Dossier d’œuvre architecture IA62005167 | Réalisé par
Girard Karine (Rédacteur)
Girard Karine

Chercheuse de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, Région Hauts-de-France.

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  • patrimoine de la Reconstruction
  • enquête thématique régionale, La première Reconstruction
Ancien immeuble de bureaux de la scierie Lenain et Delcroix et logement patronal, puis immeuble à logements
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté de communes du Sud-Artois - Bapaume
  • Commune Bapaume
  • Adresse 13 - 19 rue de Douai
  • Cadastre 2021 000 AC 01 74, 76
  • Dénominations
    immeuble de bureaux, logement patronal, immeuble de bureaux
  • Appellations
    scierie Lenain-Delcroix
  • Destinations
    immeuble à logements
  • Parties constituantes non étudiées
    jardin

Éléments de contexte

La scierie est installée à l'extrémité de la rue de Douai à la fin du 19e siècle. Elle y bénéficie de l’espace libéré par la destruction des fortifications. Elle est reconstruite au même emplacement après la Première Guerre pour ce qui concerne les entrepôts. Les bureaux et le logement patronal sont reconstruits de l'autre côté de la rue.

Les bâtiments reconstruits

Les recherches en archives n'ont pas permis de retrouver ni le nom de l’architecte ni la date précise de reconstruction. Dégardin (1945) indique seulement que l'usine a été reconstruite après-guerre. Cependant, les vues aériennes réalisées par l'IGN entre 1947 et 2012 permettent de renseigner une partie de l'histoire du bâtit.

Les entrepôts et la scierie proprement dite sont de longs bâtiments rectangulaires couverts par une toiture à longs pans répartis autour d'un grand espace vide où les billes de bois sont stockées. Une vue aérienne de 1970 montre des bâtiments toujours debout mais il n'y a plus de bois stocké dans la cour. Cela laisse supposé que l'activité de la scierie s'est arrêtée entre 1965 et 1970. Entre 1970 et 1976, les bâtiments sont rasés et remplacés par un bâtiment circulaire (actuels bureaux du Crédit Agricole).

En 1947, l'ensemble de l'autre côté de la rue est constitué d'une grande maison de maître perpendiculaire à la rue, de l'immeuble de bureaux (grand bâtiment rectangulaire sur rue), et dans la cour à l'arrière de la scierie, d'une construction rectangulaire couverte par une toiture à longs pans et croupes située en face de la porte d'entrée des bureaux. Enfin dans le prolongement de cette dernière, accolée au mur qui clôture la cour, se trouve une construction carrée couverte par une toiture en pavillon.

L'immeuble de bureaux et la maison de maître sont séparés par un muret sur lequel un petit bâtiment trapézoïdal est accolé.

Un grand parc avec des arbres de haute tige entourant un espace gazonné prolonge la maison de maître, dont la façade principale est précédée d'un petit jardin d'agrément.

Les modifications ultérieures

Jusqu'en 1986, cette configuration ne subit pas de modification. A cette date, un grand bâtiment rectangulaire couvert par une toiture à longs pans est rajouté à l'arrière de l'immeuble de bureaux, empiétant sur une grande partie de la cour.

Entre 2004 et 2009 l'ensemble est transformé en appartements. L'extension de 1986 est détruite, ainsi que tous les bâtiments de la cour. Cette dernière est transformée en parking pour automobile.

La maison de maître semble n'avoir subi aucune transformation.

Pour ce qui concerne la partie entrepôts et ateliers la scierie, les vues aériennes de l'IGN montrent que l'activité s'arrête entre 1970 et 1971. Entre 1971 et 1976, les bâtiments sont démolis et remplacé par une construction circulaire située au centre de la parcelle. Ce bâtiment, toujours visible aujourd'hui, accueille une agence du Crédit Agricole Nord de France.

  • Période(s)
    • Principale : 1er quart 20e siècle, 2e quart 20e siècle
  • Dates

Disposition générale

L'ensemble se compose de deux parties distinctes réparties sur deux côtés contigus d'une parcelle en L : l'immeuble de bureaux et la maison de maître. Les deux bâtiments n'ont aucune liaison structurelle. L'immeuble présente sa façade principale sur la rue de Douai. A l'arrière se situe une grande cour transformée en parking. L'habitation est perpendiculaire par rapport à l'usine et ne présente sur la rue qu'un petit mur gouttereau. La façade principale de la maison de maître est donc orientée vers la scierie, mais elle en est séparée par un muret. L'espace libre devant la maison est occupé par un jardin d'agrément composé de massifs fleuris. Un grand parc arboré prolonge la maison de maître vers l'arrière de la parcelle.

L'immeuble de bureaux

C'est un grand bâtiment rectangulaire en trois parties : à l'extrémité droite, une large travée est occupée par un grand portail d'entrée à linteau droit, à l'extrémité opposée se trouve un petit pavillon, et entre les deux les bureaux proprement dit. Toutes ces parties sont jointives mais présentent des élévations différentes. Ainsi, le portail d’entrée est surmonté de deux étages carrés et d'un comble, le petit pavillon compte un rez-de-chaussée et un étage de combles en surcroit, et les six travées de la partie centrale présentent deux ou trois niveaux. Toutes les parties sont couvertes par une toiture à longs pans débordante, le pavillon s'achevant par une croupette. La lucarne interrompant l’avant-toit sur le pavillon est d'origine, mais celles à croupe de la toiture de la partie centrale côté rue ainsi que les fenêtres sur le rampant sont dues à la transformation en appartements. Le mur pignon du côté du portail porte la trace de trois baies superposées à linteaux droits qui ont été occultées par de la brique.

