Dossier d’œuvre architecture IA59005083 | Réalisé par
  • enquête thématique régionale, jardins remarquables
Jardin des frères Vanabelle (ferme aux avions)
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté de communes de Flandre Intérieure - Bailleul
  • Commune Steenwerck
  • Lieu-dit La Ménégate
  • Adresse 4 rue de l'Hollebecque
  • Cadastre 2014 YS 01 70

Cité pour la première fois dans le Guide de l’art insolite de F. David paru en 1984, les avions d’Arthur Vanabelle n’ont cessé depuis de proliférer sur les toits de l’exploitation familiale, rebaptisée base de la Menegatte comme cela est inscrit sur un petit panneau plaqué sur un mur non loin de l’entrée.

Arthur, né le 2 décembre 1922, titulaire d’un certificat d’études, et son frère César, né le 8 juin 1924, ont toujours vécu dans cette ferme que leur ont laissée leurs parents Henri Vanabelle (décédé à l’âge de 85 ans en 1983) et Aline Desprez (décédée en 1967 à l’âge de 70 ans). Arthur reprend avec son frère César et leur sœur l’entreprise familiale, située dans le quartier de l’Hollebecque à Steenwerck. Les activités principales étaient l’élevage de volailles et de porcs et la culture des céréales et de pommes de terre. La ferme, détruite pendant la guerre est reconstruite en 1921-1922.

Les deux frères sont indissociables du site. Arthur, l’artiste, a toujours été soutenu par son frère qui veillait sur lui en particulier quand Arthur montait sur le toit grâce à plusieurs échelles. D’après César, il aurait commencé à dessiner des avions et à réaliser des maquettes avant de les installer sur les toits de la ferme après la construction de l’autoroute A25 Lille-Dunkerque ouverte en 1963. Même si toutes les œuvres font référence à des engins de guerre (char, avions, soldats) aucun des deux frères n’est parti à l’armée ni au combat… Nés après la première guerre mondiale, ils étaient trop jeunes pour être appelés lors de la seconde guerre mondiale, ce qu’a toujours regretté Arthur qui aurait aimé faire partie de l’aviation. Il vouait à l’armée et l’aviation une passion extraordinaire, attisée par les visites régulières d’un cousin ayant acquis le grade de commandant. Mais il s’agit plus là de l’expression de son admiration pour la prestance et le symbole de fierté nationale que représente l’armée que d’une apologie des combats.Il se serait rendu au musée de la Seconde Guerre mondiale situé à Tosny près de Rouen peut-être pour se documenter. Et 1954, la famille fait l’acquisition de l’unique poste de télévision du quartier ce qui a permis à Arthur de voir des émissions sur son thème favori et d’y trouver connaissances et inspiration. C’est sans doute pourquoi le jour où, au début des années 1960, il décide de réaliser une girouette qui indiquerait la direction du vent, comme cela se faisait beaucoup à l’époque », Arthur choisit de lui donner la forme d’un avion. Et c’est comme ça que la "ferme aux avions" de Steenwerck est née, se peuplant année après année d’engins militaires volants et d’un certain nombre d’autres réalisations nées de cette passion pour l’histoire de l’aviation et de les représentations de matériel militaire. César Vanabelle raconte, à propos d’un canon une anecdote qui a certainement incité son frère à continuer son œuvre : un premier article de presse, paru dans la Voix du Nord dans les années 1960 intitulé Le canon c’est du bidon, raconte l’histoire d’un gendarme tellement intrigué par la présence d’un canon défensif, visant l’extérieur du site et installé dans la cour de la ferme qu’il est venu vérifier qu’il n’y avait aucun danger alors que ce canon si réaliste était est le résultat de l’assemblage de plusieurs bidons bariolés. Après les avions sur les toits de la propriété familiale qui fonctionnent comme des girouettes entrainées par le vent, A. Vanabelle décide de réaliser un char d’assaut à l’échelle 1 vers 1975. Pendant la seconde guerre mondiale, un tel engin a stationné dans les champs près de la ferme pendant 2-3 mois et des soldats ont passé quelques jours chez eux. Arthur Vanabelle et sa ferme aux avions ont eu l’honneur de la visite de grandes figures comme Pierre Messmer (ministre des armées sous De Gaulle) ou de Jacques Duquesne (écrivain nordiste). Ils ont aussi captivé l’attention des médias, dont parait-il la télévision japonaise, et les chaines françaises. Ils ont par exemple été cités dans les émissions le Petit rapporteur et la Lorgnette. Un court film réalisé par Gilles Amado a été diffusé à l’occasion dans une séquence de l’émission de J. Martin Incroyable mais vrai, en 1981.

