Dossier d’œuvre objet IM02005331 | Réalisé par
Riboulleau Christiane
Riboulleau Christiane

Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France jusqu'en 2022.

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Plouvier Martine
Plouvier Martine

Historienne, Martine Plouvier a été conservateur régional de l'Inventaire général de Picardie, conservateur en chef aux Archives nationales et directrice du Centre d'études et de recherches prémontrées.

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  • mobilier et objets religieux, la cathédrale de Soissons
Grisaille décorative (baie 25)
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Grand Soissons Agglomération - Soissons-Sud
  • Commune Soissons
  • Adresse Cathédrale Saint-Gervais-Saint-Protais , place Cardinal-Binet
  • Emplacement dans l'édifice bras nord du transept, paroi ouest (baie 25)

Après la Seconde Guerre mondiale, et surtout vers la fin du 20e siècle, l'État se préoccupe de poursuivre la pose de vitraux dans la cathédrale, autour du chœur et dans le transept. Certaines de ces créations sont des "verrières de complément", œuvres composites qui permettent l'intégration de fragments anciens, recueillis dans les ruines de la cathédrale ou déposés après 1918, et conservés à la fin du 20e siècle au dépôt de Champs-sur-Marne.

Parmi ces éléments, figurent des panneaux ou des verres provenant de "grisailles décoratives" qui ornaient plusieurs fenêtres hautes de la cathédrale en 1914. À cette époque, ces grisailles proviennent de plusieurs sources. Certains panneaux datent sans doute de la construction du monument dans le courant du 13e siècle, et ont survécu aux soubresauts de l'Histoire.

D'autres panneaux ornaient peut-être autrefois l'église abbatiale Saint-Jean-des-Vignes de Soissons. En effet, alors que la démolition de cette église est programmée au tout début du 19e siècle, une commission est nommée au sein de la fabrique de la cathédrale en février 1807, pour trouver le moyen de profiter le mieux possible des matériaux qui doivent résulter de la démolition de Saint-Jean-des-Vignes, dont des "panneaux de vitres montés en plomb". Le 18 mars 1807, la fabrique extérieure de la cathédrale passe contrat avec deux Soissonnais, le serrurier Jean Féresse et l'horloger Jean-François Archin, qui doivent enlever toutes les fenêtres, roses et rosettes de Saint-Jean-des-Vignes, et fournir pour le 15 mars 1807 100 panneaux garnis de leurs plombs et de leurs verres, autant que faire se pourra. Par la suite, les archives sont muettes sur l'usage qui a été fait de ces panneaux de vitraux. Il est possible qu'ils aient simplement servi de source de verre, tant incolore que coloré, pour des réparations ponctuelles aux verrières de la cathédrale. Mais il n'est pas inconcevable que des panneaux entiers aient été installés dans des fenêtres affectées de lacunes importantes.

Enfin, d'autres panneaux de grisaille ont peut-être pour origine l'église abbatiale Saint-Yved de Braine. Terriblement endommagé par l'explosion de la poudrière du bastion Saint-Remy, le 13 octobre 1815, le vitrage de la cathédrale doit être alors entièrement restauré. Un examen du monument révèle que sur plus de cent grandes croisées, à peine quelques unes ont été épargnées. Pour effectuer les réparations, le verrier qui en est chargé acquiert au début de 1816, auprès de la fabrique de Braine, des panneaux de verre peint provenant de l'église abbatiale Saint-Yved en cours de démolition. Certains auteurs parlent d'une acquisition de 250 panneaux. Or, le seul document d'archives qui mentionne cet achat signale seulement une dépense de 250 F. Quoi qu'il en soit, cette transaction peut avoir concerné autant des sujets en verre de couleur que des motifs décoratifs peints à la grisaille sur des verres incolores.

Quand le baron de Guilhermy visite la cathédrale vers le milieu du 19e siècle, les seules fenêtres à avoir conservé des grisailles du 13e siècle sont les fenêtres hautes du côté nord de la nef et les fenêtres hautes du croisillon nord du transept. Les fenêtres du côté nord de la nef sont restaurées à partir de 1856 et jusqu'à la fin des années 1860 par l'atelier Didron de Paris. La maçonnerie qui bouchait la partie inférieure de ces baies depuis 1816 est alors retirée et le verrier est invité à compléter les parties manquantes, dans le respect des panneaux en place. Actuellement, la verrière de la baie 25 intègre un verre portant la date peinte de 1862, qui doit provenir de cette partie du monument. Quant aux baies du transept nord, elles reçoivent une vitrerie neuve vers la fin des années 1870 et au début des années 1880. Édouard Didron n'intervient alors que pour la restauration des rosaces figurées. Il ne paraît donc pas que les fenêtres du croisillon nord aient conservé des panneaux anciens de grisailles, une fois cette rénovation achevée.

