C'est peut-être de ce bâtiment dont parle Demangeon dans son exposé sur la création des renclôtures : l'auteur évoque en effet, l'histoire d'un dénommé M. de Forceville qui, en 1746, "reçut l'autorisation de renclore les molières sises entre La Bassée, La Haye-Pénée et les dunes de Saint-Quentin". Mais cet homme meurt avant d'achever la digue qui est ensuite reprise, en 1775, par Delahaye, propriétaire au Crotoy, puis en 1783, par le sieur Gobeault ; les travaux de rencloture se terminant en 1783. Il n'est pas étonnant de ne pas voir cette ferme figurer sur la carte de Cassini en 1758 où, à l'emplacement de cette dernière, on peut encore constater la présence de la mer.
Sur le cadastre napoléonien de 1828, une autre ferme de ce nom, située dans ces environs, existait alors ; en effet, l'état de section mentionne la présence de plusieurs "maisons" au lieu-dit le Champ Neuf. La ferme étudiée ici occupait déjà en 1828 un plan relativement similaire. Le logis, situé au nord, était relativement long. Il était flanqué à l'ouest d'un bâtiment agricole en L, dont la partie sud se prolongeait au sud, les deux autres côtés de la cour étant également bordés d'annexes agricoles. Au nord de la propriété, le plan indique la présence d'une petite ferme avec logis au nord et bâtiment agricole en retour d'équerre au sud-ouest. Une maison était également située plus au nord. Le tracé de la route a été totalement modifiée (à une date inconnue) puisque sur le plan de 1828, la ferme est flanquée de part et d'autre (c'est-à-dire à l'ouest et à l'est) de chemins de communication, alors que la route actuelle longe la propriété au sud.
L´auteur remarque que "la ferme du Champ-Neuf, dont le nom est caractéristique, figure sur la carte d'Etat-Major de 1836".
En 1902, existait au sein de la ferme une cossetterie de chicorée (ainsi qu'à la première ferme de Mayoc).
La ferme a donc été établie au 18e siècle. Il semble qu´il ne subsiste qu´un élément de cette première phase de construction (la grange), puisque le logis est daté de 1842 par fers d'ancrage et que les autres bâtiments agricoles semblent avoir été édifiés à la fin du 19e siècle et au début du 20e siècle (lucarnes du logis, étables à l'est). D'après le propriétaire, une poutre utilisée dans un des bâtiments porterait la date de 1820, mais il s'agit probablement de remploi.
L'exploitation, qui semble avoir été en activité jusque pendant l'entre-deux-guerres, pouvait accueillir une centaine de bêtes (chevaux et vaches), qui paissaient dans les bas-champs au nord de la propriété.