Une maquette du site effectuée par un cabinet d’architectes et commandée par le Musée LAM de Villeneuve d’Ascq a été réalisée en 2010. Le centre de documentation du musée détient également une belle collection de photographies du site.

Rachetée en 2015 par un particulier, la ferme expose encore quelques œuvres mais beaucoup d'avions ont été mis à l'abri. Arthur Vanabelle est entré en maison de retraite le 21 octobre 2012 et son frère César l’y a rejoint en mars 2013 ; Arthur est décédé en septembre 2014.

  • Période(s)
    • Principale : 3e quart 20e siècle , daté par tradition orale
  • Dates
    • 1960, daté par tradition orale
    • 1975, daté par tradition orale
    • 1987, porte la date
  • Auteur(s)
    • Auteur :
      Vanabelle Arthur
      Vanabelle Arthur

      Arthur Vanabelle est un agriculteur né à Steenwerck dans les Flandres françaises. Il est connu pour avoir réalisé des sculptures, des peintures, et des objets relatifs à la guerre (avions, char) à partir d'objets de récupération sur le site de sa ferme dite "ferme aux avions" visible de l'autoroute A25 allant de Lille à Dunkerque.

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La ferme est constituée de plusieurs parties : le corps de logis, la grange, le pigeonnier, l’étable, la porcherie et un « atelier-débarras-fourre-tout » construit en 1938 où sont seront stockés tous les éléments nécessaires à la fabrication des girouettes.

Les armes, engins et avions militaires, canons, fusées et soldats sont réalisés avec des matériaux (bois, métal, fils de fer, ciment moulé, peinture) et surtout des objets récupérés comme des bidons d’huile de tracteur, des restes de machine à laver, de vieux ustensiles de cuisine, des tuyaux, des seaux ou bien encore des plaques d’immatriculation, des feux de voitures ou des enjoliveurs ramassés aux abords de l’autoroute A25 très proche. Les engins militaires étaient montés directement sur le toit après avoir été au préalable assemblées au sol une première fois.

Les œuvres pouvaient en effet peser jusqu’à 100kg. Toutes sont peintes de manière à être repérées de loin par les passagers des voitures se rendant sur le littoral en empruntant l’autoroute.

Le char d'assaut a été installé dans la cour à l’emplacement de la fumière qu’il a fallu combler entre autre avec des morceaux de poteaux en béton EDF récupérés dans la rue avec l’aide des agents de l’entreprise nationale. Quelques figures ont par la suite été ajoutées, sans être des réalisations des mains d’Arthur, comme ces deux pin-up qui posent devant le char côté maison.

On trouve également de très nombreux avions au sol, posés sur des axes verticaux semblables à des totems.

Un personnage de couleur avec képi est représenté à plusieurs reprises sur les pignons côté rue et sur le pigeonnier, il s’agit d’un soldat des colonies croisé pendant la guerre. On trouve également un légionnaire, une Marianne (peinte sur un support qui ressemble à un tamis) et un coq (peint directement sur le mur). Tous font référence aux symboles patriotiques.

Dans l’atelier se trouvent encore des personnages réalisés de toute pièce par Arthur pour servir d’épouvantails dans les champs. C’est avec beaucoup d’humour qu’il raconte avoir peints leur visages en noir pour effrayer les oiseaux ; il y avait cependant adjoint un panneau avec l’inscription « touche pas à mon pote ».

Au total, on trouvait 14 avions sur les toits des bâtiments de la ferme, une dizaine de canons dont sept situés à l'extérieur de l'enceinte de la ferme, trois ou quatre fusées et un char d'assaut.

Bibliographie

  • MONTPIED, Bruno. Eloge des jardins anarchiques. Montreuil : L'insomniaque, mars 2011.

  • DAVID, Francis. Guide de l'art insolite, Nord - Pas de Calais, Picardie. Paris : Herscher, 1984.

Date(s) d'enquête : 2013; Date(s) de rédaction : 2014
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général