Dossier d’œuvre architecture IA62003071 | Réalisé par
Mahieu Aure-Elise (Rédacteur)
Mahieu Aure-Elise

Étudiante-architecte à l'Ecole Nationale Supérieure d'Architecture et de Paysage de Lille (2012-2018). Collaboration avec le service de l'Inventaire général du patrimoine culturel des Hauts-de-France dans le cadre de ses travaux universitaires (2017).

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  • opération ponctuelle, Lycées de la région Hauts-de-France
Lycée hôtelier, anciennement dit Cité éducative européenne du Touquet
Œuvre recensée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté d'agglomération des Deux Baies en Montreuillois
  • Commune Le Touquet-Paris-Plage
  • Adresse avenue du Château
  • Cadastre 2017 AL 229
  • Dénominations
    lycée, collège
  • Précision dénomination
    lycée professionnel
  • Appellations
    Cité éducative européenne du Touquet, lycée hôtelier du Touquet
  • Destinations
    école professionnelle

Conçu entre 1966 et 1972 par l’architecte Boulonnais Pierre-André Dufetel (1922-2014), Grand Prix de Rome en 1958, le Lycée hôtelier du Touquet, appelé alors Cité éducative européenne du Touquet, est bâti dans un parc arboré sur un terrain de forme triangulaire, qui accueillait l’Hôtel Royal Picardy. Implanté en Y, le bâtiment se développe principalement au niveau du rez-de-chaussée. Il est articulé autour d’une tour de onze étages en forme d’étoile à six branches superposées en quinconce, puissant signal dans le paysage du Touquet. Le projet imaginé par Pierre-André Dufetel est conduit par Louis Quételart et Pierre Quételart, les architectes d’opération. L’État fait appel à un architecte à la reconnaissance nationale et à un autre à la légitimité territoriale pour réaliser le lycée hôtelier d’une ville touristique balnéaire en pleine expansion et aux ambitions internationales. D’abord lieu de villégiature des Anglais, Le Touquet devient aussi, après la Seconde Guerre mondiale, celui des Parisiens. La réalisation du lycée hôtelier vient asseoir et concrétiser l’ambition touristique de la ville et doit permettre la formation de la jeunesse à l’art de l’hôtellerie. Le grand complexe éducatif du Touquet est constitué, selon le programme fixé par le Directeur de l’Équipement Scolaire Universitaire et Sportif en 1967, d’un Lycée Technique Hôtelier, d’un Collège d’Enseignement Technique Hôtelier (C.E.T.), d’un Collège d’Enseignement Secondaire (C.E.S.) et enfin de logements pour le personnel éducatif.

I. De l’échelle locale à l’internationale

A. Des origines Touquettoises au premier formalisme

Sur les traces du Royal Picardy

Dès ses origines, la Cité éducative européenne du Touquet se trouve au cœur d’un vaste système de connexion, allant de l’échelle locale à l’échelle européenne. En effet, situé dans l’axe principal de la place de l’Hermitage, le terrain destiné à accueillir la Cité scolaire est occupé, jusque fin août 1968, par les ruines du plus luxueux palace de la ville : le Royal Picardy (1929, Pierre Drobecq et Louis Debrouwer architectes). L’occupation successive du même site est l’occasion pour l’architecte de créer un lien entre l’hôtel luxueux disparu et la future Cité scolaire. La première esquisse de 1967 montre que l’implantation urbaine du projet reprend presque exactement la forme de celle du Royal Picardy. La géométrie est simplifiée, les formes arrondies sont supprimées, mais les contours de l’empreinte du Royal Picardy semblent dessinés très légèrement au sol.

Le plan masse du projet évolue par la suite et s’éloigne de l’emprise initiale du Royal Picardy. Néanmoins, les deux ailes formant un V au sud-est du bâtiment seront maintenues et reprises au cours des différentes phases de projet.

L’esquisse de 1968, une unité architecturale

L’esquisse de 1968 révèle quant à elle l’unité architecturale de la composition d’un ensemble hôtelier. Les espaces extérieurs sont désormais articulés et hiérarchisés.

