La notice qu’Émile Gailliard consacre au village de Retheuil mentionne la fonte de cloches à plusieurs reprises. Dès le 17e siècle au moins, le clocher de l'église semble avoir abrité trois cloches. Le 28 octobre 1667, est baptisée une petite cloche, nouvellement fondue et placée au-dessus des deux plus grosses. Ces deux dernières sont refondues en 1696, devant le petit portail.

Il n'existe plus aujourd'hui qu'une seule cloche dans le clocher de l'église de Retheuil, cloche qui a été fondue en 1790 par les Antoine, date et patronyme lisibles sur la robe de l'instrument. Les Antoine sont une dynastie de fondeurs, installés au 18e siècle à Robécourt, puis à Urville dans les Vosges. Ils travaillent alors comme fondeurs ambulants et semblent, dans le quatrième quart du 18e siècle, avoir inclus le Soissonnais dans leur territoire d'intervention. Les inscriptions relevées avant la Première Guerre mondiale par les amateurs d'art campanaire permettent en effet de leur attribuer avec certitude les cloches de Fleury, Pommiers, Ambleny, toutes fondues en 1785. À cette époque, le nom "les Antoine" associe Joseph Antoine (1716-1785) et ses deux fils : Nicolas Antoine (1747-1823) et Jean-Baptiste Antoine (1761-1840), tous fondeurs. Toutefois, après le décès de Joseph Antoine, survenu le 19 août 1785 à Ambleny où il s'était rendu pour la fonte des trois cloches de l'église, la signature "les Antoine" se rapporte uniquement aux deux frères Nicolas et Jean-Baptiste. Ces deux derniers sont donc les fondeurs de la cloche de Retheuil.

En l'absence des registres de baptêmes pour cette période à Retheuil, il est impossible de savoir si cette cloche a remplacé l'une de celles - voire les trois - qui l'avaient précédée à la fin du 17e siècle, ou s'il s'agit de l'unique survivante d'un trio fondu par les Antoine en 1790 et dont les deux autres auraient été envoyées à la fonte pendant la Révolution française. Quoi qu'il en soit, celle-ci a eu pour parrain et marraine Louis-François Héricart de Thury (1740-1808), seigneur de Retheuil, et son épouse, Anne-Marie-Louise de Rosset, mentionnés tous deux sur l'instrument. Le battant d'origine se trouve actuellement à la sacristie.