Dossier d’œuvre architecture IA59005708 | Réalisé par
Girard Karine (Rédacteur)
Girard Karine

Chercheuse de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, Région Hauts-de-France.

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  • inventaire topographique, Le Quesnoy centre
Ancienne caserne Palavicini, puis Théâtre des Trois Chênes
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté de communes du Pays de Mormal
  • Commune Le Quesnoy
  • Adresse 26 rue Baillon
  • Cadastre 2024 OE 845  ; 1897 E 424 caserne ; 1817 E 329 caserne
  • Dénominations
    caserne, théâtre
  • Appellations
    Caserne Palavicini, théâtre Des 3 Chênes
  • Destinations
    théâtre, cinéma

La caserne est édifiée vers 1720. Elle apparait sur le plan de 1721 dressé par Lajoue (ill.). Elle est construite à proximité du couvent des sœurs grises, et c'est d'ailleurs soue le nom de "caserne des sœurs grises" qu'elle apparait sur le plan de 1769 (ill.). À partir de 1792 (ill.), elle porte le numéro 80 et prend le nom de "caserne Sallée" du nom de la rue qui la borde. Les plans montrent un bâtiment rectangulaire couvert par une toiture à longs pans et croupes. Dans le document État des bâtiments militaires de 1798 (AD Nord, 66J1722), il est précisé qu'elle est destinée à l'infanterie, contient 16 chambres pour 92 hommes et qu'elle est entièrement couverte d'un grenier où les munitions sont stockées. Et le rédacteur précise "en très bon été, on on l'a réparée dans le courant de l'an 3". Cependant, le Mémoire sur la place du Quesnoy rédigé en 1846 en parle ainsi : "On ne sait à quelle époque elle a été construite. Elle a été cédée à la ville et reprise en 1818. Cette caserne est en assez bon état, mais elle est mal aérée et le rez-de-chaussée est humide et malsain. Elle contient 168 lits". Il semble cependant que la caserne ait davantage servi comme gymnase pour les militaires que comme lieu de casernement. À la veille de la Première Guerre mondiale, elle était presqu'exclusivement occupée par les magasins d'habillement du 84ème Régiment d'Infanterie.

Ce n'est que sur le cadastre de 1897 qu'apparait le nom de "Palavicini".

La caserne est définitivement remise à la ville en 1921. Dans le procès verbal établi par l'armée pour entériner cette remise (AD Nord, 66J1834), elle est ainsi décrite : "D'une contenance totale de 6 ares 61 centiares dont 3 ares 91 centiares de surface bâtie (...), comprenant trois bâtiments. Bâtiment A affecté au magasin d'habillement, avec rez-de-chaussée, étage et combles ; construit en maçonnerie de briques, charpente en bois, couverture en ardoises ; deux escaliers intérieurs en grès ; rez-de-chaussée dallé ; premier étage en partie carrelé et en partie planchéié ; a souffert du bombardement ; l'ameublement intérieur a disparu. Bâtiment B de 3x4 mètres à usage de latrines, en appentis couverture en ardoise ; Bâtiment C à usage de lavoir, lavoir en ciment découvert. Cour pavée en grès". Le prix est fixé à 15 000 francs.

La municipalité souhaite au départ en faire une salle des fêtes et un gymnase, mais c'est finalement le choix d'un théâtre à l'italienne qui s'impose. Cette transformation est due à la volonté du maire Daniel Vincent (1874-1946) qui, en 1925, prend une délibération demandant à utiliser les dommages de guerre non pour reconstruire la caserne, mais pour y bâtir ce style de théâtre. La dérogation est accordée (il aurait normalement fallu reconstruire un bâtiment dont la fonction aurait été identique à celle du bâtiment détruit). Cependant, afin de respecter la seconde contrainte liée à l'obtention de dommages de guerre, le théâtre conserve la volumétrie de la caserne qu'il remplace... C'est d'ailleurs tout ce qui rappelle l'ancienne caserne. En effet, les travaux entrainent la suppression des murs intérieurs et le renforcement des murs extérieurs (dont la création d'une nouvelle façade dans le style Art déco), une nouvelle toiture, la construction d'une scène et du cintre qui la couvre, d'une fosse d'orchestre, d'un balcon, de coulisses et de loges. Les travaux commencés en 1925 s'achèvent en 1928. L'inauguration a lieu le 3 février 1929. Sur les vues aériennes de l'IGN de 1929 et 1934, le théâtre est achevé.

