La production d'huile a historiquement compté dans l'économie des territoires composant aujourd'hui les départements du Nord et du Pas-de-Calais. Le moulin dit des Olieux (du latin "oleum", "huile") est ainsi dénommé par l'Association régionale des amis des moulins pour rappeler la part importante qu'ont longtemps prise les olieux, c'est-à-dire les fabricants d'huile ou tordeurs d'huile, dans la prospérité économique de la ville de Lille toute proche.

Sa première implantation connue est à Audruicq, dans le pays de Bredenarde (aujourd'hui dans le département du Pas-de-Calais, entre la plaine des wateringues et les collines de l'Artois). Il est probable qu'il ait été amené des Flandres où la culture des oléagineux était très répandue et où ce type de moulin est très présent depuis le Moyen Âge. En effet, outre la date de 1743 (confortée par une pièce à l'effigie de Louis XV découverte dans la charpente), le rouet porte la signature de Desmyttère, maître-charpentier de moulins établi dans le village d'Arnèke, près de Cassel (département du Nord).

Le moulin cesse son activité de tordoir à huile à la Révolution française. Dans la première moitié du XIXe siècle son mécanisme est modifié pour moudre de la farine désormais. Il cesse son activité à la fin du siècle. Le tordoir est en effet concurrencé à l'époque de la première Révolution industrielle par la machine à vapeur qui n'est pas tributaire du vent et offre un rendement supérieur. Les tordoirs ont en conséquence quasiment tous disparu du paysage septentrional à l'orée du XXe siècle.

En 1899, le moulin des Olieux est acquis en ruines par le meunier Alphonse Gourdin qui le fait démonter et remonter à Offekerque (Nord) en 1901-1902. Équipé d'une nouvelle tête en fonte, il produit bientôt de la farine avec deux meules. Sa cavette abrite le nettoyeur à blé et un élévateur à grain. Sa cage est équipée d'une bluterie. Gérard Gourdin, fils d'Alphonse, prend la suite de son père dans les années 1920. Découvrant les traces d'activité du tordoir originel (passage d'une cheminée de chauffage et de goulets pour l'écoulement de l'huile), il s'intéresse alors à son histoire qu'il établit avec le concours d'un peintre américain, Herman Armour Webster (1878-1970). Au cours de la Seconde Guerre mondiale, le moulin des Olieux moud des céréales secondaires tout en servant de poste d'observation aux Allemands. Son activité cesse en 1949 suite à la perte de deux de ses ailes et il est alors abandonné. Vers 1954, ses ailes restantes sont remontées sur le moulin Lianne à Offekerque. Son entrebut - la pièce de fer reliant les ailes au pivot central - y est également remonté vers 1960.

Ébéniste de formation et molinologue reconnu, Jean Bruggeman (né en 1943) découvre en 1965 le moulin des Olieux qu'il photographie et dessine. L'Association régionale des amis des moulins (ARAM) qu'il a fondée en 1973, le rachète en 1974 parce qu'il est l'un des neuf moulins à pivot qui subsistaient alors dans les départements du Nord et du Pas-de-Calais. Il est décidé de le remonter en 1976 à Villeneuve-d'Ascq - d'abord sur un emplacement provisoire puis l'année suivante sur un terrain de l'ÉPALE, l'aménageur public de la ville nouvelle - sur le principe d'un musée de plein air illustrant l'activité meunière dans la région. Tous les tordoirs à vent ayant disparu, la décision est prise de lui redonner sa fonction première, celle de moulin à huile, comme témoignage d'une production régionale emblématique. En 1979, le projet reçoit le troisième prix du concours des "chefs-d'œuvre en péril" de la Caisse nationale des monuments historiques. L'installation des ailes a lieu en 1982 et le moulin restauré, inauguré le 26 juin 1983, célèbre en même temps les dix ans de l'ARAM. Il produit de l'huile de lin depuis 1986.

Le moulin des Olieux est aujourd'hui le seul moulin à huile sur pivot au monde qui soit complet et en état de marche.