Une ferme figure sur une carte du 18e siècle. Elle se trouve également sur le cadastre napoléonien selon un plan relativement similaire à aujourd'hui (un quatrième bâtiment clôt désormais la cour intérieure). Les bâtiments longeant le côté oriental semblaient toutefois moins longs en 1828, offrant une ouverture plus grande au sud du logis. La maison du vacher, au sud-ouest de la cour, est déjà en place à cette époque : elle a donc pu être édifiée au 18e siècle ou au début du siècle suivant. Un bâtiment, parallèle à l'habitation, occupait le coeur de la cour (il a aujourd'hui disparu) avec la mare. Un second bâtiment, situé à l'ouest de la propriété, était situé parallèlement à la cossetterie. Cet édifice, visible sur le cadastre napoléonien, apparaît également sur les cartes postales du début du 20e siècle. Il a donc été détruit dans le courant du 20e siècle. D'après le propriétaire, il servait à faire bouillir l'eau pour la cuisson de la chicorée. D´après la couleur des matériaux employés, il semble que la plupart des bâtiments de cette ferme aient été construits au cours de la seconde moitié du 19e siècle.
Les vues anciennes permettent de déterminer en partie la fonction de certains bâtiments. En effet, les bâtiments à l'ouest de la cour servaient de cossetterie (séchoir à chicorée). Un double toit, aujourd'hui simple, permettait l'aération et la ventilation de l'édifice (fig. 3). Deux ailes en saillie à l'ouest de celle-ci étaient destinées au traitement de la chicorée ; celle au nord disposait apparemment, d'après la vue ancienne, d'un essentage de bois.
Les racines y étaient nettoyées, coupées en tranches ("cossettes"), déshydratées puis refroidies. Elles étaient stockées une années puis envoyées vers une raffinerie dans laquelle on les torréfiait pour transformer leur sucre en caramel. La sècherie est composée de deux bâtiments : un atelier de travail et un hangar de stockage. La cossetterie exigeait une main d'oeuvre importante, apparemment issue du Crotoy même.
D'après une carte postale, la ferme, au début du 20e siècle, élevait des volailles. Les propriétaires cultivaient la betterave, la chicorée et le blé. Mis à part le vacher, aucun employé n'était logé à la ferme.
A l'origine, le logis disposait d'une toiture en ardoise, dépourvue de lucarnes. Les pièces étaient ainsi distribuées, d'est en ouest : une chambre, la salle d'apparat, le couloir menant de la cour au jardin situé au nord, la salle commune, la cuisine et enfin, la chambre des enfants. Le comble était occupé par le grenier permettant le stockage des récoltes. La cheminée picarde ne disposait pas de la hotte prussienne largement rencontrée dans la région.
La ferme fut occupée par les Allemands lors de la Seconde Guerre mondiale. D'après le propriétaire, un dépôt de munitions y avait été installé.
Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France.