En 1782, Charles Sterlin, quincaillier, vend dans son magasin de Paris, des serrures du Vimeu achetées à Gauthier, marchand de serrures et commissionnaires à Woincourt. En 1821, il achète un atelier de cylindres cannelés à Woincourt afin de le transformer en manufacture de clés dont il confie la direction à Gauthier. La fabrication sera aussi consacré aux paumelles et aux espagnolettes. Sterlin dépose son premier brevet d'une serrure à un tour et demi, à un seul ressort en 1825. Il embauche en 1822 un certain Eugène Bricard.
En 1829, la petite entreprise se fait connaître grâce à un autre brevet de serrures à deux pènes à foliot à bras égaux, avec une entrée au centre de la serrure. Cette serrure remplace pratiquement toutes les serrures des portes intérieure ou deviendra la base d'autres fabrications ou d'autres brevets. La marque ou l'estampillage "ST" se retrouve alors dans un grand nombre de maisons.
Charles Sterlin décède en 1834 et Eugène Bricard rachète le magasin de Paris tandis que Laurent Gauthier rachète l'usine de Woincourt. Ces deux derniers resteront associés, jusqu'en 1877. Laurent Gauthier est le premier à installer une machine à vapeur en 1852 dans une usine du Vimeu.
Ses deux fils, Charles et Alphonse, se déclarent fabricants de serrures, en 1851, date à laquelle Eugène Gauthier, le troisième fils de Laurent Gauthier, est également installé à Woincourt comme fabricant de serrures (recensement de population).
Eugène Bricard achète la marque ST pour 10.000 francs. A partir de 1855, il travaille avec ses deux fils, Alfred et Jules et démarre une activité de serrurerie décorative et de serrures anciennes qui serviront de modèles et de références aux spécialistes. Avec l'agrandissement de l'entreprise, les locaux de Paris deviennent trop exigus et, en 1868, Eugène Bricard achète à la Marquise de Gasville l'hôtel de Bezons au 39 rue de Richelieu. En 1877, il rachète l'usine de Woincourt à Charles et Alphonse Gauthier, qui cèdent leurs part pour prendre leur retraite.
A la mort d'Eugène Bricard en 1883, ses fils Alfred et Jules ajoutent une fonderie de cuivre et de bronze ainsi qu'une fonderie de fonte malléable à l'usine de Woincourt. Alfred Bricard meurt à son tour en 1909 et son fils Gaston lui succède, associé à son oncle Jules Bricard. L'usine et la marque prospèrent au point de devenir une marque de référence sous deux noms : Bricard et Sterlin ou "ST".
De 1935 à 1939, la fabrication de robinetterie sanitaire se développe en parallèle de l'activité serrurière.
Le successeur de Gaston est son fils Alfred Bricard, qui rachète l'usine Maquennehen et Imbert d'Escarbotin en 1946. Il met également en place différentes stratégies d'entreprises qui conduiront à la renommée de Bricard à savoir : un réseau de vente directe aux entreprises de menuiseries et serrureries et aux quincailliers, l'édition d'un catalogue complet de serrurerie et quincaillerie, il fournit également un grand nombre de serrureries anciennes. Il rachète également trois grosses usines du Vimeu : Guerville-Riquier et Petit-Maloigne à Fressenneville et Derloche à Ault.
A Woincourt sont traités les métaux non ferreux grâce à une fonderie de laiton et la production est orientée vers la robinetterie et la cuivrerie. A Escarbotin sont traités les métaux ferreux avec la découpe et l'emboutissage. L'usine de Frévent est spécialisée dans la fonderie de fonte, d'aluminium et de zamak. Toutes les usines assurent alors la production de la serrurerie décorative, la serrurerie et la quincaillerie de bâtiment, les serrures à combinaisons et passe-partout, la robinetterie eau et sanitaire, et les serrures frigorifiques.
En 1989, Bricard est racheté par la groupe Rosario, qui déménage son appareil productif à Oust-Marest et sur la nouvelle zone industrielle du Vimeu à Feuquières-en-Vimeu. Une partie des locaux de l'usine Bricard est rachetée par la robinetterie Chuchu-Dacayeux, afin d'y installer son appareil de production.
Les installations les plus anciennes, atelier principal, logement patronal et conciergerie datent du milieu 19e siècle. A partir de 1877, l'usine s' est spécialisée dans la robinetterie et s'est continuellement étendue. Elle a bénéficié de logements d'ouvriers édifiés en plusieurs tranches à partir de 1909. Ateliers de fabrication, magasins et entrepôts construits du milieu 20e siècle jusqu' au début 4e quart 20e siècle.
Effectifs :
1840 : 246 ouvriers. 1939 : 150 ouvriers de jour et 100 de nuit. 1962 : 200 à 500 salariés. 1983 : 180 salariés. 1985 : 50 employés.Existence d'un fonds d'archives privées.
Récompenses :
Paris 1834 : mention honorable, décernée à Sterlin
Paris 1839 : mention de bronze
Paris 1844 : médaille d'argent
Londres 1851 : médaille d'honneur
Paris 1855 : médaillon d'argent
Londres 1862 : médaille d'honneur
Paris 1867 : médaille d'argent
Paris 1878 : médaille d'or
Grand prix de Paris en 1889
Prix de Chicago hors concours en 1894
Prix de Paris hors concours en 1900