Dossier d’œuvre objet IM02004602 | Réalisé par
Riboulleau Christiane
Riboulleau Christiane

Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France jusqu'en 2022.

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  • enquête thématique régionale, la basilique de Saint-Quentin
Verrière légendaire (verrière hagiographique) : vie et martyre de sainte Barbe (baie 37)
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté d'agglomération du Saint-Quentinois - Saint-Quentin
  • Commune Saint-Quentin
  • Adresse Ancienne collégiale royale, actuellement basilique Saint-Quentin
  • Emplacement dans l'édifice bras nord du petit transept mur nord baie 37
  • Dénominations
    verrière
  • Titres
    • Vie et martyre de sainte Barbe
  • Dossier dont ce dossier est partie constituante

L'inscription qui court dans la bordure inférieure de cette verrière, telle qu'elle est rapportée par le chanoine De La Fons et par l'Epitaphier de Picardie, place la réalisation de cette verrière en 1531. Néanmoins, un commentaire du chanoine de La Fons précise que cette datation erronée provient d'une restauration défectueuse et que la verrière a été en réalité offerte en 1533. L'oeuvre est attribuée à Mathieu Bléville, peintre-verrier né à Saint-Quentin, qui a également réalisé une vingtaine de verrières pour l'église Saint-André, entre 1519 et 1552 et de de nombreuses autres oeuvres en Picardie et en Champagne. Malgré la Révolution et la Première Guerre mondiale, le département de l'Aisne conserve encore de Mathieu Bléville, outre les deux verrières de la basilique de Saint-Quentin, un Arbre de Jessé dans l'église de Bucy-le-Long et les verrières d'une église de La Ferté-Milon. Les verrières de Saint-Quentin ne sont pas signées ou ont perdu leur signature lors d'une ancienne restauration. Elles présentent néanmoins les caractéristiques du style de ce peintre-verrier : des figures féminines gracieuses, un traitement caricatural des bourreaux et des soldats, une forte influence de la gravure germanique, une composition foisonnante, un riche décor et, à l'occasion, un montage de pièces en chef-d'oeuvre. La verrière consacrée à sainte Barbe a été offerte par plusieurs donateurs, représentés en personne et/ou par leurs armoiries. Aux pieds de la sainte, sont agenouillés Antoine d'Ancienville, bailli de Sézanne, et son épouse, probablement Luce d'Autry (fille de Louis d'Autry seigneur de Courcelles). Derrière Antoine d'Ancienville, le chanoine Noël Thierry est également agenouillé en prière. Le troisième donateur et son épouse ne sont présents que par la représentation de leurs armoiries dans la partie supérieure de la verrière. Jean de Torcy, chevalier, seigneur du Deffant ou des Deffends a été lieutenant en 1525 de François de Bourbon, gouverneur de Paris, puis lieutenant général au gouvernement de Picardie sous le duc de Vendôme. La disposition des donateurs aux pieds de la sainte semble désigner Antoine d'Ancienville et son épouse comme principaux donateurs. Pourtant, le chanoine De La Fons attribue ce rôle au chanoine Noël Thierry. Cette verrière est endommagée, soit au cours du siège de 1557, par les tirs d'artillerie ou par la vibration des coups de canon, soit par les violentes tempêtes de janvier 1572 ou de mars 1581. Quoi qu'il en soit, une restauration effectuée dans la seconde moitié du 16e siècle ou dans la première moitié du 17e siècle, altère l'inscription dédicatoire dont la composition originale n'est pas connue. Aucune information ne nous est parvenue par la suite, jusqu'au milieu du 19e siècle. En 1855, le baron de Guilhermy, remarque cette verrière qu'il déclare "maladroitement réparée par des fragments étrangers". Un dessin de Désiré Laugée, représentant la partie inférieure de la verrière, met bien en évidence l'hétérogénéité de la verrière à cette époque. Toutefois, contrairement à ce qu'avance Guilhermy, les panneaux qui composent ce vitrail semblent tous en provenir. Il est donc probable que la verrière a été démontée à une époque inconnue, sans doute pour une restauration (non documentée), puis que certains panneaux ont été disposés au gré du hasard, lors de la repose. En 1860, l'hebdomadaire diocésain souligne que les deux verrières exigent une remise en plomb complète et la restitution de nombreux panneaux tronqués ou dépareillés. La verrière est recomposée par le peintre-verrier Louis Ottin en 1869, d'où la présence du mot "restituit" (a restitué) qui accompagne la signature du restaurateur, rajoutée sur l'oeuvre. En dépit de cette signature, il est bon de s'interroger sur le véritable rôle de Louis Ottin dans la restauration de cette verrière. En effet, le récit de la vie de l'archiprêtre Louis-Léonard Gobaille ne mentionne nullement Ottin, mais attribue la restauration de la verrière à un jeune peintre-verrier récemment établi à Saint-Quentin, Auguste Tallon, qui a exécuté ce travail avec succès. Peut-être s'agit-il d'une confusion. Pourtant, les renseignements transmis par cet ouvrage sont généralement exacts. Il est donc possible qu'Ottin ait retrouvé l'ordre logique des panneaux de la verrière et joué le rôle de cartonnier pour Auguste Tallon, à moins que les deux verriers n'aient collaboré. Ceci, toutefois, ne doit rester qu'une hypothèse en l'absence d'archives pour la corroborer. Pendant la Première Guerre mondiale, la verrière reste en place jusqu'en mars 1917, date à laquelle elle est déposée par les Allemands, puis envoyée à Maubeuge. Retrouvée après la guerre et entreposée au Panthéon, elle a été restaurée une dernière fois, par le peintre-verrier Auguste Labouret, avant d'être remontée dans sa fenêtre d'origine en 1952.