Un volume unique fait face à l’axe de la place de l’Hermitage, formant une implantation en Y, dominé en son centre par une tour rectangulaire à huit étages : l’internat, qui semble être le point d’articulation de la nouvelle composition, avec le théâtre à l’est. L’élévation du projet dévoile des jeux formels expressifs d’une esthétique plus proche de celle des formes libres de l’architecture moderne brésilienne que des villas composant le paysage urbain du Touquet.

Au premier plan se détachent la façade des restaurants du Lycée hôtelier et le théâtre, basés sur la figure géométrique du triangle. Mais au-delà de la recherche formelle toujours présente dans le travail de Pierre-André Dufétel, cette esquisse révèle la volonté d’exprimer une architecture originale et expressive.

Au premier formalisme, l’expression d’un symbole

Le plan masse d’avant-projet de 1969 permet de synthétiser les différentes intentions et formule très clairement ce que sera cette Cité éducative et les ambitions qu’elle portera. Pierre-André Dufétel compose le plan masse comme il le ferait d’un tableau. Il joue avec les volumes et la géométrie, travaillant les formes en plan.

Les ailes en V, divisées par un patio, accueillent le C.E.S. et le C.E.T., tandis que le lycée hôtelier et les locaux spécialisés se situent dans la partie faisant face à l’axe de l’Hermitage. La partie administrative et l’accueil créent le lien entre ces différents éléments au cœur de la composition au rez-de-chaussée, au-dessus duquel apparaît un nouveau volume architectonique : la tour étoilée de onze étages, accueillant l’internat. En effet, le théâtre précédemment évoqué lié à des financements extérieurs à l’opération du lycée ne fait plus partie de la phase d’avant-projet de 1969. La tour de l’internat prend alors le rôle d’entité marquante et symbolique dans le paysage urbain du Touquet. Chaque niveau est un plan en étoile, superposé en quinconce, formant ainsi une dynamique et des jeux de lumières et d’ombres. Le projet de la Cité éducative européenne a dorénavant son symbole.

B. Un Symbole européen

Un signal urbain

La tour étoilée, aux formes évoquant celle d’une pomme de pin, devient une entité visuelle forte, une verticale surplombant la forêt. Les architectes relèvent le défi que semble dicter le site, sans pour autant masquer la forêt ou imposer une masse volumineuse de bâti. Ils imaginent un signal dans le paysage urbain à travers un édifice à la morphologie spectaculaire. Affirmation d’un site exceptionnel, symbole monumental de l’entrée de la ville, l’architecture de la tour étoilée aspire à fournir une identité visuelle forte et un nouveau point de repère dans cette ville touristique qu’est le Touquet. Les architectes intègrent un système d’éclairage des sous-faces des pointes. Cet éclairage ne fait que renforcer son identité visuelle aux formes remarquables dans le paysage urbain du Touquet Paris-Plage.

Des ambitions européennes pour la ville du Touquet

Symbole urbain, ce projet local a aussi des aspirations européennes. En effet, la toponymie originelle de la Cité éducative européenne du Touquet, apparaissant durant la phase d’avant-projet en 1969 - l'édifice est aujourd’hui communément appelée Lycée hôtelier - témoigne d’une ambition dépassant les frontières du Touquet pour une vision à l’échelle européenne. En 1968, lors des premières esquisses du projet de la Cité éducative, le Touquet Paris-Plage cherche, en effet, à s’engager sur la voie des stations touristiques européennes. Cet élan est porté par Léonce Deprez, adjoint au maire, chargé du développement du tourisme, et qui devient maire du Touquet à partir de juillet 1969. Afin de projeter la ville sur la scène européenne, il cherche l’adhésion de la Ville du Touquet à l’organisme France-Congrès, regroupant les villes disposant d’installations hôtelières de grande envergure. La création du Palais des congrès le 4 juin 1970, dénommé officiellement Palais de l’Europe, doit notamment permettre l’affiliation du Touquet à France-Congrès. C’est aussi un des enjeux de la Cité éducative européenne. Le lien qui unit la Cité éducative européenne et le Palais de l’Europe est confirmé lors de l’inauguration de ce dernier le 4 juin 1970. C’est l’occasion pour le secrétaire d’État à l’Éducation nationale de poser la première pierre de la Cité éducative. Un lien toponymique et symbolique est fait entre le Touquet et l’Europe. Le Touquet a trouvé un symbole à l’image du tourisme qui l’anime, mais aussi un symbole économique et européen.

