Dossier d’œuvre architecture IA60001597 | Réalisé par
Dufournier Benoît
Dufournier Benoît

Chercheur au service régional de l'Inventaire de 1985 à 1992, en charge du recensement du patrimoine industriel.

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Fournier Bertrand
Fournier Bertrand

Chercheur de l'Inventaire du patrimoine - Région Hauts-de-France

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  • patrimoine industriel, arrondissement de Compiègne
Ancienne abbaye cistercienne puis filature de coton et tissage de la Société des établissements d'Ourscamp, puis Compagnie d'Ourscamp, puis Société d´Ourscamp Mercier Meyer, puis Moritz et Cie
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté de communes des Deux Vallées - Ribécourt-Dreslincourt
  • Commune Chiry-Ourscamp
  • Lieu-dit l' Abbaye-d'Ourscamp
  • Dénominations
    abbaye, fonderie, filature, tissage
  • Genre
    de cisterciens
  • Précision dénomination
    filature de coton, tissage de coton
  • Appellations
    Société des établissements d'Ourscamp, Compagnie d'Ourscamp, Société d´Ourscamp Mercier Meyer, Moritz et Cie

Vendu comme bien national à la Révolution, l´abbaye cistercienne d´Ourscamp, fondée au 12e siècle sur l´emplacement d´un oratoire élevé par saint-Eloi, devient d´abord la demeure de Maximilien Radix de Sainte-Foy, puis celle de Pierre Toussaint-Delachaussée à partir de 1813. Le 26 juin 1822, Delachaussée crée la Société des Etablissements d'Ourscamp, qui réunit un certain nombre d'actionnaires sous la présidence de Louis Armand Julien. L'objectif est de créer à la fois une fonderie de fer et une filature de coton. Le 13 mai 1823, Delachaussée cède le château d'Ourscamp (ancien logis abbatial) à la société, pour la somme de 160000 francs. Le site est dirigé par deux industriels de Senlis, Jeanneret et de Rougemont qui possèdent déjà une filature de coton qu'ils ont aménagé en 1804 dans l'ancienne abbaye de Senlis. Ils créent d'abord la fonderie de fer près de l'ancien cloître de l'abbaye, et implantent surtout une succursale de leur filature senlisienne. Plusieurs ouvriers et contremaîtres originaires de la région de Senlis arrivent d'ailleurs à cette époque à Ourscamp et sont logés sur place. D'emblée, la volonté de faire un établissement exemplaire est affirmée. Les industriels font venir d'Angleterre les machines les plus perfectionnées. En 1825, à la mort de Jeanneret, Charles de Rougemont s´associe à Edouard Charles Gautier d'Agoty, filateur douaisien, et Hubert Félix Lecomte pour créer la société "Rougemont et Cie". A cette date, la filature fonctionne avec deux machines à vapeur. Une première cité ouvrière, appelée « les Grandes maisons » est construite pour fixer sur place le personnel à proximité de l´usine complètement isolée. Mais après le décès de Rougemont, la situation s'avère économiquement difficile. Gautier d'Agoty est contraint de dissoudre l'entreprise en mai 1831. L'activité reprend l´année suivante sous la direction de Louis Hubert Félix Lecomte qui crée la S.A. d´Ourscamp. En 1842, l´industriel aménage une école et un asile destiné à l´éducation d´une soixantaine d´enfants. En 1844, Lecomte est contraint d´abandonner son activité au profit d´Achille Peigne-Delacourt, auparavant médecin à Ham. La compagnie d´Ourscamp est créée le 22 septembre 1844. D´emblée, Peigne Delacourt souhaite donner encore plus