Dossier d’œuvre architecture IA60005352 | Réalisé par
Chamignon Lucile (Rédacteur)
Chamignon Lucile

Chercheuse de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, Région Hauts-de-France (depuis 2020).

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  • inventaire topographique, Communauté de communes Oise Picarde
L'habitat du village d'Hédencourt
Œuvre repérée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté de communes de l'Oise Picarde - Saint-Just-en-Chaussée
  • Commune Saint-André-Farivillers
  • Dénominations
    maison, ferme

Un village constitué essentiellement de fermes

 

Comme la population d’Hédencourt a toujours été principalement agricole, l’habitat traditionnel est illustré par la ferme de type "picard" (grange sur rue et logis en fond de cour). Quelques fermes à cour, sièges d’exploitations plus vastes à l’origine souvent ancienne, se répartissent le long de la Grande Rue.

 

                Les fermes picardes : le type d’habitat majoritaire

 

Elles consistent en une grange alignée sur la rue, une cour étroite fermée sur les côtés par divers bâtiments (liés à l’élevage, bûcher, fournil…) et un logis en fond de cour. La parcelle s’étire ensuite jusqu’au sentier du tour de ville et comprend le potager, le verger et parfois la pâture. Ces fermes étaient le siège de petites ou moyennes exploitations sur lesquelles pouvait vivre la famille d’un petit cultivateur, d’un ménager, d’un manouvrier ou d’un artisan.

Plusieurs exemples sont à citer dans la Grande Rue. Certaines fermes sont de petite taille avec une seule entrée charretière permettant de pénétrer dans la cour (n°76 (ill.), n°34) tandis que d’autres en comptent deux, l’entrée de la grange et l’entrée de cour (n°57 (ill.)). La taille de l’exploitation est souvent proportionnelle à la taille de la grange dans laquelle étaient stockées les récoltes. Compte tenu des dimensions imposantes de leurs granges, les fermes au n°62 et au n°29 étaient des exploitations entre les mains de riches propriétaires.

 

                Les fermes à cour : des domaines anciennement constitués

 

Siège des exploitations les plus anciennes et souvent les plus importantes du village, ces fermes se structurent autour d’une cour fermée par les bâtiments agricoles et le logis. Quatre fermes de ce type (toujours en activité) ont été relevées à Hédencourt et sont espacées de manière régulière le long de la Grande Rue.

Leur entrée est fermée par un portail (ferme au n°56 de la Grande Rue et celle au n°6 ruelle Caron qui a deux accès, l’un sur la Grande Rue côté logis, l’autre sur la ruelle Caron côté ferme) ou d’un passage charretier (n°74 Grande Rue (ill.)).

Les logis de deux fermes sont en pierre et de même forme (une cave et un rez-de-chaussée) et semblent remonter à la même période, autour de 1800. Un bandeau de pierre court sur la façade au-dessus des ouvertures. Les fers d’ancrage du premier (n°9 de la Grande Rue (ill.)) portent la date de 1791. Le logis de la ferme au n°6 de la ruelle Caron est construit sur le même modèle à l’exception de la présence d’une corniche plus saillante.

Si les bâtiments agricoles de la première ferme ont presque disparu (seuls les murs en pierre d’un long bâtiment (ancienne grange ?) sont encore visibles le long de la placette côté sud), ceux de la seconde sont encore en place mais plus récents (grange reconstruite en briques en 1868 d’après les fers d’ancrage en haut de son pignon côté sud). Un ancien pigeonnier en brique s’élève au milieu des bâtiments longeant le côté nord.

L’ancienneté des logis de ces deux fermes laisse penser à des domaines constitués sous l’Ancien Régime, potentiels "chefs-lieux" de fiefs. Il est plus difficile de dater les deux autres domaines implantés au centre du village (n° 56 et n°74 de la Grande Rue (ill.)). Leurs bâtiments semblent tous avoir été reconstruits en brique dans la seconde moitié du XIXe siècle et au début du XXe siècle, peut-être sur des bases plus anciennes. Le logis du n°74 (ill.) est percé de nombreuses fenêtres et s’élève sur deux niveaux.

 

Les maisons

 

                Les logis anciens sur rue : des maisons d’artisans ?

 

Ils sont construits en pans de bois et torchis et sont antérieurs aux années 1900. L’alignement du logis sur la rue renvoie le plus souvent à une activité artisanale et/ou commerciale, les bâtiments techniques se trouvant relégués en fond de cour.

