Dossier d’œuvre architecture IA59005702 | Réalisé par
Girard Karine (Rédacteur)
Girard Karine

Chercheuse de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, Région Hauts-de-France.

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  • inventaire topographique, Le Quesnoy centre
Ancienne caserne Lowendal, actuellement centre culturel Lowendal
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté de communes du Pays de Mormal
  • Commune Le Quesnoy
  • Adresse rue Juhel
  • Cadastre 2024 OE 1606  ; 1897 E 21 et 22 21 : caserne et cour 22 : cuisine ; 1817 E 57 parcelle non bâtie sur l'état de section : propriétaire : hospices du Quesnoy, bâtiments en ruine
  • Dénominations
    caserne
  • Appellations
    caserne Lowendal
  • Destinations
    centre culturel, bibliothèque

La caserne Lowendal est édifiée entre 1837 et 1839 (date portée au centre de la façade), sur un emplacement précédemment occupé par des écuries et une caserne. De ces dernières, deux bâtiments rectangulaires parallèles disposés selon un axe nord-sud, déjà visibles sur un plan de la ville dressé en 1682 (ill.), il ne reste rien en 1798. L'état des bâtiments militaires établi cette année-là (AD Nord, 66J1722) indique seulement que ces bâtiments, construits par les Espagnols (soit dans le courant du XVIe siècle) et qui contenaient 56 chambres pour 280 hommes ainsi qu'un grenier pour les munitions, ont été ruinés lors du siège de 1793 et leurs matériaux vendus ou réutilisés ailleurs. L'état de section du cadastre de 1817 indique "ruines".

La nouvelle caserne d'infanterie longue de 120 m est édifiée sur les plans du capitaine de génie de la place, le capitaine Juhel. Ce type de caserne est dite "caserne à l’épreuve", c'est à dire capable de résister aux bombes de mortiers tout en étant assez confortable pour un casernement permanent. Le modèle en est fourni au début du XIXe siècle par l'ingénieur militaire Belmas. Depuis les fondations et jusqu'au dernier étage, chaque travée est constituée d’une superposition de voûtes en plein cintre, de deux mètres d’épaisseur, transversales à toute l'épaisseur du bâtiment. Ces superpositions sont installées côte à côte et indépendantes l'une de l'autre : la destruction de tout ou partie d'un ensemble ne provoque pas la ruine de toute la caserne. La stabilité de l’ensemble est assurée par les deux travées des extrémités, qui peuvent être construites sur le même principe de voûtes superposées, mais disposées perpendiculairement à celles de la partie centrale. Les murs de façade n'ont pas de rôle porteur. Bien que le terme soit anachronique, on peut donc parler ici de mur-rideau !

Des cuisines, situées dans un bâtiment indépendant, sont construites en même temps que la caserne et dans le prolongement de celle-ci. La séparation des deux bâtiments est une mesure pour éviter la propagation au reste du casernement d'un incendie qui se déclencherait en cuisine. Les vues aériennes de l'IGN permettent de dater entre 1969 et 1977 la construction d'une première extension et la modification des cuisines pour en faire la bibliothèque municipale, avec une seconde phase de travaux à la fin des années 1980.

Les cartes postales anciennes montrent un bâtiment sans décor précédé d'une grande cour fermée par un haut mur en brique sur un soubassement en pierre de taille. Le portail d'accès est situé dans l'axe central de la caserne. Il est constitué de grilles sur un mur-bahut en pierre de taille en demi-cercle venant empiéter sur la cour. De grosses piles couvertes par un chaperon carré et plat assurent la jonction entre le haut mur et le portail, ainsi que l'encadrement de la porte flamande qui en occupe le centre.

Elle est l'un des dernières casernes à être construite au Quesnoy, un peu avant le déclassement de la ville en 1867. On ne compte en France que 80 casernes de ce modèle (DALLEMAGNE, 1990). En effet, après 1870, les casernes casematées enterrées redeviennent la norme.

La caserne

Elle est située à proximité des remparts, à l'extrémité de la rue Juhel, longitudinalement par rapport à la rue et en retrait.

C'est un bâtiment de plan rectangulaire couvert par une toiture à longs pans et croupes, percée de lucarnes rampantes et d'une lucarne-pignon sur les croupes. Il est construit en briques posées en boutisses couchées sur un soubassement en grès en moyen appareil. La pierre bleue est utilisée pour l'encadrement des baies en arc segmentaire, pour le bandeau larmier qui traverse toute la façade sous les baies du second niveau, pour la corniche sommitale moulurée et les pilastres aux extrémités de la façade.

