Dossier d’œuvre objet IM02005574 | Réalisé par
Riboulleau Christiane
Riboulleau Christiane

Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France jusqu'en 2022.

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  • patrimoine de la Reconstruction
  • enquête thématique régionale, La première Reconstruction
Série de six chapiteaux figurés (décor intérieur) : scènes de l'Ancien et du Nouveau Testament, Ancienne église paroissiale Saint-Martin de Bichancourt
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté d'agglomération Chauny-Tergnier-La Fère - Coucy-le-Château-Auffrique
  • Commune Bichancourt
  • Adresse Église paroissiale Saint-Martin , rue de l'Église , rue du Calvaire
  • Emplacement dans l'édifice supports de la nef
  • Dénominations
    chapiteau
  • Titres
    • Scènes de l'Ancien et du Nouveau Testament

La précédente église est détruite au cours de la Première Guerre mondiale. Le projet de reconstruction proposé par l'architecte Charles Luciani (1891-1951) est adopté au milieu de l'année 1926 (d'après la revue "L'Architecture") et parachevé en 1927, comme en témoignent les documents graphiques dessinés par l'architecte et conservés dans les archives communales. Les travaux commencent en 1928 et la première pierre est bénite le dimanche 28 octobre 1928. Le bâtiment achevé est béni le 9 août 1931 par Mgr Mennechet.

En l'absence de documentation, il est difficile de savoir si le décor des chapiteaux a été conçu dès le commencement de l'entreprise, ou s'il a fallu attendre 1928 ou 1929 pour qu'il soit élaboré et réalisé dans ses moindres détails. Le compte de liquidation, présenté en 1939 au maire de Bichancourt par la Coopérative de reconstruction des églises dévastées, n'apporte pas de précision sur ce point, mais permet d'attribuer les travaux de sculpture de l'édifice à deux artistes : Gaston Petit (1890-1984) et Louis Fornerot, ce dernier touchant néanmoins des sommes quatre fois supérieures à celles de son collègue. S'il est donc tentant d'attribuer la sculpture de ces chapiteaux à Louis Fornerot, il ne peut s'agir ici que d'une hypothèse, le partage des tâches entre ces deux sculpteurs n'étant pas connu.

  • Période(s)
    • Principale : 2e quart 20e siècle
  • Auteur(s)

Chacun des six chapiteaux a été sculpté dans un seul bloc de calcaire blanc. Quatre de ces chapiteaux surmontent une colonne de section circulaire. Leur corbeille est donc de plan circulaire à la base, au-dessus de l'astragale (moulure convexe). Puis la corbeille change progressivement de forme, s'évase et finit par adopter un plan carré sous le tailloir, carré lui aussi. Les deux chapiteaux les plus à l'est couronnent des pilastres. Leur corbeille, qui prend également place entre un astragale et un tailloir, est de plan rectangulaire. La corbeille de ces six chapiteaux est entièrement couverte d'un décor sculpté en relief dans la masse, dont la profondeur varie du bas-relief au haut-relief. La conception de ces chapiteaux est influencée par l'art roman, comme en témoignent par exemple le développement de certaines scènes sur deux côtés de la corbeille, l'installation aux angles d'éléments pouvant participer à deux scènes adjacentes, ou la taille inégale de personnages voisins.

  • Catégories
    sculpture
  • Structures
    • plan, circulaire, carré, rectangulaire
  • Matériaux
    • calcaire, monolithe, blanc taillé, décor en relief, décor dans la masse
  • Précision dimensions

    À sa base, immédiatement au-dessus de l'astragale, le chapiteau pourrait avoisiner 60 cm de diamètre. À sa partie supérieure, sous le tailloir, il pourrait mesurer environ 95 cm de côté (mesures approximatives).

  • Précision représentations

    De style néo-roman, les six chapiteaux des supports de la nef sont ornés de scènes illustrant des passages de la Bible. Ceux du côté nord se rapportent à l'Ancien Testament et ceux du côté sud au Nouveau Testament.

    Le premier chapiteau nord est consacré au péché originel, tel qu'il est relaté au chapitre 3 du Livre de la Genèse. L'arbre de la connaissance du Bien et du Mal a été sculpté à un angle du chapiteau. D'un côté, Ève nue dans la végétation luxuriante du jardin d’Éden cueille un fruit de l'arbre, mal inspirée par le serpent qui se dresse derrière elle et semble lui parler à l'oreille. Sur la face adjacente, composée symétriquement, Adam nu saisit un autre fruit. Il s'agit là d'une irrégularité par rapport au récit biblique dans lequel Ève, après avoir mangé de ce fruit, en donne à Adam. Sur les deux autres côtés, un chérubin aux ailes éployées, tenant une épée de feu, monte la garde à la porte du paradis et chasse Adam et Ève qui se dissimulent et fuient.

    Le second chapiteau résume l'histoire du Déluge (Livre de la Genèse, chapitres 6 à 8). Sur le côté qui regarde la nef, Noé, un ciseau à bois à la main, fait monter les animaux dans l'arche qu'il vient de construire. Un éléphant et une girafe avancent sous la pluie et les éclairs, tandis que la proue du navire semble être soulevée par des vagues. La face suivante est ornée de la colombe qui revient à l'arche avec un rameau d'olivier dans son bec, preuve de la décrue des eaux. Le troisième côté représente uniquement un paysage de rochers et d'arbres d'où ressort la poupe de l'arche, allusion au mont Ararat sur lequel s'est arrêté le navire. Enfin, sur la dernière face, Noé, après avoir construit un autel, près duquel on distingue un fagot, offre à Dieu un bélier en holocauste.