La verrière de la baie 37 occupe une baie libre en forme de grande lancette en arc brisé. La verrière est constituée de 57 panneaux vitrés répartis en quatre registres superposés. Le vitrail est formé de verre translucide, incluant une forte proportion de verre incolore. Les rehauts peints sont nombreux, qu'il s'agisse de grisaille ou de jaune d'argent.

  • Catégories
    vitrail
  • Structures
    • baie libre, rectangulaire vertical, en arc brisé
    • panneau vitré, 57, juxtaposé, superposé
  • Matériaux
    • verre transparent, soufflé, taillé, peint, grisaille sur verre, jaune d'argent
    • plomb, réseau
  • Précision dimensions

    Mesures proposées par l'ouvrage de Louis Ottin : h = 950 ; la = 250.

  • Iconographies
    • cycle narratif, sainte Barbe vie
    • figure, en donateur, chevalier, femme, chanoine, écu sainte Barbe, en pied, de trois-quarts, auréole, livre, palme, tour, groupe de figures
    • scène, tour, maçonnerie homme, épée, construction
    • scène, en pied, livre, conversation homme, assis, trône, sainte Barbe
    • scène, équestre, berger sainte Barbe, cacher, montagne, homme
    • scènes, spectateur, chien, bourreau, colonne, lien, fouet, marteau, torche, sein, fond de paysage martyre, nudité, groupe de figures
    • scène, décollation, agenouillé, homme sainte Barbe
    • scène, mort par le feu, foudre
    • ornementation, crâne, guirlande, à chutes, écu chérubin, angelot, médaillon, à candélabres, squelette d'animal
  • Précision représentations