Du point de vue formel, l'immeuble de bureaux se sépare de nouveau en deux ensembles : le pavillon et les bureaux. L'immeuble de bureaux est construit sur un soubassement en ciment et avec des murs en briques. La façade compte sept travées, très en retrait par rapport au droit du mur. Les trumeaux qui les séparent sont crépis mais les pleins de travées sont en briques apparentes. Au niveau de la dernière baie, le haut des trumeaux est décoré d'un calepinage de briques posées en damier. Toutes les baies sont à linteau droit avec un appui en ciment débordant. Si leur format varie en fonction de l'emplacement : carré au dessus du porche d'entrée, rectangulaire allongé dans les deux travées centrales ou rectangulaire presque carré dans les autres travées, aucune n'a de forme verticale.

Le pavillon en bout de la scierie présente un style totalement différent : important soubassement en ciment, parement en pierre meulière et faux pans de bois en béton. Ce style est en revanche celui de la maison de maitre dont la dernière aile est strictement en vis à vis du pavillon. Tous deux présentent sur rue une fenêtre à linteau droit enduite en ciment afin de créer une continuité visuelle avec l'usine malgré une façade très différente. Les appuis et les linteaux des baies du pavillon sont d'ailleurs alignées avec celles des travées gauche de la scierie.

Le logement patronal

La maison de maître est constituée de plusieurs corps de bâtiments en enfilade qui multiplient les décrochements tant dans l'alignement de la façade que dans les hauteurs de toiture. La maison compte un rez-de-chaussée, un étage carré et un étage de combles, mais seulement un rez-de-chaussée avec comble pour la partie en face du pavillon de la scierie. Le rez-de-chaussée de la dernière travée vers le jardin est complété par un bow-window, et la dernière travée avant le pavillon est couverte par une terrasse fermée par une balustrade. En fonction de l'emplacement, la toiture à longs pans débordante s'achève par des demi-croupes et est interrompue par des lucarnes en pavillon, des lucarnes rampantes et des lucarnes-pignon. Les larges baies du rez-de-chaussée sont protégées par un auvent. Toutes les toitures sont couvertes de tuiles plates.

Comme pour la scierie, toutes les baies sont rectangulaires, mais cette fois-ci dans un format vertical. Les appuis débordants en ciment portent un petit balconnet et sont soulignés par un décor en briques rouges.

La brique se retrouve également en bandeau sur les trumeaux à la jonction avec le faux pans de bois et entre le soubassement et le premier niveau de la façade. Mais surtout, elle est utilisée pour le linteau de la grande baie de l'aile en retour, qui est d'ailleurs la seule baie en plein cintre.

  • Murs
    • brique béton armé
  • Toits
    tuile mécanique, tuile plate
  • Étages
    2 étages carrés, étage de comble
  • Couvertures
    • toit à longs pans croupe
  • Statut de la propriété
    propriété privée (incertitude)

L'immeuble de bureaux et la maison de maître de la scierie Lenain-Delcroix forment un ensemble stylistiquement disparate. Le lien entre les deux parties ne se fait que grâce au pavillon à l'extrémité de l'immeuble de bureaux qui est structurellement rattaché à la scierie mais reprend le vocabulaire formel de la maison de maître.

L'usine adopte un style moderne construit sur des jeux de lignes très géométriques, sur l’équilibre des volumes avec le retrait des travées de baies par rapport aux trumeaux, l'alternance rythmée des pleins et des vides des baies et des pleins de travées, ou encore l’horizontalité des baies qui rappelle les réalisations du Corbusier. Peu de bâtiments bapalmois offrent une silhouette aussi résolument moderne, mais il s’agit après tout d’un bâtiment fonctionnel.

L'enduit posé lors de la transformation de l'immeuble en logements ne permet pas de savoir si les parties en briques apparentes de la façade étaient laissées nues, ce qui aurait constitué un rappel avec celles présentes sur la façade de la maison de maître.

La maison de maître est en revanche à l'opposé de la rigueur géométrique de l'usine : c'est un manoir dans le plus pur style anglo-normand. On y retrouve la plupart des poncifs de cette architecture : la complexité et l'imbrication des volumes du bâtit, la variété des toitures avec la multiplication des croupes, des demi-croupes et croupettes, les combles à surcroît, les nombreuses cheminées, la présence des bow-windows et des balcons et celle d'auvents et de marquises… Ce style qui multiplie les références aux villas et cottages issus de l’architecture de villégiature était déjà à la mode dans la petite et moyenne bourgeoisie depuis la fin du 19e. On peut toutefois noter une petite concession à la modernité avec l'utilisation de béton pour la réalisation des faux pans de bois.

Peu d'usines ont été reconstruites à Bapaume après la guerre : la minoterie Stenne aujourd'hui détruite, une briqueterie (recensée dans les dossiers d'entreprises reconstruites aux Archives du Pas-de-Calais, mais non identifiée à ce jour), la brasserie de Monsieur Peugniez et la scierie Lenain-Delcroix. Toutes sont construites dans les anciens faubourgs. Il est également intéressant de noter que les deux usines encore debout ont été reconverties en immeubles de logements.

Bibliographie

  • DÉGARDIN, Gaston. Rues et monuments de Bapaume. Arras : Presses de l'imprimerie centrale de l'Artois, 1945.

    p.74
Date(s) d'enquête : 2018; Date(s) de rédaction : 2019
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Girard Karine
Girard Karine

Chercheuse de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, Région Hauts-de-France.

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