À partir de 1987, la municipalité envisage la rénovation du théâtre et l'adjonction d'une salle de cinéma. Le projet est confié aux architectes Anne et Jean Dupont-Fauvarque. Les travaux ont lieu entre 1995 et 1998 (datation par comparaison avec les vues aériennes de l'IGN). Le nom "Théâtre des Trois Chênes" est issu d'une consultation des habitants.

  • Période(s)
    • Principale : 1er quart 18e siècle , daté par travaux historiques
    • Principale : 2e quart 20e siècle
  • Dates
    • 1720, daté par travaux historiques
    • 1928, daté par travaux historiques
  • Auteur(s)

Le théâtre occupe une parcelle à l'angle des rues de Valory et Baillon.

C'est un bâtiment rectangulaire couvert par une toiture à longs pans et pignon débordant et brisé pour la façade principale. À l'arrière, au-dessus de l'espace de la scène, se dresse un grand bâtiment, déjà visible sur les photos aériennes de 1929 et 1934. Toutes les façades du bâtiment sont enduites en béton, clairement visible au niveau du bow-window, et décorées d'un faux bossage plat continu. Le soubassement, également enduit, est mouluré.

La façade principale est ordonnancée à travées. Ces dernières sont matérialisées par des pilastres davantage que par la superposition des baies. Chaque travée n'est en effet percée que d'une seule baie, au premier niveau. Des fenêtres couvertes par un linteau encadrent la porte bâtarde centrale. Les linteaux s'achèvent par une corniche en doucine et un bandeau plat interrompu par une agrafe en forme de console venant brocher sur la doucine. Un petit fronton à redents couronne l'ensemble. Précédée d'un degré en pierre bleue, la porte, couverte par un linteau, s'inscrit sous un arc de décharge en plein cintre dont le tympan est décoré des armes de la ville. L'embrasure profonde est taillée en doucine. Les baies présentent un chambranle à cru appareillé, dont les joints s'inscrivent dans la continuité de ceux des bossages plats qui décorent le mur. Les appuis saillants des fenêtres forment un petit entablement reposant sur deux consoles cubiques. La porte est surmontée d'un bow-window aveugle. Décoré de tables rentrantes et surmonté d'une corniche moulurée, il est supporté par de petits corbeaux portant un décor de gouttes, larmiers et triglyphes. Ce décor se retrouve sur les consoles à volutes qui soutiennent les sommiers du fronton brisé.

La façade présente de nombreuses animations inscrites dans l'architecture : allèges en faible saillie par rapport au nu du mur, pleins de travée entre les pilastres occupés par des bandeaux encadrés par une bordure moulurée et décorée d'une frise de postes feuillagés*, moulures au-dessus et sous les rampants du pignon, chute de feuilles de laurier et fleur de lotus dans le fronton...

À droite de la façade du théâtre, l'ancienne porte flamande qui permettait l'accès à la cour de la caserne est occupée par un bâtiment contemporain en verre qui accueille aujourd'hui (2024) une salle de cinéma.

La façade rue Valory compte quatre travées. Toutes les fenêtres sont aveugles : l'intérieur est rempli par des montants en béton et un appareil de briques carrées. Elles ont un appui saillant s'achevant contre le mur par une petite moulure. Sous chaque baie, trois tables affleurées occupent l'allège. Les linteaux rappellent une architrave de temple : soutenus par des consoles avec chapiteau mouluré portant glyphes et gouttes, ils sont décorés de tables rentrantes et surmontés d'une corniche moulurée. Les pilastres qui marquent chaque travée s'achèvent par un chapiteau double décoré de glyphes. On retrouve dans la corniche sommitale, au-dessus de l'imposte courant entre les baies moulurées, le même décor plaqué de postes feuillagés* en bandeau que sur la façade principale.

Une des travées accueille en partie basse une porte de service à deux battants (circulation des décors) insérée dans le cadre de la baie. À l'extrémité gauche, la travée est encadrée par des pilastres à tambour reposant sur un tore décoré de moulures. Elle est percée d'une porte de service piétonne.