d´importance à la manufacture. Pour cela, il renouvèle une grande partie des machines et renforce son personnel, venu notamment des Vosges. Parmi eux figure un jeune contremaître, Auguste Mercier. Parallèlement, avant 1846, il fait construire trois autres cités ouvrières, dont la cité du Jeu d´Arc, et une autre réservée aux nouveaux contremaîtres. En 1849, l´usine est reliée à la voie ferrée qui relie Paris à Saint-Quentin via Compiègne et Noyon. Entre 1851 et 1861, l´accroissement de l´effectif de l´usine impose la construction de nouvelles cités, dites Les « Maisons Neuves », ainsi que le logement des comptables. En 1863, la manufacture est décrite comme l´une des plus belles fabrique de coton de France et la plus importante du département de l´Oise. A cette époque, alors que l´industrie cotonnière est en crise, en raison de la guerre de Sécession, Peigne-Delacourt préfère se consacrer à sa passion pour l´archéologie et cède la direction de l´usine à Auguste Mercier. Celui-ci s´associe rapidement à Henri Meyer pour former, en 1864, la Société d´Ourscamp Mercier Meyer. A partir de 1875, Paul Thirial, beau-frère d´Auguste Mercier, devient sous-directeur. Parallèlement Georges Alfred Kiener, beau-frère d´Henri Meyer, prend une part importante dans l´actionnariat de l´entreprise. Ce dernier remplace Henri Meyer à la co-direction de l´entreprise en 1885. Auguste Mercier décède en 1898 et lègue sa fortune à son neveu, Frédéric Moritz. Parmi les clauses de l´héritage figure la direction de la filature de coton que cet ingénieur de l´école Polytechnique relève avec fierté. En 1914, Frédéric Moritz est mobilisé. Les Allemands investissent l´usine le 30 août 1914 et utilisent les équipements industriels pour la réparation de leur matériel. En 1915, l´Etat Major français décide de « nettoyer Ourscamp de l´ennemi ». Le site est bombardé pendant trois jours. Tous les bâtiments sont incendiés et détruits. A la fin de la guerre, les bâtiments industriels et les cités ouvrières ne sont pas reconstruits. Les indemnités de dommages de guerre de la société Moritz et Cie sont cédées à la Compagnie Nouvelle des Sucreries Réunies qui concentre les capitaux pour la construction de la sucrerie d'Eppeville (Somme). Technique La filature de coton est la première de France à utiliser un batteur-étaleur, utilisé jusqu'alors dans les filatures anglaises. Toutes les machines sont d'ailleurs importées de la région de Manchester et répondent à un nouveau système technique, que diffuse Le Conservatoire des Arts et Métiers en 1828. L'article de Leblanc détaille avec précision le système de barres à broches qui remplace le système plus communément utilisé de broches à lanternes (cf. annexe n°1). A Ourscamp, les 25000 broche mull-jenny fonctionnent grâce à une machines à vapeur (système Watt et Bolton) de 55 chevaux et une seconde de 12 chevaux. En 1832, la filature comprend 28 000 broches pour les préparations de tissage et 10 000 pour les chaînes parées. Elle produit 200 tonnes de coton filé, dont une trentaine est utilisé localement dans le petit atelier de tissage mécanique de l'usine qui comporte une quinzaine de métiers et surtout dans les nombreux tissages à domicile d'Ourscamp et des villages environnants (245 métiers recensés en 1838) ; le reste est envoyé vers d'autres tissages d'Amiens de Saint-Quentin et du Nord. En 1850, le tissage compte 356 