Dossier d’œuvre architecture IA60003153 | Réalisé par
  • inventaire topographique, Communauté de communes Oise Picarde
Le village de Doméliers
Œuvre repérée
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté de communes de l'Oise Picarde
  • Commune Doméliers
  • Dénominations
    village
  • Parties constituantes non étudiées
    abreuvoir, remise de matériel d'incendie, monument aux morts, place, croix de chemin, puits, mairie, école, usine de boutons

Doméliers est situé entre Le Saulchoy à l’ouest et Le Crocq à l’est. Au nord, la vallée de la Selle tend ses premiers bras. La route de Crèvecoeur à Breteuil, ancienne route royale de Rouen à La Capelle, se trouve au sud du village. Il se situe sur un plateau couvert de cultures, qui se creuse toutefois au nord, à l’embouchure de la vallée de la Selle. Doméliers était rattaché à l’ancien canton de Crèvecoeur-Le-Grand. En 2017, le village comptait 248 habitants répartis en 110 logements dont 84,3% de résidences principales. L'habitat est concentré dans le chef-lieu.

Doméliers est un exemple parfait de village-rue : le bâti est réparti le long d’une rue unique et large, à usoir. Ce dernier, jadis ponctué de nombreuses mares, est aujourd’hui garni de pelouses et traversé par la route. La longue bande que forme le village est ceinturée d’un sentier de Tour de Ville, qui la sépare de la zone d’openfield, comprenant les terres cultivées. La rue de la Grange aux Genêts coupe perpendiculairement le village en son milieu. Le village s'est structuré autour du pôle paroissial composé de l'église et de son presbytère. Au 19e siècle, une mairie-école et une place publique aménagée ont été implantées juste au sud.

Comme dans l'ensemble des villages de l'ancien canton de Crèvecœur, les habitants de Doméliers ont surtout été sergers au 19e siècle. Les formes actuelles de l'habitat en témoignent avec une typologie de maisons spécifiquement liée à la forte présence de cet artisanat: logis sur rue (façade majoritairement, plus rarement pignon) souvent constitué d'un passage charretier. Si les villageois ont toujours partagé leur temps entre travaux des champs et fabrication textile à domicile, les activités agricoles deviennent prédominante à partir du dernier quart du 19e siècle. Cette évolution explique que ce sont des fermes, surtout construites ou reconstruites dans la première moitié du 20e siècle, qui marquent le paysage du village. Une fabrique de boutons de nacre s'implante rue d'En Bas et emploie de nombreux habitants jusque dans la première moitié du 20e siècle.

Origines et événements marquants

La première occurrence connue de "Domeliers" date de 1150 et provient des Titres de l'Évêché d'Amiens. D’après É. Lambert (1982), ce toponyme serait composé du bas latin "domnus" qui signifie "saint" et du prénom "Hilaire". Pourtant, le saint patron du village est saint Firmin, sous le vocable duquel se trouve l’église. Quoi qu’il en soit, Doméliers s’est très certainement développé autour de domaines ecclésiastiques, puisque ses terres appartenaient au chapitre cathédral d’Amiens. En effet, en 850, le comte d’Amiens Angilwin cède ses terres de Doméliers (avec d’autres dont celles de Fontaine, Lavaquerie et Bonneuil) au chapitre amiénois. Une tradition orale rapporte également qu’au 12e siècle, le seigneur de Doméliers, qui était chanoine d’Amiens, décide de céder toutes ses possessions au chapitre d’Amiens, par haine envers son neveu hériter. Apprenant les intentions de son oncle, l’héritier l’assassine alors que le contrat avec le chapitre d’Amiens venait d’être scellé. Le chapitre achète la mairie (c'est-à-dire l’échevinage, possédant des droits et juridictions spécifiques) et ses dépendances à Jean de Doméliers en 1276 ainsi qu’un fief en 1329. D’anciennes carrières de craie dure au nord du village (ainsi qu’à Croissy et Fontaine-Bonneleau) ont été exploitées pour la construction de la cathédrale d’Amiens.

En 1636, Doméliers est incendié par les troupes espagnoles au cours de guerres qui ont dévasté nombre de villages du plateau picard.

Un moulin à vent se situait sur le territoire communal de Doméliers. Visible sur la carte de Cassini (18e siècle), il était situé au sud du village, avant la route de Rouen, au lieu-dit "Le Chêne". C’est peut-être le moulin mentionné dans le recensement de 1856. Il n’existe plus en 1901.

