Dossier d’œuvre architecture IA59001539 | Réalisé par
Grembert Lucie (Rédacteur)
Grembert Lucie

Chargée de mission à l'Inventaire général du patrimoine culturel Région Hauts-de-France (depuis 2020).

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Hoin Karl-Michael (Rédacteur)
Hoin Karl-Michael

Responsable-adjoint (2018-2023) puis responsable (depuis 2024) de l'Inventaire Général Hauts-de-France.

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Luchier Sophie (Rédacteur)
Luchier Sophie

Chercheur de l'Inventaire général du patrimoine culturel.

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  • enquête thématique départementale, Patrimoine XXe Maubeuge et Val de Sambre
Grand ensemble dit Cité des Fleurs
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté d'agglomération Maubeuge Val-de-Sambre - Maubeuge
  • Commune Boussois
  • Adresse rue Gabriel-Péri
  • Cadastre 2002 AL 2 à 9, 12 à17, 20 à 26, 519

Le site industriel verrier (verres à vitre et verres spéciaux) situé sur la commune voisine de Recquignies constitue le cœur économique de la commune de Boussois. Cette usine est reconstruite entre 1948 et 1950 et la nouvelle Cité des Fleurs va accompagner son essor.

Pour ce projet de grand ensemble, l'architecte André Lurçat est sollicité par le maire communiste de Boussois Albert Maton en raison de leur proximité idéologique mais aussi du positionnement institutionnel de l'architecte en charge de la reconstruction de Maubeuge. En effet, pour construire des logements il faut faire appel à un bailleur social - l'Office Public d'HLM du Nord - et obtenir les financements publics nécessaires à l'opération. André Lurçat joue ainsi le rôle d'intermédiaire pour obtenir des crédits auprès du Ministère de la Reconstruction et de l'Urbanisme (MRU). Le projet est déposé en 1948, le marché attribué en mai 1950. Armand Normand, architecte actif dans la région depuis 1920, collabore au projet; sans doute en tant qu'architecte d'opération.

La Cité des Fleurs participe de la même logique urbaine qu'à Maubeuge : celle de l'îlot ouvert. André Lurçat rompt ici avec le principe des lotissements antérieurs, ceux construits par les industriels aux portes des usines. Il estime en effet que la cité doit être proche de l'usine tout en étant nettement séparée d'elle. L'emprise de l'opération est une bande de terrain d'une cinquantaine de mètres de longueur prise sur les terres agricoles d'un plateau en bordure du village, à l'abri des fumées et disposant d'une vue dégagée, avantages propres à satisfaire les préoccupations hygiénistes de l'époque. Bien que située en périphérie de la commune, l'opération est proche de ses principaux équipements : la place de la mairie, le foyer des travailleurs, la poste, l'église Saint-Martin se situent rue Eugène-Chimot, qui rassemble également les quelques commerce et services de la commune. André Lurçat se voit simultanément confier la réalisation d'une école maternelle de deux classes à mi-chemin entre le centre-ville et la Cité des Fleurs.

L'unité foncière acquise pour mener à bien l'opération comprend une emprise beaucoup plus vaste que celle des constructions et la partie non construite a été cultivée jusqu'à une date récente. L'opération de 1948 comprend soixante-quatorze logements locatifs destinés principalement à des familles avec enfants. Chaque logement dispose d'une cave et d'un jardin potager. Les immeubles locatifs comprennent seize logements de deux pièces, quatorze logements de trois pièces et douze appartements de quatre pièces. Les trente-deux maisons jumelées sont toutes des logements de quatre pièces.

