Dossier d’œuvre architecture IA60005340 | Réalisé par
Chamignon Lucile (Rédacteur)
Chamignon Lucile

Chercheuse de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, Région Hauts-de-France (depuis 2020).

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  • inventaire topographique, Communauté de communes Oise Picarde
Château (détruit)
Œuvre étudiée
Auteur (reproduction)
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
  • (c) Collection particulière. Droits réservés

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté de communes de l'Oise Picarde - Saint-Just-en-Chaussée
  • Commune Hardivillers
  • Cadastre Compte tenu de l'extrême division du domaine après sa vente, les parcelles correspondant à son emprise sont aujourd'hui trop nombreuses pour être toutes relevées. De plus, en l'absence de la planche de section du cadastre napoléonien, le parcellaire d'origine ne peut pas être détaillé ici.

Louis Graves signale la présence d’une seigneurie laïque à Hardivillers en 1189 lorsque Radulphe de Ygi d’Hardivillers cède ses terres à l’abbaye de Breteuil. En 1239, Pierre Hamons en est le seigneur.

D’après les recherches de Philippe Seydoux (2009), le fief d’Hardivillers et Maisoncelle est acheté en 1498 par Pierre Le Gendre, seigneur d’Alincourt. Il les lègue à sa mort à Bertrand de Kerquifinen en reconnaissance de ses services rendus. À la fin du XVIe siècle, sa descendante, Catherine de Kerquifinen épouse Charles Barentin, maître et président de la Chambre des Comptes.

La famille de Barentin (elle est anoblie au cours du XVIIIe siècle) acquiert également la terre et le château d’Hétomesnil. En raison de la présence de nombreux ateliers de tissage à Hardivillers, Charles-Louis de Barentin décide de se focaliser sur ces terres et entreprend la construction d’une grande demeure en 1785. Toutefois, il émigre à la Révolution et ses biens, dont le château et son mobilier, sont saisis.

Le cadastre de 1810 permet d'appréhender l'emprise parcellaire du domaine. D'après ce document ainsi qu’un dessin du château réalisé en 1867 (reproduit dans l’ouvrage de Philippe Seydoux), la demeure se trouve alors au centre d’un parc aménagé, au milieu d’un espace circulaire ouvert sur quatre allées et orienté nord-est/sud-ouest. La porte dite "du Clos", porche en pierre en plein cintre, ferme le domaine au nord et se trouve au bout de la rue de la Grand Cour (Baticle, 1992).

Le logis, de style néo-classique, comprenait un corps central flanqué de deux ailes. Le dessin en élévation laisse apparaître son ordonnancement symétrique en travées régulières. Corps central et ailes comptent quatre niveaux : un rez-de-chaussée (destiné au service), deux étages (le premier avec de hautes baies) et un comble aménagé. En visite en avril 1794, le commissaire chargé de diviser le domaine en lots indique que le château est construit en pierre de taille et couvert d’ardoise. Cette demeure est associée à un vaste parc de vingt-huit arpents et une ferme. Cette dernière se trouvait juste au nord-est du château et consistait, d’après le cadastre de 1810, en un long bâtiment disposé parallèlement à la rue (aujourd’hui rue de la Grand Cour). Il était prolongé en retour par deux bâtiments plus étroits. Construit en pierres et couvert de tuiles, il comprenait les écuries, granges à foin, et grandes remises (Baticle et Thibault, 1992).

Le château est complètement inhabité et vidé de ses meubles dès 1801. En effet, lors de son passage dans la région à cette date, le préfet Cambry signale que le site est hanté par des bandes de démons "vêtus en présidents, en conseillers de robe rouge, toujours entourés de tourbillons de feu" au point que seul le fermier habitait "cette demeure de démons et de réprouvés""".

Après la Révolution, Charles-Louis de Barentin parvient à racheter à Pierre-Étienne Le Couteulx une partie des biens vendus dont le château et le parc. En contrepartie, il doit se résoudre à des opérations de morcellement qui sont autant de sources de litiges. Après sa mort en 1819, ses petits-enfants préfèrent le château de Meslay-le-Vidame en Beauce et se défont de celui d’Hardivillers en 1826 au profit de M. Rançon. Ce dernier fait abattre la plus grande partie des bâtiments pour vendre les pierres. Au début du XXe siècle il ne reste que les maçonneries ruinées de l’un des pavillons latéraux comme l’illustrent certaines cartes postales de l’époque. La porte "du Clos" a été démolie en 1948-1949 tandis que les derniers vestiges du château ont disparu en 1997.

Une exploitation agricole a remplacé l’ancienne ferme du château. En partie détruite par les bombardements de 1940, la plupart des bâtiments, dont le logis, ont été reconstruits dans les années 1950. Les murs de l’ancien bâtiment côté nord ont été intégrés dans les maçonneries de deux bâtiments de la ferme (mur-pignon du bâtiment aligné sur la rue et mur gouttereau du bâtiment nord). En dehors de la ferme, dans la ruelle du Château, des piliers de portail et un pavillon à plusieurs pans semblent être les derniers témoignages de l’entreprise de Charles Barentin.

Quelques vestiges de l’ancien château sont toujours visibles. Une ferme se situe aujourd’hui sur une partie de l’emplacement de l’ancien château. Il reste quelques maçonneries, en moellon et en pierre de taille, dans le pignon nord du bâtiment agricole aligné sur la rue de la Grand Cour (n°17 de la rue de la Grand Cour). Il comprenait une ouverture en arc plein cintre aujourd’hui comblée. De plus, le mur gouttereau nord du bâtiment en retour, entièrement édifié en moellons de pierre est peut-être le mur d’une construction plus ancienne.

D’autres vestiges se trouvent dans la ruelle du Château. Un mur en pierre de taille est identifié dans le jardin de la maison au n°9 et les piliers d’un portail ancien en brique et pierre sont toujours debout dans le virage de la ruelle. Un peu plus loin, un pavillon à six pans est toujours en place. Comprenant deux niveaux, il est construit en pierre et couvert d’un toit polygonal en ardoise. Le chemin aboutit à un second portail plus important. Il est constitué de deux hauts piliers, l’un en brique, l’autre en brique et pierre et conserve sa grille en fer forgé.

  • Murs
    • calcaire moellon
    • pierre de taille
    • brique
    • brique et pierre
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    2 étages carrés
  • Couvertures
    • toit polygonal
  • État de conservation
    détruit, vestiges
  • Statut de la propriété
    propriété privée

Bibliographie

  • BATICLE, Serge, THIBAULT, André. Monographie sur Hardivillers (Oise). [s. l.] : [s. ed.], 1992.

  • SEYDOUX, Philippe. Châteaux et gentilhommières en pays de l'Oise. Tome 1 : Beauvaisis, Vexin, pays de Bray, Plateau picard et pays de Clermont. Paris : La Morande, 2010.

    pp. 174-176.

Documents figurés

  • Hardivillers (Oise). Ruines du château, carte postale, éd. Désenclos et Labitte, [1er quart du XXe siècle] (coll. part.).

  • Reproduction d'un dessin du château d'Hardivillers, [premier quart du XIXe siècle] (coll. part.).

Date(s) d'enquête : 2023; Date(s) de rédaction : 2023
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Chamignon Lucile
Chamignon Lucile

Chercheuse de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, Région Hauts-de-France (depuis 2020).

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