Ce projet local d’une ville balnéaire, porté par un maire investi dans le développement du tourisme de la ville sur le plan européen, s’inscrit dans des ambitions régionales pour la formation hôtelière au nord de la France. Il représente aussi le mouvement national d’une croissance des formations techniques, notamment hôtelière, et répond à la recherche d’une régularité et d’une continuité des enseignements, à une époque où la pédagogie et l’éducation sont remises en question. La tour de l’internat se dresse aux portes de la ville, tel le symbole urbain du renouveau de l’architecture scolaire mais aussi, plus généralement, de l’architecture moderne.

II. Une morphologie spectaculaire, un moyen d’expression

A. Pierre-André Dufétel, pour un renouveau de l’architecture scolaire

En 1970, au moment de la réalisation de la Cité éducative européenne du Touquet, Pierre-André Dufétel, innovant et audacieux, n’hésite pas à expérimenter une nouvelle manière d’aborder la pédagogie qui se trouve en phase avec le renouvellement des institutions et une volonté de changement et d’amélioration de l’enseignement à l’échelle nationale. L’ensemble hôtelier bénéficie alors de nouveautés programmatiques, allant au-delà d’une interprétation froide d’une programmation imposée. Il en va de même pour les espaces et leur articulation, pensés pour une flexibilité et une adaptabilité constante aux besoins pédagogiques et aux innovations de son temps.

Innovations et nouvelles pédagogies

En 1972, l’entrée dans la Cité scolaire se fait, de manière très symbolique, au pied de la tour étoilée, dans un vaste hall, où Pierre-André Dufétel propose une ambiance similaire à celle d’un grand hôtel. La loge, se trouvant dans ce hall, est gérée par les élèves et leur permet de se familiariser avec l'accueil.

Cette volonté innovante de mise en situation de l’élève dans son futur environnement de travail, dicte de nombreux choix dans le projet, comme celui des revêtements et parements intérieurs. Dans le hall d’accueil une main courante en bois file sur les parois revêtues en brique parementée, tandis que la banque d’accueil est parée de bois coloniaux et de miroirs. La position de cette loge permet, déjà en 1972, de contrôler à la fois l’accès au bloc de restauration, aux classes du C.E.T. et du C.E.S. et à la tour de l’internat.

L’escalier desservant la tour étoilée de l’internat est certainement l’élément majeur illustrant la volonté d’innovation dans ce complexe hôtelier. L’idée n’est pourtant pas nouvelle, Pierre-André Dufétel s’inspire d’un dispositif à double révolution déjà bien connu à la Renaissance, à l’instar de l’escalier du château de Chambord. Deux volées d’escaliers s’enroulent autour d’un élément central, telle une structure en double hélice. Ce type d’escalier permet à différentes personnes, montant ou descendant, de ne jamais se croiser. Avec ce dispositif architectural, Pierre-André Dufétel révolutionne l’organisation même du complexe hôtelier en réunissant dans un seul édifice filles et garçons. En séparant subtilement la desserte des niveaux, et ainsi les genres, il fait l’économie d’un édifice supplémentaire en permettant au premier internat mixte de voir le jour.

Dans la même optique qu’avec l’escalier à double révolution, Pierre-André Dufétel s’applique à optimiser et mutualiser les fonctions pour obtenir des espaces de meilleure qualité mais surtout pour en libérer. Ainsi, le rez-de-chaussée compte quatre patios, ponctuant ce niveau plein et compact d’espaces de respirations variés. L’intégration du paysage urbain et la réflexion autour de la qualité des vues offertes aux élèves font aussi partie d’une volonté d’améliorer leur quotidien et la manière d’envisager la pédagogie.