Le gros œuvre est constitué d'une maçonnerie en brique pleine. Un refend longitudinal divise la portée des solives en béton qui portent les planchers, également en béton (huit centimètres d'épaisseur). Les matériaux de revêtement sont de grande qualité : les murs extérieurs sont revêtus d'un enduit ciment de teinte légèrement ocre, donnée par les sables de provenance locale. Sur certaines corniches apparaît une coloration gris-bleu mais, faute de documents originaux et de sondage, il est difficile de préciser les teintes d'origine. Toujours est-il qu'André Lurçat manifeste un fort intérêt pour les polychromies réalisées avant-guerre dans les cités-jardins allemandes (les Siedlungen francfortoises). À l'intérieur, les matériaux sont choisis pour leur robustesse et leur qualité : les escaliers sont revêtus d'un carrelage en tessons de céramique, les pièces humides de grès cérame et les pièces d'habitation d'un parquet en lames de chêne collé. André Lurçat utilise des éléments préfabriqués, notamment pour les encadrements de baies. L'équipement sanitaire ainsi que l'ameublement fixe font également partie d'un programme de standardisation et de fabrication en série inspiré de l'expérience de Francfort.

Les maisonnettes sont organisées avec deux niveaux en sous-sol. Leur accès est déporté sur le pignon et se fait par l'auvent qui, au-delà, donne accès aux jardins. L'entrée distribue la cuisine et le séjour qui évoque la salle commune de l'habitat rural. Au fond, se trouve le départ de l'escalier qui permet également de conduire la chaleur du poêle jusqu'à l'étage des chambres. L'accès au sous-sol se fait, lui, depuis la cuisine et dessert une buanderie ainsi qu'une cave.

La disposition des pièces est déterminée par l'ensoleillement pour les collectifs qui sont orientés au sud. Dans les maisonnettes, elle découle du plan masse d'ensemble : les séjours et les chambres sont tournés vers les cours et vers la rue tandis que les cuisines et les salles de bain ouvrent sur les jardins potagers.

La disposition à redents des espaces extérieurs ménage deux types d'espaces collectifs nettement différenciés : les cours ouvertes sur la rue, occupées par une aire de jeux pour les enfants qui est séparée de la desserte des logements par des massifs plantés de deux rangées d'arbres de haute tige ; les espaces ouverts sur la campagne, organisés pour les activités semi-rurales et les tâches domestiques (parcelles maraîchères soigneusement organisées en planches normalisées, abris pour la volaille et les lapins, installation du séchage du linge), aujourd'hui délaissés et sans usage. Les habitants se déplaçant essentiellement en vélo, des locaux sont prévus à cet usage ainsi que pour les voitures d'enfant dans les logements collectifs.

  • Période(s)
    • Principale : 2e quart 20e siècle
  • Dates
    • 1948, daté par source
  • Auteur(s)
    • Auteur :
      Lurçat André
      Lurçat André

      André Lurçat, né en 1894 à Bruyères (Vosges) et mort le 11 juillet 1970 à Sceaux, est un architecte français. Fils du receveur des postes Lucien Lurçat et de Marie Lhôte, André Lurçat entre à l'École des Beaux-Arts de Nancy en 1911. Diplômé de l'École des Beaux-Arts de Paris en 1923, il travaille dans le cabinet de Robert Mallet-Stevens. Avec l’appui de son frère aîné, le peintre Jean Lurçat, il construit à partir de 1924 un ensemble d’ateliers d’artistes qui font de lui l’un des architectes modernes les plus en vue.

      Il est membre fondateur des CIAM (Congrès internationaux d'Architecture moderne). Mais il prend position pour un modernisme modéré en 1929, rejoignant l'Union des artistes modernes de Mallet-Stevens.

      André Lurçat édifie en 1933 pour la municipalité de Villejuif (aujourd'hui Val de Marne) le groupe scolaire Karl-Marx. Fort de ce succès, il est invité à Moscou en 1934 et y travaille jusqu'en 1937.

      Après avoir participé à la création du Front national des architectes résistants, il est chargé en 1945 du plan de reconstruction de Maubeuge. Membre du conseil d’architecture du ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme, professeur à l’École nationale supérieure des arts décoratifs de Paris puis à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris entre 1945 et 1947, il reçoit, après 1955, les commandes de municipalités de la banlieue parisienne. Il est architecte et urbaniste en chef de la ville de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) où il construit en 1950 la cité Paul-Langevin et l’unité de quartier Fabien. Il est également urbaniste de plusieurs communes dans la région de Nancy.