Les bombardements de la Première Guerre mondiale causent de graves dommages au monument et à celles des verrières qui sont restées en place. Une fois la paix revenue, les éléments des grisailles de la nef qui ont survécu au conflit sont déposés et conservés, tandis que commence la restauration de l'édifice. Il faut attendre le début des années 1980 pour que le service des Monuments historiques projette de réinstaller les grisailles conservées. Le programme de la verrière est établi en 1986. Sa mise en œuvre est confiée à l'atelier de Guy et Anne Le Chevallier, installé à Fontenay-aux-Roses, et aboutit en 1988 à la pose de ce vitrail qui unit avec harmonie et inventivité des grisailles décoratives de plusieurs périodes.

La verrière prend place dans une grande baie qui s'achève en arc brisé à sa partie supérieure. Elle est composée de onze registres superposés de quatre panneaux juxtaposés. Le vitrail est formé d'un assemblage de pièces de "verre antique" incolore recouvertes d'un décor peint à la grisaille. Quelques verres de couleur y sont intégrés, soit au cœur des quadrilobes, soit dans la bordure.

  • Catégories
    vitrail
  • Structures
    • baie libre, rectangulaire vertical, en arc brisé
  • Matériaux
    • verre transparent, incolore soufflé, taillé, peint, grisaille sur verre
    • plomb, réseau
  • Précision dimensions

    Mesures approximatives : h = 810 ; la = 230.

  • Précision représentations

    La verrière est formée de panneaux rectangulaires de quadrilobes, posés sur un grand quadrillage formant réseau. Les quadrilobes renferment des cercles ou des ovales, des feuillages ou des trèfles et une rosace centrale. Ces panneaux anciens alternent avec des panneaux de création récente ornés de petits motifs géométriques : triangles, ovales, etc. La bordure est constituée d'une suite ou d'une imbrication de losanges et de perles.

  • Inscriptions & marques
    • date, peint, sur l'oeuvre, ancien, latin
  • Précision inscriptions

    Une inscription incomplète, peinte à la grisaille, qui provient d'une verrière créée ou restaurée dans la seconde moitié du 19e siècle, a été intégrée dans la bordure latérale droite de ce vitrail : [...] M : DCCCLX / II : PAR [...].

  • État de conservation
    • grillage de protection
    • macédoine
    • plombs de casse
    • bon état
    • oeuvre composite
  • Précision état de conservation

    La verrière est une création récente qui unit des panneaux anciens de plusieurs périodes, restaurés à l'aide de plombs de casse, et des panneaux modernes dans lesquels sont incrustés ça et là des motifs décoratifs réalisés en macédoine. Le vitrail, en bon état, est protégé à l'extérieur par un grillage.

  • Statut de la propriété
    propriété de l'Etat
  • Intérêt de l'œuvre
    À signaler
  • Protections
    classé au titre immeuble partiellement, 1862
  • Référence MH

La cathédrale ayant été classée par liste de 1862, les objets qui, comme les verrières médiévales, étaient incorporés à l'édifice à cette date, profitent de la même protection. S'il est exact que cette verrière a été créée en 1988, il s'agit néanmoins d'une verrière de complément, qui intègre des éléments de grisaille du 13e siècle et d'autres créés sur le même modèle à partir de 1856, soigneusement recueillis ou déposés après la Première Guerre mondiale. En toute logique, les éléments les plus anciens de la verrière peuvent donc être considérés comme bénéficiant de la même protection que l'édifice.

Documents d'archives

  • AN. Série F ; Sous-série F 19 (Cultes) : F 19, carton 7888 (Travaux exécutés dans la cathédrale de Soissons au cours de la période concordataire ; 1854-1883).

    Documents relatifs aux vitraux de l'édifice.
  • AN. Série F ; Sous-série F 19 (Cultes) : F 19, carton 7889 (Travaux exécutés dans la cathédrale de Soissons au cours de la période concordataire ; 1884-1886).

    Dossier relatif aux vitraux (1868-1886).
  • AMH Amiens : Soissons, cathédrale.

    Comptes-rendus d'une visite de la cathédrale, en date des 17 juin 1981 et 16 janvier 1986.
  • A. Evêché Soissons. Série L (temporel) ; Sous-série 6 L : 6 L Soissons 1815-1818 (travaux de la cathédrale, à la suite de l'explosion).

  • A Évêché Soissons. Série P (paroisses) : P Soissons-Cathédrale, 1 E 1. Correspondance échangée avec la fabrique de la cathédrale (1791-1881).

    document du 12 février 1807, contrat du 18 mars 1807.
Date(s) d'enquête : 2004; Date(s) de rédaction : 2012
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Riboulleau Christiane
Riboulleau Christiane

Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France jusqu'en 2022.

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Plouvier Martine
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Historienne, Martine Plouvier a été conservateur régional de l'Inventaire général de Picardie, conservateur en chef aux Archives nationales et directrice du Centre d'études et de recherches prémontrées.

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