La salle de restauration, un espace adaptable

Enfin, le dernier élément-clé du complexe hôtelier du Touquet exprimant une réflexion sur l’adaptabilité de l’espace et sa correspondance avec la pédagogie est le bâtiment spécialisé avec les cuisines éducatives et la salle de restauration. En effet, au deuxième étage se trouve une grande salle rectangulaire avec une vue dégagée sur l’axe de la place de l’Hermitage.

Lieu de rassemblement avec le C.E.S. et le C.E.T., Pierre-André Dufétel conçoit immédiatement un espace adaptable aux différents besoins, avec des possibilités d’évolution et de manipulation. Ainsi le restaurant peut être divisé en quatre salles, grâce à trois cloisons amovibles, offrant des espaces allant de la salle de réunion unique à différentes salles de restauration. Pierre-André Dufétel exprime cette adaptabilité à travers une perspective montrant l’espace de restauration et ses installations modulables.

Toujours pour une mise en situation optimale des élèves, Pierre-André Dufétel apporte un grand soin aux revêtements de la salle de restaurant où moquette et revêtements textiles sur les murs apportent une ambiance proche de celle des grands restaurants et améliorent l’insonorisation. Il dessine avec la même attention une perspective des cuisines pédagogiques, élément majeur pour la formation des élèves. Ce dessin exprime aussi l’attention de l’architecte pour l’éclairage par lumière naturelle de cet espace qu’il propose à travers différents redents en toiture.

Pour symboliser ce renouveau de l’architecture scolaire, Pierre-André Dufétel dessine des formes innovantes aux morphologies spectaculaires. Les premières esquisses de 1968 expriment les premières traces de formalisme d’une ambition plastique expressive que Pierre-André Dufétel met concrètement en place en 1972. Le symbole urbain devient une sculpture architecturale, à l’image de la forêt de pins environnante.

B. Forme libératoire, le refus de l’académisme

Le travail autour de la Cité éducative européenne du Touquet semble se rapprocher de la recherche d’un art de la forme, où la synthèse des arts et l’architecture-sculpture sont les moyens d’expressions d’une liberté formelle. Pierre-André Dufétel cherche ainsi à fuir un académisme trop présent, à la fois dans l’enseignement mais plus généralement dans l’architecture moderne. En effet, Pierre-André Dufétel, avec la tour de l’internat, crée une sculpture urbaine, symbole dans le paysage du Touquet.

L’architecture-sculpture de la pomme de pin

Pierre-André Dufétel cherche sans arrêt, à travers la recherche formelle, à lutter contre la pauvreté visuelle des villes et de l’urbanisme. Il choisit, en 1970, la géométrie de l’étoile comme forme pour la tour de l’internat. Les deux derniers niveaux, le foyer des étudiants et le local à machine, ont tous deux un plan hexagonal. L’architecte compose de nouveau les plans de ces détails finaux de la sculpture urbaine comme un tableau classique aux jeux formels.

Pour parachever cette architecture-sculpture, Pierre-André Dufétel utilise des parements en symbiose avec le site, entouré de pins, et avec les villas environnantes. Ainsi, la tour étoilée, pensée comme une évocation de la pomme de pin, est recouverte, en 1972, d’un bardage galbestos en acier de couleur moka (remplacés lors d’une phase de rénovation en 2017). Pour le bâtiment du restaurant d’application Pierre-André Dufétel utilise un autre parement, participant clairement, lui aussi, à la production d’une architecture-sculpture : des bardeaux de terre cuite vieillie à joints croisés. Ce parement évoque très clairement des références traditionnelles, rappelant le style de nombreuses villas environnantes. Ce motif croisé de tuiles plates n’est pas sans rappeler celui créé par les écailles en bois de la pomme de pin.

La symbiose avec la forêt de pins est totale. Le langage de l’architecture-sculpture, porté par la tour de l’internat, se déploie sur l’ensemble du projet. Pierre-André Dufétel prolonge la symbiose avec la forêt de pins en décorant les sous-faces des pointes des étoiles de la tour de l’internat d’un motif triangulaire en creux, devant rappeler, de nouveau, celui de la pomme de pin.