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      architecte attribution par source
    • Auteur :
      Normand Armand F.
      Normand Armand F.

      Architecte installé à Maubeuge (Nord).

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      architecte attribution par source

La cité des Fleurs est composée d'immeubles collectifs disposés en forme de U renversé, reliés par d'autres immeubles collectifs plus longs, encadrés de chaque côté par deux modules de maisons individuelles jumelées. Les murs et les baies sont composés de modules préfabriqués en béton armé, enduits et peints.

Les immeubles collectifs les plus petits (bloc B) sont constitués d'appartements de deux et trois pièces, les immeubles les plus grands (bloc A) et les maisons individuelles (bloc C) de quatre pièces. Ces modules sont semblables aux I.D.T. (Immeubles à Destination Transitoire) et aux I.S.A.I. (immeubles Sans Affectation Immédiate) construits en 1946 et 1948 à Maubeuge.

  • Murs
    • enduit
    • béton armé
  • Plans
    ensemble concerté
  • Étages
    rez-de-chaussée surélevé, 1 étage carré, 2 étages carrés
  • Élévations extérieures
    élévation ordonnancée sans travées
  • Couvertures
    • terrasse
  • Statut de la propriété
    propriété privée, Partenord (bailleur social). Quelques maisonnettes ont été vendues à leurs anciens locataires.
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler

Le grand ensemble dit Cité des Fleurs s'inscrit pleinement dans le contexte de la reconstruction post-Seconde Guerre mondiale. L'opération témoigne d'une attention marquée au rapport au site. Elle est également un témoignage remarquable de l'architecture d'André Lurçat. La rationalité du plan masse, la subtilité des transitions entre les différents corps du bâtiments, la cohérence du vocabulaire architectural et les qualités d'usage figurent parmi ses mérites majeurs.

La réhabilitation récente n'a accordé que peu d'attention aux qualités architecturales et aux qualités d'usage de l'ensemble, concourant à entretenir une perception dépréciative chez ses habitants. L'ensemble des porches, abris et auvents en béton qui liaient les différents corps de bâtiment ont été détruits avant 2002. De très médiocres auvents en fer et tôle ondulée sont venus remplacer les galeries et auvents en béton devant l'accès des maisons et des immeubles sur rue. Les fenêtres, à l'origine en acier et avec un simple vitrage, ont été remplacées avant 2000 par des châssis coulissants en aluminium et avec un simple vitrage. En 2008, les fenêtres ont été à nouveau remplacées par des menuiseries en PVC avec double vitrage avec coffres de volets roulants placés à l'extérieur alors que l'architecte avait prévu des vides dans les linteaux pour leur encastrement. Le principe modulaire des baies qui réglait les proportions n'est donc plus lisible aujourd'hui. Enfin, les jardinières des escaliers sont pour l'essentiel vides.

Documents d'archives

  • AD Pas-de-Calais. Série W ; 293W108385. Dossier administratif, plans, avant-projet.

    AD Pas-de-Calais : 293W108385
  • Cité de l'Architecture et du Patrimoine. Fonds André Lurçat (1894-1970) ; 200Ifa.

    Médiathèque de l’Architecture et du Patrimoine : 200Ifa

Bibliographie

  • Auteur inconnu. Construction : architecture et urbanisme d'après-guerre dans les villes du Nord de la France. Lille : École Nationale Supérieure d'Architecture et du Paysage de Lille (ENSAPL), 1990 [plaquette].

  • ACHE, Jean-Baptiste, PROTHIN, André, CORNU. André Lurçat, architecte. Paris : CNAM, 1967.

  • BRADEL, Vincent. André Lurçat : l'œuvre lorraine. Nancy et Paris : AMAL et Inventaire général des monuments et richesses artistiques de la France, 1995 (Itinéraires du patrimoine ; n°94).

