Au milieu du 18e siècle, les chanoines de la cathédrale disposent de deux sacristies. La "petite", implantée au sud du chœur, occupe l'espace très étroit du premier "Sépulcre". La "grande" est installée dans la chapelle oblique ouvrant sur le bras sud du transept (généralement nommée chapelle Saint-Martin) et reliée par un passage voûté au collatéral sud du chœur. Les archives du chapitre étant très lacunaires, et les documents conservés manquant parfois de précision, il est difficile de savoir quand ces deux espaces de la cathédrale ont été convertis en sacristies. Pour l'une de ces deux annexes au moins, la transformation s'est sans doute effectuée dans le courant du 13e siècle, puisque en 1281, l'autel et la chapelle "de Saint-Martin dans le revestiaire" sont déjà mentionnés.
Les grands travaux de réaménagement du chœur dans la seconde moitié du 18e siècle comprennent la construction d'une véritable grande sacristie, dépense que la vétusté de l'édifice rendait indispensable, comme nous l'avoue le chanoine Cabaret. Les fondations en sont posées en 1768, à l'emplacement de la petite sacristie qui est donc détruite. Sa construction dure quatre années et s'achève en 1772, avec l'installation des boiseries et du mobilier, dus au ciseau du maître-menuisier soissonnais Ruelle. Cet autel, qui a conservé le vocable de Saint-Martin, appartient à cette campagne de travaux, comme l'indique son ornementation néoclassique.