Dossier d’œuvre architecture IA02010631 | Réalisé par
Fournier Bertrand (Rédacteur)
Fournier Bertrand

Chercheur de l'Inventaire du patrimoine - Région Hauts-de-France

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  • patrimoine industriel, le Chaunois industriel
Cité-Jardin, ancienne cité de l'usine de construction mécanique Maguin, dite cité-jardin de la Grande Pièce, puis cité Maguin
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Chaunois - Coucy-le-Château-Auffrique
  • Commune Charmes
  • Adresse rue Victor-Hugo , rue Louis-Pasteur , rue La Fontaine , rue Pierre-Curie , rue Jean-Racine , place Edmond-Roger
  • Cadastre 2015 AE 439-441
  • Dénominations
    cité ouvrière
  • Appellations
    Cité de la Grande Pièce, cité Maguin
  • Parties constituantes étudiées
  • Parties constituantes non étudiées
    latrine, bûcher, buanderie, jardin

En même temps qu'il fait reconstruire son usine de construction mécanique, Alfred Maguin entreprend la construction d'une cité ouvrière de plus de 106 logements, répartis dans 48 maisons, sur une vaste parcelle que l'industriel possède au lieu-dit La Grande Pièce. Il confie la réalisation de cet ensemble à l'architecte parisien Joseph Charles Guirard de Montarnal, dit Charles de Montarnal, et son fils Jean, également architecte. Le 7 mai 1922, le projet de cité ouvrière de la Grande Pièce est présenté devant le Conseil municipal, qui l'approuve, "considérant que ce projet est de nature à accroître l'importance du village et à en augmenter la beauté". Une fois le nouveau plan d'alignement de la commune approuvé, le 6 novembre 1922, les voies de desserte de la Grande Pièce sont créées au début de l'année 1923. Les premières maisons sont élevées à la suite, autour de la partie centrale d'abord, et de manière concentrique, jusqu'aux rues Pasteur (anc. rue Circulaire) et Condorcet. Cette partie est achevée en 1924, date à laquelle est mis en place le système d'éclairage de la cité. Les travaux se poursuivent jusqu'en 1927, avec la construction des logements donnant sur la rue Victor-Hugo et les rues transversales (Edouard-Branly, Jean-Racine et Pierre-Curie). Les dernières maisons orientées vers la rue Paul-Doumer achèvent la réalisation de la cité-jardin, en 1927.

Les plans donnent la distribution intérieure des logements. Les logements ouvriers (types A à D) se caractérisent par une salle à usage de cuisine et de salle à manger, avec une à trois chambres. Les logements d'employés (type E à H) se caractérisent par la présence d'un vestibule qui distribue les pièces du rez-de-chaussée. Le type G se distingue par deux pièces à feu communicant avec cuisine ouvrant vers l'aile en retour. Le type H est le seul destiné aux employés, de type collectif. Il est ainsi doté d'un escalier commun aux différents logements et les dépendance ne sont pas accolées aux habitations.

Jusqu'en 1950, les maisons ainsi que les voies de circulation sont restées la propriété de l'entreprise Maguin, qui assurait donc la fourniture de l'électricité et de l'eau pour chaque foyer. Elle assurait également la fourniture de l'éclairage publique et l'évacuation des ordures ménagères. La démarche qui avait été engagée par l'entreprise en 1949 pour que la cité entre dans le giron de l'espace communal, débouche sur un accord signé le 5 avril 1950, avec effet au 1er mai suivant. Signe de ce changement de statut, les rues de la cité-jardin qui s'appelaient "rue circulaire", Première rue transversale" ou "Deuxième rue transversale", sont renommées en 1952, selon la dénomination actuelle.