métiers, y compris ceux à domicile qui restent largement majoritaires. Approche humaine et sociale En 1825, le hameau d´Ourcamp se compose de 63 habitants et l´usine se trouve éloignée des grands foyers de main d´oeuvre. Le dénombrement de 1826 recense 207 habitants non stables employés à la manufacture : 54 à l´intérieur de l´établissement et 153 aux grands bâtiments neufs, qui bordent la route de Carlepont. En 1831, l'arrêt de la filature se rélève dans le recensement de population qui n'est plus que 281 habitants, dont 35 fileurs, 8 fileuses, 6 contremaîtres, 2 employés aux écritures, 3 mécaniciens, un dévideur, mais beaucoup d´ouvriers habitent également en dehors du hameau. En 1834, l'usine emploie 146 hommes, 55 femmes et 303 enfants des deux sexes. Mais en 1836, l'entreprise est à nouveau prospère. La manufacture emploie alors 504 ouvriers et employés. Une première ville-usine se dessine autour de l´usine. Un boulanger, et un instituteur sont présents sur place et font parti de l´effectif de l´entreprise. La loi relative au travail des enfants du 22 mars 1841 est l´occasion de souligner l´importance des enfants travaillant à la manufacture d´Ourcamp. En 1842, ils sont 148, répartis en à peu près équitablement. En 1856, la manufacture emploie 450 ouvriers. En 1861, Ourscamp compte 724 habitants, dont 353 Français, 251 Belges, 19 Hollandais, 5 Prussiens, 3 Polonais. En 1863, l´usine compte 470 employés, avec une part de plus en plus importante de Belges et de Luxembourgeois. En 1886, sur les 1389 habitants du hameau d´Ourcamp, le recensement signale la présence de 888 étrangers. En 1891, le hameau compte 1483 habitants, dont 824 étrangers Les recensements de population permettent d´évaluer à 900 travailleurs venus du Luxembourg entre 1865 et 1914. En 1901, la population du hameau atteint 1335 habitants. En 1902, l´usine, qui comprend 274 femmes dont 224 au tissage et 84 enfants, apprentis tisseurs et fileurs, va connaître une grève retentissante. L´application de la loi Millerand-Colliard du 30 mars 1902, qui institue la journée de 10 h 30 dans les usines qui emploient des femmes et des enfants, constitue le point de départ de cette grève. Pour compenser le temps de travail perdu, la direction décide de diminuer de 50 centimes le salaire quotidien des ouvriers et confie aux tisseurs la conduite de trois métiers au lieu de deux. Le refus de ces nouvelles conditions de travail provoque une première grève des tisseurs entre le 12 et le 15 avril. Après un rapide retour à l´ordre et la création d´une chambre syndicale des fileurs et tisseurs d´Ourscamp, la situation va se dégrader à nouveau avec le refus de M. Moritz de recevoir les représentants syndicaux. Le 29 mai, 250 ouvriers se remettent en grève. Une centaine d´entre eux est immédiatement licenciée. Près d´une centaine d´ouvriers, considérés comme les meneurs, sont licenciés. Cette décision entraîne une grève massive du personnel de la manufacture, dont les conditions de travail sont exacerbées par le syndicaliste Klemczynski. Durant plus de six mois, chacun va rester sur ses positions. La grève s´achève officiellement le 20 novembre 1902, mettant fin au plus long conflit social que département de l´Oise connut. Le dernier recensement avant la guerre, réalisé en 1911, fait état de 558 employés et ouvriers, dont 304 hommes et 254 femmes répartis en 57 spécialisations.

