Situé en Flandre intérieure, le village d’Ochtezeele présente une occupation ancienne, probablement continue depuis le haut Moyen Âge. Le toponyme, d’origine flamande, est attesté dès le XIe siècle sous les formes Hostesela, Ochtsela ou Octesela. Il se compose vraisemblablement du nom de personne germanique Octingus et du terme sele, signifiant "maison" ou "sall", désignant à l’origine une demeure noble ou un domaine rural. En 1183, la forme Octingesele est attestée.

Ochtezeele fut le siège d’une importante seigneurie mouvante de la cour de Cassel, dont relevaient de nombreux arrière-fiefs dans les communes environnantes. La lignée seigneuriale locale s’éteint au XIVe siècle : en 1364, le domaine est acquis par Jean de Haverskerque, seigneur de Watten. En 1789, il appartient au marquis de Nedonchel. Le comté d’Abitshop, situé en bordure du village, constituait quant à lui une petite seigneurie dépendant de l’abbaye Saint-Winoc de Bergues.

La motte féodale d’Ochtezeele témoigne de cette histoire seigneuriale. Située à environ 200 m au nord-est de l’église, le long de la rive droite de la Peene Becque, elle est ceinturée d’un large fossé en eau alimenté par un petit bief. Une basse-cour s’étendait au sud-est, partiellement détruite au XIXe siècle lors du percement de la ligne ferroviaire Lille–Dunkerque. Le site est classé au titre des Monuments historiques depuis 1979 ( PA00107768).

Au Moyen Âge, Ochtezeele appartient au comté de Flandre et relève de la châtellenie de Cassel. L’église paroissiale, dédiée à saint Omer, dépend d’abord du diocèse de Thérouanne, puis de celui de Saint-Omer à partir du XIIIe siècle. Elle conserve des vestiges romans du XIIe siècle, bien que son édifice principal remonte à une période de reconstruction importante, en 1527. Avant le Concordat, la commune relevait du diocèse d’Ypres ; elle fait aujourd’hui partie de la Flandre Maritime.

La Révolution française bouleverse l’organisation sociale et religieuse du village. Le clergé est dispersé, les biens ecclésiastiques sont confisqués. La tradition orale évoque la cache de prêtres réfractaires dans certaines habitations durant cette période troublée.

Le XIXe siècle marque une lente transformation du village. Le cadastre consulaire de 1805 atteste d’une voirie différente : la rue Principale actuelle n’existait pas encore, et le cimetière entourait alors entièrement l’église. Ce n’est qu’en 1833, avec le cadastre napoléonien, que la nouvelle rue est représentée, remplaçant la partie sud du cimetière.

L’école primaire, dont la création est attestée dès 1837 dans les archives départementales (AD Nord, 2O444/23 et 24), s’installe dans une habitation ancienne dont la construction remonte au moins au début du XIXe siècle, comme en témoigne sa présence sur le cadastre consulaire. Une nouvelle école est construite en 1911, bâtiment toujours en usage aujourd’hui. Elle sera partiellement transformée en mairie dans les années 1990.

C'est dans la deuxième moitié du XIXe siècle que s'implante la ligne entre Lille et Dunkerque directement à l'est du centre bourg. Il s'agit d'une ligne ferroviaire stratégique du nord de la France, mise en service progressivement entre 1861 et 1876 par la Compagnie des chemins de fer du Nord. Elle relie Arras à Dunkerque via Hazebrouck, desservant notamment les communes de Saint-Pol-sur-Ternoise, Berguette, Hazebrouck et Arques. Elle fut conçue pour favoriser le développement industriel et agricole du Nord-Pas-de-Calais, en connectant l’intérieur des terres aux ports de la mer du Nord. Dès la fin du XIXe siècle, elle joue un rôle important pour le trafic de marchandises, notamment de houille et de produits sidérurgiques. Électrifiée au XXe siècle, elle reste aujourd’hui un axe ferroviaire actif, intégré au réseau TER Hauts-de-France, et constitue un maillon majeur du corridor ferroviaire entre l’intérieur des terres et les ports flamands.

Au XXe siècle, Ochtezeele reste un village essentiellement agricole, à l’écart des grandes mutations industrielles. Néanmoins, plusieurs événements ponctuent son histoire récente : pendant la Seconde Guerre mondiale, une casemate d’infanterie (Champs-du-Coatre – CEZF-C) est construite dans le cadre de la ligne de défense de Cassel. En 1972, le développement ferroviaire achève de modifier le paysage autour de la motte féodale. À partir des années 1980, un développement urbain significatif s’amorce à l’ouest de la Peene Becque, avec la création de lotissements résidentiels.

Enfin, plusieurs fermes anciennes témoignent de l’histoire agraire du territoire : le ferme Cambier, datée de 1664, la ferme du Tomhof qui porte la date de 1803, Certaines fermes (non étudiées) sont également à signaler : la ferme "Kastanjebomen", datée de 1777, au 706 rue de la Mairie ; la ferme dite "Abisthof" (ancienne seigneurie), au 521 rue des Huit-Mesures ; ainsi qu’un autre établissement du XVIIIe siècle, situé au croisement de la route de Saint-Omer et de la rue des Huit-Mesures.

Aujourd’hui, Ochtezeele conserve un tissu bâti traditionnel remarquable, composé de fermes, chaumières et maisons en brique, témoignage d’un habitat rural préservé. Ce patrimoine ancien coexiste avec un développement résidentiel maîtrisé, reflet de la vitalité actuelle du village.