La façade principale compte cinq modules composés chacun de trois travées. La travée centrale, qui accueille la porte, est séparée des travées voisines par un large trumeau. Deux modules aveugles, formant un léger avant-corps, sont situés aux extrémités. Ils sont séparés de leur voisin par un pilastre. Le nom de la caserne et la date inscrits au-dessus de la porte et de la fenêtre au centre de la façade ainsi que les modules aveugles latéraux donnent son ordonnancement à la façade.

Les façades latérales sont identiques. Comme le module de la façade principale, elles présentent trois travées avec la porte au centre. Ce sont ces baies qui apportent de la lumière au dernier module du bâtiment. Une lucarne se trouve au droit de la travée centrale. Ses rampants, les sommiers de la baie et le claveau central sont en pierre bleue tandis que les pieds-droits en brique reproduisent un motif de chaine harpée. Côté sud, l'accès se fait de plein pied, mais côté sud, la porte est précédée d'un petit degré.

La façade arrière est parallèle au rempart. Elle présente la même élévation que la façade principale et les matériaux y sont mis en œuvre de manière identique. Elle n'est cependant percée que de fenêtres. La travée occupée par une porte et une fenêtre sur le module de la façade principale est ici remplacée par un mur plein.

Les cuisines

Situé à l'extrémité sud-est de la parcelle, c'est un petit bâtiment rectangulaire d'un seul niveau avec comble, couvert par une toiture débordante à longs pans, en tuile mécanique. Comme le casernement, il est construit en briques posées en boutisses couchées sur un soubassement en grès et les entourages de baies ainsi que les chaines d'angle sont en pierre bleue. La façade principale, située sur le mur-pignon côté sud-est, reprend le rythme des modules du bâtiment principal : trois travées avec une porte centrale, mais les trumeaux sont beaucoup plus étroits. Les baies sont couvertes par un arc segmentaire. La porte est précédée d'un seuil en pierre bleue et surmontée dans le pignon par une baie en plein cintre reposant sur un appui en pierre bleue. La baie, aujourd'hui bouchée, servait à l'origine à l'aération des cuisines. Un petit carré de pierre bleue, nu, est situé tout en haut du pignon.

La partie contemporaine reprend la même élévation et des formes de baies identiques. Les briques de la première extension sont posées en appareil picard, mais celles de la seconde sont posées en panneresses couchées. La façade sud-est, qui date des années 1980, est percée de deux grandes baies partant du sol : la première, à gauche, rejoint le rampant de la toiture ; la seconde, au centre, est couverte par un arc en plein cintre.

  • Murs
    • brique maçonnerie
    • grès moyen appareil
  • Toits
    tuile mécanique
  • Plans
    plan rectangulaire régulier
  • Étages
    1 étage carré, étage de comble
  • Élévations extérieures
    élévation ordonnancée
  • Couvertures
    • toit à longs pans croupe
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune

Documents d'archives

  • AD Nord. Série J, Documents entrés par voie extraordinaire depuis 1944 ; Sous-série 66, Archives de la direction régionale du Génie de Lille ; 66J1720 à 66J1722, Fortifications et bâtiments militaires - Sous-direction de Valenciennes - place du Quesnoy. Mémoire raisonné sur l'état de situation de la place du Quesnoy considérée dans tous ses établissements, 6ème année républicaine - 20 brumaire.

    AD Nord : 66J1722

Bibliographie

  • DALLEMAGNE, François. Les casernes françaises. Paris : Picard, 1990.

  • DEUDON, Jean-Marie. Mémoire en images : Le Quesnoy. Saint-Cyr-sur-Loire : Éditions Alain Sutton, 2006, 128 p.

Documents figurés

  • Plan du Quesnoy, dressé en 1682 (BNF-Gallica ; btv1b8445244k).

    BNF-Gallica : btv1b8445244k
  • Plan de la place du Quesnoy portant l'indication au moyen des signes conventionnels de l'état des manutentions des divers ouvrages de la place en juin 1880, plan levé par le chef du génie [signature illisible] (AD Nord. Série J, Documents entrés par voie extraordinaire depuis 1944 ; Sous-série 66 : ville du Quesnoy ; 66J1805).

    AD Nord : 66J1805
  • Le Quesnoy - Commune du Quesnoy - Aménagement et extensions de la ville - Etat actuel - Plan, par A. Guyomard, ingénieur-géomètre agréé à Lille, le 6 août 1921 (AD Nord ; Fi - Provenances diverses : plans concernant le département du Nord, 1581-1922 ; 50Fi2285).

    AD Nord : 50Fi2285
Date(s) d'enquête : 2023; Date(s) de rédaction : 2024
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Girard Karine
Girard Karine

Chercheuse de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, Région Hauts-de-France.

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