Rodière consacre trois pages à "La Pasture" dans son étude, qui est répertoriée comme "fief en Marquenterre, baillage de Rue, relevant du Roi". A partir de la seconde moitié du 15e siècle, les sources rendent compte de l'existence de la Grande Pasture et d'une autre ferme, la "Petite Pasture" qui semble dépendante de la première (voir Petite Pâture, ou Pâturette, ferme actuellement sur la commune de Quend). L'auteur la trouve mentionnée dans les sources au 16e siècle : en 1558 (dans un contrat de mariage), elle est désignée comme "maison et terre nommée la Pasture... séant au païs de Marquenterre".
La "Grande Pâture" est mentionnée dans un contrat de mariage établi en 1669 et on y apprend que ses terres consistent alors en "maison, granges, estables, pigeonnier, cour, jardin, lieu, pourpris et tenement et 150 mesures de terres, tant à labeur que pâture, y compris ladite maison et enclos d'icelle, dont il y en a 18 en fief, scitué au vaillage et paroisse de Saint-Quentin, pays de Marcquenterre" auquels s'ajoutent "31 à 32 mesures de terres appelées terres de la Petite Pâture en une seule pièce fermée de fossés scitué au même lieu" ainsi qu'une "maison et dépendances à Froize, paroisse Saint-Firmin de Bertaucourt, assez proche de la maison de la Grande Pâture, consistant en 50 mesures de terres (Chartrier de Romont)". En 1733, "la Pasture" (la grande ?) est vendue "aux religieuses de Rue". Rodière ajoute qu'il "a lu quelque part" que les religieuses étaient restées "en possession de La Pasture jusqu'en 1790".
Le toponyme "Grande Pasture" figure sur la carte de Cassini (1758), accompagné du symbole représentant une maison (d'après la légende). La ferme apparaît également sur une carte de 1744 " G. et P. Paturés" sous forme de gentilhommière et sur la carte d´état major du territoire en 1839.
Cette construction apparaît sur le cadastre napoléonien. L'exploitation occupe alors la forme d'un rectangle de grandes dimensions. Le logis se trouvait au nord de ce carré. Les bâtiments à l'ouest ont aujourd'hui disparu et l'élément au sud semble avoir été tronqué (sur sa partie ouest). Le pigeonnier, qui occupait l'angle nord-est de la cour, a disparu, tout comme l'annexe située en dehors de la cour, à l'est de la propriété (parcelle 267). En parcelle 261, une course se poursuivant sur une mare semblait permettre à la ferme de disposer d'eau à tout moment.
Dans la partie nord-ouest, d'après le gardien, les bâtiments anciens, essentiellement fonctionnels (granges) ont été détruits. Il ne reste rien de cette première ferme. Il semble donc, d´après la couleur des matériaux, que l'ensemble des bâtiments aient été construits au cours de la seconde moitié du 19e siècle.
La ferme apparaît dans le recensement de population de la commune dès 1872 où l´unique ferme accueille sept individus. En 1881, ils ne sont plus que trois. En 1926, deux familles habitent sous le même toit (six personnes). En 1931, ils sont huit. La ferme n´apparaît plus en 1936.
Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France.