Au 19e siècle des familles aisées s'installent dans le village. Le portail d'entrée du n°29 rue Principale témoigne de la présence d'un ancien château (certainement une grosse maison bourgeoise) remontant probablement au 19e siècle. Il est déjà détruit sur le cadastre de 1938. D'après un témoignage oral, cette demeure aurait appartenu à la même famille qui fait construire la maison bourgeoise en brique au n°18 rue Principale dans la seconde moitié du 19e siècle. La famille Thorel qui a habité cette demeure a son tombeau en forme de chapelle dans le cimetière.

Il existait une briqueterie à la sortie sud du village, à l’écart des habitations. Elle est déjà visible sur le plan d’état-major et Louis Graves la mentionne en 1836.

Une fabrique de boutons de nacre s'ouvre dans la seconde moitié du 19e siècle. Elle se trouvait au n°91 rue Principale.

Les bombardements qu'a connus le plateau picard en 1940 ont fortement touché Doméliers. De nombreuses maisons et fermes ont été détruites, comme l'ancien château du village, dont il reste le portail d'entrée au n°29 rue Principale. Les habitations ont été reconstruites dans le cadre des subsides octroyés pour dommages de guerre.

Évolution de la morphologie et du parcellaire

Comme le montre la carte d’état-major de la première moitié du 19e siècle, l’habitat est dense et aggloméré. Il est réparti sur des parcelles régulières en lanières fines, implantées perpendiculairement à la rue et au sentier du Tour de Ville, à l’arrière. Le cadastre de 1938 montre un bâti un peu plus clairsemé. De la carte d’état-major (1820-1866) au cadastre actuel, la morphologie de Doméliers n’a pas évolué. À la suite d’une baisse démographique provoquée par l’exode rural à partir de la seconde moitié du 19e siècle, de nombreux logements sont abandonnés et les parcelles se dénudent. Les bombardements de mai 1940 ont également détruit un grand nombre d'habitations. À partir de la seconde moitié du 20e siècle, plusieurs fermes et maisons sont reconstruites et des pavillons résidentiels modernes sont construits sur les parcelles vides, en restant à l’intérieur de la ceinture originelle du Tour de Ville.

Lieux partagés et structurants

Collecter et partager l'eau

Les sols crayeux et poreux du plateau picard ont conduit les habitants à se grouper autour des lieux de collecte de l’eau. Puits et mares témoignent encore des aménagements anciens imposés par les déterminismes géologiques locaux. Trois puits communaux sont encore en place aujourd’hui (contre 5 en 1902 et 4 en 1938). Ils prennent la forme, répandue dans les villages des environs, de petits édicules architecturés en pierre calcaire, surmontés d’un toit à deux pans. Ils ont été comblés, mais leur architecture a été conservée. Si 11 mares peuvent être identifiées le long de l’usoir sur la carte d’état-major (1820-1866), elles ne sont plus que deux aujourd’hui, dans la partie centrale du village. La première, juste au sud de l’église, est à côté du bâtiment de pompes qui servait également de refuge pour les indigents. La seconde, un peu plus au nord, est canalisée par un mur en brique.

Croix de chemin et Tour de Ville: les limites de Doméliers

Élément caractéristique des villages du plateau picard, le Tour de Ville de Doméliers est particulièrement bien conservé. Il ceinturait les parcelles habitées et les séparait de la zone de plaine cultivée. Au fond de chaque parcelle, après le potager et le verger, un portillon aménagé dans le mur de clôture permettait d’accéder au sentier du Tour de Ville. Au sud du village, la rue du Saulchoy dessert les sections orientale et occidentale du Tour de Ville. Celles-ci rejoignent la rue de la Grange aux Genêts au milieu du village. Au nord, un sentier se trouve juste après la dernière habitation, à l’ouest, et rejoint le Tour de Ville. Seule la section orientale est incomplète dans cette partie du village.

