Il existe dans le département de la Somme deux filatures dont nous croyons devoir faire une mention particulière.
La plus ancienne est établie à Gamaches. M. Jacques, banquier à Paris avait fait établir à Versailles des métiers à filer le lin pour l'un des frères Beauwens. N'ayant pas réussi, il le fit transporter à Gamaches où il possédait plusieurs chutes d'eau. Après avoir lutte pendant quelques années, avec courage contre les difficultés que présente la filature du lin à la mécanique, il céda son établissement à M. Delcourt, neveu de M. Ternaux, qui lui même fut forcé de l'arrêter au bout d'un an ; les frais généraux n'étant pas couverts par les bénéfices de la filature.
En général les contacteurs qui se sont occupés de machine à filer le lin ne connaissent pas assez la matière sur laquelle ils devaient opérer. Les qualités de lin sont très variés, leur machine n'en pouvaient employer qu'un petit nombre, dont elle se tiraient pas même tout le parti possible. Ils ne filaient d'ailleurs qu'une ou deux grosseurs et particulièrement dans les numéros qui se trouvent le plus communément sur le marché. En 1822, M. Vautroyen de Rabanou, repris l'établissement de Gamaches et commença par détruire toutes les anciennes machines.
Les nouveaux métiers qu'il fit établir et pour lequel il a un brevet d'invention sont de la plus grande simplicité. Ils n'ont aucun engrenage. Le lin le plus long et le plus court peuvent se filer avec un égal succès sans être coupés et dans toute la longueur des filaments. Cet établissement peut employer toute les qualités de lin et même en corriger les début ; ils peut donner à ses fils toute la finesse dont la matière est susceptible. Lorsque les travaux de l'hydraulique seront terminés, on pourra y filer 4 à 500 kg de lin par jour. Cet établissement se compose d'une peignerie de lin, à l'instar de celle de Lille. Le contremaître que l'on a fait venir de Lille gagne deux à trois milles francs par an. Les ouvriers, tous pris parmi les jeunes gens du pays sont ses élèves. D'atelier dits de préparation, le lin passe dans ces ateliers, par quatre ou cinq métiers différents suivant sa nature et ensuite au métier en gros. Cinq filles qui gagnent de 75 centimes à un franc peuvent préparer 50 kg de lin. De métier à filer enfin, ils sont dans le système continu et de 24 broches, une bonne ouvrière peut en conduire quatre qui donnent dix à douze kilogrammes de fils du prix de deux francs cinquante à trois francs le demi kg. D'une retorderie : en sortant des métiers à filer. L'établissement suit deux systèmes, l'un par des métiers continus, l'autre par des métiers semblables à ceux dont on se sert à Lille. On a fait venir de cette ville un contremaître et des ouvriers qui ont fait des élèves. Les fils retords passent à l'atelier d'apprêts conduit aussi par des ouvriers de Lille. Tous les fils sont expédiés en écru à la maison de M. Vautroyen à Paris, où est établie la teinturerie. les fils teints sont ployés par des ouvrières élues de Lyon. cette maison à un dépôt de ses produits à Bordeaux pour l'exportation et un voyageur qui. Parcours les principales villes de France pour ses déplacements à l'intérieur. L'établissement de Gamaches possède, outre les établissements ci-dessus pour la fabrication du fil à coudre, un atelier de tissage qui occupe un contremaître et environ vingt tisserands des environs. Les toiles qu'il fabrique sont dans le genre des cretonnes. On pourrait monter dans les environs 4 à 500 métiers mais les tisserands n'ont pas l'habitude de faire des toiles aussi fines. il faudrait faire venir de Hollande de bons ouvriers pour les guider et cette fabrication offrirait trop peu de bénéfices dans les commencements pour couvrir les frais que cela exigerait.On s'occupe actuellement de faire des métiers à tisser par mécanique. Deux ont déjà été mis en activité et font de la toile très forte, mais il faudra du temps pour organiser cette fabrication. Une des principales difficultés est d'avoir des ouvriers pour conduire la machine à parer. Jusqu'à présent on les fait venir d’Écosse. il est indispensable pour tirer parti des métiers à tisser que la chaîne soit parée à la machine. Une jeune fille pourrait conduite deux métiers et faire par jour vingt aunes de toile à 2 francs cinquante l'aune.
(AD Somme ; 6 M 2402)