Dossier d’œuvre architecture IA02001680 | Réalisé par
  • patrimoine de la Reconstruction, Chemin des Dames
Château de la Bove à Bouconville-Vauclair
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Ministère de la culture - Inventaire général
  • (c) Département de l'Aisne
  • (c) AGIR-Pic

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté de communes du Chemin des Dames - Craonne
  • Commune Bouconville-Vauclair
  • Lieu-dit la Bove
  • Cadastre 1969 AE 13
  • Dénominations
    château
  • Parties constituantes non étudiées
    jardin, chapelle, maison, garage, ferme, chapelle, terrasse en terre-plein

Attestée dans les textes dès 1259, la Bove tire son nom des multiples carrières souterraines situées sous l´actuelle bâtisse. A l´origine, la propriété appartenait à la cathédrale de Reims. En 1160, le château de la Bove devint une seigneurie laïque importante dépendant de la châtellenie d´Eppes et relevant de la grosse tour de Laon. Pendant la Ligue, l'édifice constituait un des forts royalistes de la contrée permettant de surveiller la route menant de Reims à Laon. La propriété se dégradant peu à peu, la grande tour fut reconstruite en 1638. En 1719, Gaspard Hyacinthe de Caze acheta le domaine à François Augustin d´Augsbourg. Il fit entièrement rebâtir le château entre 1725 à 1730 (nous en ignorons l'auteur), y ajoutant de magnifiques jardins. En 1753, la propriété est achetée par Françoise de Châlus, dame d´honneur de Madame Adélaïde de France, fille de Louis XV, épouse de Jean, duc de Narbonne-Lara et maréchal de camp. La princesse et ses soeurs lui rendaient régulièrement visite en empruntant le chemin de crête auquel elles donnèrent leurs noms. La comtesse posséda le château jusqu´à la Révolution. Le domaine fut alors confisqué puis racheté en partie par le vendeur précédent : étant donné le degré de dégradation de l´édifice, le propriétaire en acheva la démolition. Une chapelle fut reconstruite. Les écuries voûtées constituaient les seuls vestiges du château de 1725. C´est en 1821 que la famille Desèvre de Soissons entra en possession de la modeste habitation qui avait survécu au château, dont il ne restait plus que les communs et le parc. La maison de plaisance du 19e siècle était composée d´un corps principal de cinq travées de long, flanqué de deux parties latérales de logis ajourées de trois baies cintrées au deuxième étage et de fenêtres rectangulaires au rez-de-chaussée. Desèvre reconstitua en partie le domaine autour de ces vestiges. Des souterrains, voûtés ou à l´état de carrières, traversaient la propriété entre la ferme et le château. Les travaux entrepris par le nouvel acquéreur, dans le but d´établir un chemin plus facile pour accéder au parc, ont mis au jour les murs de soutènement des terrasses de l´ancien château. La propriété fut occupée lors des exactions qui opposèrent les Russes à la Jeune Garde de Napoléon : un officier de l´armée de l´Empereur, le général Ney, y campa le 6 mars 1814. Le château fut ensuite acquis en 1893 par Henri Rillart de Verneuil (1870-1948), officier d´artillerie ; celui-ci y ajouta en 1900-1901 deux pavillons et deux tourelles rectangulaires. Une ferme complétait le complexe architectural. Le site, occupant un emplacement stratégique, fut ensuite investi par l´état major allemand dès 1914. En janvier 1917, le château était déjà complètement pillé, les communs brûlés et la ferme très endommagée. Il fut entièrement détruit le 15 avril 1917 lors de l´offensive Nivelle : alors que les Allemands occupaient le château, le propriétaire envoya 150 obus de 370 sur sa demeure. Les travaux de reconstruction, confiés à Bonnet, auteur du château de Ployart et architecte de la coopérative d'Aizelles, ainsi qu´à son assistant Bonvoisin, se poursuivirent de 1928 à 1933. L´habitation, désormais plus près de la vallée, est en fait une réplique réduite du château de Champs-sur-Marne, construit entre 1701 et 1710 par l´architecte Bullet de Chamblain (1663-1726). La chapelle actuelle, remplaçant la dernière bénite le 23 octobre 1907, fut consacrée le 18 octobre 1932 par Monseigneur Mennechet, évêque de Soissons et reconstruite à l'emplacement exact de l'ancien château. Lors des travaux de restauration, les propriétaires habitaient dans la maison du gardien, à l'entrée de la propriété, reconstruite en 1922. Des vestiges de l'ancienne forteresse médiévale ainsi que le chemin pavé de la demeure du 18e siècle sont encore visibles. Etant donnés son emplacement stratégique, sa position essentielle au coeur de l'histoire du Chemin des Dames, sa construction raffinée, ses jardins et la présence de vestiges médiévaux, le site possède un intérêt certain, tant historique qu´architectural.

