Robert Lemaire, né le 19 novembre 1924 à Hersin-Coupigny, est issu d'une famille de « bricoleurs ». Sa mère tenait un commerce de quincaillerie et son père maréchal-ferrant, ferronnier, réparateur de poêles en fonte, de cuisinières à bois, travaillait le cuivre rouge et jaune pendant ses heures de loisirs et réalisait de petits objets raffinés en étain ainsi que des miniatures qu’il soudait. Son frère né en 1916 était plombier et a réalisé une table avec des roues de vélos. On lui doit la « main qui sort du mur » de l'atelier qu'on peut voir encore aujourd'hui.
Pendant son enfance, R. Lemaire étudie à l’école de Hersin-Coupigny. Vers l'âge de 20 ans, il entre, grâce à son frère qui y travaille déjà, au centre de formation des Houillères du Bassin du Nord Pas de Calais à Noeux-les-Mines comme apprenti riveteur. Il y apprend à manier le tour et se passionne pour ce métier qu'il adorait, en partie à cause du bruit que produisent ces activités, peut-être retrouve-t-il dans bruit des girouettes qui tournent au vent un souvenir de son métier. Après son apprentissage, il est embauché comme riveteur, aleseur et fraiseur aux Houillères où il fera toute sa carrière. Il y travaille pour effectuer des travaux très précis sur les trains, les wagonnets en réparation et tous les objets demandant précision au centième ou au millième près d'après des plans complexes. Il aime beaucoup riveter car c'est un travail de minutie et de précision. A la fermeture des Houillères, il refuse de quitter le Pas de Calais pour s'installer en Alsace et rejoint les effectifs de l'usine d'engrais de Mazingarbe (filiale des Houillères du bassin du Nord Pas de Calais) où il occupe les mêmes fonctions. Il est licencié à l'âge de 55 ans et mis en pré-retraite. C'est alors qu'il commence à réaliser des moulins, des girouettes et des mobiles qu’il installe dans son jardin. Il y met la même passion que lorsqu'il était ouvrier des mines et réalise ses pièces comme un orfèvre (travail à l'aide d'un palmer, micromètre).
Il a acheté cette maison en 1954, et il y effectue des travaux d'aménagements qu'il réalise après son travail avant d’y emménager en 1955-1956. Ce n’est que 20 ans plus tard, une fois à la retraite, qu’il se consacre au décor du jardin.
La première réalisation est la reproduction à l'échelle d'une coccinelle rouge à points blancs et noirs. Aujourd’hui, des girouettes sur le toit du garage sont visibles de la rue, le muret et la façade du garage sont peints en jaune et les tuiles du toit sont de différentes couleurs (rouge, vert, gris).
Les plus vieux mobiles sont ceux posés sur poteaux métalliques comme le premier réalisé avec une mitre (extracteur de fumée mécanique) que ses collègues lui ont offert à sa retraite, c’est ainsi que tout a commencé. Puis R. Lemaire s’est mis à décorer tout ce qui pouvait l’être (pieux, clôture située devant la maison, portail, porte d’entrée).
Le garage servait d’atelier et de lieu d’exposition d'objets de collections dont des casques de soldats de différentes époques trouvés chez des brocanteurs et d’objets comme des horloges ou des meubles décorés.
D’après son fils, décorer son jardin était l’unique passion de son père qui est resté littéralement obsédé par ce travail jusqu’à la fin de sa vie. La plupart de ses projets étaient conçus la nuit. Il était aussi capable de copier, c'est-à-dire d’observer un objet, d’en comprendre la complexité et de le réaliser après avoir pris quelques mesures ou dessiné à main levée sur un carnet. C’est d’ailleurs ainsi qu’il s’est révélé en réalisant une coccinelle à l’échelle.
Un peu surréaliste, musicien, R. Lemaire aimait se faire remarquer et de nombreux visiteurs sont venus admirer ses œuvres. Des journalistes du journal la Voix du Nord sont venus à deux reprises pour l’interviewer. R. Lemaire est décédé le 10 octobre 2010.
Aujourd’hui (octobre 2014) un certain nombre des objets du garage-atelier n'existent plus. La petite fille de monsieur Lemaire occupe la maison et tente de conserver un maximum de girouettes in situ mais le temps qui passe et les intempéries détériorent les objets réalisés pendant près de trente ans. Elle se charge de repeindre et d’entretenir au mieux les objets toujours en place mais certains ont été déplacés ou tout simplement supprimés car trop détériorés. Certaines girouettes réalisées avec des pales ou des rames en plastique risquent de casser à cause des intempéries.
Photographe au service régional de l'Inventaire général du patrimoine culturel.