Mesures à l'ouverture du cadre : h = 59 ; la = 172.

Ce tableau réunit six scènes de la Passion du Christ, empruntées aux Évangiles : la Cène, l'Agonie du Christ, le Baiser de Judas, la Flagellation du Christ, la Montée au Calvaire, enfin, le Calvaire.

La Cène est représentée de manière traditionnelle, avec le Christ derrière la table et au centre - se détachant sur les tentures d'un dais -, saint Jean la tête posée sur son épaule, et les autres apôtres assis de part et d'autre de ce groupe. Seul, au premier plan, Judas est debout. Il tient sa bourse à la main et s'apprête à quitter la pièce en se détournant.

La composition de l'Agonie du Christ paraît s'inspirer de gravures italiennes (Benedetto Montagna) ou germaniques (Dürer, Schongauer) du début du 16e siècle. Au premier plan, saint Pierre, saint Jean et saint Jacques se sont endormis, recroquevillés sur eux-mêmes. Au-dessus d'eux, le Christ prie avec sérénité, agenouillé de profil sur une éminence. Un ange, porteur d'un calice et de la croix, lui apparaît dans une nuée. Bien que le sommeil des apôtres soit généralement considéré comme une sorte d'abandon du Christ dans l'un des pires moments de sa vie, et qu'il leur ait été reproché par de nombreux commentateurs des Écritures, il faut ici remarquer que le peintre a représenté ces dormeurs avec indulgence et dans une attitude qui révèle leur désir de veiller. Saint Jacques somnole assis ; saint Jean s'est endormi en lisant, puisqu'il tient encore son livre ouvert à la main ; saint Pierre sommeille accoudé, mais la proximité de son épée témoigne de son envie de protéger le Christ.

Le Baiser de Judas semble lui-aussi dériver de gravures de Dürer. La scène se déroule à la lumière d'une torche. Judas et le Christ qu'il étreint sont entourés de soldats revêtus d'armures fantaisistes et armés d'épées ou d'armes d'hast (piques, hallebardes, etc.). Au premier plan, un membre de l'entourage du Christ (saint Pierre, d'après l’Évangile selon saint Jean) qui brandit une épée a terrassé un soldat romain porteur d'une lanterne et s'apprête à le frapper. Dans les Écritures, la victime n'est pas un soldat romain, mais un serviteur du Grand Prêtre.

Dans la scène de la Flagellation, le Christ nu est lié à une colonne. Il est encadré par deux bourreaux - l'un de trois-quarts face et l'autre de trois-quarts dos -, qui prennent leur élan pour le frapper. L'un tient un faisceau de verges et l'autre se sert du flagrum (fouet à lanières munies de plombs).

Le passage de la Montée au Calvaire choisi par l'artiste concerne la rencontre du Christ et de sainte Véronique (épisode mentionné dans des écrits chrétiens apocryphes). Le Christ chargé de sa croix est représenté de profil. Il est entouré de soldats et de gardes armés. Sainte Véronique est agenouillée devant le Christ qu'un homme est en train de frapper, et élève son voile vers lui.

Enfin, un Calvaire termine ce cycle iconographique. Le Christ en croix central est encadré par la Vierge et saint Jean debout et représentés de trois-quarts. La Vierge, recueillie, a les mains jointes, tandis que saint Jean, les yeux levés vers le Christ, porte un livre.

Ces scènes sont encadrées par une suite d'arcs trilobés, eux-mêmes séparés par des trilobes décoratifs.

Les fonds dorés et les arcs trilobés sont un ajout du 19e siècle qui recouvre probablement le fond original. Ce tableau qui avait souffert de l'humidité, a été restauré après la Première Guerre mondiale. Il a été à nouveau restauré vers 1981 ou 1982 par Jean Ten Kate, installé à Laval-en-Laonnois. Néanmoins, des écailles de peinture se détachent à la jonction des planches.