En 1956, l'entreprise Maguin décide de compléter la cité-jardin des années 20 par la construction d'un nouvel ensemble de 22 logements, le long de la rue du Moulin-à-Vent, ainsi que d'un immeuble pour les ouvriers célibataires. D'emblée, l'entreprise décide de mettre les logements individuels en accession à la propriété. Elle aménage également une nouvelle voie, la rue Alexandre-Dumas, qui assure la liaison avec la cité construite en 1924 et confie la réalisation de cet ensemble Pierre Blary, architecte à Tergnier. Le programme s'achève en 1957 avec la construction de 14 autres logements jumelés (7 maisons) le long de la rue Paul-Doumer, au débouché de la rue Edouard-Branly.

Le cœur de la cité jardin était marqué par un kiosque, construit en même temps que les maisons de la cité ouvrière. Il a été démonté au début de l'année 1960, sur décision du Conseil municipal, le 18 décembre 1959.

  • Période(s)
    • Principale : 1er quart 20e siècle, 2e quart 20e siècle
  • Dates
    • 1924, daté par source
    • 1927, daté par source
    • 1956, daté par source
    • 1957, daté par source
  • Auteur(s)
    • Personnalité :
      Maguin Alfred
      Maguin Alfred

      Alfred Louis Auguste Maguin nait le 18 août 1851. Ingénieur civil des mines, puis Industriel spécialisé dans la fabrication de couteaux et coupe-racines de l'industrie sucrière, il développe son entreprise à Charmes (Aisne). Homme politique.

      Nommé Chevalier de la Légion d'honneur le 3 janvier 1892, puis Officier de la Légion d'honneur le 14 août 1900, puis Commandeur de la Légion d'honneur le 9 mars 1908. Il décède le 21 mars 1935 dans sa 84e année.

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      commanditaire attribution par travaux historiques
    • Auteur :
      de Guirard de Montarnal Jean , dit(e) Jean de Montarnal
      de Guirard de Montarnal Jean

      Architecte. Jean de Montarnal, dessine les plans d'une maternité, rue Eugène-Millon à Paris, en 1922, en collaboration avec son père, Joseph-Charles de Guirard de Montarnal. Il co-signe la plupart des plans de reconstruction des édifices de la commune de Charmes après la Première Guerre mondiale.

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      architecte attribution par source
    • Auteur :
      de Guirard de Montarnal Joseph Charles , dit(e) Charles de Montarnal
      de Guirard de Montarnal Joseph Charles

      Architecte parisien, qui réalise notamment La maison Eymonaud (7 impasse Marie-Blanche à Paris), entre 1892 et 1897. Cette maison de style néogothique est inscrite MH par arrêté du14 septembre 1995.

      Il réalise également

      Il participe à la réalisation de la section française de l'exposition universelle d'Amsterdam (1895) de Bruxelle (1897) de Paris (1900) et d'Hanoï (1902). A la même époque, il réalise l'institut orthopédique de Berck (Pas-de-Calais) et des immeubles HMB à Levallois-Perret, pour Ernest Cognacs, directeur de la Samaritaine.

      EN 1904, il reçoit le grand Prix du jury à l'exposition de Saint-Louis.

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      architecte signature
    • Auteur :
      Blary Pierre
      Blary Pierre

      Architecte actif dans les années 1950 à 1980 à Tergnier. A Charmes, il réalise la plupart des bâtiments communaux (salles de fêtes, écoles), ainsi que les extensions de la cité-jardin en 1958.

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      architecte attribution par source

La cité-jardin occupe une parcelle grossièrement triangulaire, au lieu-dit La Grande Pièce, qui s'étend sur une surface de 7,73 ha, dont 6,3 ha pour la partie construite dans l'entre-deux-guerres. La partie la plus ancienne est constituée d'un ensemble concerté de 48 maisons pour 108 logements, répartis en 96 logements d’ouvriers et 12 logements d'employés. Elle est desservie par un réseau de voies internes déterminant seize îlots raccordées à des voies existantes : la rue des Bourgmestres au nord, la rue Paul-Doumer à l'ouest et la rue du Moulin-à-vent à l'est. Au nord, se trouve une place ovale d'où rayonnent cinq rues. Les îlots sont divisés en six à dix lots selon le nombre de logements. Chaque logement dispose d'un jardin qui s'étend sur l'ensemble de la parcelle. La taille de celle-ci varie entre 450 à 600 m² pour les logements d'ouvriers, et entre 650 à 800 m² pour les logements d'employés. Chaque terrain est délimité par une clôture végétale (haie d'aubépine ou de charmille) et un grillage. Les dépendances (clapiers, buanderie remise) sont soit accolées au logement, soit indépendants du logement, dans le jardin.