  • Période(s)
    • Principale : 1er quart 12e siècle, 2e quart 19e siècle, 3e quart 19e siècle

Le site est isolé, mais bénéficie pour son développement industriel de la présence de la rivière La Dordonne et de l´Oise canalisée à partir de 1828. Il est également desservi par un embranchement ferroviaire relié à la gare d´Ourscamp, sur la ligne Paris Saint-Quentin. Après les bombardements de 1915, il n´est rien resté des bâtiments industriels. Seuls subsistent quelques éléments des cités ouvrières, dites « Maisons neuves », construites en pierre calcaire, à un étage carré et combles. Autour du cloître étaient regroupés les ateliers de cardage, la filature et le tissage (le grand atelier et le petit atelier).

  • État de conservation
    établissement industriel désaffecté, vestiges
  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Protections
    classé MH, 1840
    classé MH, 1943/06/16
    classé MH, 2004/07/06
    classé MH, 2004/09/03
  • Précisions sur la protection

    Classement par liste de 1840 : ruines de l'abbaye. Classement par arrêté du 16 juin 1943 : bâtiments conventuels et leurs dépendances ; la grille d'entrée et le terrain situé à l'intérieur d'un polygone délimité par les lettres ABCDA sur le plan annexé à l'arrêté. Classement par arrêté du 6 juillet 2004 : douves sèches de l'entrée d'honneur ; l'ensemble des murs de clôture de l'abbaye (cad. D 16 à 19, 26, 71, 96). Classement par arrêté du 3 septembre 2004 : portail médiéval de la basse-cour, sis rue de l'Abbaye (cad. D 37).

  • Référence MH

Documents d'archives

  • AD Oise. Série M. Mp 2563 : Etablissements insalubres, incommodes et dangereux, commune de Trosly-Breuil (1832-1938)

    Mp 2440 : commune de Chiry-Ourcamp (1830-1840)
  • AD Oise. Série R ; 10 Rp 1865. Dommages de guerre 1919-1932. Sucrerie de Berneuil, 1921.

    10 Rp 1378 : Chiry-Ourscamp, 1921

Bibliographie

  • BESSE, Jean-Pierre. La révolte d'Ourscamp, 1902. Annales historiques compiégnoises, 1981, n° 13.

    p. 43-65
  • BESSE, Jean-Pierre. Jérome Augustin Mercier (1830-1898). In WISCART, Jean-Marie (dir). Les patrons du Second Empire : Picardie. Le Mans : Cénomane, 2007.

    p. 102-103
  • BONNARD, Jean-Yves. La manufacture de velours d'Ourscamp 1823-1923. Chiry-Ourcamp : Association pour la Restauration de de l'abbaye d'Ourscamp, 2006.

  • BONNARD, Jean-Yves. "La plus grande entreprise de l'Oise au XIXe siècle : la manufacture de velours d'ourscamp (approche sociale)". Actes du colloque Histoire & Patrimoine industriels de l'Oise, 17 et 18 mars 2007.

    p. 53-59
  • CAILLAUD, Marthe. La filature d'Ourscamp et l'histoire de ses ouvriers 1825-1925. Ressons-sur-Matz : Association historique du Ressontois, 1994.

  • CAILLAUD, Marthe. Souvenirs sur la filature d'Ourcamp au début du siècle. Annales historiques compiégnoises, 1982, n° 18.

    p. 49-54
  • COET, Emile. Peigné-Delacourt. In Tablettes d'histoire locale. 4e partie. Compiègne : A. Mennecier, 1889.

    p. 267-270
  • LE BLANC, V., MOLARD, M. Nouveau système complet de filature de coton, usité en Angleterre, et importé en France par la compagnie établie à Ourscamp, près Compiègne. Paris : Bachelier, 1828.

  • RENE-MARIE, Père. Histoire de l'abbaye d'Ourscamp : la période industrielle. Bulletin de l'Association des Amis des Serviteurs de Jésus de Marie, 1969, n° 70.

Documents figurés

  • Plan de la filature de coton d'Ourscamp, 1877 (AD Oise ; Mp 2440).

  • Ecoles et logements d'institutrices de la manufacture d'Ourscamp, 1908 Carte postale (AP / Collection J.-Y. Bonnard).

  • [Sortie des ouvriers de la manufacture d'Ourscamp], vers 1905 (AP ; Collection J-Y. Bonnard).

  • Ourscamps (Oise). Cour de l'Usine et sortie des Ouvriers, carte postale, avant 1914-1918 (AP).

  • Constat estimatif des dégâts de la filature Moritz, photographies, 1921 (AP).

Annexes

  • Nouveau système complet de filature de coton usité en Angleterre et importé en France par la compagnie établie à Ourscamp, près Compiègne
  • Les conditions de travail et l'esprit paternaliste à la manufacture d'Ourcamp.
  • Annexe n°3
Date(s) d'enquête : 1990; Date(s) de rédaction : 1999
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Dufournier Benoît
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Chercheur au service régional de l'Inventaire de 1985 à 1992, en charge du recensement du patrimoine industriel.

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Fournier Bertrand
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