Situé à 210 mètres d´altitude et à 1700 mètres au nord du village, en vis-à-vis du versant septentrional du Chemin des Dames, le château actuel domine toute la vallée, offrant une vue imprenable sur la commune de Bouconville-Vauclair. Implanté dans le Bois Monsieur et le Bois de Bouconville, l´édifice est construit en bordure d´une terrasse, en contrebas de son emplacement d´origine. Entièrement en pierre de taille, il est agrémenté d´une rotonde sur la façade méridionale. Long de neuf travées, le château bénéficie d´un étage carré, surmonté d'un étage sous comble, coiffé d'un toit en pavillon brisé en ardoise. Lucarnes et oeils-de-boeuf animent la couverture sur tout le pourtour. La modénature et le traitement décoratif sont d'une grande sobriété. Le paysagiste rémois Edouard Redont (auteur du parc Pommery à Reims en 1909) y a conçu un environnement végétal raffiné. La propriété est parsemée de fabriques (une chapelle en forme de temple grec, des jardins en terrasse, un parterre étagé à pente curviligne au nord, une terrasse). Les communs ont été construits selon le style régionaliste en vigueur à l´époque, à l´ouest de la propriété, de part et d´autre de l´allée principale. L'entrée actuelle se fait par le côté. L´habitation du gardien, déplacée vers l´est, occupe le devant de la propriété avec logis au fond de la cour en face du portail. La ferme attenante au château était auparavant située à droite de l'actuelle chapelle. Elle occupe aujourd'hui le sommet du plateau, à l´arrière de la propriété. Le petit édifice religieux a été reconstruit en haut d'un promontoire, derrière le château. Une plaque en bronze est fixée contre le mur postérieur. Les vestiges de l´ancienne forteresse médiévale sont encore visibles à proximité. Le manoir du début du 20e siècle a donc été réédifié selon un parti plus modeste, davantage inspiré par l'architecture du 18e siècle.

  • Murs
    • pierre de taille
  • Toits
    ardoise
  • Plans
    plan rectangulaire symétrique
  • Étages
    1 étage carré, étage de comble
  • Élévations extérieures
    jardin en terrasses
  • Couvertures
    • toit brisé en pavillon
  • Statut de la propriété
    propriété privée

Documents d'archives

  • AD Aisne. Fonds Piette : TOUPEZ, E. Monographie d'instituteur, [30 janvier 1884].

Bibliographie

  • La semaine religieuse. 27 janvier 1917, n° 4.

    p. 41
  • CAPPRONNIER, Jean-Charles. La reconstruction des châteaux et manoirs en Picardie après la Grande Guerre. Amiens, 119e congrès national des Sociétés historiques et scientifiques, 24-28 octobre 1994.

  • COURTAUX, Théodore. Notice historique sur les seigneurs de la Baronnie de la Bove au pays laonnois et sur le château de ce nom en la commune de Bouconville (1171-1901). Paris : Cabinet de l´historiographe, Bergerac, Imprimerie générale sud-ouest, 1901.

    p. 406
  • ECK, Francis. Il était une fois dans l'Aisne. Coll. Châteaux construits ou reconstruits au 19e siècle et détruits au 20e siècle. Laon : Graines d'histoire, 2001, t. 2.

    p. 87
  • MASSARY, Xavier de. La reconstruction après la Première Guerre mondiale. Reims, Colloque, 23-25 octobre 2000.

  • MELLEVILLE, Maximilien. Dictionnaire historique du département de l'Aisne. Paris : [s.n.], 1865, t. 2.

    p. 406

Documents figurés

  • Plan de la commune de Bouconville, carte, [s.n.], 17 août 1805 (A.N. : F 31/107).

  • Château de la Bove, paroisse de Bouconville, au pays Laonnois, entre 1719 et 1793, gravure, [s.n.], 18e siècle (BN : 02 H 106617).

  • Château de la Bove (Aisne) - Côté sud, carte postale, [s.n.], 1er quart 20e siècle (AP).

  • Photographie, [s.n.], 1er quart 20e siècle (ECK, Francis. Il était une fois dans l'Aisne. Laon, Graines d'histoire, 2001, t. 2 : Châteaux construits ou reconstruits au 19e siècle et détruits au 20e siècle, p. 87).

  • Château de la Bove situé sur le Chemin des Dames en 1914, 1918, 1933, photographie, par Walery photographe, 2e quart 20e siècle (SARS, Maxime (de). Les Oeuvre des coopératives du département de l'Aisne. Paris, Cie française édition artistique, 1937, p. 6).

  • Château de la Bove, photographie aérienne, [s.n.], 4 avril 1916 (AP).

Date(s) d'enquête : 2003; Date(s) de rédaction : 2003
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
(c) Département de l'Aisne
(c) AGIR-Pic