    Les principales scènes de la vie de sainte Barbe sont superposées et juxtaposées sur la verrière. Au centre, est représentée la sainte, debout et de trois-quarts, richement vêtue et auréolée, Elle lit dans un livre qu'elle tient de la main gauche et porte une palme de la main droite. Son attribut, une tour, se dresse à côté d'elle. Les donateurs de la verrière sont agenouillés à ses pieds : Antoine d'Ancienville (en armure) et son épouse, ainsi que le chanoine Noël Thierry. Un écu armorié figure à côté de chaque donateur. En haut, à gauche, Dioscore, le père de sainte Barbe surveille le chantier de construction ou d'agrandissement de la tour. Il est vêtu avec luxe et tient une épée à la main. Un ouvrier taille des pierres. Un autre, monté sur une échelle, semble justifier la présence d'une troisième fenêtre (rappel de la Trinité). Sainte Barbe est agenouillée au pied de la tour. Une petite scène est représentée à gauche de la figure centrale de la sainte. Dioscore est assis de profil dans un fauteuil. Il entretient une conversation animée avec sainte Barbe, debout et de profil, qui tient le livre des Ecritures sous son bras. A côté de la sainte, un homme semble se dissimuler derrière une tenture. Peut-être s'agit-il de l'architecte de la tour, qui a subi le courroux de Dioscore. La scène qui lui répond, de l'autre côté de la sainte, montre sainte Barbe qui, après avoir fui son père, s'est dissimulée dans une contrée montagneuse. Un berger la désigne à Dioscore, monté sur un cheval. Sainte Barbe maudit le berger et transforme ses moutons en sauterelles. Les deux registres inférieurs sont occupés par quatre épisodes du martyre de sainte Barbe. Les scènes se déroulent en présence de spectateurs et sur un fond d'architectures. A chaque fois, la sainte, au centre, est la victime de deux bourreaux qui l'encadrent. Attachée nue à une colonne, elle est battue de verges. Deux chiens assistent à la scène. Puis elle est liée à une potence, la tête en bas, et reçoit des coups de marteau. Les deux dernières scènes se passent en présence de son père. La sainte, qui est attachée entre deux colonnes, est d'abord brûlée avec des torches ; enfin, tandis qu'elle est agenouillée, on lui coupe les seins. A l'arrière de l'un de ces tableaux, un ange désigne le ciel à la sainte agenouillée et en prière. Enfin, les derniers épisodes de la légende se déroulent en haut et à droite de la verrière. La sainte est agenouillée, mains jointes, et s'apprête à être décapitée par son père, qui lève l'épée. Plus loin, le feu du Ciel tombe sur Dioscore et le foudroie. Les scènes sont entourées et séparées par une ornementation typique de la Renaissance, qui réunit des guirlandes, des chérubins, des médaillons, des candélabres et des chutes. Dans l'arc de la verrière, deux couples d'angelots encadrent les écus de donateurs.

  • Inscriptions & marques
    • date, peint, sur l'oeuvre
    • inscription concernant le donateur, peint, sur l'oeuvre
    • inscription concernant une restauration, peint, sur l'oeuvre, latin
    • armoiries, sur l'oeuvre
  • Précision inscriptions

    Dans le bas de la verrière, un bandeau porte l'inscription suivante : Mess[i]re Jeha[n] de Torsy chev[ali]er messire Anthoine d'Anssienville seigneur dudit lieu et bailli de Sezan[n]e / Mess[i]re Noel Tierry chanoine de seans a don[n]e ceste verriere l'an mil cinq cent trente trois le Ier daoust. Entre cette inscription et la base des scènes figurées, a été peint : L. OTTIN RESTITVIT ANNO MDCCCLXIX. Plusieurs armoiries sont représentées sur cette verrière. Sous l'homme en armure, agenouillé au centre, se voient les armoiries de la famille d'Ancienville qui, d'après l'épitaphier de Picardie, se lisent : de gueules à trois marteaux d'or, emmanchés d'argent. Une autre source propose : de gueules à trois marteaux de maçon d'argent, entés et emboutés d'or, ce qui correspond mieux à leur figuration sur cette verrière. A sa droite, son épouse est accompagnée d'un écu losangé portant ses armoiries d'alliance (Ancienville et sans doute Autry). Derrière Antoine d'Ancienville, le chanoine Noël Thierry est également identifié par ses armoiries. Enfin, dans la partie supérieure, les deux écus accostés par des angelots doivent porter les armes de Jean de Torcy, à gauche, et de son épouse (Antoinette de Lespinasse ?), à droite.

  • État de conservation
    • grillage de protection
    • plombs de casse
    • oeuvre restaurée
  • Précision état de conservation

    Les documents d'archives et les sources publiées mentionnent à plusieurs reprises de graves dommages ou des restaurations. Cette verrière, comme toutes celles de la collégiale, a dû souffrir du siège de 1557, comme des tempêtes dévastatrices signalées par les auteurs d'Ancien Régime. Au milieu du 17e siècle, le chanoine De La Fons précise que l'inscription inférieure renferme des erreurs, dues à une restauration maladroite. En 1860, cette verrière figure parmi celles qui réclament une réparation urgente. Elle exige une remise en plomb complète et la restitution de bon nombre de panneaux tronqués ou dépareillés. Un dessin de la partie basse de la verrière témoigne en effet d'une disposition désordonnée des panneaux. Comme l'indique une inscription, la restauration a été effectuée par le peintre-verrier Louis Ottin, en 1869. Cette verrière, déposée en 1917, a été une dernière fois restaurée avant d'être reposée en 1952.

