Dossier d’œuvre architecture IA80007321 | Réalisé par
  • inventaire préliminaire, arrière-pays maritime picard
Ancien moulin à blé et ferme Gourlin
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
  • (c) SMACOPI

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté de communes Ponthieu-Marquenterre - Nouvion
  • Commune Port-le-Grand
  • Lieu-dit Moulin-Gourlin
  • Cadastre 1832 B1 26, 27 ; 1984 ZR 5
  • Dénominations
    moulin à blé, ferme
  • Appellations
    Moulin Gourlin
  • Destinations
    moulin à blé, ferme, maison
  • Parties constituantes non étudiées
    cour, puits, fournil, étable à chevaux, étable, grange

Le lieu-dit porte le nom de la famille Gourlin, qui l'habitait au 19e siècle. L'état de section indique que le moulin appartenait à Pierre Gourlin, meunier à Port. Les terres dépendaient du seigneur du Ponthieu et auraient également appartenu à l'abbaye de Saint-Riquier. Il s'agissait à l'origine de la maison d'un passeur quand la mer baignait encore les pieds de Port-le-Grand. Le sceau du passeur anglais aurait été retrouvé sur la propriété. Les fouilles archéologiques ont permis la découverte au nord de la ferme, d´un grand enclos rectangulaire funéraire à doubles fossés pouvant dater de l´Age du Bronze.

La carte de Cassini (vers 1756) ne mentionne pas de moulin à cet endroit. La ferme et le moulin apparaissent sur le plan par masses de cultures de 1802 (plan en U) et sur cadastre napoléonien de 1832 (plan à cour fermée). Le moulin apparait au nord de l´exploitation agricole. Un tableau de L. Lemaire du début du 19e siècle, conservé chez un particulier, pourrait en être une représentation. Le logis en contrebas possède un toit de chaume. Le moulin dispose d'ailes symétriques, d'une échauguette à l'arrière et d'un toit à deux pans. Le moulin en bois a brûlé pendant la première guerre mondiale.

Les recensements de population signalent tout d'abord une fonction mixte du lieu. En 1836, y habitent Pierre-François Gourlin (meunier) et ses fils, cultivateurs (Jean-Baptiste et Adolphe) et meunier (François), ainsi que deux domestiques de ferme. François Gourlin meunier est seul présent sur le site en 1851. Lui succède Emile Gourlin, qui se déclare d'abord meunier (1872), puis fermier (1881) et cultivateur (1906) ; il emploie alors trois domestiques de ferme. En 1911, le lieu est inhabité.

Le logis semble avoir été l'habitation du meunier. L'accès à la cave, qui s'effectuait par une trappe située dans la maison, a été condamné à une date inconnue. La ferme présentait, avant la destruction des bâtiments annexes, un plan au sol rectangulaire régulier. Les haies et alignements d'arbre marquent les fondations des anciens bâtiments.

D´après les renseignements aimablement fournis par le propriétaire, le logis et l'écurie dans son prolongement occupaient, comme aujourd'hui, la partie sud de la cour, les poulaillers et porcheries en brique, très étroites, le côté ouest, la grange, aujourd'hui reconstruite à son emplacement d'origine (écroulée en 1968 suite à une tempête), et sur le côté oriental, une deuxième grange en L dont une partie des fondations en briques sont encore en place. Un dernier bâtiment (à usage de stockage) était situé parallèlement à la grange au nord. La première poutre devant la cheminée dispose d'un crochet permettant d´attacher les enfants qui jouaient près du feu sans risquer d´accident. Les trois fours dans le fournil ont été condamnés suite à un incendie. Le pignon a été en partie refait en brique. L'écurie, mitoyenne, a également pris feu. Seul le mur gouttereau sud en silex a été épargné. Le reste a été reconstruit en parpaings. Le comble, aujourd'hui aménagé, était destiné à la conservation des grains. La meule en grès, conservée dans la cour, a été retrouvée dans la maçonnerie de la maison, et servait à l'époque de pas de porte. Il fut également occupé pendant la Seconde Guerre mondiale ; l'infirmerie allemande occupait le fournil.

  • Période(s)
    • Principale : 18e siècle

Le site est situé sur le versant nord du plateau, lui conférant ainsi une vue imprenable sur les bas-champs. Les fondations du bâtiment, de 2.5 mètres ou 3 mètres de profondeur, sont en brique, silex et pierres de taille ou lits alternés de brique et pierre de taille. La cave dispose de plusieurs aérations en pente. Les cloisons sont en pierre de taille de modules différents, diminuant avec la hauteur du mur. La maçonnerie du logis de cette ancienne ferme, long de cinq travées, orienté au sud, est entièrement en pierre de taille avec mortier de sable. Le sous-sol abrite une cave composée de plusieurs pièces. Les linteaux des fenêtres sont en bois. L´habitation, de 6 mètres de large, possède des murs de 80 cm à un mètre d'épaisseur. Des tirants en fer maintiennent par endroit la maçonnerie. La première poutre devant la cheminée est abîmée par les traces de feu. D'ouest en est, les pièces sont ainsi distribuées : la salle à manger, la salle commune, les deux chambres au sud et une seule au nord, le fournil et l'écurie. Le comble est accessible par l'emprunt d'un escalier de meunier situé dans le fournil. Le mur situé entre le fournil et l'écurie accueillait à l'origine trois fours à pain. La cheminée et son four à pain sont encore visibles au sud de cette pièce. La salle d´apparat possède poutres et solives apparentes en chêne. La cheminée picarde a conservé son petit placard avec renfoncement pour disposer les braises. L'écurie dans le prolongement de la partie habitable dispose, pour le mur gouttereau sud, de deux travées en blocage de silex. Des contreforts en brique les supportent. Les murs intérieurs sont composés d'un blocage de moellons de craie. Un puits de 45 mètres de profondeur, situé au nord du moulin, est composé de moellons de craie. Il s'agit d'un puits à marne destiné à l'extraction des moellons. Une salle de 20 m² a d'ailleurs été découverte au fonds de ce puits. La charpente visible dans les combles est chevillée tous les 30 centimètres. Le sol de la maison est entièrement composé de briques au sol.

  • Murs
    • brique
    • silex
    • pierre de taille
    • moellon
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    sous-sol, en rez-de-chaussée, comble à surcroît
  • Couvrements
    • charpente en bois apparente
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • appentis
  • État de conservation
    remanié
  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler

L'utilisation de la pierre de taille est un élément rare pour les constructions privées de ce pays. La craie est essentiellement utilisée pour les édifices religieux (église de Port-le-Grand, Pendé, Boismont) puisque la main d'oeuvre des tailleurs de pierre était relativement onéreuse. Le matériau est pourtant facilement exploitable puisque le sol en regorge. La craie qui compose la maçonnerie du logis provient peut-être du puits à marne situé sur la propriété. La ferme disposait d'un espace clos afin de se protéger du vent. La présence d'un passeur à cet endroit permet de douter sur la fonction d'origine de cette ferme : s'agissait-il d'un moulin ? Ce moulin est à rapprocher de celui de Saint-Maxent.

Documents d'archives

  • AD Somme. Série P ; 3 P 637/3. Etat de section de la commune de Port-le-Grand, [19e siècle].

  • AD Somme. Série M ; 2M_LN 302. Recensement de population de la commune de Port-le-Grand, [1836-1936].

Documents figurés

  • Port-le-Grand. Plan cadastral, 1832 (AD Somme ; 3 P 1451).

  • Peinture sur toile, 19e siècle.

Date d'enquête 2004 ; Date(s) de rédaction 2004
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
(c) SMACOPI