La recherche d’une synthèse des arts

En exprimant un art de la forme, Pierre-André Dufétel s'inscrit pleinement dans la recherche d'une synthèse des arts. Comme pour la réalisation des modénatures en sous-face de la tour de l’internat, Pierre-André Dufétel est lui-même acteur de cette synthèse des arts et passe du statut d’architecte à celui d’architecte-artiste. Ainsi, il dessine un cheminement de terre permettant de parcourir le patio central, composé de triangles identiques juxtaposés en miroir. La forme géométrique du triangle est de nouveau utilisée, pour un art de la forme et une synthèse des arts toujours plus présents dans le projet.

De la même manière, des panneaux décoratifs de céramique sont mis en place en 1972 dans le hall d’entrée, le couloir d’accès aux restaurants ainsi que le pied de la tour.

L’origine de ces panneaux de céramique est inconnue car aucune information ne permet de savoir si c’est une œuvre intégrée à l’architecture par Pierre-André Dufétel, ou si elle est le fruit de l’intervention d’un artiste extérieur. Cependant, ces panneaux décoratifs de céramique ressemblent à un mur recouvert de modules de céramique que représente Pierre-André Dufétel dans la perspective du hall d’entrée. Toutefois, le doute persiste. Bien qu’il n’y en ait aucune trace à ce sujet aujourd’hui, Olivier Debré serait aussi intervenu dans le projet pour la réalisation de panneaux décoratifs dans la salle de restauration.

Enfin, le Groupe de l’Œuf1 réalise, en 1972, des sculptures-fontaines, animant encore aujourd’hui le patio au pied de la tour de l’internat et celui de l’administration, bien qu’elles ne soient plus en fonctionnement. Le Groupe de l’Œuf se constitue vers 1959 autour d’un groupement d’artistes et de designers français, dont fait notamment partie Jacques Bertoux (1923). Il cherche à unir tous les acteurs du projet architectural et donc naturellement, les artistes. Jacques Bertoux dessine les 3 ensembles de sculptures-fontaines en béton animant les patio du Lycée hôtelier. Les sculptures-fontaines du Groupe de l’Œuf, aux formes triangulaires, s’imprègnent du travail formel et de la géométrie utilisés par Pierre-André Dufétel et s’intègrent à l’architecture.

La volonté d’une synthèse des arts dans ce projet est bien présente, et cette pratique est d’ailleurs poursuivie en 1987 avec l’intervention de Brigitte Denoyelle Burie pour la réalisation d’une fresque murale dans la salle de restauration.

C. L’expression d’une rationalité

La formation académique de Pierre-André Dufétel donne un cadre à sa pratique. Mais, en appliquant le langage de l’architecture-sculpture, de l’art de la forme et de la synthèse des arts au projet, Pierre-André Dufétel conteste lui-même un académisme trop présent dans l’architecture moderne. Il déploie ensuite de manière rationnelle ses réflexions formelles. La forme géométrique devient un outil et un système de référence dans la création et le dessin du projet.

Comme pour tous les bâtiments du complexe hôtelier, constitués par des portiques, le mode de construction de la tour de l’internat repose sur un système d’ossature générale en béton armé et d’éléments de remplissage. Autour de son noyau central en béton armé contenant les circulations, rayonnent les poteaux porteurs, à section géométrique hexagonale. Ces poteaux sont dimensionnés selon la charge qu’ils doivent soutenir et se réduisent proportionnellement à mesure que celle-ci diminue. Pierre-André Dufétel exprime une rationalité constructive dans l’utilisation de la matière, qu’il met au service d’un art de la forme dans l’ensemble du projet. Il fait de même pour l’élévation nord de la salle de restauration. Les poteaux de la structure, au profil prismatique-triangulaire, sont positionnés en débord de l’enveloppe de l’édifice, rythmant ainsi la façade. Ils se réduisent ensuite au fur et à mesure qu’ils prennent de la hauteur. Entre chaque poteau sont installés des éléments préfabriqués de forme pentagonale offrant une vue exceptionnelle sur la place de l’Hermitage. Pierre-André Dufétel applique de nouveau un système formel et répétitif permettant de travailler sur la plastique et l’esthétique de cette façade, qui est en communication directe avec la ville du Touquet.