Le premier se trouve à l’entrée nord du village (n°4 de la Grande Rue (ill.)). La niche creusée dans la façade abritait une statue de la Vierge, volée en 2007. D’après les recherches de l’Association pour la Connaissance et la Conservation des Calvaires et des Croix du Beauvaisis (ACCCCB), elle portait l’inscription "NOTRE DAME de PAIX / Fait par moi / PRY DAIX / 1814". Pry Daix serait un tailleur de pierre né en 1795 dans le village.

Le second logis (n°31 de la Grande Rue) est impressionnant par ses dimensions (large et long bâtiment qui s’élève sur trois niveaux dont un comble servant de stockage) et pourrait être identifié comme une ancienne fabrique (une fabrique de gants est, par exemple, mentionnée en 1846).

Enfin, le dernier situé au n°72 de la Grande Rue (ill.) prend la forme des logis de sergers ou de petits artisans tabletiers particulièrement nombreux dans le canton de Crèvecœur mais moins fréquents en zone de plaine cultivable. S’élevant sur deux niveaux, il est percé d’une entrée charretière.

 

                Lotissement des Haies Villet et pavillons

 

À partir des années 1960, de nouvelles maisons sont construites dans le village, remplaçant les petites fermes. Des pavillons s’implantent dans la Grande Rue. Ils sont élevés en milieu de parcelle. Celui situé au n°61 de la Grande Rue est édifié en 1961 (date portée). À la faveur de la reprise démographique des années 1980, d’autres logements de ce type sont construits, en particulier à la sortie sud du village et dans la rue de Montagne de Cose.

Un programme de lotissement HLM est réalisé en 1991 (COMMELIN, 2006). Les sept pavillons, dotés chacun d’un garage, sont élevés en retrait de rue à la sortie nord d’Hédencourt (ill.).

 

Évolution de l’emploi des matériaux de construction

 

Les matériaux traditionnels les plus employés sont le pan de bois et le torchis. Les exemples de construction qui les utilisent sont rares aujourd’hui mais il est possible de citer les logis sur rue cités ci-dessus ainsi que des granges de fermes picardes (n°41 (ill.) et n°76 (ill.)). Le bois est présent dans quelques "grand'portes" de granges ou de passages charretiers comme au n°8 de la Grande Rue (ill.).

Hédencourt se distingue surtout par une bonne représentation des constructions en pierre, certainement en raison de sa proximité avec des carrières (GRAVES, 1832). L’une d’elles se trouvait sur la route de Campremy, un peu avant l’église. Outre les deux logis des fermes à cour citées ci-dessus (n°6 de la ruelle Caron et n°9 de la Grande Rue (ill)), une maison en pierre se trouve au n°5 rue de Montagne de Cose. Une ancienne construction (ancienne école de garçons évoquée par COMMELIN, 2006) intégrée dans un bâtiment aligné sur la rue au n°87 est également maçonnée en calcaire (pierre de taille et moellons) (ill.). Le logis, implanté en retrait de rue derrière un portail en brique, se remarque par son architecture cossue, utilisant la pierre pour souligner les ouvertures et orner la façade d’un bandeau continu.

La brique supplante toutefois ces deux premiers matériaux à partir de la seconde moitié du XIXe siècle, période au cours de laquelle de nombreux édifices sont reconstruits. Tel est le cas de la grange appartenant à la ferme au n°6 de la ruelle Caron portant la date de 1868. Ce matériau est également privilégié dans les constructions du début du XXe siècle (bâtiments alignés sur la rue de l’ancien café aujourd’hui salle des fêtes, ferme à cour n°56 de la Grande Rue).

À partir du dernier quart du XXe siècle, les constructions pavillonnaires sont réalisées en béton.

  • Période(s)
    • Principale : 4e quart 18e siècle
    • Principale : 19e siècle, 3e quart 19e siècle
    • Principale : 20e siècle, 3e quart 20e siècle
  • Dates
    • 1791, porte la date
    • 1868, porte la date
    • 1991, daté par travaux historiques
  • Statut de la propriété
    propriété privée

Bibliographie

  • COMMELIN, Gérard. Saint-André-Farivillers : son histoire. [s. l.] : [s. ed.], 2006.

Documents figurés

  • Saint-André-Farivillers. Cadastre rénové, section A, feuille 2, 1940 (AD Oise ; 1964 W 154).

Date(s) d'enquête : 2023; Date(s) de rédaction : 2023
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Chamignon Lucile
Chamignon Lucile

Chercheuse de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, Région Hauts-de-France (depuis 2020).

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