    Le troisième chapiteau est orné d'une scène unique. S'avançant dans les roseaux du Nil, la fille du pharaon et une suivante recueillent le petit Moïse dans son berceau (d'après le Livre de l'Exode, chapitre 2, versets 1 à 6).

    En l'absence de documents retraçant le programme iconographique de cette église, il est difficile de retrouver l'idée commune à ces représentations pittoresques. À première vue, le thème de l'alliance entre Dieu et l'humanité pourrait s'imposer : première alliance trahie par Adam, alliance renouvelée par Dieu avec Noé après le Déluge, enfin alliance avec Israël et don de la Loi divine, par l'intermédiaire de Moïse. Mais Moïse est représenté ici dans sa petite enfance et ce thème ne saurait donc convenir. Peut-être faut-il y voir simplement la représentation du péché originel et l'action bénéfique de l'eau : eau purificatrice dans le cas du Déluge, qui détruit une humanité corrompue, et eau salvatrice du Nil pour le petit Moïse, menacé de mort. Un tel thème serait approprié en bordure du bas-côté nord où sont installés les fonts baptismaux.

    Les chapiteaux du côté sud portent des scènes de la vie du Christ tirées des Évangiles, mais disposées sans respect de la chronologie des événements. Le premier chapiteau sud est orné de quatre épisodes, sculptés sur des fonds de végétation, privilégiant les palmes et les grandes fougères. À l'ouest, prend place une résurrection. À un geste du Christ, un personnage se redresse dans sa tombe et se dégage de son linceul. Derrière eux, trois personnes sont les témoins du miracle. L'attitude de la femme, les mains jointes sous le nez, peut exprimer une surprise émerveillée, mais aussi le désir de se préserver d'une odeur déplaisante, ce qui permettrait de reconnaître une résurrection de Lazare, plutôt qu'une résurrection du fils de la veuve de Naïm. La face nord du chapiteau a été réservée à une guérison miraculeuse. Sous le regard de témoins des deux sexes, Jésus touche le visage d'un homme situé plus bas que lui - donc assis ou agenouillé. Il pourrait s'agir de la guérison de l'aveugle de naissance ou de celle d'un lépreux. À l'est, le baptême du Christ a été représenté de façon traditionnelle. Saint Jean-Baptiste, muni d'une croix, verse de l'eau sur la tête du Christ plongé dans le Jourdain. La colombe du Saint-Esprit plane au-dessus d'eux. Sur la gauche, un homme à l'identité inconnue équilibre la composition. Enfin au sud, en présence d'un autre apôtre, l'incrédule saint Thomas admet la résurrection du Christ, en touchant la plaie laissée dans son flanc par la lance du soldat romain.

    Le deuxième chapiteau comporte à l'est une Fuite en Égypte à l'iconographie traditionnelle. Au centre, la Vierge tenant l'Enfant Jésus dans les bras est assise sur l'âne. Ce groupe est précédé par saint Joseph, qui porte un balluchon sur son épaule, et est accompagné par un ange en vol. En revanche, la représentation du côté nord est inhabituelle, bien qu'elle se réfère probablement à l'entrée triomphale du Christ à Jérusalem. Les personnages sont sculptés à mi-corps, de telle sorte qu'on ne voit pas si Jésus est monté ou non sur un âne. Il tient une branche d'arbre à la main et est escorté par trois apôtres auréolés, dont l'un tient également un rameau. Il s'agit là d'un traitement original du sujet, car les branches et les palmes sont généralement brandies par les habitants de Jérusalem qui accueillent le Christ et son escorte, mais qui, ici, n'ont pu être représentés, faute de place. Cette interprétation du thème pourrait être inspirée par des chapiteaux romans, tel celui du cloître de la Daurade à Toulouse où le Christ et les apôtres sont aussi munis de palmes. Les deux dernières faces du chapiteau ne forment qu'une seule scène. Il pourrait s'agir de la pêche miraculeuse sur le lac de Tibériade. Adossé à de la végétation, Jésus fait face à une étendue d'eau sur laquelle flottent des bateaux de pêche. Il lève un bras, semblant susciter un bienfait du Ciel, qui se matérialise par des rayons lumineux tombant sur l'eau et sur les embarcations. Au sud, de gros poissons, sortis d'un filet, sont entassés sur le sol. À l'arrière, un homme porte sur une épaule un panier débordant de poissons.

    Enfin, le troisième et dernier chapiteau est exclusivement orné d'une Adoration des mages, influencée par l'art gothique. Le centre est occupé par la Vierge, assise, portant sur ses genoux l'Enfant Jésus nu. Elle est encadrée par les mages, hommes âgés représentés à mi-corps, qui - après avoir suivi l'étoile encore visible - présentent leurs cadeaux avec respect.

  • État de conservation
    • bon état
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Intérêt de l'œuvre
    À signaler
  • Protections
    inscrit au titre immeuble, 2018/11/12
  • Précisions sur la protection

    L'église ayant été inscrite au titre des Monuments historiques le 12 novembre 2018, son décor porté bénéficie de la même protection.

  • Référence MH

Documents d'archives

  • AD Aisne. Série R ; sous-série 15 R (Dommages de guerre de la Première Guerre mondiale) : 15 R 1987. Dommages de guerre de la société coopérative de reconstruction des églises du diocèse de Soissons.

    Projet de liquidation au compte de la commune de Bichancourt.
Date(s) d'enquête : 2021; Date(s) de rédaction : 2021
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Riboulleau Christiane
Riboulleau Christiane

Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France jusqu'en 2022.

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Édifice
Ancienne église paroissiale Saint-Martin de Bichancourt

Ancienne église paroissiale Saint-Martin de Bichancourt

Commune : Bichancourt
Adresse : rue, de l'Église, rue du Calvaire