Les jardins sont tantôt d'agrément, tantôt potager. Ils sont plantés d'arbres fruitiers (cerisiers, sureaux) ou d'agrément (conifères).

Autour de la voie de desserte se répartissent quatre types de maisons d'ouvrier à deux unités d'habitations ou à quatre unités d'habitations. Sur la rue Paul-Doumer, les maisons sont davantage destinées aux employés et se déclinent également en quatre types distincts. Un même type n'est jamais utilisé deux fois à la suite. L'architecte a également joué sur les orientations et sur le tracé courbe des voies de dessertes pour apporter une variété architecturale subtile.

Les maisons ouvrières sont implantées au milieu de parcelles, en retrait de jardin. Chaque type a été déterminé par l'architecte lui-même, et dénommé par une lettre de l'alphabet.

Les maisons de type A concernent 13 maisons, soit 30 logements : ce sont des maisons d'ouvrier à deux unités d'habitation. Chaque logement suit une composition ternaire avec porte centrale encadrée de deux ouvertures. L'étage sous comble est éclairé par une lucarne centrale, partagée entre les deux logements.

Les maisons de type B concernent 6 maisons à quatre unités d'habitation, soit 24 logements : ce sont des maisons d'ouvriers, avec accès latéral indépendant en pignon. Elle sont à un étage carré, couvert de toit en tuile mécanique à longs pans et demi-croupe. La partie centrale du long pan forme un retrait de pente permettant d'accroître l'apport de lumière vers les baies plus étroites de l'étage. Le rez-de-chaussée est quant à lui éclairé de larges baies cintrées.

Les maisons de type C sont des maisons à deux unités d'habitation. Elles concernent 11 maisons, soit 22 logements : ce sont des maisons d'ouvrier, qui se distinguent des maisons de type A par les deux larges lucarnes en façade.

Les maisons de type D sont des maisons d'ouvrier à deux unités d'habitation. Il en existe 10 exemplaires, correspondant à 20 logements. Leur caractéristique principale réside dans un traitement en avant-corps de la partie centrale.

Les autres maisons, correspondant aux types E, F, G et H sont des maisons d'employés, également à deux unités d'habitation. Elles sont le plus souvent construites en exemplaire unique, à l'exception du modèle G, qui est reproduit trois fois. Ces maisons sont orientées vers la rue Paul-Doumer. Elles sont implantées en retrait d'un jardin clos par un mur bahut en brique et grille en fer. Le modèle de type G est construit en brique, laissée apparente. Il comporte un étage carré, couvert d'un toit en tuile mécanique à longs pans et croupe. Les travées latérales, plus larges, forment saillie et sont éclairées de larges baies verticales.

Les extensions de 1956 et 1958 concernent 36 logements : 12 maisons à deux unités d'habitation rue Alexandre-Dumas et rue du Moulin-à-vent s'appuient sur les limites du cimetière. Elles sont complétées de 7 maisons à deux unités d'habitation rue Paul-Doumer.

L'immeuble des célibataires construit à la même époque présente une façade de 41 m de long. Il abrite 20 logements répartis sur deux niveaux et desservi par un escalier droit en hors œuvre et une coursive extérieure. Il est construit en parpaing de béton enduit et couvert d'un toit en appentis. Il est construit sur cave et présente une élévation à travées percés de larges fenêtres côté jardin, qui font écho à celles plus étroites, qui jouxtent chacune des entrées. Ce type d'éclairage traversant assure une parfaite luminosité aux appartements.