  • CARRIÉ, Benoît, MASSE, Sophie. La cité des Fleurs. Boussois. 1948-1952. Architecte : André Lurçat. Brochure réalisée à partir de l'étude commandée à l'agence BCA Benoît Carrié Architecture par le Ministère de la Culture, direction générale des Patrimoines, 2017 (ISBN : 978-2-11-152410-1).

  • COHEN, Jean-Louis. André Lurçat, 1894-1970 : autocritique d'un moderne. Liège : Mardaga, 1995.

  • COHEN, Jean-Louis. L'architecture d'A. Lurçat : autocritique d'un moderne. EHESS : thèse de doctorat : 1985 (trois volumes).

  • HILAIRE, Paul. L'œuvre de Lurçat à Maubeuge. Mémoire de l'École Nationale Supérieure d'Architecture et du Paysage de Lille (ENSAPL), 1994.

  • JOLY, Pierre et Robert. L'architecte André Lurçat. Paris : Picard, 1995.

  • LUCAN, Jacques. Architecture en France, 1940-2000 : histoire et théories. Paris : Le Moniteur, 2001. (collection Architextes).

  • LURÇAT, André. Terrasses et jardins. Paris : Charles Moreau, 1929. (collection L'art international d'aujourd'hui).

  • LURÇAT, André. Architecture. Paris : Au sans pareil, 1929.

  • LURÇAT, André. Projets et réalisations. Paris : Vincent Fréal et Cie, 1930, 88 pl.

  • LURÇAT, André. Formes, composition et lois d'harmonies, éléments d'une science de l'esthétique architecturale. Paris : Vincent Fréal et Cie, 1957, cinq tomes.

  • LURÇAT, André. Œuvres récentes. Paris : Vincent Fréal et Cie, 1961, tome 1.

  • MONNIER, Gérard. Histoire critique de l'architecture en France 1918-1950. Paris : Philippe Sers, 1990.

  • FRANCE. DRAC-Service de l'Inventaire général Nord-Pas-de-Calais. L'œuvre de Lurçat à Maubeuge, Nord. Réd. Paul Hilaire, photos Thierry Petitberghien, [Lille] : Association C. Dieudonné, CAUE du Nord, ville de Maubeuge, cop. 1994. Non paginé : ill. en noir et en coul., couv. ill. en coul. ; 23 cm. (Itinéraires du patrimoine, ISSN 1159-1722 ; 74).

Périodiques

  • [Auteur inconnu]. Années 1950. AMC, avril 1986, n°11.

    pp. 6-31.
  • Architectures périphériques : André Lurçat à Villejuif. La revue du CAUE du Val-de-Marne, n°16, juin 1994.

  • André Lurçat. Numéro spécial des Points de repères du CAUE 93 (suppl. à Repères, n°51), n°19, 1994.

  • Meister der Moderne : Zwischen Muse, Marx und Moderne, André Lurçat. Werk, Bauen + Wohnen, n°11, novembre 1994.

    pp. 82-84.
  • BLIN, Pascale. Le rempart de la protection sociale. Empreinte, n°44, mars 1999.

    pp. 13-15 (Maubeuge).
  • COHEN, Jean-Louis, DELORME, Jean-Claude, SCALABRE, Jean-Paul, SADDY, Pierre, VIGATO, Jean-Claude. Lurçat. AMC, septembre 1976, n°40.

    pp. 6-30.
  • DOUTRIAUX, Emmanuel. Libres figures maubeugeoises. Le Moniteur architecture, AMC, n°103, décembre 1999.

    pp. 106-111.
  • PEYCERÉ, David [dir.]. André Lurçat, architecte (1894-1970). Colonnes, n°24, décembre 2007.

  • RAGOT, Gilles. André Lurçat (1894-1970). Autocritique d'un moderne. L'Architecture d'aujourd'hui, juin 1995, n°299.

    p. 36.
Date(s) d'enquête : 2002; Date(s) de rédaction : 2002, 2022, 2023
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Grembert Lucie
Grembert Lucie

Chargée de mission à l'Inventaire général du patrimoine culturel Région Hauts-de-France (depuis 2020).

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Luchier Sophie
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