Éléments de contexte
Le bureau de poste, initialement installé place Faidherbe, est totalement détruit en novembre 1915 (Dégardin, 1945).
Jusqu'en 1923, une poste provisoire est installée sur les Promenades.
Le Plan d'Aménagement, d'Agrandissement et d'embellissement adopté en le 13 novembre 1919 (AD Pas-de-Calais, 2O631/2) avait initialement envisagé la reconstruction de "l'hôtel des postes et télégraphe dans les anciens jardins de l'Hospice, à l'angle des rues Jena-Baptiste-Lequette et Gambetta". Il est finalement construit sur une parcelle au milieu de la rue Jean-Baptiste-Lequette vendue à la ville pour 10 200 francs par le conseil d'administration de l'hôpital (AD Pas-de-Calais, X1174).
La chronologie du projet de reconstruction
La nouvelle poste, qui comprend aussi le logement du receveur, est édifiée entre 1923 et 1925, date de la réception des travaux. Le dossier de reconstruction n'est pas porté par la ville mais par un particulier, M. Jean Bellier, qui fait construire une "habitation, bureau de poste et garage à Bapaume" (AD Pas-de-Calais, 10R9/86, dossier n°1269) suivant les plans réalisés par Eugène Bidard. La construction a couté 380 000 francs, répartis entre la poste proprement dite pour 144 000 francs, l'habitation du directeur pour 105 000 francs, le garage pour 32 000 francs, et la clôture et la grille d'entrée 8 000 francs chacun.
Les matériaux préconisés dans le devis descriptif
Le devis descriptif est riche d'enseignements sur les matériaux mis en œuvre. Les murs de fondation, comme ceux intérieurs, sont en "briques de four de campagne" mais la façade est en "brique de four continu". Les murs intérieurs sont enduits au plâtre puis peints. Ils sont revêtus de grès émaillé sur une hauteur d'un mètre dans les espaces recevant le public et de faux lambris et papier de tenture dans la partie privée.
Les sols du rez-de-chaussée sont en "béton armé avec poutres et dalles", laissé nus dans la salle des archives et la cour, mais recouverts de carreaux de céramique pour les bureaux. Les planchers hauts des autres étages sont en sapin. Ils sont recouverts de parquets en chêne pour les pièces du rez-de-chaussée destinées aux employés (bureaux, vestiaire...) comme celles accessibles au public, ainsi que pour la salle à manger de l'appartement du receveur. Les autres parquets sont en sapin.
La charpente et les huisseries intérieures sont en sapin, l'escalier de la maison en orme et les huisseries extérieures en chêne tout comme les guichets "modèle de l'administration" et les menuiseries de la salle du public, en particulier les parois de la cabine téléphonique qui devront comporter des cadres pour la publicité. La porte charretière est en fer et tôle. Toutes les baies du rez-de-chaussée sont munies de grilles et celles orientées au midi et à l'ouest bénéficient également de "stores se manœuvrant de l'intérieur".
Toutes les pièces du bureau de poste et de la maison sont équipées d'un radiateur pour bénéficier du chauffage central.
La couverture est en ardoises d'Angers posées au crochet.
Les parties en ciment des murs extérieurs sont peintes. L'architecte avait également prévu une "rampe de 25 lampes sur la façade" de la poste.
Le projet de l’architecte : les plans
Les plans, signés en novembre 1923, montrent deux bâtiments mitoyens n'offrant pas la même emprise au sol construits à l'extrémité d'une grande parcelle trapézoïdale, ainsi qu'une dépendance au fond de la parcelle. La partie poste est un grand rectangle dont le petit côté donne sur la rue. Sur l'arrière, il dépasse largement la partie habitation dont le plan s'inscrit dans un carré. L'espace à l’arrière est occupé par une cour au fond de laquelle un petit appentis accueille le garage pour la voiture du receveur, un local de stockage et un "hangar pour les bicyclettes des facteurs".
Les bâtiments sont construits en rez-de-chaussée surélevé. La partie poste ne compte qu'un seul niveau couvert par une toiture à deux pans pour la partie sur rue et par une toiture en pavillon pour la partie saillante sur cour. La partie habitation comprend un étage carré et un étage de comble. La toiture brisée qui la couvre est percée de deux lucarnes et d'une petite fenêtre rampante sur le brisis.
Les deux bâtiments communiquent par les espaces techniques (services électriques, vestiaires et lavabo du personnel). A gauche se trouvent les espaces spécifiques du bureau de poste : bureau du public avec ses guichets en façade sur rue et bureau du personnel à l'arrière au rez-de-chaussée et grand grenier à l'étage. La partie droite est celle de l'habitation du receveur, construite sur le modèle d'une "maison 1930" : un couloir dessert à gauche une salle à manger puis aboutit à la cuisine et aux sanitaires situés dans son prolongement. Au milieu du couloir un vestibule accueille l'escalier à retours sur jour avec palier qui mène au premier étage. Ce dernier est occupé par deux chambres sur rue et une sur cour équipée d'un cabinet de toilette. Le couloir qui dessert les chambres permet d'accéder au grenier qui couvre dont l'emprise est celle du rez-de-chaussée de la partie poste.
La différence d'aspect entre les deux bâtiments apparait clairement sur les dessins de l'architecte : béton peint façon pierre et briques en damier autour des baies qui ont toutes un linteau droit, grande table sculptée sous la corniche, décors sur le soubassement pour la partie poste ; uniquement briques pour l'élévation, linteaux des baies soulignés par un entablement ou interrompus par une agrafe et tables de brique rythmant le bandeau de la corniche pour la partie habitation. Enfin, sur cette dernière, l'organisation en travée est clairement lisible.
La réalisation et les modifications ultérieures
Une extension sur la cour-jardin à l'arrière a été rajoutée par la suite (date indéterminée). Aujourd'hui, les bâtiments abritent l'école de musique.
Photographe au service régional de l'Inventaire général du patrimoine culturel.