Mutations observées : reprise du logement mitoyen modifiant les ouvertures, nombreux ajouts de garages et d'extensions visant à augmenter la surface habitable. Suppression des dépendances de jardin et bûchers, application de crépi, transformation des jardins potagers en jardin d'agrément. Mise en place de clôtures occultantes.

  • Toits
    tuile mécanique
  • Plans
    plan rayonnant
  • Étages
    étage de comble
  • Couvertures
    • toit à longs pans croupe
    • demi-croupe
    • appentis
  • Typologies
    maison à deux unités d'habitation ; maison à quatre unités d'habitation ; cité-jardin
  • Techniques
  • Statut de la propriété
    propriété privée

La cité-jardin adopte un plan rayonnant partiel qui s'inspire de la cité de la Compagnie des chemins de fer du Nord de Tergnier. Toutefois, la partie centrale qu'impose le plan concentrique n'est pas entourée d'équipements collectifs. Seul le kiosque, qui n'était pas d'un usage quotidien, occupait cet espace, entouré d'habitations en périphérie. Le magasin d'alimentation coopératif (étudié), qui constituait l'unique équipement collectif, était reporté à l'extrémité de la cité, et faisait pendant au Stand, qu'Alfred Maguin avait fait construire quelques années avant le début de la guerre. Cet espace formait, avec l'église, un ensemble de points de liaisons où les habitants de la cité et ceux de la partie plus ancienne du village pouvaient se retrouver.

Par sa situation dans le village, la cité-jardin replace la nouvelle église dans une position plus centrale. Le clocher devient un élément pivot, qui grâce au dénivelé naturel du terrain, est visible de tout les points de la cité et constitue donc un élément de repère.

Bibliographie

  • SUDANT, Pierre. Évolution économique et sociale d'une commune rurale de l'Aisne, Charmes. XIXe & XXe siècles. Mémoire de maîtrise : Paris Sorbonne : 1975.

Documents figurés

  • Société nouvelle des Etablissements Maguin. Plan de la cité ouvrière de la Grande Pièce, J.C. et J. de Montarnal, architectes, 8 janvier 1924 (archives privées de l'entreprise).

  • Charmes (Aisne). Cité A. Maguin, Carte postale,1926 (coll. part.).

  • Charmes (Aisne). Vue générale de la cité, carte postale, vers 1930 (coll. part.).

  • Charmes (Aisne). Le kiosque et un coin de la cité Maguin. Au fond, l'église, carte postale, vers 1930 (coll. part.).

  • Vue aérienne de la cité Maguin, carte postale, vers 1950 (coll. part.).

  • Société Nouvelle des Etablissements A. Maguin. Cité ouvrière. Type B. Plan et coupe. Cabinet Roux, juillet 1960 (Archives privées de l'entreprise).

  • Société Nouvelle des Établissements A. Maguin. Cité ouvrière, type D. Plan et coupe. Cabinet Roux, juillet 1960 (Archives privées de l'entreprise).

  • Société Nouvelle des Établissements A. Maguin. Cité ouvrière, type E. Plan et coupe. Cabinet Roux, juillet 1960 (Archives privées de l'entreprise).

  • Société Nouvelle des Établissements A. Maguin. Cité ouvrière, type F. Plan et coupe. Cabinet Roux, juillet 1960 (Archives privées de l'entreprise).

  • Société Nouvelle des Établissements A. Maguin. Cité ouvrière, type G. Plan et coupe. Cabinet Roux, juillet 1960 (Archives privées de l'entreprise).

  • Société Nouvelle des Établissements A. Maguin. Cité ouvrière, type H. Plan et coupe. Cabinet Roux, juillet 1960 (Archives privées de l'entreprise).

Annexes

  • Société Nouvelle des Établissements Maguin : description des types de maisons de la cité ouvrière
Date(s) d'enquête : 2016; Date(s) de rédaction : 2016
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Fournier Bertrand
Fournier Bertrand

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