Les croix de chemin servaient de bornes situées aux extrémités et intersections des villages. Six ont été recensées à Doméliers. L’une d’elle matérialise la limite méridionale du village, à l'intersection de la rue Principale et de la rue du Saulchoy. Une seconde est située à 1km700 du village, au bord de la route menant à Crèvecœur et Breteuil. Placée à un croisement, elle signale la présence de la route conduisant à Doméliers. Deux croix sont également implantées aux deux intersections de la rue de la Grange aux Genêts et du Tour de Ville. Quant à la limite nord, elle est marquée par une croix en bois portant une crucifixion. Au cœur du village, l'ancienne croix du cimetière qui entourait l'église est surmontée de l’archange Gabriel soufflant dans sa trompette pour annoncer le Jugement Dernier.

Les équipements publics du 19e siècle

La mairie-école et la place publique ont toutes les deux pris place au coeur du village, juste au sud de l'église. La mairie-école est construite dans le 3e quart du 19e siècle. Le logement de l'instituteur est installé en fond de cour, dans la première décennie du 20e siècle. Les toilettes visibles dans la cour de l'école sont d'origine.

Au n°48 rue Principale, dans le bâtiment situé en fond de cour, une salle de bal communal se trouvait au premier étage. Le logis actuel, sur la rue, devient la nouvelle salle communale. Il date de la période de reconstruction des années 1950.

  • Période(s)
    • Principale : Moyen Age
    • Principale : Temps modernes, 18e siècle
    • Principale : Epoque contemporaine, 19e siècle, 20e siècle

  • Murs
    • brique
    • calcaire moellon
    • torchis pan de bois
    • calcaire pierre de taille
  • Toits
    ardoise, tuile mécanique
  • Typologies
    vallée sèche ; village-rue ; tour de ville
  • Statut de la propriété
    propriété publique
    propriété privée
    propriété de la commune

Documents d'archives

  • AD Oise. Série J ; sous-série 49 J : 49 Jp 13. Doméliers. Inventaire des croix et calvaires. Archives de l'association pour la connaissance et la conservation des calvaires et croix du Beauvaisis, 2007.

  • AD Oise. Série M ; sous-série 6 M: 6 Mp 232. Doméliers. Recensements de population (1820 à 1936).

Bibliographie

  • DELATTRE, Daniel. Le canton de Crèvecoeur le Grand - Promenade dans le temps. Grandvilliers : Editions Delattre, 2011.

    p. 21-27.
  • DELETTRE, André (Abbé). Histoire du diocèse de Beauvais, depuis son établissement au IIIe siècle jusqu'au 2 septembre 1792. Beauvais : Impr. de A. Desjardins, 1842-1843

    p. 416.
  • GRAVES, Louis. Précis statistique sur le canton de Crèvecœur, arrondissement de Clermont (Oise). Annuaire de l'Oise. Beauvais : Achille Desjardins, 1836.

    p. 46-47.
  • LAMBERT, Émile. Dictionnaire topographique du département de l'Oise. Amiens (Musée de Picardie) : Société de linguistique picarde, 1982 (tome 23).

    p. 183.
  • Notice descriptive et statistique sur le département de l'Oise. Paris : Imprimerie du service géographique, 1902.

    p. 238.
  • OISE. Archives départementales. Répertoire méthodique détaillé de la sous-série 2 O. Administration communale. Établi par le bureau des archives modernes, archives départementales de l’Oise, 2019.

    p. 543-544.
  • SEILLIER, abbé. Crèvecœur-le-Grand. Première partie : la seigneurie. Beauvais, 1892.

    p. 236.

Documents figurés

  • Doméliers. Cadastre rénové, section A, feuille 2, 1938 (AD Oise ; 1964 W 55).

  • Doméliers (Oise). Environs de Crèvecœur. Doméliers. La Grande Rue, carte postale, Debray-Bollez éditeur, 1er quart du 20e siècle (coll. part.).

  • Doméliers (Oise). L’église, carte postale, Debray-Bollez éditeur à Crèvecœur, 1er quart 20e siècle (coll. part.).

  • Doméliers (Oise). Le Café du Commerce et Grande Rue, carte postale, Langlot éditeur, 1er quart 20e siècle (coll. part.).

  • Doméliers (Oise). Place de la Mairie, carte postale, De Moor éditeur, 1er quart 20e siècle (coll. part.).

  • Doméliers. La rue d'En Bas et la fabrique de boutons, carte postale, Debray-Bollez éditeur, 1er quart 20e siècle (coll. part.).

Annexes

  • Les activités anciennes des habitants et habitantes de Doméliers
Date(s) d'enquête : 2020; Date(s) de rédaction : 2020
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général