Plus qu’un symbole architectural et urbain, la Cité éducative européenne du Touquet devient un symbole formel et visuel, exposé, manipulé, diffusé. La réception et la communication autour de l’image de l’objet s’appuient sur son esthétique formelle expressive. Malgré toutes ces caractéristiques exceptionnelles, le lycée hôtelier connaît de nombreuses transformations, paradoxes d’un symbole malmené et non encore reconnu en dépit de son label ACR attribué en 2004 2.

1L'oeuf centre d'etudes est cree en 1962, passage Du Guesclin a Paris. Il s'agit d'une equipe pluridisciplinaire rassemblant des architectes, des sculpteurs, des designers, des graphiques et des mosaïstes. Source : https://www.artatsite.com/Paris/details/Oeuf-Groupe-de-Lanterne-spherique-Xaintrailles-sculpture-modern-contemporain-art-Paris.html [consulté le 26/07/2024]2Le label « Architecture contemporaine remarquable » est créé par la loi du 7 juillet 2016 relative à la liberté de la création, à l’architecture et au patrimoine. Ce label succède au label « Patrimoine du XXe siècle », créé en 1999 et désormais disparu. Il signale les édifices et productions de moins de 100 ans non protégés au titre des Monuments historiques. Source : https://www.culture.gouv.fr/Aides-demarches/Protections-labels-et-appellations/Label-Architecture-contemporaine-remarquable [consulté le 26/07/2024]
  • Période(s)
    • Principale : 3e quart 20e siècle
  • Dates
    • 1972, daté par source
  • Auteur(s)
  • Murs
    • béton béton précontraint essentage de bardeaux
    • essentage de tôle
  • Toits
    ciment en couverture
  • Étages
    11 étages carrés, rez-de-chaussée
  • Couvrements
    • béton en couvrement, en béton armé
  • Couvertures
    • terrasse shed
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier à double révolution en maçonnerie
    • escalier dans-oeuvre : escalier droit cage ouverte
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant cage ouverte
  • Autres organes de circulation
    ascenseur
  • Typologies
  • Techniques
    • céramique
  • Mesures
  • Statut de la propriété
    propriété de la région
  • Précisions sur la protection

    Label ACR-Architecture contemporaine remarquable en 2004.

Documents d'archives

  • AD Pas-de-Calais. Fonds Quételart. Lycée hôtelier du Touquet.

  • Archives privées. Didier Sergent. Rapport de stage en tant que conducteur de travaux dans l’entreprise Peulabeuf en 1972.

  • Archives de la Société Académique du Touquet.

  • Institut français d'architecture. Fonds des Dossiers d’œuvres de la direction de l’Architecture et de l’Urbanisme ; 133 IFA. Dossier DAU n° 157.

    133 IFA 90/1 ; 133IFA 504/9.
  • Institut français d'architecture. Fonds Drobecq ; 221 IFA. Dobrecq Pierre (1893-1944).

  • Institut français d'architecture. Fonds Dufetel ; 292 AA. Pierre-André (1922-2014).

Bibliographie

  • KLEIN, Richard. Louis Quételart : architecte au Touquet-Paris-Plage. Saint-Josse-sur-Mer : Les Editions du Passetemps, 2015.

  • LUCAN, Jacques. Architecture en France (1940–2000), Histoire et théories. Paris : Le Moniteur, 2001. (Architextes).

  • MALLET, Robert. Préface. Grands architectes, Pierre-André Dufétel. Limoges : S.A.P.P, date inconnue.

  • MONNIER, Gérard. L’architecture moderne en France, Tome 3 : De la croissance à la compétition 1967-1999. Paris : Picard, 2000.

  • Société Académique du Touquet-Paris-Plage. Le Touquet-Paris-Plage 1912-2012, Un siècle d’histoire(s). Montreuil-sur-Mer : Editions Henry, 2011.

  • TROGER, Vincent. L’histoire de l’enseignement technique : entre les entreprises et l’Etat, la recherche d’une identité. Histoire, économie et société, 1989, 8e année, n°4, p.593-611.

Périodiques

  • DE CORBIE, Geneviève. La Formation hôtelière au cœur d’une région à vocation touristique européenne, la cité éducative du Touquet. L’Argus des Collectivités, 1973.