Hormis l'emprise au sol et la forme rectangulaire du plan, il est impossible aujourd'hui de retrouver dans le théâtre des traces de la caserne dont il est issu. Construit dans les années 1930, il présente nombre des caractères Art déco typiques des bâtiments publics, en particulier les références à l'architecture classique : consoles, motifs de postes de gouttes, consoles à volutes...ou encore le fronton brisé très géométrique et le bow-window.

*ou flots grecs, type de décor continu en forme de S.

  • Murs
    • enduit d'imitation
  • Plans
    plan rectangulaire régulier
  • Couvrements
  • Couvertures
    • toit à longs pans pignon découvert
  • Typologies
    Art déco
  • Techniques
    • sculpture
  • Représentations
    • laurier, fleur, écu
  • Précision représentations

    Le tympan au-dessus de la porte d'entré porte un décor plaqué en béton : un écu avec les armes de la ville (trois chênes) est entouré d'une couronne de feuilles de laurier dont la base porte la croix de guerre et sommé d'une couronne en forme de château fort dont les murailles sont ornées de tours.

    Le centre du fronton est décoré de feuilles de laurier en chute et d'un bouton de fleur de lotus qui surmonte le faisceau de feuilles.

  • Statut de la propriété
    propriété de la commune

Documents d'archives

  • AD Nord. Série J, Documents entrés par voie extraordinaire depuis 1944 ; Sous-série 66, Archives de la direction régionale du Génie de Lille ; 66J1720 à 66J1722, Fortifications et bâtiments militaires - Sous-direction de Valenciennes - place du Quesnoy. Mémoire raisonné sur l'état de situation de la place du Quesnoy considérée dans tous ses établissements, 6ème année républicaine - 20 brumaire.

    AD Nord : 66J1722
  • AD Nord. Série J, Documents entrés par voie extraordinaire depuis 1944 ; Sous-série 66, Archives de la direction régionale du Génie de Lille ; 66J1720 à 66J1725. Mémoire sur la place du Quesnoy, rédigé en exécution de l'article 42 de l'instruction du 22 mars 1842 sur la rédaction des projets dans les places, 1846.

    AD Nord : 66J1725
  • AD Nord. Série J, Documents entrés par voie extraordinaire depuis 1944 ; Sous-série 66, Archives de la direction régionale du Génie de Lille ; 66J1720 à 1874 : ville du Quesnoy ; 66J1834 : Direction du génie - Direction de Maubeuge - Chefferie de Valenciennes. Procès verbal de remise à la ville du Quesnoy des bâtiments militaires de la place lui appartenant en nue propriété, 1921.

    AD Nord : 66J1834

Bibliographie

  • AUXENT, Béatrice, DEBRABANT, Bernard. Le Quesnoy, connaissance d'une ville forte ou la métamorphose d'un lieu. Lille : CAUE (Conseil Architecture Urbanisme et Environnement) du Nord, 1999. 53 p.

  • DEUDON, Jean-Marie. Mémoire en images : Le Quesnoy. Saint-Cyr-sur-Loire : Éditions Alain Sutton, 2006, 128 p.

    p. 57

Documents figurés

  • Plan du Quesnoy [en ligne], dressé par Lajoue en 1721 (BNF-Gallica ; btv1b52053849).

    Tiré de : LAJOUE, Places du Haynault françois, 1721-1722.

    BNF-Gallica : btv1b52053849
  • Plan du Quesnoy, [s. n.], 1787 (BNF-Gallica ; btv1b8443936t).

    BNF-Gallica : btv1b8443936t
  • Plan du Quesnoy, [s. n.], 1792 (BNF-Gallica ; btv1b84439340).

    BNF-Gallica : btv1b84439340
  • Le Quesnoy, plan cadastral napoléonien de 1897. Section dite de la ville, en trois feuilles, 2ème feuille (AD Nord ; P31-761).

    AD Nord : P31-761
  • Vue aérienne du Quesnoy réalisée en 1929 (IGN. Photothèque nationale. 1929).

  • Vue aérienne du Quesnoy réalisée en 1934 (IGN. Photothèque nationale. 1934).

Date(s) d'enquête : 2023; Date(s) de rédaction : 2024
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Girard Karine
Girard Karine

Chercheuse de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, Région Hauts-de-France.

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