  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Intérêt de l'œuvre
    À signaler
  • Protections
    classé au titre immeuble, 1840
  • Référence MH

Documents d'archives

  • AMH (Médiathèque du Patrimoine) : 81/02, carton 169.

    dossier 16 (travaux de 1950 à 1955) ; sous-dossier : restauration des verrières 13e et 16e siècles
  • BnF (Cabinet des Manuscrits) ; naf 6108. Collection Guilhermy.

    folio 319 recto

Bibliographie

  • DREILING, Prof. Dr. Raymund. Die Basilika von St. Quentin. Ihre Geschichte und ihr Charakter. St. Quentin, 1916.

    p. 48
  • FRANCE. Corpus Vitrearum Medii Aevi. Les vitraux de Paris, de la Région parisienne, de la Picardie et du Nord-Pas-de-Calais. Recensement des vitraux anciens de la France, vol. 1. Paris : éditions du CNRS, 1978.

    p. 168
  • GOMART, Charles. Extraits originaux d'un manuscrit de Quentin de La Fons intitulé Histoire particulière de l'église de Saint-Quentin, publiés, pour la première fois, par Ch. Gomart. Saint-Quentin : librairie Doloy, 1854, t. 1er.

    p. 132-133
  • GOMART, Charles. Notice sur l'église de Saint-Quentin. Bulletin monumental, 1870, vol. 36 (4e série, t. 6).

    p. 230
  • HACHET, Jules. La basilique de Saint-Quentin. Son Histoire - Sa Description. Troisième édition. Saint-Quentin : Imprimerie moderne, 1926.

    p. 71
  • HADELN, Detlev von. Das Museum AU PAUVRE DIABLE zu Maubeuge. Ausstellung der aus St. Quentin und Umgebung geretteten Kunstwerke. Im Auftrage eines Armee-Oberkommando herausgegeben von D. Frh v. Hadeln Lt. d. Res. Stuttgart : Verlag von Julius Hoffmann, 1917.

    p. 3
  • LAFOND, Jean. Les vitraux de Châlons-sur-Marne et de Saint-Quentin et l'oeuvre de Mathieu Bléville. Bulletin de la société de l'Histoire de l'Art français, Année 1961.

    p. 21-28
  • OTTIN, Louis. Le vitrail. Son histoire, ses manifestations à travers les âges et les peuples. Paris : H. Laurens éditeur, 1896.

    p. 210-212
  • POINDRON, Abbé Théodore. Le saint prêtre peint par lui-même ou Vie de M. Louis-Léonard Gobaille, curé-archiprêtre de Saint-Quentin. Saint-Quentin : imprimerie Jules Moureau, 1881.

    p. 340-341
  • RODIERE, Roger. Epitaphier de Picardie. Mémoires de la société des Antiquaires de Picardie, tome 21. Amiens : Yvert et Tellier. Paris : Picard. 1925.

    p. 510.
  • La Semaine du Vermandois et de la Picardie.

    1860, 3e année, n° 23 (19-26 mai 1860), p. 439-441

Documents figurés

  • Dessin des deux registres inférieurs de la verrière 37, dessin, par Désiré François Laugée, 2e quart du 19e siècle (AD Aisne ; J 2835).

  • Dessin des deux registres inférieurs de la verrière 37, dessin sur papier calque, milieu du 19e siècle (AMH, Médiathèque du Patrimoine : 82/02/2050, n° 62).

  • Légende de sainte Barbe / L. Ottin, dessinateur. H. Racle, héliotypie. Paris : H. Laurens éditeur, 1896. 1 est. Dans : "Le vitrail. Son histoire, ses manifestations à travers les âges et les peuples." / Louis Ottin, pl. X.

Date(s) d'enquête : 2002; Date(s) de rédaction : 2008
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Riboulleau Christiane
Riboulleau Christiane

Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France jusqu'en 2022.

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