enfilade, un salon et une salle à manger traversants occupent les deux tiers nord du bâtiment principal.

Accolé au pignon sud, le bâtiment secondaire présente uniquement un rez-de-chaussée surélevé, aux trois façades surmontées d’un bandeau en méplat. Les façades est et ouest sont percées chacune d’une fenêtre. La façade sud est ouverte d’une porte descendant à la cave et d’une porte vitrée, précédée de quelques marches, donnant sur la cuisine.

La maison de vigneron et la courette

Implantée à l’angle sud-ouest de la propriété, en alignement avec le mur de clôture sud et le mur de clôture ouest, la maison de vigneron sert aujourd’hui de maison de gardien. Ouvrant sur la rue et la courette, cette maison sur cave s’élève sur deux niveaux, rez-de-chaussée et comble en surcroît aménagé, sous une toiture à longs pans et coyaux et à pignon découvert. Elle est couverte de petites tuiles plates.

Les pignons nord et sud sont aveugles.

Côté rue, à l’ouest, la façade est couronnée d’une corniche en doucine soulignée d’un bandeau en méplat. Elle est percée de deux fenêtres au rez-de-chaussée et d’une fenêtre au niveau du comble, interrompant le bandeau et la corniche.

Coté courette, à l’est, la façade est protégée par un enduit de ciment posé à la tyrolienne, en partie tombé, et couronnée d’une corniche en doucine. Sur la gauche, quelques marches conduisent à une porte en bois menant à la cave située sous la maison. Le rez-de-chaussée est éclairé d’une porte encadrée de deux fenêtres. Le comble est éclairé d’une fenêtre interrompant la corniche.

La courette est enherbée.

Le jardin

Le jardin est organisé en deux espaces, le premier découvert, le second couvert, traversé de part en part par une allée centrale enherbée. C’est un ancien jardin régulier qui a évolué suite à un changement de principe d’entretien.

Devant la maison de maître, deux rectangles de pelouse entourés de massifs fleuris occupent environ la moitié de l’assiette du jardin. Des allées enherbées longent les massifs d’arbustes plantés au pied des murs.

L’autre moitié du jardin est arboré de grands sujets, principalement des tilleuls et des marronniers. L’allée centrale est encadrée par d’anciens alignements d’arbres jusqu’au portail oriental de la propriété. Le mur oriental est doublé d’un ancien alignement d’arbres.

  • Murs
    • calcaire moellon enduit
    • calcaire pierre de taille enduit
  • Toits
    tuile plate, ardoise
  • Plans
    plan rectangulaire régulier
  • Étages
    sous-sol, rez-de-chaussée surélevé, 1 étage carré
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • toit à longs pans croupe
    • toit à deux pans ruellée
    • toit à deux pans demi-croupe
  • Jardins
    bois de jardin, carré de jardin
  • Typologies
    logis entre cour et jardin (18e siècle) ;
  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à étudier
  • Sites de protection
    abords d'un monument historique

Documents d'archives

  • AD Aisne. Série W ; 968W, dommages de guerre suite à la Seconde Guerre mondiale : 9597 et 9598 Mairie-École. Dossiers de dommages de guerre Mairie-École. 1948-1952.

    AD Aisne

Bibliographie

  • SAINT-DENIS, Alain. Apogée d’une cité. Laon et le Laonnois aux XIIe et XIIIe siècles. Nancy : Presses universitaires de Nancy, 1994.

  • LUCOT, Yves-Marie. Chroniques de la vigne et des vendangeoirs du pays Laonnois. Woignarue : Vigne Verte, 1995.

  • PÉCHEUR-JACQUET, Pascale. Secrets et Histoires de vendangeoirs en Pays Laonnois. Royaucourt-et-Chailvet : Amis de l’église Saint-Julien de Royaucourt, 2020.

  • SARS, Maxime de, Les Vendangeoirs du Laonnois. Mayenne : Société Historique de Haute Picardie / Imprimerie de la Manutention, rééd. 1986. édition originale 1934-1935.

Périodiques

  • L'ELEU, André. Autour d'une vieille maison. Bulletin de la Société académique de Laon, 1910, tome XXXIII, p.3-66.

Documents figurés

  • Plan cadastral, 1926 (AC Presles-et-Thierny, [non coté]).

Date(s) d'enquête : 2022; Date(s) de rédaction : 2023
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Rat-Morris Viviane
Rat-Morris Viviane

Chercheuse de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, Région Hauts-de-France.

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