  • KLEIN, Richard, LOUGUET, Philippe, (dir.). La réception de l’architecture. Cahiers thématiques. Villeneuve d’Ascq - Paris : EAL - AVH, , 2002, n° 2.

  • Recherche & Architecture, n°17, 1974, p.21-28.

  • VERLEY, André. M. Billecocq a inauguré le Palais des Congrès et posé la première pierre du lycée hôtelier. La Voix du Nord, 5 juin 1970.

Documents figurés

  • Cité éducative européenne du Touquet, esquisse, plan masse, par Pierre-André Dufetel et Louis Quételart, août 1967 (AD Pas-de-Calais : fonds Quételart).

  • Cité éducative européenne du Touquet, esquisse, dossier de plan masse, par Pierre-André Dufétel et Louis Quételart, juin 1968 (AD Pas-de-Calais : fonds Quételart).

  • Cité éducative européenne du Touquet, esquisse, élévation, dossier de plan masse, par Pierre-André Dufétel et Louis Quételart, juin 1968 (AD Pas-de-Calais : fonds Quételart).

  • Cité éducative européenne du Touquet. Avant-Projet, plan masse, par Pierre-André Dufétel et Louis Quételart, avril 1969 (AD Pas-de-Calais : fonds Quételart).

  • Cité éducative européenne du Touquet. Avant-Projet, plan de rez-de-chaussée, par Pierre-André Dufétel et Louis Quételart, avril 1969 (AD Pas-de-Calais : fonds Quételart).

  • Cité éducative européenne du Touquet. Avant-Projet, plan du premier étage, par Pierre-André Dufétel et Louis Quételart, avril 1969 (AD Pas-de-Calais : fonds Quételart).

  • Cité éducative européenne du Touquet. Dossier d'exécution. Tour plan niveau 4, par Pierre-André Dufetel et Louis Quételart, février 1970 (AD Pas-de-Calais : fonds Quételart).

  • Cité éducative européenne du Touquet. Dossier d'exécution. Tour façade nord, par Pierre-André Dufetel et Louis Quételart, février 1970 (AD Pas-de-Calais : fonds Quételart).

  • Cité éducative européenne du Touquet. Dossier d'exécution. Perspective du hall, par Pierre-André Dufetel et Louis Quételart, février 1970 (AD Pas-de-Calais : fonds Quételart).

  • Cité éducative européenne du Touquet. Dossier d'exécution. Premier étage des cuisines pédagogiques, par Pierre-André Dufetel et Louis Quételart, février 1970 (AD Pas-de-Calais : fonds Quételart).

  • Cité éducative européenne du Touquet. Dossier d'exécution. Façades de la cuisine pédagogique et ses annexes, par Pierre-André Dufetel et Louis Quételart, février 1970 (AD Pas-de-Calais : fonds Quételart).

  • Cité éducative européenne du Touquet. Dossier d’exécution. Coupes sur la cuisine pédagogique et ses annexes, par Pierre-André Dufetel et Louis Quételart, février 1970 (AD Pas-de-Calais : fonds Quételart).

  • Cité éducative européenne du Touquet. Dossier d'exécution. Perspective réfectoire, par Pierre-André Dufetel et Louis Quételart, février 1970 (AD Pas-de-Calais : fonds Quételart).

  • Cité éducative européenne du Touquet. Dossier d'exécution. Perspective cuisine, par Pierre-André Dufetel et Louis Quételart, février 1970 (AD Pas-de-Calais : fonds Quételart).

  • Cité éducative européenne du Touquet. Plan de principe. Toiture coffrage, par l'entreprise Peulabeuf, janvier 1971 (AD Pas-de-Calais : fonds Quételart).

Date(s) d'enquête : 2017; Date(s) de rédaction : 2017
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Mahieu Aure-Elise
Mahieu Aure-Elise

Étudiante-architecte à l'Ecole Nationale Supérieure d'Architecture et de Paysage de Lille (2012-2018). Collaboration avec le service de l'Inventaire général du patrimoine culturel des Hauts-de-France dans le cadre de ses travaux universitaires (2017).

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