Dossier d’œuvre architecture IA62002951 | Réalisé par
  • enquête thématique régionale, jardins remarquables
Maison et jardin d'Henri Dalpez
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté d'agglomération de Lens-Liévin - Lens
  • Commune Loos-en-Gohelle
  • Lieu-dit Le Champ Mailly
  • Adresse 569 chemin des Croisettes
  • Cadastre 2014 Y 02 1008

Né en 1932 de parents venus travailler dans les mines du bassin minier Nord-Pas-de-Calais, Henri Dalpez n’a jamais appris à dessiner mais se rappelle qu’écolier, pendant les bombardements de la Seconde Guerre mondiale, dans les abris, l’instituteur demandait aux élèves de « faire un dessin ».

Jeune adulte, il effectue son service militaire en Allemagne pendant dix-huit mois puis est rappelé pour la guerre d’Algérie. Comme son père, il travaille au fond de la mine en tant que galibot pendant quatre ans avant de passer un examen pour devenir ouvrier maçon et ainsi quitter le métier de mineur. Il travaille ensuite dans différentes entreprises de construction et de rénovation de l’habitat un peu partout dans la région et termine sa carrière en tant que maître-ouvrier. Henri Dalpez vit dans cette maison entièrement construite en béton qui lui vient de ses parents et qu’il a agrandie après le décès de son père.

Henri Dalpez n’a pas beaucoup voyagé mais il a tout de même visité quelques villes françaises, comme Nice et Marseille, et sillonné un peu la Côte d’Opale. De son passage en Afrique du Nord, il se rappelle les étendues de sable arides et désertiques, les arbres secs, les chameaux et leurs habitants vêtus d’habits traditionnels très colorés. C’est peut-être dans ces souvenirs qu’il puise son inspiration et son goût pour les couleurs chaudes et vives.

C’est en 1959 qu’il commence à peindre les murs de sa maison. Ses premiers dessins représentent surtout des étendues d’eau et des arbres. Chaque année, il repasse du blanc sur les parois pour recommencer et créer un nouveau décor.

La date du 27 mai 2001 est notée ainsi que la signature H. Dalpez sur la façade antérieure de la maison.

  • Période(s)
    • Principale : 2e moitié 20e siècle, 3e quart 20e siècle, 4e quart 20e siècle
  • Dates
    • 2001, porte la date

Aujourd'hui, les dessins laissés sur les murs de sa maison (dont le jardin est clôturé) montrent des femmes, des animaux, des arbres ou la mer réalisés avec de la peinture pour extérieur, à l’huile de lin. Certaines scènes sont délimitées par des cadres fictifs comme si l'artiste avait exécuté des tableaux et quelques-unes sont signées.

Des visages d’hommes ou de femmes très souriants et à l’air espiègle sont peints sur des panneaux posés sur les rebords de fenêtres comme s’ils regardent ou guettent en s’en moquant le spectacle du monde extérieur. Les autres ouvertures sont elles aussi comblées de panneaux peints comme pour empêcher l’extérieur d’entrer à l’intérieur. À l’avant de la maison, une toile enduite de dessins de fleurs de toutes les couleurs couvre la surface de la fenêtre. Sur la façade latérale, visible de la rue, Henri Dalpez peint de nombreux visages de femmes, des fleurs et des arbres.

Aucune des parois y compris celle de la cheminée n’échappe à la peinture. C’est aussi le cas d’autres objets du quotidien en plastique (poubelle, pot de fleurs, chaise, transat, bidon, boîte aux lettres sur laquelle est dessiné un perroquet) qui sont également recouverts de peinture de couleurs vives : vert, jaune, rouge.

Un des thèmes favoris de l'artiste semble être les souvenirs de voyage, réels ou rêvés, dans des contrées exotiques aux couleurs chatoyantes, agrémentés de dessins de belles femmes. Les animaux emblématiques de l’Afrique tels les girafes, zèbres et lions se dressent au milieu d’une oasis où le vert des palmeraies se mêle au bleu azur du ciel et de l’eau et où des femmes en tenue légère se baignent.

On remarque également des scènes semblant se passer dans le Grand Nord avec des esquimaux, des phoques et des pingouins perdus sur une étendue blanche. L’ensemble donne à voir des représentations où les détails sont saisissants de réalité. Quelques figures, semblant avoir été réalisées plus récemment, représentent des personnages farfelus mi-homme mi-animal comme une guenon ou des visages aux bouches béantes ou en forme de cœur, peints sur la façade côté rue.

Henri Dalpez utilise aussi l’écriture comme moyen d’expression et appose sur les murs de sa maison des messages caustiques et mystérieux qui, d’après quelques témoignages, s’adressent à ceux qui n’apprécient pas ses dispositions artistiques et ses couleurs vives. On trouve également des numéros sur les parois de sa maison en béton (616, 95, 42, 27, 275, 98), une annotation "tout le quartier", le mot "con" et une signature "Dalpez Henri".

Enfin, devant la maison, des figures pseudo-humaines (buste et tête) très expressives, presque grimaçantes (grand nez, grandes oreilles) et des perroquets géants modelés en ciment et peints de couleurs bariolées sont posés derrière la grille du jardin. Les figures, grimaçantes et peu avenantes, se limitent à un torse sans pieds ni bras ni jambes posé sur un pieu métallique tels des bustes ou des mannequins de couture. Elles sont disséminées un peu partout sur le terrain, en particulier dans le jardinet situé devant la maison. Elles semblent placées ainsi pour délivrer des messages aux passants et au voisinage. Des représentations de perroquets ou aras font d'ailleurs écho, peut-être, aux commérages du voisinage : l'un est réalisé en plâtre peint de rouge et jaune vifs pour le corps et bleu pour les yeux.

  • Typologies

Cette maison et son jardin sont l'une des manifestations d'art brut régional dans les édifices privés.

L'étude a été réalisée en 2014 et décrit son état à cette date.

Bibliographie

  • CARRE, Laurence. Pré-enquête pour l'inventaire du patrimoine culturel du bassin minier Nord-Pas-de-Calais, dans le cadre de la candidature à la classification UNESCO. Association Bassin Minier Uni, Loos-en-Gohelle, juin-septembre 2008.

    p.184-187
Date(s) d'enquête : 2014; Date(s) de rédaction : 2015
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Van Bost Nathalie
Van Bost Nathalie

Chercheur de l'Inventaire général.

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