Mesures à l'ouverture du cadre : h = 144 ; la = 150. Largeur du cadre : 11 cm.

Au premier plan du tableau, la Vierge, assise de trois-quarts devant une tour, tient sur ses genoux l'Enfant Jésus assis qui ébauche un geste de bénédiction. Une sainte, le corps entouré d'une chaîne, est agenouillée et prosternée devant eux, les mains croisées sur la poitrine. La Vierge, qui esquisse un léger sourire, étend la main au-dessus de la tête de la femme, dont l'attitude semble traduire à la fois, la vénération, l'humilité et la soumission. À l'arrière-plan, le peintre a figuré un paysage vallonné sur lequel se détache une pyramide.

Ce tableau est généralement intitulé : Vierge à l'Enfant avec sainte Catherine, sans doute à cause de la présence de la pyramide (sainte Catherine est originaire d'Alexandrie) et de la réunion des trois principaux personnages du mariage mystique de la sainte avec l'Enfant Jésus. Pourtant, rien n'est moins sûr que l'identité du personnage féminin incliné devant la Vierge et l'Enfant. Jamais sainte Catherine n'est couverte de chaînes et aucun de ses nombreux attributs n'est ici représenté. En outre, dans les œuvres du 17e siècle qui représentent le mariage mystique de cette sainte martyre, elle adopte une attitude plus familière, regardant l'Enfant Jésus dans les yeux ou le touchant, tandis qu'il lui passe un anneau au doigt.

La scène pourrait donc plutôt représenter la conversion et le repentir de sainte Marie l’Égyptienne. Après s'être livrée pendant dix-sept années au libertinage à Alexandrie, Marie l’Égyptienne se rend avec des pèlerins à Jérusalem pour la fête de l'Exaltation de la Croix. Mais une force l'empêche d'entrer dans l'église. Regrettant ses fautes devant une image de la Vierge, elle s'engage alors à changer de vie et peut enfin adorer la Croix. Sur l'indication de la Vierge, elle gagne ensuite le désert au delà du Jourdain, où elle accomplit sa pénitence jusqu'à la fin de sa vie. Si ce tableau illustrait bien un passage de cet édifiant récit - mais ça n'est qu'une hypothèse -, il serait surtout destiné à souligner la clémence de la Vierge envers ceux qui ont recours à Elle, son rôle de médiatrice entre les humains et le Ciel et son aide pour être délivré des chaînes du péché.

Le tableau a été restauré en 1973 par l'Atelier de Restauration et Conservation des Objets d'Art, à Paris. La couche picturale est usée et craquelée, avec des tendances au soulèvement. Victime de l'humidité de l'église, le vernis commence à chancir.